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Le Point : un service rattaché au DIP

Depuis la création du Point en 1968, les interventions poursuivent un axe majeur : l’intégration et la formation des jeunes. L’équipe pluridisciplinaire agit en partenariat sur demande explicite des acteurs de la communauté éducative. Ils développent des interventions préventives et régulatrices et proposent des formations-actions. L’ambition du Point est d’aider les acteurs éducatifs à affronter des situations de crise, à gérer les conflits, à restaurer les relations, et à construire des repères assurant une meilleure cohérence dans le fonctionnement des équipes et de l’institution. Les professionnels du Point contribuent notamment à élaborer et réaliser des projets d’intervention et à renforcer la capacité auto évaluative des actions de terrain.

En tant que service d'appui, Le Point a pour mission de garantir la capacité d’action des différents acteurs du monde scolaire face à des situations complexes et de contribuer à l’amélioration de leurs compétences individuelles et collectives. Dès lors, l’agir relationnel et social constitue son domaine phare d’intervention. L’objectif de ce service est d’améliorer les fonctionnements institutionnels à travers des actions de conseil, de formation et d’accompagnement pour fournir aux jeunes de meilleures chances d’intégration et améliorer le lien social.

Petit détour historique

Le service de protection de la jeunesse met en place en 1968 une équipe comprenant quatre travailleurs sociaux hors-murs. Ils constituent, à Genève, les premiers éducateurs de rue allant à la rencontre des jeunes en difficultés qui se maintiennent à l’écart des services d’aides. Par une écoute gratuite et sans contraintes, les membres de ce service tentent de créer une relation avec les jeunes

et de favoriser leur insertion dans la société. L’enjeu principal est de contrer les phénomènes de marginalisation qui s’intensifient.

Au fil des années, les réflexions des éducateurs se développent et de nouvelles préoccupations voient le jour. Les situations sont d’avantages considérées dans leur globalité en tenant comptes des échanges entre le jeune et son environnement. Dans les années nonante, un travail collectif et partenarial débute avec l’entourage proche des jeunes. Un rapport plus étroit se construit peu à peu avec les familles, les écoles et les quartiers : l’environnement relationnel et social est désormais pris en compte, en amont des phénomènes de marginalisation, d’exclusion et de conflit. L’équipe du Point s’élargit à d’autres professionnels formés au travail en réseau, à la gestion de conflit, à la médiation, à l’accompagnement de projet et à la formation d’adulte.

À partir des années 2000, les demandes d’intervention deviennent de plus en plus nombreuses dans les écoles et ses alentours. Afin d’y répondre au mieux, l’équipe du Point s’efforce d’affiner son offre et de répondre de manière adaptée et efficace aux sollicitations du milieu scolaire. Soutenus par la direction générale de l’Office de la jeunesse (OJ), les intervenants du Point affinent leurs savoirs, leurs compétences et leurs démarches méthodologiques par un travail étroit avec des formateurs et conseillers externes. En tant que consultants en gestion de crise et en intervention collective au service d'un meilleur fonctionnement institutionnel, ils s’emploient à répondre de manière aussi pertinente que possible aux demandes toujours plus nombreuses du milieu scolaire.

Dès 2006, Le Point est rattaché au Secrétariat général dans le cadre des services partagés du Département de l'instruction publique. Désormais, il est au service de tous les acteurs agissant dans les différents ordres d’établissement scolaires. Ce nouveau mandat a été l’occasion pour les intervenants du Point de redéfinir leurs valeurs de référence et les principes déontologiques qui guident leurs interventions d’aujourd’hui. Le service Le Point a gardé une posture neutre, sans jugement ni pouvoir hiérarchique sur les institutions.

L’organigramme, en page 46, nous permet de préciser le statut du Point au sein du DIP. Au même titre que le Service de la Recherche en Education (SRED), Service cantonal de la culture et fonds cantonal d’art contemporain ou encore le Service de l’enseignement privé, Le service Le Point agit en interaction avec l’Office de la Jeunesse (OJ) et les directions générales des différents ordres d’enseignement genevois. Ne nous destinant ni pour le cycle d’orientation ni pour le postobligatoire, nous avons fait le choix de ne pas les traiter dans le cadre de ce travail. Nous nous intéressons à la collaboration du Point avec les établissements primaires, c’est pourquoi nous avons mis en évidence le rapport qu’entretient ce service avec cet ordre d’enseignement.

L’équipe du Point et ses procédures

Actuellement, l’équipe du Point comprend six professionnels de champs disciplinaires divers ayant tous une expérience approfondie de terrain dans leur domaine respectif. Chacun d’entre eux possède un parcours différent avec des spécialisations diverses (enseignant, éducateur, assistant social, animateur, sociologue, etc.). S’ils ont des postures et des actions différentes liées à leur parcours professionnel, les experts travaillent cependant avec des principes et des valeurs de référence communs.

Les établissements de la région genevoise sont répartis en différents secteurs.

Les consultants sont chacun référents d’un territoire délimité mais suivant les demandes et besoins, ils peuvent travailler avec un établissement d’un autre secteur que le leur. De plus, il arrive que plusieurs intervenants collaborent sur un même projet. Avant tout, les échanges sont pensés en termes de qualité : les différentes spécialisations des experts amènent richesse et polyvalence aux interventions.

Dans un souci de cohérence, les experts se réunissent, une fois par semaine, afin d’exposer dans les grandes lignes les situations rencontrées. Ces moments d’échange leur permettent de confronter leurs opinions afin d’améliorer ou de développer de nouvelles pratiques et compétences.

