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Présentation de l’AVEGA

CHAPITRE IV. L’AVEGA ET LA RÉSILIENCE DES VEUVES DU GÉNOCIDE

4.1 Présentation de l’AVEGA

Cette section présente l’AVEGA à travers son organisation et ses divers partenaires.

4.1.1 Missions, objectifs et activités de l’AVEGA

La mission de l’AVEGA est d’œuvrer pour l’épanouissement et la réintégration des veuves du génocide par l’amélioration de leurs conditions psychosociales et socio-économiques dans la solidarité, la justice et la paix sociale43. Elle poursuit les objectifs suivants : (i) promouvoir la solidarité entre les membres ; (ii) mener des activités susceptibles de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des veuves ; (iii) promouvoir l’éducation des orphelins du génocide ; (iv) perpétuer la mémoire des victimes du génocide...

Les activités de l’association sont réalisées à travers ses quatre départements : (i) opérations économiques et sociales ; (ii) administration et finances ; (iii) psycho-médical ; et (iv) plaidoyer, justice et information. Dans la présente recherche, nous nous sommes davantage intéressés aux activités socio-économiques.

4.1.2 Structure organisationnelle

L’AVEGA est une organisation en maturité, avec dix-huit ans d’existence. En 1995, l’association a commencé ses activités avec son siège à Kigali. Celui-ci supervisait les suivis de toutes ses actions au niveau national. C’est en 2000 qu’elle a décentralisé ses activités par la création de la coordination provinciale de l’Est, à Rwamagana. Actuellement, elle a ouvert les branches Ouest, Nord et Sud. Les bureaux provinciaux sont dotés d’un personnel permanent qui assure les activités de l’association au quotidien. Le siège, communément appelé aussi le secrétariat exécutif, coordonne les projets de toutes les provinces.

42 « Association des Veuves rescapées du Génocide - Agahozo » (AVEGA). 43 AVEGA, Plan d’actions 2007, Kigali.

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Selon son statut, l’AVEGA possède des organes centraux et régionaux. Parmi les organes centraux figurent : (i) le congrès national ; (ii) le conseil d’administration ; (iii) le comité exécutif ; (iv) le conseil de surveillance ; et (v) le conseil d’arbitrage. Les organes régionaux, quant à eux, comprennent : (i) le congrès provincial ; et (ii) le comité provincial. Dans tous les districts, on trouve aussi : (i) l’assemblée générale de district ; (ii) le comité de district ; et (iii) le comité de secteur. Le congrès est l’organe suprême de l’association, dont il définit la politique générale. Le conseil d’administration est chargé de prendre les décisions urgentes, dans les cas où il n’est pas possible d’attendre la tenue du congrès national. Le comité exécutif réalise le programme de l’association. Ses membres sont élus pour un mandat de trois ans parmi les membres effectifs. Le comité de surveillance contrôle le fonctionnement de l’association et le conseil d’arbitrage tranche les différends pouvant naître dans l’association.

4.1.3 Principaux partenaires de l’AVEGA

La capacité de connexion ou de collaboration avec divers acteurs est une caractéristique de la résilience pour les communautés et les organisations (Schmale, 2012). En effet, le partenariat porte essentiellement sur le soutien, les conseils, l’aide matérielle et les services. En vue de résoudre ses divers problèmes, l’AVEGA travaille en étroite collaboration avec des acteurs nationaux et étrangers. Sans être exhaustifs, nous pouvons citer :

a) Les institutions publiques, comprenant les ministères et les commissions nationales. b) Les ONG locales et internationales.

c) Les agences de développement.

Les institutions publiques mobilisent les ONG étrangères pour exécuter les politiques de protection sociale. A ce titre, on peut citer Send a Cow, qui travaille étroitement avec le ministère de l’Agriculture et des Ressources animales pour distribuer des vaches laitières aux ménages pauvres. En outre, les ONG locales mobilisent des fonds auprès des partenaires pour financer les petites organisations locales.

