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Étude prosopographique des scribes de f Tulpun-naya

JEN 3. Traits entre témoins et

3 Itḫ-apiḫe fils de Taya et Itḫ-apiḫe sans patronyme : un seul et même scribe ?

3.9 BILAN : Itḫ-apiḫe fils de Taya et Itḫ-apiḫe sans patronyme : un même scribe ?

3.8.5 La famille de Katiri (Katiri 2-4)

Trois membres de la famille de Katiri sont attestés dans le corpus d’Itḫ-apiḫe fils de Taya, mais aucun dans le corpus d’Itḫ-apiḫe sans patronyme :

– Akkuya fils de Katiri (Katiri 2) : HSS 5/61 : 2, 4, 5. – Zike fils d’Akkuya (Katiri 3) : JEN 213 : 38.

– Akap-šenni fils de Zike (Katiri 4) : JEN 455 : 18, 35.

3.9 BILAN : Itḫ-apiḫe fils de Taya et Itḫ-apiḫe sans

patronyme : un même scribe ?

Grâce à des éléments rédactionnels, prosopographiques ou encore sigillographiques, l’ensemble du corpus d’Itḫ-apiḫe sans patronyme a pu être attribué à Itḫ-apiḫe fils de Taya464. Les deux scribes partagent le même cercle de relation avec près de 95% de textes écrits pour Teḫip-Tilla fils de Puḫi-šenni. Ils travaillent dans les mêmes villes, ont de grandes similitudes dans la rédaction des différents types de texte, et ont des habitudes similaires, aussi bien dans la présentation de leurs tablettes que dans leurs pratiques sigillographiques. Itḫ-apiḫe fils de Taya est donc impliqué dans 143 textes dont 24 en tant que témoin et 119 en tant que scribe. Avec celui de Taya fils d’Apil-Sin, ce corpus est l’un des plus important, et fait d’Itḫ-apiḫe fils de Taya l’un des scribes les plus productifs de Nuzi.

Itḫ-apiḫe fils de Taya intervient dans 29 textes rédigés au début de son activité : 5 en tant que témoin et 24 en tant que scribe. Dans 7 textes, il est en contact avec un membre de la deuxième génération de sa famille :

– Balṭu-kašid fils d’Apil-Sin : JEN 24, JEN 63 et JEN 75.

– Taya fils d’Apil-Sin : JEN 254, JEN 422, JEN 459 et JEN 725.

Si on met en perspective ces textes avec les localités auxquelles ils font référence, on constate que la ville de Zizza est mentionnée dans JEN 75 et JEN 422. Dans JEN 63 et JEN 254, il est question de la ville d’Unapšewe. Il est possible qu’Itḫ-apiḫe fils de Taya ait commencé son activité dans l’une de ces deux villes.

4.1.1 L’activité d’Itḫ-apiḫe fils de Taya à Zizza

Les débuts d’Itḫ-apiḫe sont à situer tôt dans la chronologie de Nuzi, car il est attesté en tant que témoin dans JEN 422 écrit par Taya à Zizza au début de son activité scribale (Chapitre 1 : Taya, § 4.1.1.1). Il s’agit ici de la première attestation d’un contact entre les deux scribes ; Itḫ-apiḫe est donc actif presque en même temps que son père Taya.

Itḫ-apiḫe est également présent dans JEN 75 écrit par Balṭu-kašid fils d’Apil-Sin à Zizza. C’est d’ailleurs dans cette localité qu’Itḫ-apiḫe fils de Taya rédige JEN 95, sans doute l’une de ses premières tablettes d’après le style rédactionnel assez inhabituel de ce texte :

– Utilisation du logogramme SUM pour le verbe « donner ».

– Écriture syllabique pour le verbe « transgresser » avec une orthographe inhabituelle (i-bal-ka-at).

– Utilisation du verbe « peser » (šaqālu) dans la clause de non respect du contrat, à l’aide des logogrammes (Ì.LÁ).

Il semble que ce soit également à Zizza qu’Itḫ-apiḫe fils de Taya rédige son premier groupe de textes composé de JEN 611 et JEN 769. Ce groupe a été identifié par M.P. Maidman, car les textes en question partagent différents points communs 466:

– Il s’agit de deux contrats d’entrée en service de serviteur. – Les clauses sont identiques467.

– Ils ont les mêmes témoins468.

Le fait que ces deux textes partagent une séquence de témoins en commun indique qu’ils ont pu être rédigés au cours d’une même occasion.

JEN 611 et JEN 769 semblent être écrits plus tardivement que JEN 95, car la rédaction de ces deux tablettes, notamment dans l’orthographe des noms propres comme Piru ou l’affixe « Kip », est similaire au style rédactionnel habituel d’Itḫ-apiḫe fils de Taya.

