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Plan 15 ), suggérant son appartenance à cette période.

3.2 Annexe 2 : Etude la céramique médiévale (Annie Lefèvre, Inrap)

3.2.2 Présentation de la céramique et datation

3.2.2.1 Description des productions céramiques

Les principales productions peuvent être rapidement décrites ; elles s’avèrent déjà relativement bien connues dans ce secteur géographique et nous ne nous attarderons donc pas sur cet aspect (Fig. 3.2-03). Les productions granuleuses claires sont les plus fréquentes ; selon leur couleur et la taille, la nature et répartition des inclusions, nous avons pu discriminer plusieurs groupes distincts.

La plus répandue, de teinte beige ou beige orangé, renferme des inclusions de petite taille (Fig. 3.2-03 : a). Elle peut être associée avec une production dont les grains ont une taille proche mais qui montre une couleur différente : orange marron homogène. La répartition des grains est homogène et leur densité moyenne. Une autre pâte, un peu particulière, peut également être évoquée, elle montre un fond de pâte assez fin au sein duquel s’observent des inclusions de quartz, de petite ou moyenne taille, régulièrement dispersées ; la couleur de la pâte est également orange-marron (par exemple iso. 4674-1).

Enfin des pâtes granuleuses à inclusions moyennes, voire grosses, sont également visibles (Fig. 3.2-03 : b et d). De teinte beige ou gris clair, au cœur gris, elles dévoilent une fracture feuilletée avec une surface

extérieure parfois fissurée autour des grains (Fig. 3.2-03 : c et e). Ceux-ci sont généralement des inclusions de quartz mais sont aussi présents de petits cailloux ou des grains d’argilite. Des inclusions noires ou brunes, parfois dures (métalliques ?), sont aussi discernables ; cette production peut éventuellement être peinte. Parallèlement nous trouvons des pâtes plus fines et homogènes.

Certaines sont volontairement sombres du fait d’une cuisson ou d’un refroidissement en atmosphère réductrice. Il s’agit de pâtes sableuses, quelquefois à la texture rugueuse, d’un noir mat ou d’un gris bleuté, montrant fréquemment des fractures plus claires, gris clair ou beige rosé (Fig. 3.2-03 : f, g et h). Quelques tessons, rares, montrent un polissage de leur surface.

D’autres productions à pâte fine montrent à l’opposé des teintes claires allant du gris clair ou blanc au beige ou beige rosé.

Un petit nombre de ces tessons, à pâte rosée ou beige, sont peints puis polis (Fig. 3.2-03 : i et j). Leur pâte renferme parfois de toutes petites inclusions blanches (calcite ?). Une partie de ces fragments montrent des surfaces extérieures abimées, usées qui n’ont pas toujours conservés leur traitement de surface, d’autres au contraire sont beaucoup mieux conservés. Cette différence peut éventuellement tenir à la qualité originelle de la production (cuisson mieux maitrisée ?) ou à la nature des structures ou du sous-sol qui permettrait une conservation plus ou moins optimale.

Les peintures sont généralement de teinte rouge orange pour les tessons à pâte rosée et orange marron pour ceux à pâte beige ou blanche (Fig. 3.2-03 : k).

Une autre production à pâte très fine et sonore peut être évoquée ; elle est souvent micacée, de teinte beige, gris clair ou blanche. Sa couleur est homogène, parfois légèrement grise à la fracture (Fig. 3.2-03 : l et m). Des peintures décorent fréquemment ces tessons (Fig. 3.2-03 : h).

3.2.2.2 Répertoire et comparaisons

Le répertoire est très peu diversifié et se compose principalement de formes fermées, souvent utilisées comme pots à cuire ou récipients de conservation.

Un petit nombre de cruches est visible de même que quelques formes ouvertes, notamment des mortiers pour la période carolingienne. Ces pièces seront plus précisément décrites par la suite, elles peuvent être rapprochées de fragments mis au jour sur des opérations archéologiques, fouilles ou diagnostics, proches. Celles-ci sont nombreuses sur la commune de Tigery (Morin 2004-2005) mais également sur les

agglomérations voisines : Lieusaint (Cahu 2004) et Moissy-Cramayel à l’est (Desrayaud et Warmé 2016, Royer-Perez 2014), Vigneux-sur-Seine au Nord (Damour 2015) ou Bondoufle à l’ouest (Royer-Perez 2012), pour n’en citer que quelques unes.

3.2.2.3 La datation des productions

Toutes ces productions peuvent être rattachées à des périodes distinctes ; les pâtes granuleuses au haut Moyen Âge (VIe-Xe siècle), les pâtes fumigées et polies à l’époque mérovingienne (VIe-VIIIe siècle), les pâtes fines, peintes et polies à l’époque carolingienne (milieu du VIIIe - Xe siècle) et les pâtes sableuses claires à la période médiévale (milieu du Xe au XIIe siècle).

