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Nuzi et ses scribes : historiographie de la recherche et objectifs

4 Présentation des critères

4.1 Le cercle de relation du scribe

L’étude de chaque tablette permet d’identifier le commanditaire du texte et les personnes que le scribe côtoie au cours de la rédaction de cette tablette222.

Le partage d’un ou plusieurs commanditaires, ou la présence de manière récurrente de mêmes personnes (témoins ou juges) dans le corpus de scribes portant le même nom, constituent l’un des indices permettant de dire que l’on est en présence du même individu et non d’homonyme.

La fréquence de ces interconnexions sociales permet d’établir un cercle habituel de relation. Il est aussi possible de déterminer si le scribe est attaché à un commanditaire en particulier, s’il écrit pour différents commanditaires, ou bien s’il rédige la majorité de ses textes pour un commanditaire et occasionnellement pour d’autres.

218 Negri-Scafa, 1987 : 215.

219 Dans le cadre d’un séjour de recherche à l’Oriental Institute de Chicago au printemps 2013, j’ai pu consulter près de 380 tablettes.

220 Certaines tablettes avaient été partiellement étudiées ou traduites. Annexe 7 : Études et publivations des tablettes.

221 http://lescribesdenuzi.wix.com/nuzi. Voir également Annexe 3 : La base de données.

222

Chaque personne présente dans le corpus des 14 scribes de fTulpun-naya et de leurs homonymes a été répertoriée dans une base de données avec pour chaque texte, sa fonction, sa fourchette chronologique et son sceau (ce dernier point est encore en cours).

Le partage d’un même commanditaire par un père et son fils, déjà signalé par J.C Fincke, constituera également un angle d’approche propre à l’identification d’une transmission éventuelle au sein d’une famille de scribes223. De la même manière, la présence de plusieurs scribes d’une même famille sur une même tablette, témoignant ainsi d’un contact entre eux, pourrait constituer un indice dans l’identification d’un processus de formation224.

4.2 Les lieux de rédaction

L’identification du commanditaire pour lequel le scribe travaille est à mettre en perspective avec la localité dans laquelle il rédige son texte.

Au second chapitre, nous avons vu que P. Negri-Scafa avait mis en place une méthodologie permettant d’identifier le lieu de rédaction de la tablette lorsqu’il n’est pas précisé par les formules šaṭir et šūdûtu (écrire et proclamation officielle)225. Cette méthodologie consiste à identifier des informations dans le texte (dimtu, ville dans laquelle est situé le bien foncier, liens prosopographiques) afin de les mettre en relation avec une ville. C’est cette méthode que nous appliquerons ici, et il n’est donc pas nécessaire de préciser à nouveau son fonctionnement.

La comparaison des lieux de rédaction permet de situer géographiquement le corpus de chaque scribe de même nom, d’établir d’éventuels lieux d’activité communs, et donc de définir s’il s’agit ou non d’homonyme.

P. Negri-Scafa avait signalé que le rapport scribe/archive était plus significatif que le rapport scribe/localité226. Il est donc essentiel de mettre en relation les différents lieux d’activités du scribe avec le commanditaire pour lequel il travaille, car cela va nous permettre de discerner l’existence d’une éventuelle stratégie dans sa carrière scribale, tant au niveau personnel que familial.

4.3 La typologie des textes rédigés

La grande majorité de la documentation de Nuzi est constituée de textes juridiques, des contrats pour l’essentiel. Mais on trouve également des lettres et des documents administratifs.

Ces deux dernières catégories portent rarement le nom du scribe, ce qui tend à fausser l’étude typologique des scribes de Nuzi, car on pourrait penser que le scribe n’écrit qu’une ou deux catégories de textes ; ce serait omettre qu’il pourrait être aussi l’auteur de nombreux textes administratifs ou de lettres. C’est d’ailleurs pour être à même d’identifier les scribes de ces textes anonymes que P. Negri-Scafa a établi sa méthodologie227.

