Les modalités de recueil de données exposées, abordons maintenant la question de la préparation des données.
La retranscription
A l’issue de chaque accompagnement, le soir même ou le lendemain, nous reprenions et complétions nos notes d’observation à l’ordinateur. Nous avons intégralement retranscrit les
entretiens 96. Pour faciliter la lecture, nous avons retranscrit le texte dans une orthographe
standard (et non phonétique). Nous sommes consciente que nous aurions pu faire un travail de retranscription plus fouillé : faire un codage temporel, préciser quand les propos des
interlocuteurs se chevauchent, préciser si l’intonation est montante ou descendante, préciser les
mots qui sont accentués, etc. Pour souci d’efficacité, nous avons préféré nous en abstenir.
Le codage dans Nvivo
Une fois la retranscription réalisée, nous avons importé nos données dans le logiciel Nvivo. (Une clé avec notre fichier Nvivo sera transmise aux membres du jury). Dans un premier temps, de façon inductive, nous avons organisé les données récoltées sur 10 apprenants. Cela nous a permis
de restituer les premiers résultats de notre enquête terrain à l’ensemble des participants de la
recherche (cf.l’étude en annexe, p.340-358). Puis, en faisant des allers-retours entre nos données
et nos hypothèses, nous avons élaboré notre modèle d’analyse (cf. la section « du modèle
d’analyse initial au modèle d’analyse final). Pour réaliser cette analyse, nous ne nous sommes pas
appuyée sur une méthode d’analyse de contenu particulière, nous avons procédé de manière intuitive. Nous sommes consciente que cela constitue une limite.
Voici l’arborescence finale des nœuds97 dans Nvivo : pour le nœud « Dispositif AST », nous avons
créé 5 « nœuds fils» correspondant aux 5 conditions à respecter pour qu’il y ait dispositif AST.
L’hypothèse 1 et 2 sont organisées selon le même principe. On peut voir aussi qu’on a créé un
nœud pour chaque apprenant et «des nœuds fils » pour chacun des apprentissages repérés lors
de l’accompagnement AST observé.
Nœud « Nœud fils» et nœuds petit-fils
Dispositif AST Le compagnon n’a pas de pouvoir hiérarchique Le compagnon est expert dans le métier de l’apprenant
Pendant l’accompagnement, l’apprenant a travaillé en situation réelle Le compagnon a observé l’apprenant pendant l’accompagnement
Le compagnon a fait un débrief à l’apprenant pendant l’accompagnement
Hypothèse 1 Il y a apprentissage
L’apprentissage porte sur le modèle opératif
Il y a facilitation Le dispositif AST facilite les apprentissages « en général ». Pendant l’accompagnement observé, un apprentissage a été facilité.
Hypothèse 2 L’apprenant est engagé
L’apprenant est peu ou pas engagé. Données par apprentissage Apprenant 1
▪ Apprentissage 1 ▪ Apprentissage 2 ▪ Apprentissage 3 Apprenant 2 ▪ Apprentissage 1 ▪ Apprentissage 2 ▪ Apprentissage 3 Apprenant .
3.5. Résumé
A l’issue de ce chapitre sur la méthodologie, récapitulons les 4 conclusions auxquelles nous sommes arrivée.
1. Nous avons défini la population étudiée : il s’agit d’une vingtaine de techniciens d’intervention
réseau et de préparateurs issus de 5 directions régionales d’ERDF. Après avoir brièvement décrit leur activité, nous avons présenté notre échantillon. Le voici :
apprenant âge genre poste niveau
habilitation
formation initiale
Philippe 20-24 M tir cdt / cdc bep électrotech.
Pascal 35-39 M cdt / cdc cdt / cdc bac pro électrotech.
Daniel 20-24 M tir exécutant -
Dominique 35-39 M tir cdt / cdc -
Alain 20-24 M tir exécutant bac pro électrotech.
Alexandre 20-24 M tir exécutant bac pro électrotech.
Christophe 30-34 M tir exécutant bac pro électrotech.
David 35-39 M tir exécutant -
Nathalie 30-34 F tir alternant alternance monteur
Isabelle 25-29 F tir alternant alternance monteur
François 20-24 M préparateur cdc bts
Jean 20-24 M tir cdt / cdc bac pro électrotech.
Hervé 25-29 M tir exécutant bac pro électrotech.
