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5.3 La documentation informatique des objets

6.1.2 Objectifs de l’outil

Le chapitre 4 montre la diversité d’outils, d’activités et d’approches conceptuelles et met en lumière le manque d’un environnement dans

lequel pouvoir lier de façon indifférenciée les différents types de modé-lisation. Dans un premier temps, répondre à ce manque est suffisant. Je limiterai donc l’objectif de l’outil àdonner la capacité de créer des sortes de fiches, dans lesquelles relier des éléments de documentation sélectionnés, les annoter, ajouter des informations et des hypothèses de façon collaborative.

De plus, les méthodologies, les pratiques et les outils sont trop nom-breux pour que dégager une méthodologie générale soit réaliste. Et au delà du réalisme, une méthodologie sous laquelle regrouper tous les travaux patrimoniaux par l’usage d’un outil apparait vaine. Standardiser la méthode d’approche du patrimoine serait précisément se couper des spécificités, sources des valeurs patrimoniales.

En revanche, un outil permettant d’expliciter l’intégrité documentaire et un cadre critique aux modélisations dresse la table à une discussion et une évaluation informée, documentée, critique.

Les trois chapitres précédents ont présenté différentes propositions relatives à l’outillage informatique. Je les ai ici compilées et rassemblées afin d’en dégager des contraintes plus précises dans le développement d’un outil particulier.

L’outil devra répondre aux objectif suivants :

L’outil ne doit pas contraindre les concepts qu’ils manipule Cet objectif rassemble les propositions suivantes :

Proposition-outil 1 L’outillage informatique ne peut pas proposer de cadre conceptuel prédéfini, la combinaison des types de patrimoine et des types de reconnaissance patrimoniale demandent un ajuste-ment systématique, au cas par cas.

Proposition-outil 10 L’outillage informatique doit permettre l’explicita-tion de la validité des informal’explicita-tions et d’explorer différents hypo-thèses.

Proposition-outil 11 L’outillage informatique doit pouvoir se confronter à la multiplicité des types documentaires et à la multiplicité de leurs réception, sans restreindre les informations relevées, et sans limiter les modes d’interprétation.

C’est à dire que l’utilisateur de l’outil doit avoir la main compète sur le matériel ontologique, les modèles de données et les règles de validité et les stratégies qu’il emploie. L’outil doit pouvoir être extensible dans les modèles et les ontologies utilisées, soit en intégrant des références externes, soit en permettant le développement interne de ces structures.

Par ce fonctionnement, je retrouve l’ambition de Bearman [Bea95]. « Increasingly it seems that we should have concerned our-selves with the relationships (creating, selling, designing, using, critiquing) between the objects and the proper nouns on which we lavished so much attention because as we examine the queries being put to us by our publics, it is obvious that each user community needs to know about quite different rela-tions (and, as argued earlier, the nouns could be “controlled” without imposing conformity anyway). » (De plus en plus, il semble que nous aurions dû nous préoccuper des relations (création, vente, conception, utilisation, critique) entre les objets et les noms propres auxquels nous avons accordé tant d’attention parce qu’en examinant les demandes qui nous sont adressées par nos publics, il est évident que chaque com-munauté d’utilisateurs a besoin de connaître des relations tout à fait différentes (et, comme nous l’avons dit précédem-ment, les noms pourraient être "contrôlés" sans imposer de conformité de toute façon)

L’outil doit permettre l’interopérabilité des modèles de données Cet objectif rassemble les propositions suivantes :

Proposition-outil 3 L’outillage informatique doit permettre l’explicita-tion, l’identification et la sélection d’éléments de niveaux structurel, conceptuel, hiérarchique, etc. différents. Il doit pouvoir faire faire référence aux attributs et aux valeurs.

Proposition-outil 7 L’étude scientifique patrimoniale implique de per-mettre l’étude critique des modèles et leur construction.

Proposition-outil 12 L’outil informatique doit donner des outils pour per-mettre à des bases de données constituées de façon indépendantes d’interopérer (d’un point de vue sémantique et d’un point de vue technique).

C’est à dire que l’utilisateur de l’outil doit pouvoir définir à sa guise les concepts, les niveaux de granulométrie de l’information, mais également être en mesure de les rattacher, les raccorder à des entités de références, partagées par d’autres. La construction des modélisations doit rester li-sible et accesli-sible, dans sa forme finale et dans son évolution progressive. L’outil doit se doter de modules calculatoires des différences entre mo-dèles, basés sur des calculs de similarité sémantique (pour référence en

cela, les travaux de Jérôme Euzenat, notamment [EV+04], mais la littéra-ture est riche d’autres exemples et méthodes [NM+00, GSO+10, EMS+11]). Lorsque les dimensions sémantiques ne sont pas explicitées, un module cherchant les similarités ou proximités lexicales pourrait être envisagé (pour référence, les travaux du CRISCO sur les synonymies, par exemple [CF19]). Ces calculs de similarité sont à réaliser autant sur les modélisa-tions que les méta-modèles. En cas d’alignements locaux ou systéma-tiques, l’outil doit conserver la trace de ce choix de rapprochement. L’outil doit favoriser l’explicitation des choix des évolutions des modé-lisations