Les textes juridiques sont essentiellement des procès, accords ou règlements de litiges ; il peut aussi s’agir de contrats de mariage, de divorce (ṭuppi riksi) et de testaments228.

Parmi les autres contrats, on retrouve les contrats d’adoptions de type mārūti. Il peut s’agir de véritable adoption (mārtūti pour les filles) ou d’adoption-vente (biens immobiliers)229. Il y

223

Fincke, 2015 : 555-566.

224 Le scribe peut être présent en tant que témoin (ou autre) dans une tablette rédigée par un membre de sa famille. C’est ce que nous appellerons par la suite un contact.

225 Chapitre 2 : § 1.7

226

Negri-Scafa, 1992 : 240.

227 Negri-Scafa, 1987 : 215-222.

a aussi les prêts de type titennūti, qui peuvent être liés à une personne comme à des biens immobiliers. On trouve également les contrats d’échange de personnes, de denrées ou de biens immobiliers de type šupe’ulti, les contrats de vente (esclaves, denrées, biens immobiliers) et les contrats d’entrée en service d’un serviteur ou d’un esclave (par un intermédiaire ou non)230. Ces contrats peuvent être réalisés sous forme déclarative introduite par les formules umma ou lišanšu.

Parmi les documents administratifs, on trouve des listes de rations, du personnel et des ustensiles militaires, de vêtements ou d’animaux, des enregistrements d’entrée et de sortie de marchandises et des enregistrements de dettes et de leurs paiements. Ces textes proviennent essentiellement du palais et des grandes maisonnées de Nuzi.

D’un point de vue prosopographique, il est intéressant de voir quel type de texte écrit le scribe, et d’identifier une éventuelle spécialisation.

4.4 Le style rédactionnel

Une analyse du style rédactionnel de chaque scribe a été effectuée. Cette analyse a tenu compte d’un certain nombre d’éléments mentionnés par P. Negri-Scafa dans sa méthodologie231 :

– La graphie des terminaisons des noms propres comme teya, teššup, šenni, apu,

-šarri.

– L’utilisation de la syllabe lourde CVC plutôt que CV-VC.

– La préférence dans l’utilisation de logogrammes ou de l’écriture syllabique. – Les préférences du scribe dans l’orthographe des formes verbales.

Ces critères rédactionnels sont efficaces dans l’identification des homonymes. À partir de cette analyse, on pourra également déterminer dans quelle mesure sont à l’œuvre l’origine linguistique du scribe et sa capacité à développer son propre style. Il est parfois possible d’identifier des « écoles » de scribes, et de déterminer si le père a joué un rôle dans l’éducation scribale de son fils.

4.5 Les caractéristiques diplomatiques des tablettes

D’après P. Negri-Scafa, l’analyse des caractéristiques graphiques, grammaticales et syntaxiques doit être accompagnée d’une analyse des aspects extérieurs de la tablette et de la mise en page du texte, c’est-à-dire de ce que l’on appelle la diplomatique du document232. Voici, la liste des différents points qui feront l’objet d’une analyse :

– La forme de la tablette (type « savon », lenticulaire, rectangulaire à angles droits)233. – La taille de la tablette.

229

Lion, 2004 : 537-576.

230 En ce qui concerne les tablettes d’échanges de type šupe’ulti, A.S. Andrews a constaté qu’au fil des générations leurs rédactions diminuent jusqu’à disparaître totalement au cours de la cinquième génération d’Apil-Sin. (Andrew, 1995 : 59).

231

Negri-Scafa, 1987 : 216-218.

232 Charpin, 2002 : 487-511.

– La présentation du texte sur la tablette (retour à la ligne, ou au contraire continuité de la ligne sur le côté de la tablette).

– La séparation des éléments du texte par des lignes ou des espaces.