Guillaume 20-24 M tir alternant bac pro électrotech.
Stéphane 20-24 M préparateur cdc bts
Christian 25—29 M préparateur cdc licence
Didier 25-29 M tir cdt / cdc bac pro électrotech.
Vincent 25-29 M tir cdt / cdc bac pro électrotech.
Pierre 30-34 M préparateur cdt / cdc bep électrotech.
Bernard 25-29 M tir cdt / cdc bac pro électrotech.
Arthur 40-44 M préparateur cdc -
Ensuite, nous avons présenté le dispositif ASTprescrit par l’entreprise. Nous avons aussi exposé
les modalités d’accès aux participants: d’après leur RHrégionaux et leur chef d’agence, « ils font
de la PST ». La ligne managériale ainsi que les participants pré-identifiés par le chef de base ont
2. Notre modèle d’analyseest maintenant défini :
Dispositif AST Le compagnon n’a pas de pouvoir hiérarchique sur l’apprenant et est expert dans le métier.
Pendant l’accompagnement, l’apprenant travaille en situation réelle. Pendant l’accompagnement, le compagnon observe l’apprenant travailler. Si besoin, en cas de difficulté, erreur ou danger, il peut être amené à intervenir. Pendant l’accompagnement, dès que l’apprenant a achevé son activité, le compagnon mène un débrief.
Hypothèse 1
Le dispositif AST facilite les processus de transformation du modèle opératif98 chez l’apprenant.
Un processus d’apprentissage est en cours.
Le processus d’apprentissage porte sur le modèle opératif.
Ce processus de transformation du modèle opératif est facilité par le dispositif ou le dispositif AST facilite les apprentissages « en général » Hypothèse 2
Le dispositif AST facilite les apprentissages en tant qu’il offre des opportunités qui suscitent l’engagement de l’apprenant.
L’apprenant évalue de façon positive les opportunités présentes dans l’AST ou il souligne que l’AST favorise son engagement.
Hypothèse 3 Abandonnée
Nous tenons à rappeler que le modèle d’analyse ne fait pas l’objet d’une application mécanique. Notre codage est le fruit d’un travail d’interprétation : nous avons pris en compte le contexte, des
éléments sur lesquels nous ne disposons pas de traces tangibles comme l’attitude de l’apprenant
pendant l’accompagnement et les entretiens.
98A la différence de Pastré, nous nous intéressons à un modèle opératif élargi, c’est-à-dire à la représentation que les apprenants ont de l’ensemble des éléments de la situation.
3. Notre recueil de données comprend 4 étapes principales :
Temps Public Modalité Objectifs : recueillir des informations sur…
la veille de l’AST99
manager entretien semi-directif enregistré (30 min)
le dispositif AST
les caractéristiques du site de travail compagnon entretien semi-directif
enregistré (30 min)
le dispositif AST
l’intervention qui fera l’objet d’un accompagnement AST
apprenant entretien directif non enregistré (10 min)
le parcours de formation de l’apprenant,
son expérience dans le métier, d ans l’intervention sur laquelle il sera accompagné pendant l’AST apprenant, compagnon et autres acteurs
observation avec prise de notes, enregistrement du débrief
l’accompagnement AST
juste
après l’AST apprenant
entretien enregistré semi-directif, techniques d’aide à l’explicitation (40 min) les hypothèses 1 et 2 10 semaines après l’AST apprenant
entretien enregistré semi-directif, techniques d’aide à l’explicitation (40 min)
les hypothèses 1, 2 et 3
4. Nous avons retranscrit nos entretiens et les notes d’observation. Nous avons codé nos données
à l’aide du logiciel Nvivo.
99 Le premier contact avec les participants avait aussi pour objectif de nous présenter, de présenter notre recherche ainsi que de vérifier si les personnes étaient d’accord pour y participer.
