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II. SYNDROME METABOLIQUE (MetS)

II.2. MetS et risques cardiovasculaires

II.2.3. La prévalence du MetS

Les caractéristiques du MetS s’observent chez certains enfants et adolescents, mais la

prévalence du MetS augmente avec l’âge. La plus forte prévalence est observée chez des

personnes âgées, bien que la fréquence augmente rapidement chez des personnes d’âge moyen

en parallèle et de façon légèrement retardée par rapport au développement de l’obésité. Aux

Etats-Unis, approximativement un tiers de personnes en surpoids ou obèses manifeste le MetS

suivant les critères de diagnostic établis par le NCEP-ATP III.57 Plusieurs groupes ethniques,

surtout hispaniques et sud asiatiques y sont particulièrement exposés. Les hommes noirs

présentent une faible fréquence de ce syndrome par rapport aux hommes blancs,

vraisemblablement à cause de la faible prévalence de dyslipidémie athérogénique ; en

revanche les hommes noirs sont très exposés à l’hypertension et au diabète de type 2.

II.2.3.2. Chez l’adulte

II.2.3.2.1. Dans le monde

La raison principale qui justifie la standardisation des définitions du MetS est son

utilisation dans les recherches épidémiologique et clinique. En effet, ayant une définition

unique qui pourrait s’appliquer à chaque population du monde, il pourrait donc être

extrêmement utile de comparer

1 - la prévalence du MetS,

2 - le risque de développement de MCV et du diabète de type 2 chez des individus

atteints du MetS,

3 - les causes de base du MetS incluant l’obésité, les facteurs environnementaux et

génétiques tels l’activité physique et l’alimentation.

A ce jour, les études ont essayé d’évaluer la prévalence du MetS dans plusieurs

régions du monde en utilisant chacune des définitions établies ou des versions modifiées

basées sur les seuils arbitraires. Des confusions et des résultats contradictoires, surviennent

même à l’intérieur des mêmes groupes ethniques.58 Dans les travaux menés par Cameron et

collègues59 sur la prévalence du MetS dans les populations mondiales, il a été trouvé que

individuelles du MetS, qui peuvent également différer au sein d’une même population. Ainsi,

ils ont comparé deux études indiennes,60,61 qui ont utilisé les critères du NCEP pour la

dyslipidémie, l’hypertension et de l’élévation du glucose plasmatique, mais ont utilisé des

critères différents de l’obésité pour estimer la prévalence du MetS. Bien que la prévalence de

l’obésité des deux études soit respectivement, de 31 et 33 %, des différences notables sont

observées pour l’hypertriglycéridémie (46 % vs. 30 %). Même si plusieurs groupes de travail

ont essayé d’estimer la prévalence du MetS dans les différentes régions du globe, il demeure

difficile de déduire des visions claires de la situation.

II.2.3.2.2. En Europe

Les données issues de huit études européennes, menées entre 1981 et 1997, chez des

sujets non-diabétiques âgés de 40 à 55 ans, indiquent que le MetS, défini selon les critères de

l’EGIR, concerne en moyenne 9 % des hommes et 7 % des femmes.37 L’étude DESIR, menée

chez des sujets français âgés de 30 à 65 ans, en 1996, a montré une prévalence du MetS,

défini selon les critères du NCEP, de 17 % chez des hommes et de 10 % chez des femmes,

soit 2,5 et 3 fois moins qu’aux Etats-Unis, pour les hommes et les femmes respectivement. Au

sein de l’Europe, il existe cependant une grande disparité de celle-ci, l’Angleterre, l’Irlande et

la Suède présentant les valeurs les plus élevées.59

La comparaison des niveaux de prévalence selon les pays à un moment donné dans les

différentes études est rendue difficile par la diversité de différentes définitions utilisées. Les

écarts peuvent être importants selon la définition retenue. La définition de l’OMS aboutit

globalement à des valeurs plus élevées. Ainsi, dans la même étude française DESIR,

précedemment mentionnée, la prévalence s’élève à 23,5 % chez les hommes et 9,6 % chez les

femmes selon l’OMS à 16,4 % chez les hommes et 10,0 % chez les femmes selon l’EGIR.37

Quelle que soit la définition utilisée pour l’évaluation de la prévalence du syndrome

métabolique, les chiffres obtenus soulignent la prévalence élevée du MetS chez l’adulte dans

tous les pays industrialisés mais également dans les pays « en voie de développement ».

