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1.2 Présentation et objectifs

1.2.1 Présentation

La convention de Ramsar (1971)1 ainsi que la convention de Rio de Janeiro (1992)2

représentent les deux bases juridique et institutionnelle, à l’échelle internationale, abou- tissant à la mise en place des aires marines protégées dans le monde entier. En 2012, leur nombre est de 10280 (Spalding et al., 2013) et progresse chaque année de 5% (Laffoley, 2008a; Wood et al., 2008). Les AMP s’étalent sur 8,3 millions km2, soit 2,3% des océans

et 5,69% de zones marines des zones économiques exclusives (UNEP/MAP-RAC/SPA, 2015).

La prise en considération des aires marines protégées à l’échelle internationale, ne s’est développée qu’à partir des années 1970 lorsque plusieurs études et diagnostics faits ont montré les menaces d’extinction des certaines espèces marines telles que le phoque moine en Méditerranée, la baleine de l’Atlantique Nord, la tortue marine géante, le requin plat... (Chambom, 1994, page 23). L’aire marine protégée a été proposée pour la première fois lors de la convention de Barcelone pour protéger le milieu marin méditerranéen, mais sa nomination officielle a été utilisée en 1992 lors du sommet de la terre à Rio de Janeiro en faveur de la protection de la biodiversité et les ressources naturelles.

Il existe plusieurs définitions de l’aire marine protégée selon les contextes de protec- tion et de gestion. La première définition de l’AMP est présentée par l’UICN en 1994 ; elle est définie comme « Toute zone intertidale ou subtidale, de même que les eaux la

recouvrant, ainsi que la flore, la faune et les caractéristiques historiques et culturelles as- sociées, classées par la législation dans le but de protéger partiellement ou intégralement l’environnement inclus ». Puis une deuxième définition est élaborée dans le cadre de la

convention sur la diversité biologique3; l’AMP est définie comme « Toute zone définie dans ou à côté d’un environnement marin, ainsi que les eaux la recouvrant et la flore, la faune et les caractéristiques culturelles et historiques qui lui sont associées, qui ont été préservées par la loi ou par tout autre moyen en vigueur, y compris l’usage, avec pour effet

1. « La Convention de Ramsar est le plus ancien de tous les accords modernes mondiaux et intergou- vernementaux sur l’environnement. Le traité a été négocié dans les années 1960 par différents pays et organisations non gouvernementales préoccupés par la perte et la dégradation croissantes des habitats en zones humides pour les oiseaux d’eau migrateurs. Adopté dans la ville iranienne de Ramsar en 1971, il est entré en vigueur en 1975. »(consulté le 5 avril 2016 sur : http ://www.ramsar.org/fr/a-propos/histoire- de-la-convention-de-ramsar)

2. « La Convention sur la Diversité Biologique (CDB) a été ouverte à la signature lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, le 5 juin 1992, et est entrée en vigueur le 29 décembre 1993. Elle est un traité international qui a trois principaux objectifs : la conservation de la di- versité biologique ; l’utilisation durable de la diversité biologique ; le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques. »(consulté le 05 avril 2016 sur : http ://www.un.org/fr/events/biodiversityday/convention.shtml)

que cette biodiversité côtière et/ou marine bénéficie d’un niveau de protection supérieur à celui de son entourage ». En octobre 2008, lors du congrès mondial pour la conservation

à Barcelone, l’UICN avait adopté une troisième définition présentant l’AMP comme « Un

espace géographique clairement défini, reconnu, dédié et géré par des moyens efficaces lé- gaux et autres, pour atteindre la protection à long terme de la nature ainsi que des services d’écosystèmes et des valeurs culturelles associées » (Dudley, 2008).

Les aires protégées constituent un domaine privilégié pour l’action de l’Union inter- nationale pour la conservation de la nature (UICN). Cette dernière encourage ainsi les États à créer des espaces protégés qui constituent des outils privilégiés de conservation de la nature, depuis près de trois décennies.

L’UICN a défini et classé les aires marines protégées en 6 catégories, selon l’intensité de la protection (de 1 : protection totale à 6 : gestion des activités humaines dans un objectif de protection) (Mabile, 2004; Wells and Day, 2004; Laffoley, 2008a; Dudley, 2008; Gabrié et al., 2012; Day et al., 2012) :

1. Réserve Naturelle Stricte : gérée essentiellement dans un but scientifique.

2. Parc national : géré essentiellement pour la protection des écosystèmes marins et côtiers et à des fins récréatives.

3. Monument naturel : géré essentiellement dans le but de préserver des traits naturels spécifiques (exemple : île volcanique).

4. Réserve Spéciale : gérée principalement à des fins de conservation d’habitats et d’espèces avec intervention au niveau de la gestion (exemple : plage de nidification des tortues marines).

5. Paysage Terrestre/Marin Protégé : géré essentiellement pour la préservation du pay- sage terrestre/marin et à des fins récréatives.

6. Aire Protégée avec gestion des ressources : gérée essentiellement pour l’utilisation durable des ressources et des écosystèmes naturels.

Les aires marines protégées incluent toujours l’environnement marin et côtier, mais elles peuvent également inclure des zones terrestres tels les îles ou les îlots et les bassins hy- drologiques en amont, auxquels sont liées les zones côtières, grâce au grand connecteur qu’est l’eau douce (fleuves, rivières. . . ) (Kelleher, 1999).

Chaque aire marine protégée se compose de deux éléments intérieurs : le noyau dur et la zone tampon, et de deux éléments extérieurs4 qui sont la zone de protection et la zone

périphérique (Dudley, 2008) .

— Le noyau dur est un périmètre de préservation intégrale où toute activité, toute entrée et toute circulation sont strictement réglementées.

4. Les deux zones extérieures (la zone de protection et la zone périphérique) peuvent être regroupées dans une seule zone appelée : zone de transition.

— La zone tampon, zone jouxtant le noyau dur, où les activités sont limitées et fixées par voie réglementaire pour assurer une meilleure protection et garantir la vocation de chaque composante de l’aire marine protégée.

— La zone de protection est la zone jouxtant l’aire protégée et à l’intérieur de laquelle sont admises les activités agricoles, pastorales ou de pêche traditionnelle ou d’autres types d’activités n’entraînant pas d’impact néfaste sur l’aire protégée. La zone de protection est déterminée par le décret de création de l’aire protégée.

— La zone périphérique est la zone jouxtant la zone de protection à l’intérieur de laquelle toutes activités autres que celles traditionnellement menées doivent faire l’objet d’une approche concertée, impliquant toutes les entités concernées.

Figure 1.1 – Exemple d’un zonage schématique d’une aire protégée (Mengue-Medou, 2002)