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En critiquant les études contrastives, de nombreux chercheurs signalent que toutes les difficultés apparues lors de l'apprentissage des langues étrangères ne sont pas forcément dues à la langue maternelle, mais peuvent être dues à d’autres facteurs.

2.1. Définition de l’analyse des erreurs

L’analyse contrastive compare la langue cible à la langue source, alors que l’analyse des erreurs compare la langue cible à l’interlangue des apprenants, susnommé ‘étude comparative appliquée’.

Par ailleurs, la possibilité de faire l’analyse des erreurs sans connaître la langue maternelle des apprenants est présentée comme un avantage par l’analyse des erreurs sur l’analyse contrastive. Selon Besse et Porquier (1991, p. 216), l’analyse des erreurs est donc un complément ou un substitut économique aux analyses contrastives.

En se basant sur les difficultés rencontrées au cours de l’apprentissage de la langue étrangère, l’analyse des erreurs ouvre un champ fécond aux recherches et elle apporte une contribution certaine à l’enseignement des langues. Elle ne s’occupe non seulement des erreurs dans le domaine de l’interférence de la langue source, mais aussi des erreurs dues à des difficultés proprement internes à la langue cible. Celles-ci apparaissent comme le reflet du niveau de la compétence des étudiants sur la langue apprise à un moment donné et comme l’illustration de quelques caractéristiques générales du processus d’acquisition de la langue étrangère. Autrement dit, l’analyse des erreurs ne peut pas remplacer l’analyse contrastive, mais elle offre des solutions supplémentaires que cette dernière ne met pas en lumière (Besse et Porquier, op. cit.).

Cependant, les dialectes idiosyncrasiques des apprenants ne peuvent être décrits ni à travers le système de règles de la L1, ni à travers le système de règles de la langue cible ; ils partagent des traits de chacun de ces systèmes (Corder, 1980, p.20). D’après le schéma d’interlangue de Corder, l’interlangue peut être considérée comme composée de trois sous- systèmes:

- une partie du système de la langue source - une partie du système de la langue cible

- un système de règles n’appartenant ni à l’un ni à l’autre de ces deux systèmes, donc spécifique au dialecte idiosyncrasique de l’apprenant à un moment donné. Ce système est nommé aussi système approximatif, compétence transitoire, dialecte transitoire, système intermédiaire, système approximatif de communication ou système approché.

En bref, si l’analyse des erreurs peut expliquer, contrairement à l’analyse contrastive, des erreurs de sources différentes, elle permet également de mieux comprendre le processus psychologique de l’apprenant lors de l’apprentissage d’une langue étrangère.

2.1.1. L’interlangue et l’influence interlinguistique

L’influence interlinguistique est un terme proposé dans les années 1980 afin d’inclure certains phénomènes comme le transfert, l’interférence, l’évitement, l’emprunt et les aspects appropriés de manque langagier de L2. Le phénomène de transfert de L1 persane en acquisition de L2 français apparaît dans l’étude contrastive de Rahmatian (1995). A partir d’une analyse contrastive, ainsi que d’une analyse d’erreurs, l’auteur met l’accent sur le phénomène de transfert à partir de la langue maternelle persane sur les productions des apprenants en français. Son hypothèse contrastive se fonde sur le principe que la langue maternelle (L1) exerce une forte influence sur la langue étrangère au cours de l’apprentissage de celle-ci. Il en résulte que :

- L’apprenant transfère continuellement ses habitudes langagières de langue persane en français.

- S’il y a identité ou au moins grande ressemblance entre la structure langagière persane et la structure langagière française, l’apprenant parviendra, grâce à un transfert positif, à un énoncé correct en langue française.

- Des différences entre les structures correspondantes des deux langues, par contre, provoquent un transfert négatif et donc un énoncé fautif. »

Ces hypothèses ont généré la comparaison systématique des structures de la langue persane et la langue française afin d’être en mesure de décrire et donc de prévoir exactement les lieux susceptibles de causer des difficultés, puis de provoquer des fautes. Ainsi une hiérarchie des difficultés dans l’acquisition de la langue française a-t-elle été établie chez les iraniens.

Pour tester la validité de ces hypothèses, l’auteur a procédé à une expérimentation auprès d’étudiants iraniens qui séjournaient en France depuis un an et se préparaient à poursuivre leurs études dans ce pays. Ultérieurement, il a effectué une expérimentation plus approfondie auprès d’étudiants de l’université de Téhéran. Il constate un fond commun, celui

de son enquête sur corpus, le chercheur estime que la plupart des difficultés sont dues aux facteurs suivants :

- Les faits qui existent dans le système français mais qui n’existent pas dans le système persan ;

- Les habitudes morphologiques et syntaxiques du persan qui interfèrent avec celle du français ;

- Les distributions différentes (Ex. la place des pronoms personnels en fonction de leur antécédent d’objet direct ou indirect, la place de l’adjectif…) (Ibid).

Une autre analyse des erreurs (Fahandej Saadi, 2010), sur la même population que le nôtre, distingue deux catégories d’erreur :

- Des erreurs interlinguales, représentant les erreurs dues à l’interférence de la langue persane;

- Des erreurs intralinguales, représentant les erreurs dues à la complexité de la langue française.

Ces dernières années, les recherches réalisées dans le domaine de l’acquisition d’une langue étrangère ont connu des développements importants dans le domaine des erreurs commises en langue étrangère et donnent à une nouvelle analyse des erreurs. Celle-ci prend alors en compte l’aspect typologique et la psychotypologie linguistique des erreurs.