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Les infections virales professionnelles par AES sont plus fréquentes chez le personnel de santé, notamment les paramédicaux, aussi bien pour les cas documentés ou possibles. Ces professionnels constituent un groupe à risque, avec des prévalences sept à huit fois plus élevées pour le VHB et deux à 12 fois pour le VHC par rapport à celles de la population générale [78].

Au Maroc, appartenant aux zones de moyenne endémicité, la prévalence des porteurs de l’Ag HBs varie de 2 à 7%. Elle était de 2,5% chez les donneurs de sang [79]. La France est située dans les zones de faible endémicité avec moins de 2% de porteurs de l’Ag HBs [78; 80]. La prévalence de 3,16% pour l’Ag HBs, retrouvée dans notre étude, semble élevée par rapport à la population générale marocaine et celle des pays développés suscités.

Ce chiffre est très inquiétant puisque le Maroc est un pays d’endémicité intermédiaire concernant le VHB (2,58 % selon le CTS de Rabat [81]), c’est à dire que le risque de contracter l’infection d’hépatite virale B dans notre établissement est réellement accru.

Une étude faite au japan [75] sur 1638 personnels soignants a trouvé une séropositivité AgHBs de 1,1%, alors que Othman BM et al. en Syrie ont retrouvé une prévalence de 6% [77].

En Turquie, cette prévalence est de 2,7% chez une population formée de 595 personnels soignants [82].

Une séroprévalence de 3,2% a été retrouvée chez 765 personnels soignants en Egypte (R.S. Goldsmith et al. [83]) et chez 325 étudiants en médecine au Nigeria (Odusanya et al. 2005 [84]).

Une étude faite au Singapore [85] chez 693 personnels soignants en soins dentaires a signalé une prévalence de 4,5%. L’équipe d’Uganda [76] a trouvé un taux de 8,95% chez 311 personnels soignants, alors au Mexique [86] chez une population formée de 376 soignants, cette prévalence est nulle.

D’après notre étude nous remarquons donc que :

La prévalence des AgHBs trouvée dans notre établissement est équivalente à celle trouvée en Egypte et au Nigeria.

cette prévalence des AgHBs reste encore supérieure à celle trouvée au Mexique, en Turquie et au Japon, alors qu’elle est inférieure par rapport à celle rapportée en Uganda, en Syrie et au Singapore.

La séropositivité des anti-HCV chez les soignants de notre établissement est de 2,50%, cette prévalence reste nettement supérieure à celle rencontrée dans la population générale marocaine (0,9 à 1,2% [87] et 1,1% pour les donneurs de sang [2]), et reste inférieure à celle de l’hépatite B (3,16%), ceci peut étre expliquer par le fait que le VHC est moins contaminant que le VHB et par une virémie moins élevée [66 ; 88].

Cette maladie étant asymptomatique, le risque potentiel de contamination professionnelle est important et varie entre 2 et 3% après exposition au sang d’un patient VHC positif. Ces pourcentages sont faibles

par rapport au risque de contracter le VHB et s’expliquent par une virémie moins élevée. L’exposition percutanée est la seule voie de contamination professionnelle documentée, mais la voie muqueuse reste possible. [2]

Tableau XXII : Séroprévalence des anticorps anti-HCV chez les personnels soignants dans d’autres pays.

Etude Auteurs/Année Nombre de

personnels

Séroprévalence des anti-HCV

Notre étude M. ZOUHDI 2007 601 2,50%

Japon Miajima, 1997 [75] 1638 2,8%

Afrique du Sud Verdas 2002 [89] 402 1,8%

Tunisie Kaabia 2005 [68] 885 1% Allemagne Abb J 1991 [90] 1018 1,2% Australie Hoffmann 1990 [91] 294 2% Italie Catalani 2004 [92] 511 3,8% Hongrie Mihály I 2001[93] 477 2,7% Syrie Othman BM 2001 [77] 189 3% Turquie Kosqueroqlu 2004 [82] 595 5,4% Espagne Villate JI 1993 [94] 784 2% Amérique Louis B 1993 [95] 1677 1,4% Mexique Méndez-Sánchez N 2006 [86] 376 0,8%

Cette prévalence a pu paraître élevée, comparée aux prévalences de 0,8 à 2% notées au Mexique, en Tunisie, en Allemagne, en Amérique, en Afrique du sud, en Australie et en Espagne, alors qu’elle reste inférieure à celle retrouvée en Italie, et en Turquie.

La prévalence de 2,50% du VHC isolée chez les 601 personnels soignants de notre établissement a corroboré presque les données retrouvées en Syrie et celle en Hongrie et au Japon.

Cette prévalence ainsi que celle de l’hépatite B reflètent aussi une mauvaise prophylaxie des AES dans notre milieu hospitalier, due à un certain nombres de facteurs ; défaut de sensibilisation du personnel médical et paramédical à l’ampleur du risque auquel ils sont exposés, absence d’information sur les mesures préventives et les conduites à tenir en cas d’AES, et enfin le manque de moyens et de matériels adéquats dans certaines situations (gants, lunettes, désinfectants…).

3- L’infection par le virus de l’hépatite B et C en fonction

de l’âge et service d’origine

Le premier fait marquant de notre série est le taux de séropositivité élevé des anticorps anti-HCV et les Ag HBs dans les services de chirurgie où les gestes invasifs qui y sont réalisés, la situation d’urgence, et la masse de travail constituent les pratiques les plus génératrices d’AES. Cette séroprévalence est de 60 % et 57,90% respectivement suivie de loin par les personnels du Laboratoire 13,33% et 15,80%. Ceci rejoint une série d’études

françaises où les services de chirurgie étaient en tête avec un taux de 30% [71 ;

96 ; 97]

, et une étude menée à Abidjan a trouvé aussi que les services de chirurgie présentaient par ailleurs des taux élevés 62,5% [98].

En Turquie Kosqeroqlu. N et al. [82] ont remarqué que 59,4% des personnels soignants séropositifs de l’hépatite B ou C exercent dans les services de chirurgie.

L'étude des marqueurs du VHB et du VHC séropositifs en fonction de 1'âge montre une séroprévalence plus élevée du VHC chez nos personnels soignants après 50 ans avec un taux de 60%, alors que pour l'antigène HBs le pourcentage le plus élevé se rencontre entre 40 et 49 ans (47,37 %) et se rencontre à toutes les tranche d’âge contrairement au virus de l’hépatite C où il ne se voit qu’au-delà des quarantaines, ce qui rejoint les donnés de la littérature. Mihály I et al. [93] ont remarqué que la séroprévalence des anticorps anti-HCV augmente avec l’âge, elle est de 0% à l’âge de 21ans et atteint le pic maximal dans l’âge de 50 ans. Proietti L et al. [99]

au sud de l’Italie ont constaté que la séroprévalence des anticorps anti-HCV la plus élevée se constate dans un âge supérieur à 45 ans sur une série de 1800 personnels soignants.

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