II.2.3.2.3. Aux Etats-Unis

La prévalence du MetS chez des adultes aux Etats-Unis selon la définition du NCEP

fut estimée pour la première fois en 2002 parmi les participants du National Health and

Nutrition Examination Survey (NHANES) III (1988-1994).57 Dans cet échantillon

représentatif de la population américaine adulte, il a été trouvé que la prévalence du MetS est

de l’ordre de 23,7 % et 21,8 % suivant qu’elle est ou non ajustée à l’âge. De surcroît, la

prévalence ajustée à l’âge est similaire chez les hommes et chez les femmes, soit 24,4 % et

23,4 % respectivement, tandis que les prévalences du MetS chez les femmes afro- et

latino-américaines sont de 57 % et 26 % respectivement, plus élevés que chez leurs compatriotes

masculins. Un autre fait est que la prévalence du MetS apparaît augmenter avec l’âge : il est

de 6,7 % chez les jeunes adultes de 20 à 29 ans contre 43,5 % chez les individus âgés de 60 à

69 ans.57

Deux ans après, un rapport comparant les données issues du NHANES III (1988-1994)

par rapport aux données du NHANES III (1999-2000) a révélé une augmentation de la

prévalence du MetS chez les adultes.57,62 En utilisant la définition du NCEP, les auteurs ont

trouvé que la prévalence suivant qu’elle est ajustée ou non à l’âge a augmenté de 12,1 % et

15,7 % respectivement. Le plus intéressant est que la prévalence ajustée à l’âge chez les

femmes augmente de 23,5 % contre 2,2 % chez les hommes. Une analyse comparative a été

réalisée en utilisant la définition du NCEP, dans laquelle la valeur seuil du glucose à jeûn

passe de ≥ 6,1 mmol/l à ≥ 5,6 mmol/l.45 Cette analyse a montré que bien que la prévalence

totale du MetS augmente avec l’utilisation d’une définition révisée, il est estimé que

l’augmentation de la prévalence du syndrome à partir du NHANES III (1988-1994) jusqu’au

NHANES III (1999-2000) est similaire lorsqu’elle est observée avec la définition d’origine du

MetS.62

L’augmentation de la prévalence du MetS chez les américains adolescents a été

largement documentée.63 Brièvement, en utilisant une version modifiée de la définition du

NCEP, les analyses comparatives des données de 1988-1994 et 1999-2000 du NHANES III

ont révélé une augmentation de la prévalence de 9,2 % à 12,7 % chez les américains

adolescents âgés de 12 à 19 ans. Il a été proposé que cette augmentation de 40 % puisse être

largement attribuée à l’augmentation du BMI aussi qu’à celle de l’obésité centrale, qui

augmente de 25 % à 30 %.63

La comparaison de la prévalence du MetS par l’utilisation des différentes définitions a

été réalisée chez les américains adultes. Ford et Giles64 ont trouvé que pour les individus

concernés par NHANES III (1988-1994), la définition du NCEP estimait la prévalence à 23,9

% alors que selon l’OMS elle est de 25,1 %. Bien que la prévalence globale soit comparable

dans les deux définitions, les différences de prévalence du MetS ont une amplitude variable en

fonction du sous-groupe de la population étudiée. Par exemple, la prévalence du MetS chez

les afro américains est de l’ordre de 21,9 % suivant la définition du NCEP et de 28 % selon

l’OMS. Une autre étude a analysé la prévalence du MetS chez des sujets du NHANES III

(1999-2000) selon les critères de l’IDF,65 la prévalence non ajustée à l’âge du MetS est alors

estimée à 39,0 %, alors qu’elle est de 34,5 % suivant les critères du NCEP, basés sur la valeur

seuil du glucose à jeûn ≥ 5,6 mmol/l. On pourrait insister sur le fait que les définitions NCEP

et IDF montrent un fort chevauchement, avec un diagnostic concordant pour

approximativement 93 % des individus examinés.65 Finalement, une étude menée au sein

d’une population masculine blanche de classe moyenne a estimé une prévalence à 19,7 %, 27

