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Plan 15 ), suggérant son appartenance à cette période.

3.2 Annexe 2 : Etude la céramique médiévale (Annie Lefèvre, Inrap)

3.2.4 Céramique mérovingienne

Fig 3.2-07 Tigery (91), Zac des Fossés Neufs / BMW - La céramique mérovingienne (© Inrap, Annie Lefèvre)

Les faits ayant livré de la céramique mérovingienne sont peu nombreux. Ils sont le plus souvent assez mal datés du fait d’un mobilier peu caractéristique et de surcroît assez indigent (Fig. 3.2-08).

Ils ont été placés dans cet intervalle chronologique de part les productions qu’ils renfermaient, association de productions granuleuses à petites inclusions et de pâtes fines, fumigées et polies et des formes mises au jour. Ce corpus est trop restreint pour que l’on puisse réellement en tirer des généralités.

* Les siècles sont divisés soit en deux parties : A correspondant à la 1ère moitié et B à la seconde moitié, soit en quart de siècle : a = de 0 à 25, b =

de 25 à 50, c = 50 à 75 et d = 75 à 99.

Fig 3.2-08 Faits ayant livré de la céramique mérovingienne

Les quelques formes identifiables peuvent être évoquées : des jattes à collerette en pâte fine et sombre ou en pâte granuleuse, malheureusement incomplètes (structures 4040 et 4637) et des pots en pâte granuleuse à petites inclusions. Certains pots montrent une lèvre relevée fine (iso. 4034-1, Fig. 3.2-07), une lèvre en hache (iso. 4541-1, Fig. 3.2-07) ou des lèvres éversées à section triangulaire (iso. 4144-1 et iso. 4674-1,

Fig. 3.2-07).

3.2.5 Période carolingienne

Quarante et un faits ont livré de la céramique carolingienne. Ils rassemblent un peu plus de 300 tessons correspondant à une soixantaine d’individus.

Les contextes semblent plutôt se concentrer sur le VIIIe et le IXe siècle mais on ne peut pas exclure la possibilité d’une occupation continue englobant le Xe siècle. Peut-être s’agit-il d’un biais consécutif à la documentation existante, d’autant plus que le XIe siècle est, comme nous le verrons par la suite, très présent. Les productions se partagent entre pâtes granuleuses, pâtes fines ou rugueuses sombres et pâtes claires, peintes et polies. Les productions granuleuses semblent plus variées que précédemment. Nous observons ainsi fréquemment la présence d’inclusions de taille moyenne (équivalente à 1 ou 1,5 mm), voire même plus importantes (2-3 mm) mélangés à des grains plus petits. Ces pâtes sont souvent de teinte beige, certaines d’entre elles peuvent être peintes. Les pâtes granuleuses à petites inclusions sont néanmoins toujours présentes et montrent des couleurs plus soutenues (souvent rosées ou rouge marron).

Ces observations doivent être nuancées car les surfaces sont souvent fortement marquées par des traces de feu (TF) du fait de l’utilisation comme pot à cuire d’un grand nombre de ces poteries, phénomène qui oblitère souvent leur aspect originel.

Les productions sombres montrent des surfaces d’un noir profond et mat ou plus claires, grises ou gris bleuté. L’aspect gris-bleuté craquelé de certaines d’entre elles peut entrainer des confusions avec des productions gallo-romaines. Les fractures sont toujours plus claires, grises, blanches ou rosées.

Ces productions sont sans doute issues des ateliers de potiers du sud de la région francilienne, nichés au cœur des vallées de la Rémarde à Saint-Maurice-Montcouronne (Goustard 2009) ou de l’Orge du côté de

Roinville-sous-Dourdan (Bourgeau 1987), au centre du département de l’Essonne. En partie fouillés et publiés partiellement, ces ateliers ont fonctionné pendant la période carolingienne et même par la suite, au Moyen Âge classique, en ce qui concerne le site de Saint-Maurice-Montcouronne (Goustard 1996). Ils se distinguent des autres ateliers de potiers franciliens contemporains par l’aspect de leur production, volontairement sombre, l’usage de décor poli ou modelé et des détails morphologiques précis : lèvre rectangulaire relevée fine, lèvre outrepassée au parement supérieur arrondi, etc.

Structure NR NMI Poids Datation proposée (TPQ) Siècle Remarques

4034 1 1 6 Mérovingien VI B - VII A * 4040 3 3 12 Mérovingien 4142 1 1 14 Mérovingien 4144 3 2 126 Mérovingien 4414 1 1 4 Mérovingien ? 4541 2 2 13 Mérovingien VI 4637 2 1 15 Mérovingien

4674 1 1 25 Mérovingien VII ou fin mérovingien ?

4784 1 3 Mérovingien ou antique ?

4619 6 1 68 Fin méro. - début caro.

4634 2 2 30 Fin méro. - début caro.