4. Analyse et résultats
4.1. VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES ... 188
UN RAPIDE APERÇU SUR LES VARIABLES DE CONTRÔLE ... 189
LA VARIABLE EXPLICATIVE, LE DISPOSITIF AST ... 191
L’HYPOTHÈSE N°1, UNE HYPOTHÈSE CONFIRMÉE ... 192
L’HYPOTHÈSE N°2, UNE HYPOTHÈSE CONFIRMÉE POUR LA PLUPART DES APPRENANTS ... 198
RÉSUMÉ ... 206
4.2. MONOGRAPHIE ... 207
OBJECTIFS ET MÉTHODE DE LA MONOGRAPHIE ... 208
L’ACCOMPAGNEMENT D’HERVÉ ... 208
L’ACCOMPAGNEMENT D’ARTHUR ... 226
L’ACCOMPAGNEMENT DE PHILIPPE ... 252
CONCLUSION-RÉFLEXION « LE POIDS DES DIFFÉRENCES CONSTATÉES ENTRE LES DISPOSITIFS AST » ... 272
4.3. DEUX AUTRES THÉORIES POUR NOTRE OBJET DE RECHERCHE ... 276
LE DISPOSITIF AST ET LE SENTIMENT DE SÉCURITÉ PSYCHOLOGIQUE ... 277
LE DISPOSITIF AST ET LE SENTIMENT D’EFFICACITÉ PERSONNELLE... 283
4.4. QUATRE PRINCIPAUX RÉSULTATS... 287
UNE COMPRÉHENSION APPROFONDIE DES DISPOSITIFS AST ... 287
LA MISE EN ÉVIDENCE DE L’EFFICACITÉ PÉDAGOGIQUE DU DISPOSITIF AST ... 287
L’ÉMERGENCE DE VARIABLES ET DE CONDITIONS DE SUCCÈS DU DISPOSITIF AST ... 288
Notre méthodologie définie, nous pouvons maintenant analyser les données recueillies :
- dans un premier temps, nous mènerons le travail de vérification des hypothèses ;
- dans un deuxième temps, nous réaliserons une analyse monographique pour 3 apprenants.
Cela nous permettra notamment de vérifier les résultats obtenus lors de l’étape précédente ;
- enfin, dans un troisième temps, nous présenterons 2 autres approches théoriques qui ont
4.1. Vérification des hypothèses
UN RAPIDE APERÇU SUR LES VARIABLES DE CONTRÔLE ... 189
50% DES APPRENANTS ONT MOINS DE 2 ANS D’EXPÉRIENCE DANS LE MÉTIER ... 190
UN ACCOMPAGNEMENT AST QUI PORTE SUR UNE INTERVENTION PLUS OU MOINS FAMILIÈRE... 190
DES EXPLOITANTS QUI ONT UNE EXPÉRIENCE PLUS OU MOINS IMPORTANTE DE L’AST ... 190
LA VARIABLE EXPLICATIVE, LE DISPOSITIF AST ... 191
L’HYPOTHÈSE N°1, UNE HYPOTHÈSE CONFIRMÉE ... 192
3 EXEMPLES « D’APPLICATION » DE LA MÉTHODE D’ANALYSE ... 192
LA REQUÊTE NVIVO PERMETTANT DE VÉRIFIER L’HYPOTHÈSE 1 ... 194
LES RÉSULTATS PAR APPRENANT ... 194
DES APPRENTISSAGES FACILITÉS, PLUS OU MOINS NOMBREUX ... 196
L’HYPOTHÈSE 1 EST CONFIRMÉE ... 197
L’HYPOTHÈSE N°2, UNE HYPOTHÈSE CONFIRMÉE POUR LA PLUPART DES APPRENANTS ... 198
3 EXEMPLES D’APPLICATION DE LA MÉTHODE D’ANALYSE... 198
2 EXEMPLES POUR METTRE EN ÉVIDENCE LE LIEN ENTRE PARTICIPATION ET APPRENTISSAGE ... 199
LA REQUÊTE NVIVO PERMETTANT DE VÉRIFIER L’HYPOTHÈSE 2 ... 201
LES RÉSULTATS PAR APPRENANT ... 201
3 TYPES DE CAS DE FIGURE ... 203
UNE HYPOTHÈSE N°2 CONFIRMÉE POUR LA PLUPART DES APPRENANTS ... 203
LES MOTIFS D’ENGAGEMENT ET DE NON ENGAGEMENT... 203
Commençons par vérifier nos hypothèses. Pour rappel, il s’agit des 2 suivantes :
Le dispositif AST facilite les processus de transformation du modèle opératif chez l’apprenant.
Le dispositif AST facilite les apprentissages en tant qu’il offre des opportunités de participation
qui suscitent l’engagement de l’apprenant.
