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Chapitre 2 : Techniques expérimentales

2.1 Elaboration et fabrication

2.1.3 Fusion laser sur lit de poudres

2.1.3.4 Préparation numérique et paramètres du procédé

Le point de départ de l’ensemble de ces procédés est le fichier CAO en 3D de la géométrie à fabriquer.

Elle est importée au format dans un logiciel, Magics, qui permet la réparation des fichiers .stl, le

positionnement des pièces sur le plateau, la génération de supports, le choix des paramètres laser et des

stratégies de scan, le découpage en slices des pièces.

__________________________________________________________ 2.1 Elaboration et fabrication

Dessin des objets en CAO

Les pièces peuvent être dessinées avec n’importe quel logiciel de CAO. Elles sont exportées au format

.stl qui a historiquement été crée pour la stéréolithographie. Il décrit seulement la géométrie de surface

d’un objet par une série de triangles. Cette géométrie est nécessairement fermée.

Réparation des fichiers .stl

Après export des logiciels de CAO, les objets sont importés dans le logiciel Magics de Materialise qui

est le leader mondial dans les logiciels de fabrication additive. Les .stl ainsi importés peuvent contenir

des erreurs : triangles superposés, intersections de triangles... qu’il est indispensable de corriger. La

correction automatique peut être utilisée mais il est parfois nécessaire de corriger manuellement. Le

logiciel Magics dispose également d’outils de CAO qui permettent de dessiner des formes simples, de

réaliser des opérations booléennes...

Orientation et positionnement des pièces

Les formes les plus simples à fabriquer en SLM sont les murs droits et autres formes extrudées. Dans

la pratique, il est rare que de telles pièces soient réalisées par fabrication additive. Il faut alors faire

attention à un certain nombre d’éléments lors du positionnement des pièces. Il convient en premier

lieu de limiter les grandes surfaces à scanner en une même couche car elles sont propices à

l’apparition de fortes contraintes. Il faut limiter la quantité de supports, nécessaires dès lors qu’une

surface forme un angle inférieur à 45° avec le plateau, car ceux-ci sont parfois difficile à retirer

« proprement » et peuvent causer des rugosités indésirables. L’absence de support sur ces mêmes

surfaces provoque également rugosité, effondrements et même porosité car le lit de poudre n’est pas à

même de supporter la matière en fusion. Il faut détecter les géométries critiques pour le procédé SLM.

Plus l’angle est faible, plus la qualité de surface de la pièce sera mauvaise [144], [145]. Il faut donc

faire attention à toutes les surfaces en porte-à-faux : surfaces en pente en dessous de 45°, perçages,

fenêtres, épaulements, poches, évidements... et tenter d’orienter la pièce de manière à les éviter. On

place préférentiellement un cylindre ou un perçage parallèlement à la surface de construction et on

incline la pièce pour limiter les porte-à-faux. Il faut trouver un compromis afin d’assurer la meilleure

qualité de pièce en mettant la priorité sur les surfaces fonctionnelles.

Le positionnement des pièces sur le plateau doit en premier lieu éviter au recoater la rencontre avec

des faces ou arêtes parallèles au joint racleur. On pivote alors les pièces dans le plan (généralement de

5°). De plus, il est préférable d’éviter l’alignement des pièces dans la direction de passage du recoater

de sorte que, si un problème survient sur une pièce et abime le joint racleur, les autres pièces ne soient

pas impactées. De même, l’alignement des pièces dans la direction du balayage d’argon est déconseillé

pour éviter que des projections ne retombent sur la pièce adjacente en cours de scan et favorisent les

Chapitre 2 : Techniques expérimentales _________________________________________________________

porosités. Il n’est pas toujours évident de respecter ces règles alors qu’en général la fabrication d’un

maximum de pièces sur un plateau est souhaitée.

Génération de supports

Les supports sont essentiels en fabrication additive sur lit de poudre. Ils permettent de maintenir en

place les pièces pendant la fabrication, ils assurent le transfert de chaleur généré lors de la fabrication

de la couche supérieure vers le plateau de fabrication, ils limitent la déformation des pièces fabriquées

et supportent les nouvelles couches successives de surfaces en pente. Ils sont fabriqués dans le même

matériau que la pièce et peuvent être supprimés plus ou moins facilement. Il est essentiel de trouver un

compromis entre des supports assez « forts » pour maintenir la pièce et assez « faibles » pour être

aisément retirés.