Cela suggère peut-être plusieurs séjours à Zizza en début d’activité du scribe.

466 Maidman, 1994 : 343.

467 Teḫip-Tilla doit fournir une femme à ce serviteur et si ce dernier veut partir, il doit trouver quelqu’un pour le remplacer.

468 Parmi les témoins de JEN 611, on retrouve à la ligne 13, le gardien de la porte de Tiššae à Zizza : Ḫamanna fils de Šurukka (§ 2.2.3).

4.1.2 L’activité d’Itḫ-apiḫe fils de Taya à Unapšewe

Lorsque A. Fadhil a étudié JEN 63 rédigé à Unapšewe, il a remarqué que le style rédactionnel était différent de celui d’Itḫ-apiḫe fils de Taya. Il a émis la possibilité que cette tablette ait en réalité été écrite par Balṭu-kašid fils d’Apil-Sin, qui est pourtant bien cité en tant que témoin à la ligne 34 de cette tablette469. Ce dernier point suffit à affirmer que le scribe de JEN 63 est bien Itḫ-apiḫe fils de Taya. Mais les particularismes relevés par A. Fadhil sont peut-être un indice des débuts de son activité scribale.

Voici les anomalies qu’A. Fadhil a relevé :

– Utilisation des logogrammes pour le verbe « transgresser » (nabalkutu) à la ligne 18.

– L’orthographe i-na-an-din au lieu de i-na-din (« avoir » présent systéme G) très attestée chez Itḫ-apiḫe fils de Taya.

– L’orthographe Pi-ru aux lignes 22 et 36.

– L’absence du -e- en position initiale (Eḫ-li-ia à la ligne 29)470.

Le scribe de cette tablette utilise deux orthographes pour noter le nom propre Balṭu-kašid :

Bal-tu-uk-ka-šu (l.34) et TIL.LA.KUR (l.39).

Le style rédactionnel de JEN 63 indique qu’il pourrait s’agir d’une des premières tablettes écrites par Itḫ-apiḫe fils de Taya. La présence dans cette tablette de Balṭu-kašid en tant que témoin suggère que son oncle a peut-être pu avoir une influence auprès du jeune scribe au cours de la rédaction de cette tablette.

À noter que dans JEN 57, la sœur d’Enna-pali fils de Šennaya, l’adopté de JEN 63, se fait à son tour adopter par Teḫip-Tilla. Cette tablette ne comporte pas de particularités rédactionnelles contrairement à JEN 63. JEN 57 a sans doute été écrit plus tard.

À Unapšewe, Itḫ-apiḫe fils de Taya est témoin dans JEN 254 écrit par son père, mais il rédige également JEN 732471. La tablette est endommagée et une partie de la liste des témoins n’est plus visible, mais il n’est pas impossible que Taya fils d’Apil-Sin soit témoin dans cette tablette, et qu’il confie la rédaction de JEN 732 à son fils.

4.1.3 Le sceau Po 309

À noter que JEN 249 et JEN 714, les deux tablettes sur lesquelles Itḫ-apiḫe appose le sceau Po 309, également utilisé par Taya fils d’Apil-Sin sur JEN 556 et Waqar-bêli fils de Taya sur JEN 237 et JEN 577, sont écrites en début d’activité d’Itḫ-apiḫe fils de Taya. Ce sceau est donc utilisé lorsque Taya est encore en activité.

Tableau récapitulatif 472

Texte Type Ville Trait rédactionnel Sceau JEN 422 Contrat d’adoption Zizza Témoin N.A

JEN 75 Contrat d’adoption Zizza Témoin N.A

469 Fadhil, 1983 : 301.

470 Pour les autres noms propres commençant par -e-, Itḫ-apiḫe fils de Taya rajoute cependant le e-.

471

Pour l’attribution de JEN 732 à Itḫ-apiḫe fils de Taya voir § 1.6.3.3.

472 En dehors de HSS 5/61, écrit pour Akkuya fils de Katiri, les autres textes sont tous rédigés pour Teḫip-Tilla fils de Puḫi-šenni.