Les pâtes peintes et polies, très nettement minoritaires sur le site (une quinzaine de fragments au sein de cet ensemble), sont pourtant caractéristiques de cette période en l’Île-de-France et atteignent normalement 10 à 12 % des corpus. Il semble donc que nous nous situons ici en limite de leur zone d’influence. Comme nous l’avons noté en préambule, certains tessons montrent un état de conservation assez médiocre avec une peinture apparemment très usée. Ce constat a déjà été établi sur les sites voisins mais également sur des ensembles de Marne-la-Vallée comme par exemple à Jossigny « Le Pré Chêne » (Gentili, Séthian 2012).

Fait NR NMI Poids Datation proposée

(TPQ) Siècle Remarques 4006 1 1 103 Carolingien 4067 7 1 36 Carolingien VIII B 4096 1 1 48 Carolingien IX 4122 2 1 50 Carolingien VIII 4141 2 21 Carolingien X ? 4197 3 3 83 Carolingien 4213 3 1 26 Carolingien IX B 4228 4 15 Carolingien ? ou antique ? 4232 2 1 13 Carolingien VIII B 4236 4 1 12 Carolingien IX B 4258 2 1 101 Carolingien 4265 2 19 Carolingien 4271 3 14 Carolingien 4291 3 2 165 Carolingien 4296 2 11 Carolingien ? 4362 11 3 270 Carolingien 4376 4 28 Carolingien ? ou HMA 4389 4 2 64 Carolingien IX B 4393 7 105 Carolingien 4396 9 2 183 Carolingien 4411 1 4 Carolingien 4466 1 10 Carolingien 4492 1 1 12 Carolingien 4509 4 1 43 Carolingien

4513 4 2 16 Carolingien IX (ou XI ?) ou Moyen Âge (XI)

4519 13 7 272 Carolingien VIII d - IX 4520 6 2 96 Carolingien VIII d - IX A 4523 47 6 583 Carolingien VIII 4531 1 10 Carolingien 4550 45 6 428 Carolingien IX 4551 3 1 12 Carolingien VIII d - IX A 4552 2 2 18 Carolingien IX b - c 4557 1 1 5 Carolingien 4558 2 9 Carolingien 4566 13 1 117 Carolingien 4622 1 1 28 Carolingien VIII 4667 24 6 285 Carolingien IX A 4673 33 4 314 Carolingien IX A 4690 1 15 Carolingien 4717 21 2 342 Carolingien IX B 4744 2 1 85 Carolingien Total = 302 64 4071

Les formes sont mieux illustrées même si nous le rappelons, aucune pièce archéologiquement complète n’a été mise au jour.

En pâte granuleuse, l’essentiel des fragments se rapportent à des pots ou des cruches. Il est souvent difficile de faire la différence en l’absence des éléments verseurs ou des anses car certaines formes de rebords sont communes à ces deux types : les rebords en gouttière notamment, très nombreux sur le site. Ces rebords sont très particuliers : éversée, la lèvre est souvent creusée sur sa face supérieure alors que le parement inférieur est arrondi. De nombreuses variantes existent, allant des exemplaires relevés et peu concaves aux lèvres plus plates, l’extérieur tend également à devenir moins courbe et facetté, puis à section rectangulaire. La présence d’une anse ou d’un décor peint signale généralement une cruche, même en l’absence du verseur. Celui-ci peut être de différent type, la lèvre peut être simplement pincée pour former une goulotte ou un bec tubulaire peut être greffé sur la panse (tubulaire simple ou à l’extrémité pincé noté alors bec tréflé), associé le plus souvent à une anse opposée unique mais quelquefois aussi à 2 ou 3 anses.

Nous listerons rapidement quelques rebords en gouttière caractéristiques :

9 lèvre relevée, très peu creusée, caractéristique du début de la période carolingienne : iso. 4232-1

(Fig. 3.2-10), iso. 4523-1 (Fig. 3.2-12), iso. 4667-2, iso. 4667-3 (Fig. 3.2-14).

9 lèvre relevée et creusée à parement inférieur arrondi, à placer à la fin du VIIIe ou dans la première partie

du IXe siècle : iso. 4520-1, iso. 4519-3 et iso. 4523-1 (Fig. 3.2-12), iso. 4550-2, iso. 4550-3 et iso. 4550-5 (Fig. 3.2-13), iso. 4667-2, iso. 4673-1 (Fig. 3.2-14)

9 lèvre en gouttière plate, parfois facettée, du milieu ou de la seconde moitié IXe siècle : iso. 4213-1

(Fig. 3.2-10), iso. 4389-1 (Fig. 3.2-11), iso. 4552-1 Fig. 3.2-13),

Certains rebords adoptent des morphologies légèrement différentes avec des lèvres plates et éversées à l’extrémité relevée à section triangulaire. Ces lèvres se trouvent également sur des pots ou des cruches : iso. 4096-1 (Fig. 3.2-10) ou iso. 4362-2 (Fig. 3.2-11).