Cet objectif rassemble les propositions suivantes :

Proposition-outil 4 Pour conserver la cohérence (et le sens) de la modé-lisation, l’outillage informatique doit enregistrer les informations contextuelles au fur et à mesure du travail de modélisation. Proposition-outil 6 L’outil informatique doit pouvoir enregistrer les

jus-tifications des changements subis par les biens patrimoniaux. Il doit aussi produire des documents présentant l’état des biens patri-moniaux à des moments donnés. Peut-être pourrait-il également proposer un soutien à leur comparaison?

Proposition-outil 9 L’outillage informatique doit pouvoir garder la trace des différentes constructions, réductions et approximations inhé-rentes aux travaux de modélisation.

C’est à dire que l’outil doit, d’une part, enregistrer les différents états des modélisations, mais en plus, il doit également garder la trace de méta-données informant sur les évolutions des intentions de modélisation, des intentions d’étude. Celles-ci ne sont pas forcément explicites. Au gré du travail de modélisation, les conceptions et les intentions varient. On retrouve ici les enjeux PLM et KLM, notamment les travaux d’Abdelaziz Bouras[GVS+14, TBD+10], mais aussi ceux d’Alain Bernard [BT08]. Cet enjeu semble le plus ambitieux, mais permettrait une forme de relecture de la part de l’utilisateur. Il pourrait garder des traces de l’évolution de son regard.

L’outil doit permettre la gestion documentaire sans rupture d’intégrité ou d’authenticité

Proposition-outil 2 L’outillage informatique, pour accompagner les tra-vaux patrimoniaux en général doit se concentrer d’abord et avant tout sur les sources d’informations.

Proposition-outil 5 L’outillage informatique doit accompagner la construc-tion de l’intégrité documentaire, la continuité de l’intégrité de l’in-formation, depuis les documents vers les modélisations produites. Proposition-outil 14 À partir de la structure des fichiers, il est possible d’intégrer tout ou partie des informations qu’ils contiennent pour les réunir et les lier les uns aux autre et ainsi produire une modéli-sation liant toute la documentation.

C’est à dire que l’outil doit permettre une gestion documentaire aux multiples dimensions. D’une part, il faut pouvoir ajouter des documents nouveaux aux différentes sources documentaires. Ces sources doivent être indexées. Des modules doivent permettre l’extraction d’informations depuis les documents. L’utilisateur doit pouvoir sélectionner des infor-mations depuis des documents et les associer à d’autres inforinfor-mations. Le travail de modélisation se fait au niveau des données/des informations et non au niveau documentaire. Toutes les informations, quelles que soient leur nature doivent pouvoir être associées les unes aux autres pour produire des nouvelles informations s’affranchissant des frontières documentaires.

Toutes les opérations (extraction, sélection, traitement, annotation, correction, ...) doivent être enregistrées par l’outil afin qu’il soit possible de remonter le fil des chaines de traitement. Pour les opérations auto-matiques les réglages des modules en charge de ces traitements doivent pouvoir relier le document source des informations résultantes.

L’outil doit créditer l’utilisateur de ses travaux Cet objectif rassemble les propositions suivantes :

Proposition-outil 8 L’utilisateur d’outils informatiques doit pouvoir en être l’architecte, afin de comprendre comment s’opèrent les rup-tures de sens par le calcul, pour en faire une étude fine et une maintenance lourde.

Proposition-outil 13 L’outil informatique me semble devoir permettre une forme de dialectique avec l’utilisateur dans les différentes opé-rations (dont les alignements). Les décisions et paramètres de la modélisation restent de la responsabilité de chacun des utilisateurs, dans leur diversité inhérente aux travaux patrimoniaux.

L’outil doit gérer des profils utilisateurs, et leur attribuer les choix et travaux qu’ils ont réalisés. L’outil doit enregistrer les entités, les méta-modèles, les informations, les documents, etc. ajoutées ou crées par l’utilisateur. Il doit également enregistrer les entités, les méta-modèles, les informations, les documents, etc. réutilisées par l’utilisateur, et la source de la réutilisation. L’outil doit également enregistrer les altéra-tions ou les correcaltéra-tions que l’utilisateur a apporté à ses informaaltéra-tions, aux informations des autres. Toute opération faite par un utilisateur, même lancer un module qui réalisera une opération automatiquement doit être marquée afin de permettre une relecture des travaux et ainsi pouvoir les reprendre en changeant d’hypothèses, de réglages, ou carrément de méthodes...