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PARTIE I : PRESENTATION GENERALE DU MODELE ET DE LA REGION D’ETUDE

2. PRESENTATION DE LA REGION D’ETUDE – L’AFRIQUE AUSTRALE

2.3. Présentation générale du Zimbabwe

2.3.1. Relief et climat

Le Zimbabwe est composé de plusieurs plateaux et de montagnes peu élevées. La majeure partie du pays se situe sur un plateau central, le Highveld, s‟étirant du sud-ouest au nord-est, où l‟altitude varie entre 1 200 et 1 600 m. Sur chaque côté de ce plateau, les hautes terres descendent en pente, au nord vers le fleuve Zambèze et au sud vers le fleuve Limpopo. Ces régions sont le lowveld, au nord-ouest et au sud-est qui se tient entre 700 et 1400 m, et au sud-est autour de la vallée du Zambèze et de la cuvette du Limpopo, qui ne dépasse pas 900 m. Le long de la frontière avec le Mozambique se détachent les chaînes des monts Inyanga (altitude maximale de 2 593 m) et les monts Mavuradonha (sommet à 1 733 m).

Dans le Highveld, les températures sont comprises entre 11°C en juillet et 18°C en octobre. La vallée du Zambèze, dans le Nord, bénéficie de températures entre 20 °C en juillet et 30 °C en octobre. Les précipitations annuelles, concentrées d‟octobre à mars se répartissent inégalement: 450 mm dans les régions semi-désertiques du sud-est; 810 mm aux alentours de Harare; plus de 2 600 mm dans les monts Inyanga. La moyenne nationale s'établit autour de 830 mm. Les régions d'altitude sont, pour la plupart, recouvertes de savanes. On rencontre des plantations de tecks et des baobabs dans le lowveld, à proximité du Zambèze. Les sols étant le plus souvent sablonneux, voire lessivés et stériles, les

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meilleures terres se situent dans le highveld, où il n‟y a pas de trypanosomose. Cinq zones agro-écologiques ont été définies au Zimbabwe (Figure 15).

Figure 15: Répartition et description des zones agro-écologiques au Zimbabwe (source : Mudimu 2006 http://www.fao.org/docrep/009/a0395e/a0395e06.htm)

2.3.2. Evolution de l’élevage bovin

Le secteur agricole est une ressource importante pour ce pays, qui a pendant longtemps été qualifié de « grenier à blé de l‟Afrique ». La part de la production de viande bovine dans la production agricole devient de plus en plus importante, surtout à partir des années 1960-70. Il existe 4 principaux systèmes de production agricole, les fermes communales de « resettlement », les petites fermes commerciales, et les grandes fermes commerciales (Peter et al. 1998). Une réorganisation importante du ce secteur a suivi les évènements socio-politiques.

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Avant 1985, la production bovine était essentiellement réalisée par le secteur commercial (grandes fermes) localisé dans les zones arides dans le sud du pays, et tenu par les descendants de colons : 63% de la production bovine était localisée dans les régions sud (Mavedzenge et al. 2006). En 1985, le Zimbabwe signa des accords en vue de l‟exportation de viande bovine vers l‟Europe. Afin de satisfaire les conditions demandées par l‟Europe, des mesures sanitaires strictes requises selon les accords SPS (mesures sanitaires et phytosanitaires) ont été appliquées comme la délimitation de zones libre de fièvre aphteuse et tuberculose, le contrôle strict des mouvements d‟animaux, la construction de barrières pour contrôler les contacts avec les animaux sauvages, et la mise en place d‟un programme de surveillance des maladies demandées. En effet, des cas de fièvre aphteuse étaient régulièrement reportés dans le sud du pays, dans les élevages proches des zones de réserve naturelle à la frontière avec l‟Afrique du Sud et du Mozambique. Avec la zonation effectuée, et des années de sécheresses importantes dans le sud (1982-84), la production bovine s‟est délocalisée vers les Highveld représentant alors environ 65% de la production bovine (provinces de Mashonaland). Parallèlement, un nouveau marché s‟est développé, surtout dans le sud (Lowveld) et à un moindre niveau dans les Highveld, celui du tourisme de chasse de gibier (safaris) avec la construction de nombreux ranchs. La part du secteur commercial dans la production bovine diminua progressivement avec les réformes agraires et cette diminution s‟accentua en 2002 avec la mise en place du nouveau plan agraire et devint négligeable (environ 10% en 2004) au profit du secteur communal et de « resettlement ».