JEN 95 Contrat d’adoption Zizza -še-en-ni Pi-i-ru BAD It-ḫa-pi-ḫé i-pu-šu i-bal-ka-at Ì.LÁ Po 708

JEN 63 Contrat d’adoption Unapšewe E-en-na-pa-li -še-en-ni Pi-ru Bal-lu-uk-ka-šu i-na-an-din KI.BAL N.A

JEN 57 Contrat d’adoption Unapšewe E-eḫ-li-ia BAD i-pu-uš-šu i-bal-kat i-na-din DUB.SAR-ri Po 353

JEN 254 Tablette d’échange Unapšewe Témoin Po 346

JEN 732 Contrat d’adoption Unapšewe Pi-ru i-pu-uš-šu i-na-din i-bal-kat

Po 353

JEN 249 Tablette d’échange E-en-na-ma-ti BAD Pi-i-ru i-ba-ka-at i-na-an-din DUB.SAR-ru Po 309

JEN 714 Contrat d’adoption Pi-ru/Pi-i-ru i-pu-uš-šu i-bal-kat ù-ma-al-la

Po 309

JEN 611 Contrat d’entrée en service Unapšewe Pi-i-ru It-ḫa-pi-ḫé

Po 346

JEN 769 Contrat d’entrée en service Unapšewe Pi-ru BAD E-na-ma-ti i-na-din

N.A

JEN 18 Contrat d’adoption Pi-i-ru i-pu-šu i-bal-kat i-na-din

N.A

JEN 405 Contrat d’adoption Pi-i-ru i-pu-šu i-bal-kat i-na-din

Po 353

HSS 5/61 Contrat d’adoption E-en-ša-ru i-pu-šu

i-bal-ka-tu4 i-na-din It-ḫa-pi-ḫé

N°7

JEN 14 Contrat d’adoption Mu-uš- Pi-i-ru -še-en-ni It-ḫa-pi-ḫé i-pu-uš-šu SUM-nu i-ra-aš-ši Po 708

i-na-din

i-bal-ka-at

JEN 24 Contrat d’adoption Témoin N.A

JEN 80 Contrat d’adoption Pi-i-ru E-en-na-mil-ki i-pu-uš-šu i-bal-ka-tu4 i-na-din DUB.SAR-ri/-ru NA4 N°4

JEN 106 Contrat sous forme déclarative

Pi-i-ru li-ša-an-šu ki-a-am iq-ta-a-bi

N.A

JEN 225 Tablette d’échange Pi-ru E-na-ma-ti BAD It-ḫa-pi-ḫé i-bal-ka-at

N.A

JEN 251 Tablette d’échange Pi-i-ru Du-ur It-ḫa-pi-ḫé i-bal-ka-at i-na-din

Po 35

JEN 454 Contrat d’entrée en service EME-šu Pi-ru

Po 353

JEN 459 Contrat d’entrée en service Témoin N.A JEN 717 Contrat d’adoption Pi-ru/Pi-i-ru

BAD It-ḫa-pi-ḫé i-pu-šu i-bal-ka-tu4 i-na-din Po 996

JEN 725 Contrat d’adoption E-en-na-ma-ti i-pu-šu

i-bal-kat i-na-din

Po 349

JEN 767 Contrat d’adoption Pi-i-ru

BAD

i-bal-ka-at

N.V

JEN 795 Tablette d’échange ù-ma-al-la N.A JEN 799 Tablette d’échange Pi-i-ru

i-bal-kat ù-ma-al-la

Po 346

JEN 914 Contrat d’adoption Pi-ru i-pu-šu

i-bal-kat i-na-din NA4

Po 346

JEN 926 Contrat d’adoption E-eḫ-li-ia Pi-ru i-pu-šu i-bal-kat i-na-din NA4 Po 349

différents groupes de textes avec des tablettes écrites en dehors d’Artiḫe et avec les différents membres des familles d’Artiḫe, lui a permis de situer la rédaction des différents groupes de textes les uns par rapport aux autres480. Voici l’ordre de rédaction des différents groupes établit par A. Fadhil :

– Groupe 4 – Groupe 3 – Groupe 1 – Groupe 2 – Groupe 5 – Groupe 6-7

Néanmoins une vérification systématique des données a permis d’établir l’ordre suivant : – Groupe 1

– Groupes 6 et 7 – Groupe 3 – Groupes 4 et 5 – Groupe 2

Voici les familles d’Artiḫe qu’A. Fadhil a reconstitué :

La famille Kudukka La famille Pui-tae

Ennaya Eteš-šenni

⎟ ⎟ Kudukka Pui-tae ⎟ ⎟

Ar-zizza Zilip-šarri

La famille Niniya La famille Šamaḫul

Turuk-kaya Aḫi-illika ⎟ ⎟

Niniya Šamaḫul

Ḫui-Teššup Ḫaššiya Punniya Ekeke Unap-tae

La famille d’Enna-milki

Enna-milki

Zilip-šarri Nan-Teššup Kip-talili Ariḫ-ḫarpa Itḫi-zizza Šamḫari

Eḫel-Teššup

La famille Kenni

Kenni

Akalaya Kettu Arip-apu

⎟ ⎟

Ḫašiya Kuššiya Ḫaniu Tauḫḫe

D’après la présence de certains membres de ces familles dans le corpus rédigé par Itḫ-apiḫe fils de Taya, voici ce que l’on peut constater :

La famille de Kudukka :

– Kudukka fils d’Ennaya est présent dans JEN 45 (Groupe 1). – Son fils Ar-zizza est témoin dans JEN 409 (Groupe 4). Le groupe 1 serait donc écrit avant le groupe 4.