4.1.3.1 Les institutions publiques et les commissions nationales

Les institutions publiques assurent l’appui politique de l’association AVEGA dans ses activités de rétablissement du bien-être de ses membres. Les principales institutions retenues sont les suivantes :

a) Le MINALOC, qui a dans ses attributions la gestion du fonds FARG et d’autres programmes de protection sociale comme Ubudehe-VUP, qui travaillent étroitement avec les veuves. Ces programmes ont été développés dans le chapitre précédent.

b) Le ministère de la Justice apporte son aide pour défendre les intérêts légaux des ménages des veuves. Cette collaboration se manifeste dans le fait de conseiller, d’accompagner et d’orienter les membres de l’AVEGA vers les instances judiciaires. Pour sa part, l’AVEGA organise aussi une assistance juridique auprès des juridictions, forme les membres en matière de droit et de procédures judiciaires, et conscientise les membres sur leurs droits et obligations.

c) Le ministère de la Santé collabore avec l’AVEGA pour soigner ses membres et gérer les centres de santé construits par elle. En effet, trois centres de santé, construits par l’AVEGA à Kigali, Rwamagana et Ntarama (Bugesera), ont été confiés au ministère de la Santé pour en assurer la gestion depuis 2011.

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d) Le ministère du Genre et de la Promotion de la Femme collabore avec l’AVEGA dans le cadre général de la promotion de la femme au Rwanda.

e) L’AVEGA collabore particulièrement avec le ministère de l’Education pour solliciter des échéances favorables pour le paiement des frais de scolarité des enfants n’ayant pas obtenu une bourse auprès du FARG. Ce sont des enfants issus de ménages vulnérables ou des enfants chefs de ménage.

f) Parmi les commissions qui collaborent avec l’AVEGA, on peut citer la Commission nationale de lutte contre le sida (CNLS), la Commission nationale de lutte contre le génocide (CNLG) et la Commission nationale pour l’unité et la réconciliation (CNUR).

4.1.3.2 Les ONG locales

Parmi les ONG locales les plus actives, on peut citer :

(i) IBUKA, collectif des associations des rescapés. L’AVEGA est membre d’IBUKA. Les deux associations mobilisent les partenaires pour venir en aide aux rescapés. Au niveau national, il faut reconnaître qu’IBUKA est une grande association, ayant une importante capacité de mobilisation pour ses membres. Elle traite plus les plaidoiries et dispose d’une grande notoriété. C’est elle qui fait le suivi régulier de la gestion du fonds public FARG.

(ii) Imbuto Foundation de Madame Jeannette Kagame, épouse du président de la République. Celle-ci a assisté les membres de l’AVEGA par la mise en place d’un fonds de garantie qui facilite l’accès aux crédits bancaires pour les veuves. Dans la suite de ce travail, nous présenterons les crédits reçus et leurs utilisations par les ménages les plus pauvres.

(iii) Profemmes / Twese hamwe est un collectif de 58 associations rwandaises (dont l’AVEGA) œuvrant pour la promotion de la femme, de la paix et du développement. C’est un cadre de solidarité et de concertation entre des organisations mobilisées en faveur de l’amélioration de la position de la femme dans la société ainsi qu’un centre de services, un cadre thématique et un lieu d’élaboration des politiques et d’influences stratégiques. Avec l’AVEGA, cette organisation a construit les 75 premières maisons de veuves du génocide à Ntarama-Bugesera, en 1995.

4.1.3.3 Les ONG internationales

Il faut reconnaître que l’AVEGA est dotée de responsables ayant des capacités de plaidoiries remarquables. Nous retenons ici les principales ONG qui ont financé les activités réalisées par l’AVEGA. Il nous a cependant semblé difficile de trouver l’apport de chaque bailleur. Les rapports fournis détaillent les activités sans montrer l’aspect lié au financement. Dans l’analyse des rapports, il est cependant facile de définir les domaines d’intervention de chaque bailleur. Ci-après est donnée la liste non exhaustive des bailleurs :

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a) Catholic Agency for Overseas Development (CAFOD)44, qui finance en priorité le volet counselling et les projets générateurs de revenus.

b) Care and Treatment Project45, qui appuie la mise en place des projets générateurs de revenus.

c) CHRISTIAN AID, qui s’occupe de la réhabilitation des maisons de veuves.

d) International Center for AIDS Care and Treatment Programs (ICAP) 46 et Department

for International Development (DFID) de la coopération britannique, spécialistes du

traitement du VIH/SIDA.

e) International Research & Exchanges (IREX)47, qui contribue au renforcement des capacités des agents de l’AVEGA.

f) Survivors Fund (SURF)48 et MSAADA49, qui interviennent dans divers programmes dont essentiellement le paiement des salaires du personnel, les projets générateurs de revenus des veuves et la construction du centre d’accueil à Rwamagana.