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PARTIE I : PRESENTATION GENERALE DU MODELE ET DE LA REGION D’ETUDE

2. PRESENTATION DE LA REGION D’ETUDE – L’AFRIQUE AUSTRALE

2.1. Quelques généralités sur l‟élevage des ruminants en Afrique australe

2.1.1. Systèmes d’élevage de ruminants en Afrique australe

L‟élevage en Afrique subsaharienne peut-être classé en deux catégories, l‟élevage traditionnel (système pastoral, agropastoral et mixte) et non traditionnel (ranch et laitier) (Otte & Chilonda 2002). Le système d‟élevage, incluant la proportion de bovins, caprins ou ovins élevés, les races des animaux, leur densité, la pression de maladies, la productivité individuelle, sont déterminés par les avantages procurés dans chaque zone agro-écologique. Cinq grandes zones agro-écologiques ont été définies en Afrique (Winrock International 1992, lu dans Otte & Chilonda 2002) : aride, semi-aride, sub-humide, humide et montagneux. En Afrique sub-saharienne, plus de la moitié des ruminants sont élevés dans les zones arides et semi-arides, peu favorable à la production agricole. La densité des bovins diminue des zones semi-arides vers les zones humides (Figure 6). Cela coïncide avec l‟augmentation de la population humaine, et des zones de cultures, qui exerce une pression sur la disponibilité des pâturages. De plus les zones humides sont également les zones à trypanosomose, qui représente une contrainte majeure à l‟élevage. En Afrique de l‟est et australe, la distribution des bovins est inversement liée à celle des mouches tsetse, vecteurs de la trypanosomose.

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Le plus souvent, le système traditionnel d‟élevage est un système mixte d‟élevage et de production agricole. Les éleveurs possèdent des animaux pour diverses raisons : consommation de viande ou de lait, capital financier, transport (eau, bois, etc.), aide pour la production agricole en termes de labour et source de fumier, ou bien raisons sociales (statut social, rituels). En particulier, les bovins représentent un atout à la production agricole, permettant une augmentation de la productivité des cultures par hectare. La taille des troupeaux varie selon les régions, mais est généralement faible entre 15 et 50 bovins, et 5 à 30 petits ruminants en moyenne (Otte & Chilonda 2002). Généralement, les bovins pâturent dans des zones communales, et se déplacent sur des courtes distances en fonction de la disponibilité de l‟herbe. Durant la saison sèche, ils peuvent être amenés à parcourir jusqu‟à 10 ou 14 km par jour à la recherche de pâturages et d‟eau (Tavirimirwa et al. 2013, observation personnelles au Mozambique). La nuit, ils sont gardés dans des corrals (enclos de nuit). Dans certaines zones agricoles, les fermiers possèdent seulement quelques bovins pour les aider pour les cultures et les laissent pâturer au bord des champs et des routes. La production est souvent limitée par une qualité de nourriture assez pauvre.

Les systèmes de ranch sont généralement des entreprises commerciales, avec un élevage extensif d‟animaux vendus pour leur viande et leur cuir. Ils sont caractérisés par de larges zones de pâtures clôturées, avec des moyens mis en place pour fournir de l‟eau aux animaux.

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2.1.2. Lutte contre les tiques et historique

En Afrique australe et orientale, le contrôle des tiques et des maladies qu‟elles transmettent est réalisé par l‟application régulière d‟une formulation acaricide au moyen d‟un bain détiqueur (Figure 7A) ou d‟un pulvérisateur (Figure 7B). La stratégie de contrôle des tiques a changé ces dernières années, passant d‟un contrôle intensif qui fut réalisé pendant une grande partie du XXème

siècle, à un contrôle plus stratégique.

