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Pourquoi le présent de l’indicatif, le futur de l’indicatif et le présent du conditionnel ?

Compte tenu des différences du nombre de modes et de temps en persan et en français, nous avons choisi de centrer notre recherche sur les temps présent et futur du mode de l’indicatif et le temps présent du mode conditionnel.

Pourquoi le présent ? Le présent détermine les autres temps, il est la racine. Le présent, c’est ici et maintenant, c’est l'instant. Il existe en persan et s'emploie de la même façon qu'en français.

Pourquoi le futur simple ? Il existe dans les deux langues. Cependant, il ne s'utilise pas dans les mêmes situations dans une langue et dans l’autre.

Pourquoi le mode conditionnel ? Il n'existe pas en persan. Il paraît donc intéressant de voir ce que font les étudiants lorsqu’ils sont confrontés à un mode qui n’appartient pas à leur langue.

A travers une analyse contrastive des deux langues, sur les trois formes temporelles en question, nous présentons quelques pistes de la tendance des étudiants persanophones à transférer les règles de leur langue source dans leur langue cible, ce qui peut les conduire à commettre des erreurs ou à produire des énoncés qui ne sont pas très courants ou pas assez expressifs dans ces situations :

Ex1. Utilisation du temps présent au lieu du futur

En français : Nous irons à Paris dans deux ans. En persan : [Nous allons à Paris dans deux ans].

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En persan, pour exprimer la même idée, on se sert du présent de l’indicatif. Malgré l’existence du futur simple, celui-ci n’est utilisé que dans les contextes purement officiels, comme les informations émises à la télé ou les lettres administratives.

Ex2. Utilisation du mode subjonctif au lieu de l’indicatif

En français : S’il pleut demain, je ne sortirai pas. En persan : [S’il pleuve demain, je ne sors pas].

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La grammaire de la langue française, exige l’emploi du présent de l’indicatif après [si] dans l’expression du condition→ si + le présent de l’indicatif + le futur simple de l’indicatif, tandis que, pour la même expression en persan, la grammaire de la langue persane exige l’emploi du présent du subjonctif→ si + le présent du subjonctif +le présent de l’indicatif. D’ailleurs, le verbe de la deuxième phrase après [si] pourrait être exprimé au présent de l’indicatif, pour la même raison que dans le premier exemple.

Ex3. Utilisation du mode de l’indicatif au lieu du conditionnel A :

En français : Je savais qu’il ne viendrait pas. En persan : [Je savais qu’il ne vient pas].

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Le futur dans le passé et en général le conditionnel du français est exprimé en persan par le présent de l’indicatif.

B :

En français : On a sonné, ce sera le facteur.

En persan : [On a sonné : il est possible/probable que ce soit le facteur]. [On a sonné : éventuellement/probablement, c’est le facteur]. [On a sonné : c’est le facteur].

[On a sonné : il doit être le facteur].

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En français : Il pourrait arriver d’un instant à l’autre.

En persan : [C’est possible/ probable qu’il arrive d’un instant à l’autre]. [Il arrive d’un instant à l’autre].

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D :

En français : Le Président de la République rencontrerait le Pape prochainement.

En persan : [On dit que le Président de la République rencontre le Pape prochainement].

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E :

En français : Nous pourrions aller voir l'exposition. En persan : [Nous pouvons aller voir l'exposition].

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F:

En français : Vous devriez voir un médecin.

En persan : [Il faut que vous alliez voir un médecin].

[Il vaut mieux que vous alliez voir un médecin].

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G :

En français : J'aimerais savoir dessiner. En persan : [J'aimais savais dessinais].

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H:

En Français : Deux enfants jouent. L'un dit à l'autre : "Je serais la maîtresse et tu serais l'élève insupportable."

Persan : [Deux enfants jouent. L'un dit à l'autre : "Je suis la maîtresse et tu es l'élève insupportable"].

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En persan, pour montrer l'éventualité, nous ajoutons des expressions du genre : "il est possible que", "il est probable que", en mettant le verbe au présent du subjonctif ; on peut aussi ajouter les adverbes "éventuellement" ou "probablement" en gardant les verbes au présent de l'indicatif et même parfois sans ajouter ces adverbes qui seront pourtant sous- entendus, les verbes restent au présent de l'indicatif.

En persan : "Il est possible que" + le présent du subjonctif / En français : "Il est possible que" + le présent de l'indicatif.

En persan : "Il est probable que" + le présent du subjonctif/ En français : "Il est probable que" + le présent du subjonctif.

En persan : "Éventuellement" / "Probablement" + le présent de l'indicatif ou le présent du subjonctif / En français : "Éventuellement" / "Probablement"+ le présent de l'indicatif ou le présent du conditionnel.

Un autre aspect qui mérite d’être précisé concerne la conjugaison des verbes qui succèdent au verbe principal de la phrase : dans la grammaire française, les verbes qui succèdent au verbe principal doivent garder leur forme d’infinitif sans être conjugués, alors que ces verbes doivent absolument se conjuguer avec le sujet, cette règle est en cohérence avec ce que nous l’avons expliqué sur les modes de langue persane dont l’infinitif ne fait pas partie. C’est pourquoi nous pensons que dans l’exemple G, l’étudiant est capable de conjuguer les verbes (savoir, dessiner) qui succède le verbe principal (aimer) de la phrase : J'aimerais savoir dessiner→ [J'aimais savais dessinais].

Nous avons donné dans ce chapitre un aperçu général sur la correction des erreurs. Afin d’étudier les erreurs dans l’utilisation des temps - le présent de l’indicatif, le futur de l’indicatif et le présent du conditionnel - chez les étudiants persanophones il nous est aussi apparu nécessaire de présenter l’expression de ces modes et temps en français et en persan. Sachant qu’il y a plusieurs formes temporelles en français, nous en avons sélectionné trois en considérant leurs valeurs fondamentales, dans le but, essentiellement, de chercher à comprendre le processus de l’erreur chez les apprenants persanophones dans leurs productions écrites.

La pédagogie de

l’erreur en production

écrite dans

l’apprentissage du

française langue

étrangère, chez les

étudiants

persanophones

Chapitre V

1. Le terrain de la recherche

Le passage à l'écrit est une étape très difficile à franchir pour les étudiants et même pour les enseignants de FLE qui ont pourtant suivi une formation à cet effet. Ils avouent leur fréquent blocage en situation de production écrite. Les étudiants sont souvent dévalorisés à cause des erreurs commises, surtout en ce qui concerne des parties de langue enseignées une seule fois. Ceci apparaît lors de l’enseignement du français comme langue seconde chez les étudiants persans. Notons cependant qu’il existe un immense écart entre la langue persane et le français qui doit être pris en considération. C’est pourquoi les erreurs commises en production écrite par les étudiants persanophones font l'objet de cette recherche.

Il y a deux types d'erreurs dont la détection est du domaine de la docimologie13 :

- des "erreurs de savoir-faire": perturbation dans l'application d'une règle pourtant connue, due à la fatigue, au stress, à l'émotion occasionnée par la situation d’évaluation. Ceci correspond à ce qu'on appelle couramment "une faute" ;

- des "erreurs de savoir": ils révèlent l’activité intellectuelle de l'étudiant, s’agissant d’erreurs systématiques que l'étudiant est incapable de corriger, alors qu’il est capable d'expliquer la règle qu'il a appliquée. Ceci correspond à ce qu'on appelle couramment "une erreur".