% et 30 % respectivement, suivant le NCEP original, ou du NCEP révisé basé sur la valeur

seuil du glucose à jeûn 5,6 mmol/l ou suivant la définition de l’IDF.66

II.2.3.3. Chez l’enfant et l’adolescent

L’absence de définition claire et l’extrême diversité des critères retenus pour un MetS

chez l’enfant rendent encore plus difficile que chez l’adulte toute comparaison des valeurs

observées.

La proportion de sujets concernés par le MetS dans la population générale varie de 7,2

% à 15,2 % selon les études.52,54,55,67 Elle peut atteindre une valeur de 38,7 % chez les sujets

modérément obèses voire de 49,7 % chez les sujets sévèrement obèses.68,69 La prévalence du

MetS s’élève alors de 4,2 % chez les adolescents de poids normal âgés de 12 à 19 ans et à

28,7% chez ceux en surpoids.70

conférant un risque cardiovasculaire élevé. Ces chiffres sont très probablement à rattacher, en

partie au moins, à l’augmentation récente, chez l’enfant encore plus que chez l’adulte, de

l’obésité.

II.2.3.3.1. En Europe

Alors que l’obésité concernait 4 % des sujets de 6 à 14 ans en 1963, la proportion

atteignait 11 % en 1994.71 Ainsi plus de 14 millions d’enfants sont probablement en surpoids

en Europe et parmi eux 3 millions d’obèses.

Une très grande disparité existe cependant. Le gradient nord-sud, observé pour le

risque cardiovasculaire et en partie pour l’obésité chez l’adulte, n’est plus retrouvé pour

l’obésité chez l’enfant.

- Si la prévalence est de 10 à 20 % dans les pays du nord de l’Europe, il existe

toutefois une certaine diversité. La Grande-Bretagne présente des niveaux particulièrement

élevés puisqu’une étude menée en 1999, chez des enfants de 11 ans, indique une prévalence

du surpoids, selon les courbes de référence nationales, de 32 % chez les filles et de 27 % chez

des garçons.72 Au Danemark, en revanche, en 1997-1998, « seuls » 18,2 % des filles et 10,4 %

des garçons de 13 ans présentaient un surpoids.73

- Dans le sud de l’Europe, les taux d’obésité atteignant 20 à 35 %.73-76

- En Grèce, 18,9 % des filles et 28,7 % des garçons de 13 ans présentaient un surpoids

en 1997-1998.73 De même en Espagne, la prévalence de l’obésité est particulièrement élevée:

dans la région d’Aragon par exemple, elle est ainsi passée de 25 % chez les filles et 21 % chez

les garçons de 6 à 7 ans en 1985 à 36 % des filles et 34 % des garçons 10 ans plus tard

- En France, des taux de 13,6 % chez des filles et de 11,4 % chez les garçons de 13 ans

ont été rapportés en 1995, selon les références internationales.73 Dans une étude menée en

2000, le surpoids touchait environ 18,1 % d’enfants.

II.2.3.3.2 Aux Etats-Unis

L’étude NHANES III, menées entre 1988 et 1994, indique que 29,1 % des garçons et

31,2 % des filles âgées de 12 à 14 ans présentent un surpoids selon les références

internationales.77

FIGURE II.8. La prévalence du surpoids et de l’obésité parmi les jeunes écoliers âgés de 5 à 17 ans à

l’échelle mondiale. Le surpoids et l’obésité définis par les critères de l’IOTF (International Obesity

Task-Force).

78

0

5

10

15

20

25

30

35

1 - Monde

2 - Amérique

3 - Europe

4 - Proche et moyen orient

5 - Asie-Pacificique

6 - Afrique subsaharienne

1 2 3 4 5 6

Surpoids

Obésité

Prevalence (%)

II.2.4. Physiopathologie du MetS

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