Au début du XXème siècle, les colons européens installés en Afrique australe ont vu leur cheptel, constitués d‟animaux importés, décimé par l‟East Cost Fever (ECF, theilériose à Theileria

parva). La relation entre cette maladie et la tique Rhipicephalus appendiculatus fut vite établie. Suite

au succès de l‟éradication de la tique R. microplus aux Etats-Unis par l‟utilisation de bains détiqueurs arsenicaux, une approche similaire fut mise en place en Afrique australe et orientale. Des bains détiqueurs furent construits en grand nombre, destinés au traitement régulier des animaux des petits éleveurs, les fermes commerciales possédant leurs propres installations. Des traitements réguliers intensifs des animaux, financés par les gouvernements, furent appliqués toutes les semaines. Ces mesures, associées à un contrôle strict des mouvements d‟animaux et un respect des périodes de quarantaine, ont permis l‟éradication de l‟ECF en Afrique du Sud, Swaziland et Zimbabwe dans les années 1950. Elles ont été maintenues jusque dans les années 1980-90, mais suite à la raréfaction des crédits gouvernementaux, à l‟observation de la perte de stabilité enzootique des bovins vis-à-vis des autres maladies transmises par les tiques (babésiose, anaplasmose, cowdriose), et des coûts trop élevés, cette approche fut remise en question (Norval et al. 1992c). Cette perte de stabilité enzootique des animaux a été constatée au Zimbabwe, lors de l‟arrêt de traitement des tiques pendant la guerre civile : près d‟un million de tête de bétail est mort de maladies transmises par les tiques entre 1974 et 1979 (Norval et al. 1992c). D‟autres stratégies de traitement ont alors été conseillées. Une stratégie est de traiter les animaux assez régulièrement pendant la saison des pluies, période d‟activités des adultes, enfin d‟abaisser leur niveau d‟infestation ; et le reste de l‟année de ne traiter les animaux que si l‟infestation se révèle importante. D‟autres choisissent de ne traiter les animaux que lorsque l‟infestation par les tiques est trop élevée, ou lorsqu‟elle dépasse un certain seuil. La fréquence des traitements varie selon les régions, et les moyens disponibles. Beaucoup de bains détiqueurs sont devenus non opérationnels à cause du coût d‟entretien et du manque d‟eau disponible. Ainsi au Mozambique, beaucoup sont laissés à l‟abandon. A la place, le gouvernement mets en place des couloirs de contention (corridors en bois) permettant de traiter les animaux par pulvérisation.

Différentes familles de produits acaricides, présentées comme de moins à moins toxiques pour le bétail ou l‟environnement, et donnant des résidus moins persistants ont été successivement utilisées. Par le passé des préparations à base d‟anhydride arsénieux, d‟organochlorés, d‟organophosphorés et de carbamates ont été utilisées. Actuellement, ce sont les pyréthrinoïdes de synthèse et l‟amitraze qui sont majoritairement utilisés. Des souches résistantes aux produits acaricides sont apparues, surtout chez

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les espèces à un hôte, comme R. microplus. Actuellement, il n‟a pas été mis en évidence des problèmes de résistance d‟A. variegatum et A. hebraeum aux pyréthrinoïdes de synthèse et à l‟amitraze (Barré 1997, Mekonnen et al. 2002).

Les acaricides sont le plus souvent appliqués sous forme de formulation aqueuse, au moyen de bains détiqueurs (Figure 7A) ou de pulvérisateurs portatifs (Figure 7B). Les bains détiqueurs se sont avérés efficaces à condition que la dilution du produit ait été respectée. L‟efficacité des traitements par pulvérisateurs est plus dépendant de leur utilisation, toutes les parties du corps de l‟animal n‟étant pas forcément traitées. D‟autres formulations existent. Parmi elles, les plus utilisées sont les pour-on, c‟est-à-dire à application topique dorsale : l‟acaricide est répandu sur la ligne du dos des animaux et diffuse sur toutes les parties du corps. L‟application de ces produits est simplifiée, mais leur coût est plus élevé, et ils sont donc plus rarement utilisés.

Figure 7: Traitement acaricide des animaux par (A) bain détiqueur, ou (B) par pulvérisation dans un couloir de contention (corridor)