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Étude prosopographique des scribes de f Tulpun-naya

3.4 Les traits rédactionnels des deux scribes

3.4.1 L’orthographe de leur fonction

Orthographe Taya fils d’Apil-Sin Taya sans patronyme

DUB.SAR 36 28

DUB.SAR-ru 12 11

DUB.SAR-ri 8 9

orthographes346

N.I 1 2

Tableau 44. Orthographes de leur fonction chez les deux scribes.

On constate une répartition identique dans les préférences orthographiques du mot « scribe ».

3.4.2 Les suscriptions utilisées par les deux scribes

Taya avec et sans patronyme ont une préférence pour la suscription NA4.KIŠIB et n’utilisent que très rarement la forme abrégée NA4 ou les deux formules dans une même tablette (§1.4.2 et § 2.4.2).

3.4.3 L’orthographe des noms propres

Terminaison et affixe Taya fils d’Apil-Sin Taya sans patronyme

-še-en-ni347 14 13

-še-ni 20 23

Mu-uš 34 11

MUŠ 10 15

Tableau 45. Orthographes des terminaisons et affixes dans les noms propres chez les deux scribes.

Les deux scribes préfèrent l’orthographe -še-ni pour la terminaison -šenni, mais Taya fils d’Apil-Sin utilise plus régulièrement le découpage CV-VC (Mu-uš), tandis que Taya sans patronyme se sert de la syllabe lourde CVC (MUŠ). En revanche, ils écrivent tous les deux les préfixes Kip- et Dūr- avec la syllabe lourde CVC et le nom propre Piru : Pi-ru.

3.4.4 La rédaction des formes verbales

Verbe Forme verbale Taya fils d’Apil-Sin Taya sans patronyme

« faire » (epēšu) Logogramme DÙ 12 17

Forme syllabique 29 11

« avoir » (rašū) Logogramme TUK 17 18

Forme syllabique 30 15

Tableau 46. Les formes verbales chez les deux scribes.

On constate des disparités dans la façon d’écrire les formes verbales. Taya sans patronyme privilégie le logogramme pour les verbes « faire » et « avoir », alors que Taya fils d’Apil-Sin utilise plutôt des formes syllabiques.

3.4.5 Les contrats sous forme déclarative (lišānšu)

Taya sans patronyme rédige l’ensemble des contrats sous forme déclarative mais plusieurs éléments de leur rédaction indiquent que ces contrats pourraient en fait avoir été rédigés par Taya fils d’Apil-Sin. Taya sans patronyme utilise toujours l’écriture syllabique pour noter le terme lišānšu (§ 2.4.4). Cette caractéristique est également attestée dans JEN 392 : 26 et JEN 637 : 8, pourtant écrits par Taya fils d’Apil-Sin348. Par ailleurs, la formule « ainsi, il a parlé », orthographiée ki-na-an-na iq-ta-bi par Taya fils d’Apil-Sin dans JEN 392 : 27 et JEN 637 : 10, 11, est elle aussi majoritairement utilisée par Taya sans patronyme lorsqu’il rédige des

346 DUB.SAR/DUB.SAR-ri ; DUB.SAR/ DUB.SAR-ru ; DUB.SAR-ri/DUB.SAR-ru.

347 Le patronyme de Teḫip-Tilla, Puḫi-šenni n’est pas dans cette liste, mais Taya et Taya fils d’Apil-Sin utilisent surtout la terminaison -še-en-ni pour ce nom propre.

348 À la ligne 8 de JEN 392, Taya fils d’Apil-Sin utilise également le logogramme et son complément phonétique : EME2-šu.

contrats sous forme déclarative (lišānšu). Ces traits rédactionnels communs aux deux scribes dans l’orthographe de formulaires indiquent que nous sommes en présence d’un seul et même rédacteur : Taya fils d’Apil-Sin.

3.4.6 Les contrats d’entrée en service

Les deux scribes rédigent des contrats d’entrée en service de ḫabiru auprès de Teḫip-Tilla349. Bien que le nom du scribe ne soit plus visible, A. Fadhil a attribué JEN 446 à Taya sans patronyme350. Une étude du style rédactionnel utilisé par les deux scribes pour ce type de texte permettra de confirmer ou d’infirmer l’attribution réalisée par A. Fadhil.

E. Cassin a effectué une étude des contrats d’entrée en service des ḫabiru. Cinq scribes rédigent ce type de contrats :

– Itḫ-apiḫe fils de Taya : JEN 447, JEN 454, JEN 455, JEN 461 et JEN 464. – Taya fils d’Apil-Sin : JAOS 55/1, JEN 449, JEN 458, JEN 459 et JEN 463. – Taya sans patronyme : JEN 452 et JEN 456.

– Tiampira : JEN 613.

– Sîn-nadin-šumi fils de Taya : JEN 448. – Šukriya sans patronyme : JEN 465.

E. Cassin a précisé qu’il existait deux formules pour signaler que la personne rentre en service en toute liberté 351:

– De lui-même (ra-ma-an-šu).

– De sa bouche et de sa langue (pi-i-šu u3 EME2-šu).

Itḫ-apiḫe et Sîn-nadin-šumi fils de Taya utilisent la seconde formule, tandis que Taya, Taya fils d’Apil-Sin et le scribe de JEN 446 se servent de la première. Tiampira et Šukriya emploient d’autres formules352.

