II. SYNDROME METABOLIQUE (MetS) II.2. MetS et risques cardiovasculaires II.2.4. Physiopathologie du MetS II.2.4.10. Elévation de la pression artérielle L’association entre l’obésité et l’hypertension, trouvée dans des populations aussi bien civilisées que primitives, a été largement documentée. Les facteurs les plus importants, sont le degré de l’obésité, l’âge initial, la durée de l’obésité, la variation du poids dans le temps et, plus encore, le type d’obésité. Plusieurs études prospectives et épidémiologiques ont montré l’association entre l’hyperinsulinémie, l’insulino-résistance et l’hypertension. La relation entre la sensibilité à l’insuline, l’hypertension et la fonction endothéliale est très complexe. Malgré ces données insuffisantes sur la relation entre les niveaux d’insuline et le développement de l’hypertension, il y a une évidence certaine que l’insulino résistance précède le début d’une hypertension établie chez des patients à haut risque. Parce que l’insuline est un vasodilatateur, elle peut activer une variété de mécanismes physiologiques potentiels pouvant jouer un rôle causal dans la pathogenèse de l’hypertension. Chez des patients présentant une hyperinsulinémie il y a des changements de la paroi artérielle, en particulier une diminution caractéristique de l’élasticité de la paroi artérielle a été notée chez des patients hypertendus souffrant d’insulino-résistance. L’hyperglycémie, l’hyperinsulinémie et l’hypertriglycéridémie apparaissent toutes contribuer à l’augmentation de la raideur artérielle. Il y a, cependant, des disparités ethniques et raciales dans l’association de l’insuline, la sensibilité à l’insuline et la pression artérielle ; alorsque cette relation n’est pas observée chez des populations noires aux Etats-Unis et dans d’autres pays. Quoique les mécanismes précis n’en soient pas déterminés, les investigations cliniques démontrent le bénéfice des interventions dans l’amélioration de la sensibilité à l’insuline et du contrôle de l’hypertension, ainsi que dans la réduction de l’hypercholestérolémie. En particulier, l’amélioration de la sensibilité à l’insuline peut corriger l’hypertension et ses conséquences ultérieures sur les parois vasculaires. démontrée. La réduction de la production de NO et la réduction de la vasodilatation qui en sont la conséquence pourraient constituer un facteur supplémentaire à l’hypertension induite par l’insulino-résistance. Dans une étude transversale, d’une large population, les sujets hypertendus sont plus susceptibles d’avoir les anomalies lipidiques et une augmentation de l’ensemble des facteurs de risque par rapport aux conditions normales même après l’ajustement par l’IMC.150 L’association de l’hypertension, du diabète de type 2, de l’obésité androïde, de la résistance à l’insuline et de la dyslipidémie a été étudiée par Neel et collègues151 dans un échantillon de population mixte, (dans le Michigan aux USA et Hiroshima, au Japon). Ils ont trouvé une interaction très significative entre deux facteurs, l’IMC et l’hypertension. A partir de cette étude, ils ont conclu que l’association significative entre l’ensemble des facteurs de risque et le MetS est piloté par le couple IMC–hypertension. Enfin, il faut retenir qu’une association transversale a été décrite entre la pression artérielle et la concentration d’acides gras libres. Cependant, le lien de causalité et, ainsi, les mécanismes expliquant cette relation, demeurent incertains. Dans une analyse longitudinale de la même étude, les mesures d’acides gras libres sont corrélées avec la pression systolique et diastolique à 4,5 ans de suivi. Dans une analyse multivariée, les relations entre les modifications des niveaux d’acides gras libres à jeûn et les pressions de base systolique et diastolique sont significatives, indépendamment de l’âge et du sexe. L’obésité et son interaction avec la pression artérielle n’explique pas cette association. L’augmentation de concentrations d’acides gras libres est considérable chez les patients hypertendus par rapport aux sujets normotendus. Cette différence reste élevée chez des sujets traités avec des diurétiques en comparaison par ceux traités avec des antagonistes β-adrénergiques, ce qui amène un argument en faveur du rôle du système nerveux sympathique dans cette relation entre la pression artérielle et les concentrations d’acides gras libres non estérifiés.152,153 Globalement trois mécanismes, agissant probablement en synergie, sont proposés pour expliquer l’augmentation de pression artérielle induite par l’insulino-résistance et l’augmentation de l’adiposité : 1 - une stimulation du système nerveux sympathique, à l’origine d’une vasoconstriction 2 - une altération de la fonction endothéliale et, 3 - une réabsorption accrue du sodium. Toutefois, le développement de l’hypertension étant un processus très complexe, il est clair que l’insulino-résistance ne constitue qu’un maillon de la chaine. Suractivité du système nerveux sympathique – Ce rôle, spécialement attribué au composant adrénergique ou noradrénergique, dans la pathophysiologie du MetS, a été établi.154 L’augmentation d’acides gras libres circulant chez les obèses pourrait stimuler le système nerveux sympathique. Il a ainsi été montré que l’injection d’acides gras libres chez des sujets ayant une pression artérielle normale accroît la réponse vasoconstrictive à la phényléphrine.133 Les acides gras agiraient soit directement au niveau des centres nerveux cérébraux soit via des voies nerveuses afférentes prenant leur origine au niveau du foie. Une augmentation de la pression artérielle est également observée chez le Rat après injection d’acides gras libres dans la veine porte. Une diminution de l’effet vasodilatateur de l’insuline du fait de l’insulino-résistance pourrait également favoriser l’augmentation de la pression artérielle.133 Réabsorption sodée – L’augmentation de la réabsorption rénale du sodium, qui augmente le volume sanguin et favorise l’augmentation de la pression artérielle, est en partie la conséquence d’une stimulation de l’activité nerveuse sympathique rénale décrite précédemment. Cependant, d’autres mécanismes pourraient intervenir : – Une augmentation des concentrations de rénine et d’angiotensine, peptides hypertenseurs issus du rein, secondairement à l’augmentation du tonus sympathique. l’activité du système rénine-angiotensine. La diminution de ce peptide serait secondaire à une augmentation de l’expression du récepteur participant à son élimination. – L’insuline favoriserait la réabsorption du sodium, par une action directe des tubules rénaux, cette action persistant malgré la résistance à l’insuline.105,133 Dans le document Syndrome métabolique chez le sujet âgé : relations avec la dysrégulation du système nerveux autonome, l'inflammation et le syndrome d'apnées du sommeil. (Page 73-76)