Ces datations correspondent à l’intervalle chronologique pendant laquelle ces groupes techniques ont été produits et utilisés. Si ces traditions se succèdent dans le temps, il faut cependant concevoir des

chevauchements dans leur utilisation. Les pourcentages respectifs de chacune de ces pâtes au sein des contextes permettent ainsi de moduler la datation proposée ; de même l’examen des éléments

morphologiques présents affine cette dernière.

Le tableau suivant (Fig. 3.2-04) montre la répartition globale de ces principales productions. Les tessons résiduels (antiques et protohistoriques au sens large) représentent environ 18 % du mobilier recueilli. Les productions typiquement mérovingiennes sont marginales. Nous verrons par la suite que les formes mérovingiennes en pâte granuleuse sont également excessivement rares.

Les pâtes granuleuses sont nettement majoritaires (près de 47 %). Pour l’essentiel, lorsqu’elles peuvent être rattachés à une forme, elles appartiennent à la période carolingienne. D’autres productions peuvent

également être rattachées à cette époque ; ce sont des productions volontairement sombres dont l’origine est à chercher dans les ateliers essonniens tels Saint-Maurice-Montcouronne ou Roinville-sous Dourdan. Nous noterons enfin que près d’un quart de mobilier est plus récent, il s’agit de productions claires et sonores, souvent micacées, de teinte beige clair à rattacher à la période médiévale.

Productions NR % NR Période

Proto 10 1,2 résiduel

Antique 151 17,8 résiduel

pâtes fines, fumigées et polies 9 1,1 mérovingien

pâtes granuleuses 397 46,9 mérovingien et carolingien

pâtes fines, peintes et polies 16 1,9 carolingien

pâtes sableuses sombres 30 3,5 carolingien

pâtes fines sombres 17 2,0 carolingien

pâte rugueuses sombres 1 0,1 carolingien

pâtes fines, sableuses claires 216 25,5 Moyen Âge

Total = 847 100

Fig 3.2-04 Répartition des principales productions céramiques médiévales sur le site

Les lots qui renferment peu de mobilier sont souvent mal datées, surtout lorsque les fragments sont réalisés dans des productions utilisées sur une longue période (comme les pâtes granuleuses par exemple) ; de plus il faut toujours rester prudent lorsque les indices chronologiques sont peu nombreux car ces éléments peuvent s’avérer résiduels ou intrusifs.

Les datations proposées par l’étude céramologique doivent donc toujours être réévaluées en prenant en compte la stratigraphie, l’analyse spatiale et confrontées aux autres indices « datants » lorsqu’ils existent (présence de petit mobilier métallique, datation archéomagnétique des fours domestiques, etc.).

3.2.2.4 La datation des contextes

L’examen de l’ensemble de la céramique d’un lot permet donc de proposer une datation à ce dernier qui s’avèrera plus ou moins précise selon le nombre de restes et sa composition (Fig. 3.2-05). Sont pris en compte les différents aspects des tessons (productions, formes et décors) et leur association et pourcentages respectifs.

Les structures étudiées, au nombre de 181, s’avèrent essentiellement des structures excavées : trous de poteau, fosse ou fossés, associés à quelques fours domestiques.

Nombre de faits % Antique ? 6 3,3 HMA 68 37,6 Mérovingien 11 6,1 Carolingien 41 22,7 Moyen Âge 55 30,4 TOT 181 100

Fig 3.2-05 Répartition chronologique des contextes

Un tiers de ces contextes restent donc daté d’une façon large, entre les VIe et le Xe siècle. Peu de structures mérovingiennes a été recensé (6%), 7 d’entre elles peuvent être datées entre le VIe et le VIIe siècle et 2 appartiennent à la transition entre l’époque mérovingienne et carolingienne, soit entre la fin du VIIe et la première moitié du VIIIe siècle.

La période carolingienne rassemble 23 % des lots, on pourrait éventuellement envisager de lui adjoindre une partie des contextes HMA car il y a peu de chance que ces derniers appartiennent à la période

mérovingienne, celle-ci étant visiblement très peu présente. Dans ce cas, plus de la moitié des ensembles pourraient appartenir à la période carolingienne (60 %).

Enfin la dernière période représentée correspond au début du Moyen Âge central (XIe-XIIe siècles). Les contextes médiévaux sont au nombre de 55 (soit 30%), les éléments morphologiques lorsqu’ils existent indiquent généralement une datation à placer dans le courant du XIe siècle même si quelques fragments peuvent aussi être datés du début ou de la première partie du XIIe siècle.

En résumé, la période d’occupation semble réduite, après un démarrage timide à la période mérovingienne où on pourrait plutôt évoquer une simple fréquentation du site, la population semble s’établir dans le courant du VIIIe siècle et y demeurer jusque dans la 1ère moitié du XIIe siècle.