Après avoir donné un bref aperçu de nos variables de contrôle, et avoir montré que les dispositifs
AST observés répondent bien aux caractéristiques prédéfinies, nous exposerons nos résultats pour
les 2 hypothèses.
Un rapide aperçu sur les variables de contrôle
Voici une vision d’ensemble de nos variables de contrôle pour les 21 apprenants. Il y en a 4 : - l’expérience des apprenants dans le métier (en nombre d’années) ;
- leur ancienneté dans le poste (en nombre d’années) ;
- le nombre de fois où ils ont réalisé l’intervention en situation réelle ;
- le nombre d’accompagnements ASTdont ils ont bénéficiés à l’issue du second entretien. apprenant expérience métier ancienneté
dans le poste
expérience de
l'intervention sur laquelle ils sont accompagnés
nombre accompagnements AST Arthur 2 2 1 2 Nathalie 0,5100 0.5 0 2 Philippe 4 2 1 12 Hervé 0,75 0.75 0 2 Daniel 2 3.5 partielle 7 Pascal 4,5 4.5 partielle 7 Isabelle 0,5 0.5 0 2 François 1,25 0.75 1 2 Didier 10 3 10 et + 1 Dominique 3 3 partielle 5 Alain 1 1 0 4 Christian 2 2 0 1 Jean 3 0.75 0 2 Christophe 0,75 1 1 4 Stéphane 2,5 2 1 1 Alexandre 2 2 6 4 David 1 1.5 partielle 3 Vincent 4,5 3.5 partielle 1 Guillaume 0,25 0.25 5 1 Bernard 2,5 2.5 10 et + 1 Pierre 8 8 10 et + 1
50% DES APPRENANTS ONT MOINS DE 2 ANS D’EXPÉRIENCE DANS LE MÉTIER
On peut voir que les apprenants ont des niveaux d’expérience variés. Ainsi, si les apprenants ont
en moyenne 2 ans et 9 mois d’expérience dans le métier, le plus novice n’a que 3 mois
d’expérience alors que le plus expérimenté a 10 ans d’expérience.
Moyenne Médiane Minimum Maximum
Nombre d’années dans l’entreprise 3 2 0.25 10
Nombre d’années dans le poste 2 2 0.25 8
Nb d’années d’expérience dans le métier 2.75 2 0.25 10
Précisons que pour calculer l’expérience, nous avons divisé les périodes d’alternance par 2. Ainsi,
deux ans d’alternance correspondent à un an d’expérience.
UN ACCOMPAGNEMENT ast QUI PORTE SUR UNE INTERVENTION PLUS OU MOINS FAMILIÈRE
A l’image du niveau d’expérience dans le métier qui est variable, les apprenants ont plus ou moins d’expérience sur l’intervention pour laquelle ils sont accompagnés en AST. Ainsi, pour prendre les
cas extrêmes, 6 des apprenants observés n’avaient jamais réalisé l’intervention pour laquelle ils
étaient accompagnés ; à l’opposé, 3 l’avaient réalisée plus de 10 fois.
Expérience en situation réelle de l’intervention pour laquelle les apprenants sont accompagnés
Nombre apprenants
n’a jamais pratiqué l’intervention 6
a pratiqué l’intervention une fois 5
a pratiqué l’intervention entre 5 et 6 fois 2
a pratiqué l’intervention en partie 5
a pratiqué l’intervention + de 10 fois 3
DES EXPLOITANTS QUI ONT UNE EXPÉRIENCE PLUS OU MOINS IMPORTANTE DE L’ast
Dans les différentes bases opérationnelles visitées, la mise en place du dispositif AST était plus ou
moins avancée. Ainsi, les exploitants rencontrés n’ont pas tous la même expérience du dispositif :
Nombre d’accompagnements AST reçus
au moment du 2ième entretien
Nombre d’apprenants 1 7 Entre 2 et 3 7 Entre 4 et 5 4 7 et plus 3
La variable explicative, le dispositif AST
Comme mentionné dans le modèle d’analyse, l’ensemble des dispositifs AST observés répondent aux caractéristiques prédéfinies :
Le compagnon n’a pas de pouvoir hiérarchique sur l’apprenant et est expert dans le métier. Pendant
l’accompagnement,
l’apprenant travaille en situation réelle.
le compagnon observe l’apprenant travailler. Si besoin, en cas de difficulté, erreur ou danger, il peut être amené à intervenir.
dès que l’apprenant a achevé son activité, le compagnon mène un débrief.
