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Différents chercheurs ont abordé la question de la typologie des erreurs commises par les apprenants dans l’apprentissage d’une langue étrangère. Ils classent ces erreurs selon des critères différents.

2.1. Globalité ou localité d’erreur

Pour Burt et Kipasky(1974) une erreur peut être globale ou locale10.

2.1.1. Erreur globale

Selon ces deux linguistes, l’erreur globale est une erreur qui touche la structure globale de la phrase et entrave sérieusement la communication.

Par exemple, dans la phrase suivante le sens est complètement perdu en raison de gravité de l’erreur.

Ex. “Mes cheveux ne sont pas assez longs que je puisse les attacher”→ [“Mes chevaux ne sont pas longs pour puisse soient garder dans la tête”].

2.1.2. Erreur locale

Contrairement à l’erreur globale, l’erreur locale touche un seul élément et elle n’entraîne pas la perte du sens de l’énoncé. Malgré la présence d’une ou plusieurs erreurs, la communication se déroule.

Ex. “ J’ai acheté une belle maison”→ [“J’ai acheté un beau maison”], le sens de message est facilement reconnaissable.

2.2. Erreur interlinguale, erreur intralinguale, erreur développementale

Richards (1980) divise l’erreur en trois types principaux :

2.2.1. Erreur interlinguale

L’erreur résulte dans ce cas de la langue maternelle de l’apprenant ou plus précisément des transferts négatifs que fait l’apprenant de sa langue maternelle à la langue étrangère qu’il

est en train d’apprendre. Ce type d’erreur se produit lorsque l’apprenant n’arrive pas à distinguer un trait spécifique dans la langue cible, différent de la langue source, afin d’arriver à produire en langue cible.

Ex. Un natif anglais peut énoncer en français, [“ils parlent leur”] à la place de “ils leur parlent”. Cet apprenant, pour produire cet énoncé, s’est appuyé sur l’ordre des mots en anglais “ they are speaking them” en produisant un énoncé syntaxiquement incorrect en français.

Le terme “interlingual” vient de Selinker (1972) ; les erreurs interlinguales peuvent se trouver dans plusieurs domaines tels que la phonologie, la lexicologie et la morpho-syntaxe.

2.2.2. Erreur intralinguale

« Les erreurs intralinguales sont celles qui concernent directement l’acquisition de la langue étrangère. » (Öztokat, 1993, p.70). Il s'agit, d'un point de vue cognitiviste, des sources d'erreur qui se trouvent dans la langue cible, elle-même. Si l’apprenant ne connaît pas bien les règles de la langue étrangère qu’il est en train d’apprendre, pour produire un énoncé, il commettra des erreurs en s’inspirant d’une autre forme ou règle qui ressemble à ce qui est demandé et en mélangeant les règles grammaticales acquises. D’après Richards (1992, p.187), ce type d’erreur provient d’un apprentissage défectueux ou partiel de la langue cible de l’apprenant. Les erreurs interlinguales se trouvent souvent chez les apprenants d’une langue étrangère commune, mais de langue maternelle différente.

Ex. Pour “Il allait chanter”, le locuteur forme→ [“Il va chantait ”] ; Ex. Pour “Il chantait”, le locuteur produit→ [“Il chanter”].

2.2.3. Erreur développementale

L’erreur développementale est un type d’erreur qui disparaît avec le développement de l’acquisition de l’apprenant. Celui-ci construit, en effet, des hypothèses sur la langue cible, en appuyant sur une expérience langagière limitée. La question se pose alors de la similarité des modalités d’acquisition d’une langue, maternelle pour certains ou étrangère pour certains d’autres ; en effet, ce genre d’erreur est commun entre les jeunes enfants natifs et les apprenants débutants étrangers pour cette même langue.

Ex. Pour écrire le participe passé de certains verbes comme “couvrir” ou “offrir”, au lieu de “couvert” ou “offert”, il crée [“couvri”] ou [“offri”] et cela parce qu’il a appris à former le participe passé des verbes régulier se terminant en -ir, en supprimant le -r de l’infinitif.

Ce type d’erreurs disparaît lorsque l’apprenant parvient à distinguer les verbes réguliers se terminant en -ir des verbes irréguliers se terminant également en -ir.

2.3. Erreur par manque de compétence, erreur par manque de performance

Els, Bongaerts, Extra, Os et Janssen-van Dieten (1984) se sont inspirés de la théorie chomskyenne pour distinguer deux types d’erreurs lors de l’apprentissage d’une langue étrangère : l’erreur par manque de compétence et l’erreur par manque de performance.

2.3.1. Erreur par manque de compétence

Le Robert (2002, p.30) définit la compétence comme une connaissance ou une capacité reconnue dans un domaine particulier. Pour Chomsky, en grammaire générative, et contrairement au Robert, une connaissance est une compétence implicite, innée ; comme celles que tout individu possède de sa langue maternelle. Les erreurs par manque de compétence sont dues au contexte d’expression ; ces erreurs sont systématiques durant l’acquisition des compétences interculturelles.

2.3.2. Erreur par manque de performance

La performance oppose logiquement à la compétence. Dans le cadre de la théorie de la communication, elle peut être définie comme la manifestation de la compétence d’un individu à utiliser les actes de parole appropriés dans une situation de communication donnée. Les erreurs par manque de performance sont occasionnelles. Cette distinction rappelle celle que Saussure établit entre la langue et la parole, puisque l’étude de la langue –objet de la linguistique– ne peut être conduite qu’à partir de l’étude des actes de parole et de leurs réalisations sous la forme des énoncés.

Si différents chercheurs ont pu relever des types d’erreurs et la démarche susceptible d’engendrer des erreurs dans l’apprentissage d’une langue étrangère, d’autres se sont penchés sur la prise en compte des erreurs dans l’enseignement de celle-ci.