Bien que les travaux menés d’un point de vue paléographique par F. Ernst-Pradal sur le corpus d’Ougarit, ou par J.P. Vita sur les lettres d’Amarna aient démontré leur importance dans l’identification de la « main » du scribe, je n’ai pas réalisé cette analyse234. De récentes études, notamment celles menées par J. Mynářová, et celles présentées à la 61ème rencontre assyriologique internationale, ont également montré l’intérêt de l’outil informatique dans l’analyse de l’écriture des tablettes et dans l’identification de la « main » d’un scribe235. Ce travail nécessitait cependant beaucoup de temps et de moyen, et malgré le fait que j’ai pu consulter plus de 300 tablettes, l’étude sigillographique, à défaut d’une étude paléographique, m’a semblé plus judicieuse car plus réalisable compte tenu des contraintes existantes.

4.6 L’étude sigillographique

Il n’est pas toujours d’usage pour un scribe de sceller tel ou tel type de texte. Les procès sont principalement scellés par les juges, au même titre que les contrats sous forme déclarative comme les lišanšu. Les lettres sont, elles, souvent scellées par les expéditeurs, et les documents administratifs par l’administrateur, parfois par le scribe lorsqu’il s’agit de règlement ou d’enregistrement de dettes. Les scribes en revanche, figurent parmi les témoins qui scellent la plupart des contrats (adoptions, prêts, échanges, ventes, mariages, testaments, etc).

On constate régulièrement l’utilisation de plusieurs sceaux par une seule personne sans que l’on puisse faire de lien avec une période ou un type de texte en particulier. D. Stein n’a pas trouvé d’explications pour cette pratique, mais elle a néanmoins constaté que l’utilisation de sceaux multiples est liée à la fonction. Elle a remarqué par exemple que les hauts fonctionnaires n’ont qu’un seul sceau, tandis que les scribes, les juges et autres particuliers peuvent en avoir deux ou trois 236.

Le sceau est a priori, personnel, mais à Nuzi sa transmission se pratique parfois au sein des familles royales, mais également chez les grandes familles de riches propriétaires ; c’est ainsi que Teḫip-Tilla fils de Puḫi-šenni utilise le sceau de son père237. La transmission d’un sceau n’est en revanche pas attestée dans les familles de scribes. Le phénomène du partage d’un sceau par plusieurs personnes est documenté par de nombreux textes. Le prêt d’un sceau rend parfois difficile d’identifier celui à qui il appartient ; son propriétaire est cependant la plupart du temps celui qui l’utilise le plus souvent. Cette pratique se produit fréquemment au sein d’une archive, et peut-être constatée sur une même tablette comme sur des tablettes différentes238.

La présence d’inscriptions sur le sceau est peu attestée à Nuzi. Šauštatar, le roi de Mitanni, ou bien le roi d’Arrapḫe Itḫi-Teššup, ont des sceaux inscrits. D. Stein remarque cependant

234

Ernst-Pradal, 2012 : 13-30 et Vita, 2015.

235 Mynářová, 2015 : 409-422 et RAI 61, Workshop 4 : Analog Life, Digital Image: Recontextualizing Social and Material Lives of Ancient Near Eastern communities. (Genève et Bern, 22-26 juin 2015).

236 Stein, 1993a : 72-73.

237

Purves, 1940 :164. Puḫi-šenni utilise le sceau Po 653 sur JEN 552 qui est également apposé par Teḫip-Tilla à plusieurs reprises.

que les scribes, les juges ou bien les hauts fonctionnaires peuvent occasionnellement en posséder un 239.

Au cours des différentes publications des tablettes, les empreintes de sceaux ont été simplement signalées, et presque jamais publiées240. E. Porada a été l’une des premières à révéler l’importance d’une étude sigillographique lors des recherches qu’elle a menées sur près d’une centaine de tablettes relatives à quatre générations de la famille de Teḫip-Tilla fils de Puḫi-šenni241. Lorsque D. Stein a étudié les empreintes de sceaux des tablettes de la collection babylonienne de Yale, elle a aussi souligné l’utilité des empreintes de sceaux pour la restitution des noms incomplets, l’identification du scribe et des utilisateurs de sceaux qui ne sont pas associés à une suscription, ou encore pour confirmer des restaurations concernant le nom du scribe de la tablette242.