Pour le vérifier, nous avons fait dans Nvivo une requête de type « encodage matriciel ». (Il s’agit
d’un tableau à double entrée). A chaque ligne correspond un apprenant. A chaque colonne
correspond une condition du dispositif AST. On peut remarquer que dans le tableau ci-dessous,
que pour chacun des 5 critères, 1 ou plusieurs éléments sont renseignés. Le compagnon
n’a pas de pouvoir hiérarchique
Le compagnon est expert dans le métier de l’apprenant Lors de l’accompagnement, l’apprenant a travaillé en situation réelle le compagnon a observé l’apprenant le compagnon a fait un débrief à l’apprenant Arthur 2 2 1 3 1 Jean 7 1 1 2 1 Philippe 6 2 1 2 1 Alain 3 1 1 2 1 Hervé 2 1 1 2 1 Christophe 3 1 1 2 1 Pierre 2 1 1 3 1 Christian 2 1 1 2 1 Stéphane 3 2 1 2 2 Alexandre 1 1 1 2 1 David 2 1 2 2 1 Pascal 2 1 2 2 1 Nathalie 2 2 2 2 1 Daniel 2 1 2 2 1 Bernard 2 1 4 2 1 Didier 3 2 3 3 1 Dominique 2 1 1 2 1 Vincent 2 1 1 1 2 François 1 1 1 2 2 Isabelle 2 1 2 2 1 Guillaume 2 1 2 1 1
L’hypothèse n°1, une hypothèse confirmée
Abordons maintenant les résultats obtenus pour notre hypothèse n°1.
Le dispositif AST facilite le processus de transformation du modèle opératif chez l’apprenant.
Il importe de rappeler qu’à la différence de Pastré, nous nous intéressons à un modèle opératif
« élargi », c’est-à-dire à la représentation que l’apprenant a de l’ensemble des éléments de la
situation.
Nous commencerons par donner 3 exemples d’application de notre modèle d’analyse. Puis, nous présenterons l’analyse obtenue pour chacun des apprenants. Ensuite, nous évoquerons la question du nombre de processus d’apprentissage par accompagnement pour enfin conclure sur notre résultat.
3 EXEMPLES « D’APPLICATION » DE LA MÉTHODE D’ANALYSE
Voici 3 exemples d’application de la méthode d’analyse.
A chaque fois, nous devons procéder en trois étapes. Il s’agit de montrer : - qu’il y a processus d’apprentissage (1ère ligne) ;
- qu’il porte sur le modèle opératif (2ième ligne) ;
- et que ce processus d’apprentissage a été facilité par le dispositif AST (3ième ligne). Apprentissage n°1
Il y a un processus d’apprentissage…
Il y a toujours des choses à rectifier, des choses qu'on ne pense pas forcément, comme le coup où il monte avec les bras nus avec la créosote, ça m’avait même pas traversé l’esprit en fait. Je n’ai pas fait attention, il y a toujours des trucs qu’on ne voit pas que les autres voient, en fait. (Entretien 1, Philippe)
…qui porte sur le modèle opératif.
Il y a toujours des choses à rectifier, des choses qu'on ne pense pas forcément, comme le coup où il monte avec les bras nus avec la créosote, ça m’avait même pas traversé l’esprit en fait. Je n’ai pas fait attention, il y a toujours des trucs qu’on ne voit pas que les autres voient, en fait. Nous, ça fait que 2 ans qu'on est là. Le compagnon, ça fait peut-être 15ans, 20 ans. Forcément, il y a des choses qu’on ne voit pas toujours. (Entretien 1, Philippe ) Le dispositif
facilite les apprentissages.