Les supports sont de plusieurs types comme présenté en figure 37 [146]. Chaque type de support est

adapté à un différent type de surface à supporter. Les supports de type Block sont ceux

majoritairement utilisés.

Figure 37 : Les différents types de supports [146]

Un support peut être décomposé en deux parties fonctionnelles : des « dents », teeth, qui lient la pièce

à la partie principale des supports et permettent de limiter la surface en contact avec la pièce pour

faciliter le retrait, et la structure principale des supports. De nombreux éléments sont paramétrables sur

les supports tels que la distance entre les dents, la hauteur des dents, une fragmentation de la

structure... Il est également possible de créer des perforations de forme rectangulaires ou en losange

dans la structure principale des supports pour faciliter le détachement. L’ensemble de ces éléments va

déterminer la rigidité des supports et leur capacité à remplir leurs fonctions. Une étude assez complète

sur le design des supports a été réalisée en 2014 par Calignano [146].

Choix des paramètres de balayage et des stratégies

Comme mentionné en chapitre 1, les paramètres de scan les plus importants sont la vitesse de scan v

(mm/s), la puissance du laser P (W), la distance entre les hachures h (mm) et l’épaisseur de couche t

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nouveau matériau et ils peuvent être combinés pour former un paramètre de densité d’énergie en

J/mm

3

. L’équation 4 rappelle la formule déjà évoquée au chapitre 1.

Équation 4

Pour la machine Realizer, avec balayage discontinu, cette formule devient (équation 5) :

Équation 5

La vitesse de scan dépend de l’inertie des miroirs optiques. La puissance maximale est définie par le

laser implanté dans la machine. Elle peut être de 400, 700 voire 1000 W, et certaines machines sont

équipées de deux lasers pour accélérer le processus. Ces deux paramètres sont souvent modifiés en

même temps. Une puissance élevée et une vitesse faible va générer un apport d’énergie très important

alors qu’une puissance faible et une vitesse élevée fournira très peu d’énergie au lit de poudre. Il est

essentiel de trouver l’équilibre adapté à une fusion complète et stable.

L’épaisseur de couche est choisie de manière à ce que la pénétration du laser et la profondeur du bain

de fusion soient assez importantes pour faire fondre les couches sous-jacentes, mais elle est limitée par

la taille des particules de poudre. Il n’est toutefois pas nécessaire de choisir une épaisseur de couche

supérieure à la granulométrie car lors de la fusion, le niveau supérieur « descend » grâce à la

densification de la matière. La couche suivante a donc une épaisseur plus importante que l’épaisseur t

imposée comme illustré par la figure 38. De plus, une épaisseur de couche faible améliore la résolution

en réduisant la rugosité induite par l’effet « escalier » dans les surfaces en pente.

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Il existe aussi plusieurs stratégies de scan pour contrôler les chemins suivis par le laser. Les deux

principaux patterns possibles sont représentés en figure 39 : chess et stripes (ou hachures). Dans les

deux cas, une ou plusieurs bordures forment les contours de la pièce, elles ont leurs propres paramètres

de puissance, vitesse... Dans le cas du chess, la taille des « carreaux » du damier est définie. Pour les

hachures, principalement utilisées dans ces travaux, une longueur maximale de vecteur est choisie

ainsi qu’un angle de rotation entre les hachures de deux couches consécutives. Tous les paramètres

peuvent être différents d’une pièce à l’autre sur un même plateau sauf la hauteur de couche qui doit

rester constante.

Figure 39 : Stratégies de scan

Bien d’autres paramètres peuvent être modifiés, mais ceux mentionnés sont les principaux et sont ceux

auxquels nous nous sommes intéressés.

Découpage en slices

La géométrie, dotée de paramètres de fabrication, est découpée grâce au logiciel Magics, en slices

représentant chacune un dessin 2D. Un ré-empilement des slices reconstituerait la géométrie 3D.

Chacune des slices correspond alors à une couche de matière qui sera déposée au cours de la

fabrication. Dans chacune d’elles, les trajectoires du laser sont présentes. Les méthodes de fabrication

additive traitent les fichiers d’entrée slice après slice pour une fusion couche après couche de la

matière.