II. SYNDROME METABOLIQUE (MetS) II.2. MetS et risques cardiovasculaires II.2.4. Physiopathologie du MetS II.2.4.12. Etat-proinflammatoire II.2.4.12. Etat-proinflammatoire II.2.4.12.1. Mise en évidence Les résultats d’études récentes ont contribué à souligner l’importance d’un état inflammatoire chronique en tant que composante critique dans l’étiologie des MCV et du diabète de type 2.159 A la lumière de ces observations, certains chercheurs ont suggéré que l’inflammation, mesurée par des concentrations plasmatiques élevées de molécules pro-inflammatoires ou par des concentrations plasmatiques faibles de molécules anti-inflammatoires devrait non seulement s’ajouter aux paramètres définissant le MetS,31,160 mais pourrait même se retrouver parmi les facteurs les plus susceptibles d’être à son origine.137,161,162 II.2.4.12.2. Protéine C-réactive (CRP) La CRP est une protéine clé de la phase aiguë de l’inflammation, sa concentration augmentant dans les processus inflammatoires.163 La production hépatique de CRP est stimulée par L’IL-6, une cytokine proinflammatoire sécrétée par de nombreuses cellules notamment les macrophages et les lymphocytes, mais également par les adipocytes.100 Dans un intervalle de valeurs dites normales, reflétant ainsi l’absence de processus inflammatoires aigu, la présence de concentrations plasmatiques élevées de CRP est un marqueur clinique d’un état inflammatoire chronique, mais aussi d’un risque cardiovasculaire élevé. En effet, des concentrations élevées de CRP ont été associées à un risque accru d’événements coronariens chez des individus en bonne santé,164 mais également chez des patients ayant déjà présenté un infarctus du myocarde.165 Certaines études suggèrent aussi que la mesure des concentrations plasmatiques de CRP pourrait améliorer la prédiction du risque d’infarctus du myocarde en supplément des facteurs de risque traditionnels.166 Récemment, certains marqueurs inflammatoires dont la CRP ont été associés à un ensemble de complications caractéristiques du MetS notamment à l’obésité viscérale, à l’hyperinsulinémie, à des concentrations élevées de triglycérides et faibles de HDL-c et à la présence de petites particules de LDL-cdenses.101,167 Plusieurs études ont également indiqué que la présence de concentrations plasmatiques élevées de CRP prédisait le risque de développer le MetS. Les résultats d’une étude prospective, le Mexico City Diabetes Study, ont montré que parmi un échantillon de 729 femmes, celles qui avaient des concentrations plasmatiques de CRP élevées au début de l’étude avaient un risque quatre fois plus élevé de développer le MetS au cours d’une période de suivi de 6 ans. Cette association n’était toutefois pas significative parmi les hommes.168 L’Insulin Resistance Atherosclerosis Study (IRAS) a montré une relation linéaire de la CRP et de la fréquence de dyslipidémie, de la résistance à l’insuline, d’hypertension et d’adiposité chez des individus non diabétiques et non coronariens.169 Ces résultats ont été confirmés par d’autres études.170 Lors de l’étude de prévention primaire West of Scotland Coronary Prevention Study (WOSCOPS), la présence concomittante de concentrations plasmatiques de CRP > 3 mg/l et de MetS était associée à un risque plus élevé d’événements coronariens comparativement aux individus sans MetS et avec des concentrations plasmatiques de CRP < 3 mg/l. L’étude NHANES notamment montre que les sujets présentant un MetS ont des valeurs plus élevées de différents marqueurs de l’inflammation comme la CRP, le fibrinogène ou les leukocytes.171 Chez l’adolescent, quelques études récentes ont également montré une association des valeurs de CRP, IL-6, et de TNF-α avec le surpoids, un HDL-cholestérol bas et une pression artérielle élevée.172-175 De nombreuses études épidémiologiques et expérimentales suggèrent que cet état pro-inflammatoire est un des éléments faisant le lien entre le MetS, l’athérogénèse et le risque cardiovasculaire. Au sein de ce syndrome inflammatoire un rôle clé serait joué par l’IL-6 et le TNF-α.176 II.2.4.12.3. IL-6 et TNF-α L’IL-6 existe sous différentes formes glycosylées, dont le poids moléculaire varie de 22 à 27 kDa. Il est sécrété par de nombreuses cellules, essentiellement les macrophages et les lymphocytes mais aussi l’adipocyte. L’IL-6 stimule la production hépatique de CRP sous l’influence du TNF-α ainsi que celle d’autres protéines inflammatoires comme IL-1. Parmi l’ensemble des cytokines, IL-6 jouerait un rôle central dans l’inflammation. Le TNF-α est une protéine transmembranaire de 26 kDa qui donne par clivage une protéine biologiquement active de 17 kDa. Il est sécrété par les macrophages et les adipocytes.177,178 Au delà de leurs effets dans le processus inflammatoire, de nombreuses données suggèrent que l’IL-6 et le TNF-α joueraient un rôle dans l’insulino-résistance, l’état de pro-thrombose et le risque cardiovasculaire associés au MetS. II.2.5. Combinaisons des risques cardiovasculaires II.2.5.1. Insulino-résistance et inflammation L’IL-6 favoriserait la sécrétion hépatique de VLDL-c et modifierait la sensibilité à l’insuline par interaction des SOCs (Suppressor Of Cytokine signaling) avec le récepteur de l’insuline.90,177,179 Le TNF-α réduirait l’autophosphorylation du récepteur de l’insuline, inhibant ainsi la phosphorylation d’IRS-1 et induisant la phosphorylation de la sérine d’IRS-1 puis empêchant la transmission du signal initié par l’insuline. Il pourrait aussi diminuer l’expression du transporteur GLUT4 du glucose.90,179,180 Il faut toutefois noter que si un traitement neutralisant les récepteurs solubles du TNF-α améliore la sensibilité à l’insuline chez le Rat, cet effet n’a pas été retrouvé chez l’Humain. Une étude récente a cependant montré que des Rats obèses knock-out pour le TNF-α où ses récepteurs avaient une sensibilité à l’insuline plus élevée.178 FIGURE II.15. Rôle inhibiteur du TNF-α sur l’action de l’insuline d’après J. Girard, 1998 TNFα Insuline Tyr-P IRS-1 Effets biologiques Tyr-P Tyr-P Sphingomyélinase Céramides PKC Dans le document Syndrome métabolique chez le sujet âgé : relations avec la dysrégulation du système nerveux autonome, l'inflammation et le syndrome d'apnées du sommeil. (Page 77-81)