Les actions du Point se découpent en trois champs d’intervention complémentaires et interdépendants : une grande part du travail de l’équipe pluridisciplinaire consiste à répondre à des demandes de conseil et d’accompagnement. Ces requêtes émanent essentiellement d’acteurs liés aux milieux de la jeunesse ou de représentants d’établissements. Elles permettent aux experts du Point d’effectuer une entrée en matière pour un accompagnement réfléchi, approfondi et efficace. La majeure partie de ces demandes découle des écoles primaires, vient ensuite le cycle d’orientation, puis le post-obligatoire.

Concernant spécifiquement les écoles primaires, les intervenants s’accordent à dire que les demandes de conseils sont de plus en plus nombreuses et variées. Plus de la majorité des cas (56%) concerne des dynamiques de classe considérées comme problématiques (bouc émissaire, démotivation, agitation, élèves difficiles, conflits,

etc.). 18% des questions interrogent la dynamique d’équipe, les relations enseignants-enseignants et enseignants-parents. Interviennent ensuite les demandes touchant la socialisation des enfants et la vie en communauté. Une partie des questions (10%) concerne l’appropriation d’outils tels que des Chartes, des règles de vie, des règles de travail et des sanctions éducatives. L’autre partie (10%) vise la création d’espaces de parole et de conseils de classe. Enfin, mais dans un pourcentage relativement faible, s’inscrivent les demandes touchant aux situations de grande violence dans les écoles ou leurs alentours (6%). Ces requêtes engendrent fréquemment un travail d’accompagnement plus approfondi tel que la mise en place d’un projet, une formation continue ou le développement du travail en réseau.

Le deuxième axe concerne la formation-action. Les intervenants du Point collaborent avec les acteurs d’établissements pour les aider à gérer des conflits ou à rétablir les relations. Les experts s’intéressent particulièrement à la socialisation des élèves, à la cohérence et à la dynamique des équipes enseignantes. Les questions ayant fait l’objet de demande de conseils et d’accompagnement sont étudiées et approfondies dans le cadre de formations continues ou de mise en place de dispositifs d’action. Dans la majorité des cas, leur démarche consiste à élargir le traitement d’un cas individuel à une réflexion et une action plus globale. De cette façon, ils cherchent à établir des échanges et un partenariat entre les différents acteurs d’un même établissement. Le travail des consultants doit être compris dans une optique d’accompagnement en gardant à l’esprit que c’est aux enseignants de mettre ensuite en application les procédures.

Le dernier axe d’intervention est celui du travail en réseau. Depuis qu’il est rattaché au DIP, Le Point collabore régulièrement avec les différents services et partenaires institutionnels tels que le Service de santé de la jeunesse, le Service médico-pédagogique, l’Equipe de prévention et d’intervention communautaire, la Fondation pour l’animation socioculturelle. Ensemble, ils développent les liens quartiers-écoles et réfléchissent aux questions de violence à travers des situations de prévention et d’action. Leur mission est de penser et agir [en collectif] pour améliorer le climat scolaire.

Les trois axes de travail des consultants du Point que nous avons présenté sont indissociables les uns des autres et peuvent s’articuler pour répondre aux besoins spécifiques des individus ou des écoles. Le champ d’intervention de l’équipe du Point est très large et il est difficile de saisir, à travers une présentation générale, le fonctionnement effectif de ce service. Pour bien comprendre comment les procédures se mettent en place, nous nous sommes intéressées plus précisément à deux situations dans lesquelles des enseignants ont travaillé en collaboration avec le service du Point. A travers l’analyse et la comparaison de ces expériences, nous espérons pouvoir appréhender de manière plus précise une partie des procédures d’intervention de l’équipe du Point.

Présentation des établissements

Les deux écoles sur lesquelles nous baserons notre travail d’analyse présentent des caractéristiques bien différentes : taille, localisation géographique, type de fonctionnement, etc. Elles ont cependant en commun d’avoir demandé l’appui du Point dans le cadre de réflexions et de mise en place de projets visant l’amélioration des relations et du climat scolaire. Nous allons brièvement vous présenter les établissements concernés et les raisons pour lesquelles nous avons pris contact avec les enseignants. Nous exposerons également les circonstances dans lesquelles les experts du Point ont été contactés par ces écoles.

Ecole Alpha

Nous avons pris connaissance du travail de l’école Alpha avec Le Point suite à un article du magazine L’Ecole (n°42) paru en mars 2006. Cette grande école comprenant plus de 500 élèves, répartis dans une trentaine de classes, a travaillé avec Le Point suite à des problèmes de comportements répétés dans certaines classes. Les interventions avec les experts se sont déroulées en collectifs avec toute l’équipe éducative de l’école. Deux enseignants ont accepté de répondre à nos questions ; une enseignante était à l’origine de la demande d’intervention du Point, l’autre était responsable d’école (RE) au moment de l’élaboration du projet.

Ecole Gamma

Dans le cadre de nos recherches sur Internet, nous avons découvert le site de l’école Gamma. L’une des enseignantes y partageait son expérience de collaboration avec le service du Point. Cette petite école de campagne, de quatre classes, a collaboré à plusieurs reprises avec le service entre les années 2006 et 2008. Les actions du service ont eu lieu suite à de graves débordements dans une classe. La collaboration s’est ensuite portée sur les adultes impliqués dans l’espace scolaire (enseignants, parents, parascolaire, etc.). Nous avons donc pris contact avec l’enseignante ayant fait appel au service du Point afin de recueillir plus d’informations sur le déroulement des interventions.

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