Pour la clause en cas de non respect du contrat, Taya, Taya fils d’Apil-Sin et le scribe de JEN 446 utilisent le verbe « compenser » (malû), tandis que Tiampira se sert du verbe « peser » (šaqālu). Itḫ-apiḫe, Sîn-nadin-šumi fils de Taya et Šukriya ne notifient pas cette clause.

Il est tout à fait envisageable, d’un point de vue rédactionnel, que l’auteur de JEN 446 soit Taya fils d’Apil-Sin, et d’attribuer JEN 452 et JEN 456 écrits par Taya sans patronyme au fils d’Apil-Sin.

3.4.7 Les procès

Taya rédige trois procès : EN 9/1 404, HSS 5/45 et HSS 5/50. Nous ne disposons en revanche que d’un seul procès (JEN 392) en lien avec Taya fils d’Apil-Sin.

349 En ce qui concerne le terme ḫabiru, plusieurs études ont été menées sur les personnes que ce terme désigne, notamment celles de J.M. Durand, 1997, 1998 et 2000 dans les lettres de Mari ; J. Bottéro, 1944 ou encore M. Greenberger, 1955 : 23-32 pour les textes de Nuzi. Ces études s’accordent sur le statut d’exilé de ces personnes. Dans notre cas, il s’agit de personnes rentrant au service auprès de personnes influentes. Pour des raisons pratiques, j’utiliserai ici le terme ḫabiru sans traduction.

350

Fadhil, 1983 : 169.

351 Cassin, 1944 : 65, note 2.

EN 9/1 404 a subi de nombreuses détériorations, et il est par conséquent difficile de faire une étude du style rédactionnel de cette tablette. De plus, les personnes présentes dans cette tablette ne faisant pas partie du cercle habituel de Taya fils d’Apil-Sin, il est pour l’instant impossible d’affirmer que ce dernier en soit le scribe353.

HSS 5/45 et HSS 5/50 sont deux procès relatifs à des serviteurs. Les formulaires utilisés pour la rédaction de ces deux textes sont très similaires, et seul change le nom du protagoniste.

JEN 392 est un procès concernant des terres acquises par Teḫip-Tilla via un contrat d’adoption-vente (ṭuppi mārūti). En raison de la nature des procès traités dans HSS 5/45 et HSS 5/50, le formulaire utilisé pour JEN 392 est différent de celui écrit par Taya sans patronyme. La formule « déclaré devant les juges » est cependant utilisée dans les trois textes, et rédigée de la même manière : « ina di-ni pa-ni DI.KU5.MEŠ i-te-lu-ù-ma ». Le rajout de la voyelle -u- pour exprimer la longue du pluriel n’est pas très courant chez les autres scribes, et il est par conséquent possible de considérer que ces trois tablettes de procès ont été rédigées par Taya fils d’Apil-Sin.

3.4.8 Tablette de mise en gage à la personne (ṭuppi titennūti)

Taya fils d’Apil-Sin rédige trois tablettes de mise en gage à la personne : JEN 305, JEN 489 et JEN 609. Taya en rédige également trois : JEN 302, JEN 309et JEN 992 (§ 3.3). Sur JEN 309, le scribe appose le sceau Po 184 également utilisé par Taya fils d’Apil-Sin sur JEN 305. Sur JEN 992, Taya appose le sceau Po 508 dont se sert aussi le fils d’Apil-Sin pour sceller JEN 703. Ainsi, JEN 309 et JEN 992 sont en réalité écrits par Taya fils d’Apil-Sin.

Dans son étude de JEN 489, B.L. Eichler a reconstitué les deux premières lignes en s’appuyant sur JEN 302, car le scribe de ces deux tablettes utilise le même formulaire354. Il s’agit de deux contrats en service d’un homme auprès de Teḫip-Tilla, avec des conditions identiques : « si le contractant rend l’or, il est libre, s’il meurt, ses fils doivent rendre l’or et peuvent partir où ils veulent ». Il est à noter que la somme prêtée dans les deux contrats est elle aussi identique.

Il est possible que comme JEN 309 et JEN 992, JEN 302 ait été rédigé par Taya fils d’Apil-Sin.

3.4.9 Contrat de mariage

Taya écrit deux contrats de mariage : JEN 437 et JEN 708. Sur JEN 437, Taya appose le sceau Po 184, également utilisé par Taya fils d’Apil-Sin sur JEN 305. JEN 437 est donc écrit par Taya fils d’Apil-Sin.

En étudiant JEN 708, une tablette ayant subi des dommages, M.P. Maidman a constaté que le scribe utilisait pour cette tablette le même formulaire que pour JEN 437355. Les similitudes entre les deux textes ont donc permis à M.P. Maidman de reconstituer certaines parties altérées du texte de JEN 708 :

353 Au § 2.7.1, nous avons vu que le fils de dAK.DINGIR.RA était témoin à la ligne 25 d’EN 9/1 404. D’un point de vue chronologique, il semble donc aussi difficile d’attribuer ce texte à Taya fils d’Apil-Sin.

354 Eichler, 1973 : 136, note texte 47.

De manière générale, Taya et Taya fils d’Apil-Sin façonnent des tablettes de forme rectangulaire. Et lorsqu’ils divisent les différents éléments de leurs textes, ils ont une préférence pour l’utilisation du trait.