2.3.3. Distributions d’A. variegatum et A. hebraeum et influence des facteurs anthropiques

Les distributions d‟A. variegatum et A. hebraeum au Zimbabwe ont été étudiées successivement lors de trois enquêtes nationales conduites en 1975-80, 1990 et 1996 (Norval 1983, Norval et al. 1994, Peter et al. 1998). Jusqu‟en 1979-1980, ces deux espèces étaient allopatriques : elles avaient une distribution bien séparée avec A. variegatum au nord et A. hebraeum au sud et une zone au milieu dans les Highvelds (haut plateaux) sans l‟une ni l‟autre. L‟absence des deux espèces dans cette zone avant 1979 est expliquée par le programme intensif de contrôle des tiques financé par le gouvernement qui existait à l‟époque, avec application régulière de traitements acaricides des animaux (toutes les semaines en saison des pluies et tous les quinze jours en saison sèche), et contrôle strict des mouvements d‟animaux ; et l‟absence ou la faible densité des ruminants sauvages (Norval et

al. 1994, Peter et al. 1998). En 1977-80, ce programme fut arrêté momentanément à cause de la guerre

de pré-indépendance. S‟en est suivi une progression de la distribution des deux espèces vers la zone des Highveld. Cette progression fut momentanément contrôlée par la reprise du programme de contrôle des tiques entre 1981 et 1986. Durant cette période, les deux espèces avaient disparues ou étaient présentes en très faible abondance dans la zone des Highveld (Norval et al. 1994). A partir de

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1986, la fréquence de traitement des animaux fut réduite et parfois arrêtée complétement à cause de sécheresses exceptionnelles en 1992 et 1994-1995 (Peter et al. 1998, Chatikobo et al. 2009). La densité d‟hôtes augmenta dans la zone, suite à une augmentation de la population bovine mais aussi suite à l‟introduction de différentes espèces de faune sauvage pour l‟établissement de ranch de chasse (Norval et al.1994, Mavedzenge et al. 2006). Entre 1988 et 1991, les données de surveillance passive de la présence des tiques montrent que les deux espèces étaient présentes dans les Highveld, et la zone de chevauchement de leurs distributions était relativement similaire à celle observée en 1979-1980 (entre les parallèles 27,7 et 29,9° Est et 18,6 et 19°C Sud). En 1996, une enquête cherchant à établir la distribution des deux espèces a été conduite à l‟échelle du Zimbabwe et confirme la localisation de la zone de chevauchement dans cette région. A la fin des années 90, avec la mise en place du nouveau programme de réforme territorial, les restrictions vétérinaires sur les règles et le contrôle des mouvements d‟animaux ont été levées (Chatikobo et al. 2009). De nombreux éleveurs ont ainsi été autorisés à transporter leurs animaux infestés de tiques à travers le pays. Cependant peu d‟informations sur l‟évolution de la distribution d‟A. variegatum et A. hebraeum depuis 1996 sont disponibles dans la littérature. Une étude présente la distribution de nouveaux foyers de dermatophilose reportés entre 1996 et 2002 aux services vétérinaires lors de surveillance passive ou lors d‟enquêtes en employant des techniques participatives (Chatikobo et al. 2009). La dermatophilose étant souvent associée à la présence d‟A. variegatum (Martinez et al. 1992, Lloyd & Walker 1993), ces données pourraient révéler l‟expansion d‟A. variegatum légèrement plus au sud.

Ainsi, entre 1935 et 1996, la distribution des deux espèces a beaucoup changé, en lien avec les changements des pratiques d‟élevage, de distribution et densité d‟hôtes (bovins et faune sauvage) et des mouvements d‟animaux. Ces trois enquêtes successives en 1979-1980, 1988-1991 et 1996 indiquent cependant une zone de recouvrement de la distribution des deux espèces relativement localisée dans la même zone. La largeur observée de cette zone a cependant varié au cours du temps : elle était d‟environ de 140-150 km en 1980, de quelques kilomètres seulement en 1988-1991, et était finalement de 50-60 km environ en 1996. La position de la limite méridionale de la distribution d‟A. variegatum apparait être relativement stable au cours du temps entre 1980 et 1996 alors que la limite septentrionale d‟A. hebraeum semble s‟être déplacée sur une centaine de kilomètres. Après 1996, il est possible cependant qu‟A. variegatum se soit dispersée plus au sud. Dans la zone nord-est (à l‟est du parallèle 29,9° et au nord du parallèle 19°S), les deux espèces sont peu présentes, et les données de présence ne se recoupent pas au cours des différentes enquêtes : les deux espèces ne semblent pas s‟être établies dans cette zone.

Ces différentes études rapportent globalement peu d‟information sur les interactions potentielles entre A. variegatum et A. hebraeum. Lors de l‟enquête réalisée en 1996 (Peter et al. 1998), le nombre de sites avec les deux espèces était faible : seulement 13 sites ont été trouvés coinfestés par les deux espèces, sur un total de 1389 incluant 73 sites infestés par A. variegatum et 1329 par

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De plus, ces études ne précisent pas si les deux espèces ont été collectées sur les mêmes animaux ou non. Norval (1983) décrit l‟observation des deux espèces plusieurs années de suite sur des buffles au parc national Matusodona, au nord du Zimbabwe (proche du lac Kariba) dans la zone usuelle d‟A. variegatum entre 1977 et 1980. Sur 7 à 18 buffles observés par année, alors que le nombre total d‟A. hebraeum est resté faible avec seulement 1 individu collecté en 1980, celui d‟A. variegatum a augmenté significativement (total de 802 individus en 1980 sur 11 buffles). Il ne décrit cependant pas si les deux espèces sont trouvées sur les mêmes animaux. Il indique seulement que les spécimens collectés ne présentent pas des caractères morphologiques intermédiaires indicatifs d‟hybridation.