Que si tu es lâché tout seul et toutes ces choses-là, tu ne les apprendras pas en stage, si t’es lâché tout seul, les erreurs, tu vas les faire et ça peut être plus grave, en fait. Parce que le compagnon, il va me laisser aller dans mon erreur, jusqu'à un certain degré. S'il voit que l'erreur va trop loin, il arrête tout. S'il voit que c'est une petite erreur, mais qu'elle est contournée et que ça repart dans le bon chemin, il laisse mais il te dit : "Ben, la prochaine fois, ça tu vois, tu as fait une erreur, il faudrait essayer de l'améliorer." Forcément, c'est un peu comme si t'étais en apprentissage sauf que tu n’as pas l’école ou le CFA. C’est un peu le même principe, en fait. (Entretien 1, Philippe)
Apprentissage n°2 Il y a un
processus d’apprentissage…
Donc, c’est là que tu te rends compte qu’il faut vraiment faire attention à tout ce que tu as autour en plus du travail que tu fais. À toi, à tes collègues, à ce qu’il y a autour parce que toi, tu peux oublier quelque chose. […] Il faut être aux aguets. Et ça, ça te le rappelle aussi des chantiers comme ça. (Entretien 1, Isabelle)
…qui porte sur le modèle opératif…
Donc, c’est là que tu te rends compte qu’il faut vraiment faire attention à tout ce que tu as autour en plus du travail que tu fais. (Entretien 1, Isabelle)
…et qui est facilité par le dispositif AST.
Sur le coup, je n’avais pas fait attention qu’il y avait un chemin, en dessous de la ligne. Je pensais que c’était un chemin, au pire, il y aurait des chevaux qui passaient puisqu’on était directement dans le pré de la personne. Mais je ne m’attendais pas que ce soit une route. Donc, quand la première ligne est tombée, une voiture a été bloquée …Ah, ouais, en effet. « Attention les gars ! Il y a une voiture ! » (rire). Donc, c’est là que tu te rends compte
qu’il faut vraiment faire attention à tout ce que tu as autour en plus du travail que tu fais. (Entretien 1, Isabelle)
Apprentissage n°3 Il y a un
processus d’apprentissage…
Il paraît trop bas le coffret ! Parce qu’on ne le connait pas. C’est vraiment la première fois qu’on le voyait. Et avec les explications de Denis, c’est logique. Oui, en effet, il faut le mettre à hauteur d’hommeparce qu’on ne va pas risquer de se tordre une cheville ou de se faire brûler le cou ou quoi que ce soit parce que heu … (Entretien 1, Isabelle)
…qui porte sur le modèle opératif…
Il me dit : « Mais c’est logique, c’est fusiblé. » « Mais, t’imagine s’il y a quelqu’un qui vient. Il ouvre le coffret parce que c’est pas le plomb qui va l’empêcher. » « Ouais, mais bon, tout est inscrit comme quoi c’est dangereux. Le mec s’il ouvre le coffret, c’est en son âme et conscience. » Donc, nous, surtout pour nous, si on doit travailler dessus, on ne va pas mettre un escabeau ou une échelle et risquer de mettre la main dans quelque chose où il y a du courant qui vient jusqu’au fusible, de retirer le fusible au risque de tomber en arrière. Ou de faire un mauvais truc. Vaut mieux vraiment qu’on soit fixés au sol. (Entretien 1, Isabelle)
…et qui est facilité par le dispositif AST.
Et en regardant du coup, tu réfléchis tout haut : « Putain, mais, ouais, il y avait ça, ça, ça. » Et comme, il y avait S. à côté de moi : « Mais non, réfléchis si tu te mets là comme ça. » Mais pour le coup, enfin ça me rassure, Daniel. et Pascal étaient dans le même principe que moi. Il paraît trop bas le coffret ! Parce qu’on ne le connait pas. C’est vraiment la première fois qu’on le voyait. Et avec les explications de Denis, c’est logique.
LA REQUÊTE NVIVO PERMETTANT DE VÉRIFIER L’HYPOTHÈSE 1
Pour voir si l’hypothèse 1était vérifiée pour l’ensemble de la population étudiée dans Nvivo, nous
avons fait une requête de type « encodage matriciel » pour chaque apprenant. A chaque ligne
correspond une des conditions de l’hypothèse 1. A chaque colonne correspond un apprentissage d’un apprenant particulier. Pour chaque cas du tableau, le nombre de verbatim est indiqué. Par
exemple, dans le tableau ci-dessous, pour l’apprenant 1, au sujet de son apprentissage 1, on peut
voir qu’il y a 3 verbatim prouvant qu’il y a apprentissage, 2 prouvant que cet apprentissage porte
sur le modèle opératif et 1 prouvant que cet apprentissage est facilité.
Les différents apprentissages de l’apprenant 1
Apprentissage 1 Apprentissage 2 Apprentissage 2
Il y a apprentissage 3 verbatim