La famille Pui-tae :

– Pui-tae fils d’Eteš-šenni est attesté dans JEN 419 et JEN 687 (Groupes 2 et 3). – Son fils Zilip-šarri est présent dans JEN 22 (Groupe 4).

Les groupes 2 et 3 sont donc rédigés avant le groupe 4.

La famille Šamaḫul :

– Šamaḫul fils d’Aḫi-illika est témoin dans JEN 426 (Groupe 7). – Son fils Ekeke est attesté dans JEN 3 (Groupe 5).

– Son autre fils, Unap-tae est présent dans JEN 3 et JEN 585 (Groupe 5). Donc le groupe 7 a été écrit avant le groupe 5.

La famille Niniya :

– Niniya fils de Turrukaya est dans JEN 54 (Groupe 1).

– Ses fils, Ḫašiya et Punniya sont présents dans JEN 37 (Groupe 3). – Ḫui-Teššup fils de Niniya est témoin dans JEN 720 (Groupe 4). Le groupe 1 est écrit avant les groupes 3 et 4.

La famille de Kenni :

– Akalaya fils de Kenni est présent dans JEN 426 (Groupe 7).

– Arip-apu fils de Kenni est témoin dans JEN 15, JEN 37 et JEN 687 (Groupe 3). – Kettu fils de Kenni est dans JEN 654 un texte écrit pour Enna-mati fils de

– Le fils d’Akalaya, Ḫašiya et son cousin Ḫaniu fils d’Arip-apu sont présents dans JEN 521 écrit pour Tarmi-Tilla fils de Šurki-Tilla (TT 4).

– Tauḫḫe fils d’Arip-apu est attesté dans JEN 12 (Groupe 2). Le groupe 2 est rédigé après les groupes 3 et 7.

La famille Ena-milki :

– Les fils d’Enna-milki sont présents dans tous les groupes sauf le numéro 6. – Eḫel-Teššup fils de Kip-talili est dans le groupe 7 avec son oncle Itḫi-zizza. Cette famille ne nous aide pas à situer les groupes les uns par rapport aux autres. Dans ce classement, nous avons quelques contradictions :

– D’après la famille Pui-tae, les groupes 2 et 3 sont écrits avant le groupe 4. – D’après la famille Kenni, le groupe 2 est rédigé dans la tranche tardive. – Dans ce cas, le groupe 4 est écrit très tardivement dans la carrière d’Itḫ-apiḫe. Sans doute que JEN 419 a été rédigé après le groupe 4 contrairement aux données issues de la famille de Pui-tae.

La très proche contemporanéité des groupes 4 et 5 d’un côté et 6 et 7 de l’autre, permet de faire le classement présenté précédemment.

D’un point de vue rédactionnel, voici ce que l’on a pu observer :

Groupe « trangresser » « Donner/compenser » Sceau

1 i-bal-kat i-na-din Po 498 2 i-bal-kat ù-ma-al-la Po 691 3 i-bal-ka-tu4 i-na-din Po 349 4 i-bal-kat i-na-din Po 349 5 i-bal-kat ù-ma-al-la Po 498 6 i-bal kat i-na-din Po 498

7 KI.BAL-at ù-mal-al-la Po 498

Tableau 106. Style rédactionnel des différents groupes de textes d’Artiḫe.

Dans JEN 400, on constate la même orthographe que le groupe 3 pour le verbe « transgresser ». Ce texte n’a pas pu être rattaché à un groupe, mais il a peut-être été écrit dans une période proche du groupe 3481.

D’autre part, on constate que dans le groupe 7, (JEN 420 et JEN 426), Itḫ-apiḫe fils de Taya utilisait la syllabe lourde CVC pour l’affixe Kip- (Kip-ta-ti-li au lieu de Ki-ip-ta-ti-li), à la ligne 9 de JEN 426, le scribe se sert du logogramme ŠUM-nu pour le verbe « donner » et à la ligne 22, il écrit mu-še-le-mu au lieu de mu-še-el-mu. On retrouve les mêmes caractéristiques dans JEN 206482. D’un point de vue prosopographique, JEN 206 et le groupe

481 Sur les textes du groupe 3, le scribe appose le sceau Po 349, mais l’empreinte de sceau de JEN 400 n’est pas visible.

482 JEN 206 : 38 : Kip-ta-ti-li ; ligne 16 : ŠUM-nu ; ligne 31 : KI.BAL-at ; ligne 33, le scribe utilise le verbe « compenser » (malû) et ligne 41 : mu-še-le-mu.