Une cruche à pâte à grosses inclusions montre également une lèvre presque plate, semi-rentrante ; une anse plate à repli vient se coller sur cette dernière, raccordant le rebord à l’extremum de panse (iso. 4550-1,

Fig. 3.2-13). Des traces de peintre sont visibles sur cette pièce.

Un autre rebord mérite d’être signalé car il montre un diamètre d’ouverture large assez inhabituel, sa lèvre est relativement courte, plate et proche des rebords en gouttière (iso. 4519-1, Fig. 3.2-12). On pourrait éventuellement imaginer qu’il s’agisse d’une cruche basse à large embouchure et panse arrondie, modèle qu’on observe parfois au début de la période carolingienne mais qui demeure mal connue car souvent incomplet. Quelques fragments ont été repérés dans le nord de la région parisienne sur des sites comme Louvre-Orville ou Villepinte ou plus au sud en Bassée (Lefèvre, Mahé 2004).

Outre ces pots, qui constituent la majorité des récipients en pâte granuleuse, nous remarquons également un nombre significatif de mortiers. En effet 4 individus différents, 3 rebords et une panse, ont été signalés ce qui reste assez inhabituel sur ce type d’habitat. Les rebords sont morphologiquement proches avec une lèvre plate et large surmontant une panse tronconique. L’exemplaire 4523-2 reste le plus petit avec un diamètre d’ouverture d’environ 16,5 cm (Fig. 3.2-12). Il est associé à un fragment de panse épaisse appartenant sans doute à un autre mortier. Nous noterons également la présence d’une autre forme ouverte de grande taille, réalisée dans une pâte fine et sableuse noire, assez inhabituelle (iso. 4523-3, Fig. 3.2-12). Celle-ci est proche des formes ouvertes à petite lèvre rentrante et collerette atrophiée que l’on observe à l’extrême fin de l’époque mérovingienne ou au début de la période carolingienne. Bien qu’elle soit marquée par de fortes traces de feu, apparemment postérieures à son abandon, une utilisation éventuelle comme mortier peut être envisagée même si nous n’observons pas de trace d’une usure intérieure (mais seule la partie haute est conservée).

L’isolation 4622-1 (Fig. 3.2-13) atteint 18 cm de diamètre et l’isolation 4197-1 près de 24 cm (Fig. 3.2-10). Habituellement ces pièces sont décorées d’une molette ou d’un décor peint sur les faces supérieures des lèvres et la panse mais ce n’est pas le cas ici.

Les décors sur pâte granuleuse sont d’ailleurs très peu présents sur le site, exceptés quelques tessons peints très lacunaires correspondant à 5 individus différents, aucune molette ou autre décor n’a été repéré.

Même constat pour les productions peintes et polies, très mal représentées : deux fragments de lèvre haute de cruche, sans doute à bec tubulaire simple, proviennent des structures 4489 et 4550 et un fragment de lèvre plate rentrante de la structure 4242 (non représentés car trop lacunaires).

Les tessons conservés ne montrent que des aplats peints uniformément excepté le fragment provenant de 4550 au décor incompréhensible (non dessiné) et l’isolation 4296-1 où on peut imaginer une zone

uniformément peinte surmontée de lignes concentriques emboitées séparées par des points (Fig. 3.2-10) à l’instar de ce que l’on connait sur des exemplaires mieux conservés notamment à Servon « l’Arpent Ferret », Chelles « fouilles de l’Abbaye » ou Saint-Denis sur les fouilles urbaines (Lefèvre 2006).

Quelques formes caractéristiques des productions rugueuses ou sableuses sombres peuvent être évoquées : outre les rebords 4509-1 (Fig. 3.2-11) et 4566-1 à la lèvre rectangulaire fine (Fig. 3.2-13), nous pouvons mentionner des éléments appartenant vraisemblablement à une cruche. Celle-ci provient de la structure 4362 (iso. 4362-1, Fig. 3.2-11). Sa pâte est rugueuse, gris bleuté en surface avec une fracture légèrement plus claire. Elle est équipée d’une large lèvre plate semi rentrante sur laquelle vient s’accrocher une anse plate, incurvée et repliée sur un côté. On imagine qu’un dispositif verseur était opposé à cette dernière, sans doute un bec tubulaire tréflé venant se poser sur la lèvre. Contrairement à ce qui est fréquemment observé sur ces cruches, aucun décor n’est constaté. Il s’agit généralement de décor réalisé au polissoir, provoquant des effets de contraste entre les surfaces polies (uniformément ou lignes polies parallèles, croisées ou en chevrons) et les zones laissées brutes et demeurant mates. Des décors modelés (panse pincée ou repoussée) ou imprimé sont aussi possibles.

Par contre nous pouvons observer une molette géométrique sur une panse en pâte fine et sombre provenant de la structure 4509 (iso. 4509-2, Fig. 3.2-11). Ce décor surprend par la profondeur inhabituelle de cette molette.