Grâce à un séjour de recherche à l’Oriental Institute de Chicago, j’ai pu intégrer ce critère à mes recherches et l’appliquer à 310 tablettes liées aux scribes de fTulpun-naya. Les photographies mises en ligne sur le site du cdli, les études menées par E. Porada, D. Stein et G.G.W. Müller, m’ont également permis de faire une analyse des empreintes de sceaux en lien avec ce corpus243.

Comme pour les translittérations des tablettes, chaque empreinte de sceau répertoriée par E. Porada a été collationnée lors de mon séjour à l’Oriental Institute de Chicago. En effet, dans AASOR 24, E. Porada s’intéresse aux sceaux, mais pas à l’ensemble des tablettes scellées ; c’est la raison pour laquelle elle n’a pas dressé un inventaire systématique de ces tablettes, et donne une seule référence par empreinte de sceau244. Il a donc fallu vérifier la présence éventuelle des sceaux répertoriés par E. Porada sur d’autres tablettes inédites. D’autre part, 30 empreintes de sceaux inédites ont été découvertes. 21 l’ont été lors de la consultation des tablettes de la collection JEN à Chicago, 8 ont été tirées de photographies mises en ligne sur le site du cdli (notamment par P. Abrahami et B. Lion), et 1 est issue d’une publication d’une photographie d’une tablette (JEN 530)245. Ces empreintes de sceaux ont été reproduites, accompagnées de leurs mesures et d’une brève description, et sont présentées en annexe de cette recherche246.

La précision de la personne qui appose le sceau est apportée soit par la suscription NA4.KIŠIB (Sceau), soit par sa forme abrégée NA4. L’utilisation d’une formule plutôt que d’une autre ne semble pas avoir de rapport avec le sceau, ni avec le genre du texte. D. Stein a constaté l’utilisation par un même scribe des deux formules sur une même tablette ou sur

239 Stein, 1987 : 253.

240 L’absence d’indication des empreintes de sceaux concerne l’ensemble des JEN en dehors de JEN 6 et 7, l’ensemble des HSS sauf HSS XIV et l’ensemble des EN+ RA (n° 15, 23, 28, 35, 36 et 56). En revanche, G.G.W. Müller (1999), relève systématiquement la présence des sceaux et les intègre dans son index. D’autres études publient également les empreintes de sceaux ou bien des photographies des tablettes parmi lesquelles l’étude de l’archive de la famille de Pula-ḫali menées par B. Lion (2011) en collaboration avec D. Stein pour l’étude des sceaux des tablettes issues de cette archive.

241

Porada 1947 : 3.

242 Stein 1987 : 232-235.

243 Porada, 1947 ; Stein, 1987 et 1993 a et b et Müller, 1998.

244 Porada, 1947.

245

Chiera et Speiser, 1926 : 91-92. Je remercie d’ailleurs Mr Abrahami pour m’avoir transmis les photographies manquantes.

deux tablettes différentes 247. La formule abrégée a cependant tendance à se généraliser au fil des générations.

L’étude des sceaux utilisés par des scribes portant le même nom nous permet de dire qu’il ne s’agit pas d’un homonyme mais bien de la même personne. Comme l’a signalé D. Stein, la présence d’une empreinte de sceau peut nous aider à identifier la personne non seulement lorsque son nom n’est pas précisé ou illisible, mais également lorsque le scribe pratique une autre activité que celle de scribe et que son patronyme n’est pas notifié248.

