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5.3 La documentation informatique des objets

6.1.1 Présentation du contexte scientifique

Ce cahier des charges a été développé entre les années 2017 et 2020, période où les Digital Humanities avaient le vent en poupe. Portées par des politiques de financements favorables et par la dimension

heuris-tique de certain des travaux, les humanités numériques ont connu un fort dynamisme. Journaux, colloques, mais également programmes d’en-seignements se sont créés sur le sujet au cours de cette période. Les communautés de recherche en France, polarisées par la logique des sec-tions disciplinaires créent des points de réunion, comme par exemple l’atelier DAHLIA (DigitAl Humanities and cuLtural HerItAge : data and knowledge management and analysius), créé en 2018 et adossé à la com-munauté EGC (Association Internationale Francophone d’Extraction et de Gestion des Connaissances), qui réunit informaticiens et experts pa-trimoniaux, usagers et concepteurs d’outils informatiques. Je pense éga-lement au consortium international Data for History fondé en 2017 par des historiens-numériciens avides de fédérer une communauté de tra-vail pour uniformiser les pratiques. On pourrait évoquer la conférence Internationale Digital Humanities, ou sa déclinaison européenne, qui organisent des conférences annuelles depuis la fin des années 1980. Ou bien les ateliers de travail Linked Pasts rassemblant depuis 2015 des chercheurs travaillant en histoire et pour le patrimoine, utilisant des données ouvertes liées...

En peu de mots, un contexte scientifique dynamique et très varié a englobé cette thèse et les années de constitution de ce cahier des charges. Encore assez mal structuré cependant, aux interfaces entre les disciplines, par certains aspects, « à la mode » (avec tous les bons et mauvais côtés des modes), les questionnements et les discussions sur les pratiques outillés de travaux patrimoniaux n’ont pas manqué. L’équipe Reseed

Au sein du projet Reseed, ces mêmes discussions ont été menées avec des interlocuteurs différents. Le projet rassemble 8 entités partenaires : — L’Université de Nantes, par le Centre François Viète d’épistémologie

et d’histoire des sciences et des techniques

— L’École Centrale de Nantes, par le LS2N, Laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes

— L’Université de Technologie de Troyes, par l’Institut Delaunay, labo-ratoire d’ingénierie

— L’Université de Technologie de Compiègne, par le Laboratoire Ro-berval, laboratoire d’ingénierie

— DeltaCAD, éditeur de logiciel spécialisé en informatique scientifique — MCC Heritage, cabinet de conseil en candidature patrimoniale, que

— L’inventaire Général du Ministère de la Culture, institution en charge de recenser, d’étudier et de faire connaitre les éléments du patri-moine qui tombent sous sa juridiction

— Le Musée des Arts et Métiers, Musée des sciences et des technolo-gies

Certains représentants de ces différentes institutions n’étaient pas inconnus les uns pour les autres. En effet, une partie de l’équipe universi-taire et DeltaCAD avaient travaillé sur le projet METIS, entre 2012 et 2015, qui cherchait à « exploiter des données hétérogènes afin de recréer ou mettre à jour une maquette numérique » [BDR+14].

De même à Nantes, L’École Centrale et L’Université collaborent depuis une quinzaine d’année. Depuis les travaux de thèse de Florent Laroche, qui expose les opportunités de la création de dossiers d’œuvre numé-riques, et formalise son Digital Heritage Reference Model [Lar07]. Mettant les outils de l’ingénierie mécanique au service de l’étude patrimoniale, cette réflexion s’est poursuivie à Nantes par les nombreux travaux com-muns à Florent Laroche et Jean-Louis Kerouanton sur la place de l’image et de la visualisation [LCJLB07], sur les pratiques muséographiques ou-tillées de dispositifs informatiques [LKSB11], sur la rétro-conception de sites industriels disparus [LPLK13], sur les questions de numérisation du patrimoine [LJL15]. Rassemblés également au sein du consortium 3D, groupe de travail de la TGIR Huma-Num qui travaille à penser l’utilisa-tion des modèles 3D pour l’archéologie, l’histoire et le patrimoine, ils ont participé à la constitution collectif d’un Livre Blanc [VBC+17] formalisant un cycle de réflexion méthodologiques et technologiques.

Alain Bernard, Jean-Louis Kerouanton et Florent Laroche ont égale-ment encadré des thèses dans la continuité desquelles ma thèse se situe. Les travaux de Benjamin Hervy les ont d’abord rassemblé, autours de la notion et l’implémentation de systèmes PLM muséologiques [Her14], d’outils de gestion de cycle de vie des objets en musées, et leur utilisation pour la conservation et la valorisation des biens patrimoniaux.

Les travaux de Matthieu Quantin ont prolongé la thématique de re-cherche autour de la constitution de connaissances en histoire des sciences et des techniques, dans ses travaux de thèse. Il a développé Haruspex, logiciel de modélisation thématique (aussi appelé topic mo-delling en France) depuis un corpus textuel prédéterminé [QHLK17]. Il a également mené des travaux périphériques à ses travaux de thèse questionnant la production de connaissance en rétro-conception de bâtiments dans des fouilles archéologiques [QLAV17].

dans laquelle il met en perspective ses travaux depuis 2004 et développe la notion de KLM Knowledge Lifecycle Management (Gestion du cycle de vie de la connaissance) [Lar17].

Mais les travaux plus disciplinaires de Florent Laroche et Alain Ber-nard, plus strictement en ingénierie des connaissances, se retrouvent également dans cette approche, notamment la méthodologie Ki4D déve-loppée dans la thèse de Mohamed Islem Ouamer Ali [ALRB17], qui vient en opposition à une conception linéaire de la production d’information dans les démarches de rétro-conception. La dimension cyclique et les non-linéarités (temporelle, spatiale et conceptuelle) en sont en partie issues.

Il m’apparait assez clairement que la collaboration entre le Centre François Viète et le LS2N (ou l’IRCCyN, son prédécesseur) et les travaux sur la production de maquettes numériques à partir d’informations hé-térogènes se rejoignent dans les questionnements de ma thèse sur la modélisation, la documentation, les biens et les travaux patrimoniaux. Ainsi que la nécessaire réflexion sur un outil fédérant les différents tra-vaux patrimoniaux.

Les équipes « laboratoires »

De façon plus générale, au sein des deux laboratoires auxquels je suis rattaché, les questionnements de ma thèse trouvent un ancrage dans les travaux en ingénierie systèmes et en modélisation de processus. La publication réalisée au sujet de la modélisation des qualités d’objets pour l’ingénierie avec Emilio Sanfilippo pour FOIS en témoigne [SJB+18].

Au centre François Viète, mes travaux ont pu profiter d’échanges méthodologiques et épistémologiques avec les différents permanents. Les remerciements traduisent également ce contexte et ces apports scientifiques, mais je tiens malgré tout à redoubler ici mon témoignage de gratitude. Les échanges lors et hors des séminaires hebdomadaires ont lourdement influencé ce travail. Au CFV toujours, les travaux de Sylvain Laubé et de Marie-Morgane Abiven [ALQ+18] étaient pour moi un exemple de mise en œuvre et de réflexion sur l’outillage informatique et la patrimoine, en avance de phase sur mes réflexions. Mes travaux ont directement profité des leurs.