4.7 Les activités annexes

Certains scribes sont présents dans des listes de rations en tant que rākib narkabti (conducteur de char) ou encore warad ekalli(serviteur du palais)249. Au même titre que la fonction de scribe, il est tout à fait possible que les pères de ces scribes aient également pratiqué ces autres fonctions. Si ce n’était pas le cas, on aurait là un indice de l’indépendance du scribe vis-à-vis de sa famille.

De plus, il n’est pas rare que des scribes soient attestés dans des tablettes en qualité de témoins. La présence de plusieurs scribes sur une même tablette témoigne de contacts entre ces scribes parfois issus d’une même famille, et peut constituer un indice susceptible de nous aider à déterminer la nature de leurs relations. Est-ce en qualité de superviseur, d’enseignant, ou bien de simple témoin, que le scribe est présent sur la tablette que rédige un collègue, un fils, ou un frère ?

Bien que les activités annexes d’un scribe ne présentent pas un critère pertinent pour la question de l’homonymie, les informations à leur sujet seront d’une aide précieuse pour nous faire une idée de la vie sociale d’un scribe en dehors de son activité scribale.

4.8 La fourchette chronologique à laquelle le scribe et son

corpus appartiennent

Nous avons vu l’importance de certaines familles nuzites dans la mise en œuvre d’une chronologie interne et relative à Nuzi250. A. H. Friedman a utilisé la famille du scribe Apil-Sin pour établir la chronologie des familles de Teḫip-Tilla, Katiri, Taiuki, ainsi que celle de la famille royale251. P. Abrahami et B. Lion se sont également intéressés à la famille Kizzuk, que G. Dosch et K. Deller avaient étudiée. Ils se sont servis de cette famille pour situer chronologiquement les textes rédigés pour fTulpun-naya, et se sont également appuyés sur la généalogie des scribes issus de la famille d’Apil-Sin et sur celle des membres de la famille de Teḫip-Tilla252.

L’établissement de la fourchette chronologique durant laquelle travaille chaque individu portant le même nom propre constitue un critère supplémentaire permettant de repérer les cas d’homonymie.

Dans le cadre de notre recherche, il a fallu dans un premier temps identifier la présence de membres de grandes familles nuzites dans les textes du corpus des scribes étudiés, ce qui a permis de situer ces scribes chronologiquement.

247 Stein, 2001 : 254. 248 Stein, 1987 : 232-235. 249 Voir Chapitre 2 : § 1.8. 250 Voir Chapitre 2 : § 1.4. 251 Friedman, 1987 : 109-130.

Dans un second temps, pour établir une chronologie interne du corpus du scribe et situer les textes les uns par rapport aux autres de manière plus précise, chaque individu présent dans les textes du corpus du scribe a été mis en relation avec les membres de grandes familles nuzites selon sa présence dans les autres textes du corpus de Nuzi. Enfin, un décompte des occurrences de l’ensemble des personnes présentes dans la tablette, tenant compte des générations scribales et des grandes familles nuzites, a permis de situer le moment de la rédaction du texte dans une fourchette chronologique plus précise.

Par exemple : à la ligne 24 d’AASOR 16/43 écrit par Amurruya, on trouve le juge Paya fils de Pui-tae. Ce dernier est aussi présent dans 13 autres textes : 5 sont écrits par Itḫ-apiḫe fils de Taya (AS 3), et un par Šeriš-atal fils de Zini (AS 4). Il s’avère que neuf textes sont écrits pour Teḫip-Tilla ou son frère (TT 2) et trois pour ses fils (TT 3). Ce juge est donc actif durant la troisième et quatrième génération de la famille d’Apil-Sin et la deuxième et troisième génération de Teḫip-Tilla.

La protagoniste d’AASOR 16/43, fTulpun-naya est contemporaine de la deuxième génération de Teḫip-Tilla, de la deuxième et troisième génération d’Apil-Sin et de la cinquième et sixième génération de la famille Kizzuk.

Juge+protagoniste AS 2 AS 3 AS 4 TT 2 TT 3 Kizzuk