NOTRE CHOIX : ÉTUDIER UNE VINGTAINE D’EXPLOITANTS AU SEIN DE DIFFÉRENTES DIRECTIONS RÉGIONALES D’ERDF ... 127 PARTI PRIS N°1 : ÉTUDIER UN NOMBRE RELATIVEMENT IMPORTANT D’APPRENANTS ... 127 PARTI PRIS N°2 : COMPRENDRE « LES DISPOSITIFS AST MISES EN ŒUVRE » ET « LES DISPOSITIFS AST VÉCUS » ... 127 PARTI PRIS N°3 : AVOIR UNE VISION CONTRASTÉE DU DISPOSITIF AST ... 128
LE DOMAINE DE L’EXPLOITATION ... 128 LE MÉTIER DE TECHNICIEN D’INTERVENTION RÉSEAU (TIR), UN MÉTIER… ... 128 LES PRÉPARATEURS ... 130 LES DIFFÉRENTS RÔLES DANS UNE INTERVENTION ... 130
L’ÉCHANTILLON ... 131 LE DISPOSITIF AST PRESCRIT AU SEIN D’ERDF : « LA PST » ... 133 LE CADRE DE COHÉRENCE DE LA PST... 134 LA FORMATION PÉDAGOGIQUE DES COMPAGNONS ... 136
LES MODALITÉS D’ACCÈS AUX PARTICIPANTS DE LA RECHERCHE ... 137 RÉSUMÉ ... 138
Pour rendre compte de la population que nous avons étudiée, nous procéderons en 5 temps :
- nous commencerons par définir la population que nous avons choisie d’étudier et pourquoi ;
- puis, nous décrirons l’activité de la population étudiée ;
- ensuite, nous présenterons notre échantillon d’apprenants ;
- puis, le dispositif ASTtel qu’il est prescrit à ERDF ;
- enfin, nous expliquerons comment nous avons accédé aux participants de la recherche.
Notre choix : étudier une vingtaine d’exploitants au sein de différentes directions régionales d’ERDF
Pour des raisons de faisabilité, nous avons fait le choix de nous concentrer sur les dispositifs AST
déployés dans l’entreprise ERDF. Après réflexion, nous avons aussi décidé d’étudier une vingtaine de collaborateurs de l’entreprise issus du domaine exploitation. Cette décision repose sur 3 partis pris.
PARTI PRIS N°1 : ÉTUDIER UN NOMBRE RELATIVEMENT IMPORTANT D’APPRENANTS
Comme nous l’avons souligné dans l’introduction, nous considérons que les apprentissages
dépendent des dispositifs mais aussi des dispositions individuelles. Pour vérifier l’efficacité
pédagogique du dispositif AST, il nous a paru important de voir la façon dont un nombre
relativement important d’apprenants « réagissait » au dispositif : entre 20 et 30. Plus
précisément, à l’aune de notre cadre théorique, nous allons nous intéresser à l’interaction entre
les opportunités offertes par le dispositif ASTet la façon dont les apprenants s’engagent dans le
dispositif.
PARTI PRIS N°2 : COMPRENDRE « LES DISPOSITIFS AST MIS EN ŒUVRE » ET « LES DISPOSITIFS AST VÉCUS »
Avec Billett (2006) et Veillard (2012), on sait que le curriculum d’apprentissage prescrit, celui qui est mis en œuvre et celui qui est vécu par l’apprenant peuvent être fort différents. Pour évaluer l’efficacité pédagogique du dispositif AST, il est donc essentiel d’aller au-delà du dispositif AST
« prescrit » et d’étudier comment les dispositifs ASTsont mis en œuvre et vécus par les
apprenants.
Pour répondre à ces objectifs, nous avons décidé d’observer directement des accompagnements ASTet de questionner les apprenants sur ce qu’ils ont vécu pendant ces accompagnements. Pour
pouvoir mener à bien ces observations et ces entretiens, il faut pouvoir comprendre ce que fait
l’apprenant pendant l’accompagnement. Il faut aussi pouvoir comprendre ce dont le compagnon et l’apprenant discutent pendant le débrief. Or, les métiers à ERDF ont un haut degré de
complexité (Mayen et al., 2016) et ils sont aussi très éloignés de notre domaine de compétence.
Pour pouvoir comprendre de façon approfondie ce qu’il se passe, nous avons donc décidé de nous concentrer sur un seul et unique domaine d’activité: l’exploitation des réseaux électriques. Nous
avons choisi ce domaine parce qu’il présentait 2 avantages pour notre recherche :
- au moment où nous avons démarré la partie empirique de notre recherche, le domaine de
l’exploitation était le domaine où il y avait le plus de dispositifs AST ;
- c’est aussi le métier qui nous était le plus familier (nous avions eu l’occasion de nous
familiariser avec ce métier lors de 14 journées d’observation dans le cadre d’une autre étude réalisée pour le compte de l’entreprise).
PARTI PRIS N°3 : AVOIR UNE VISION CONTRASTÉE DU DISPOSITIF AST
Si nous nous sommes focalisée sur un seul domaine pour limiter les difficultés, il nous a paru
important d’observer le dispositif AST dans différents contextes. Nous avons ainsi fait en sorte
d’avoir accès à des dispositifs dans différentes directions régionales d’ERDF50.
Le domaine de l’exploitation des réseaux électriques
Voici quelques éléments de description de l’activité retenue. Nous nous arrêterons en particulier
sur les métiers de technicien d’intervention réseau et de préparateurs. (Ce sont les postes des
compagnons et des apprenants rencontrés.) Pour réaliser cette description, nous nous sommes appuyée sur nos observations et nos nombreux échanges avec des exploitants. Le rapport de
Mayen et al (2016) nous a également aidée à structurer notre analyse.
La mission d’ERDFest de veiller à la continuité de la fourniture d’électricité sur 95% du territoire
français continental. Tous les clients, en tout point du territoire (à la ville comme à la campagne),
doivent pouvoir bénéficier de la fourniture d’électricité en continu. Les métiers liés à l’exploitation
des réseaux électriques jouent un rôle important dans cette mission : ils assurent l’entretien et la
maintenance des ouvrages du réseau public de distribution d’électricité. Ils réalisent aussi les
dépannages en cas de défaillance du réseau. Dans le domaine exploitation, il y a plusieurs métiers.
Pour notre part, nous nous sommes concentrée sur les techniciens d’intervention réseau et les
préparateurs.
LE MÉTIER DE TECHNICIEN D’INTERVENTION RÉSEAU (TIR), UN MÉTIER…
Les « techniciens d’intervention réseau » (TIR) sont les opérateurs qui réalisent les activités
d’entretien, de maintenance et de dépannage.
… risqué
C’est une activité qui comprend de nombreux risques. Au quotidien, les TIR doivent gérer des risques électriques, des risques de chute, des risques de blessure suite à la manutention de
matériels/outils, des risques d’accident de la route (de par leurs nombreux déplacements), … Il leur faut donc faire preuve d’une vigilance constante.
En ce qui concerne les risques électriques en particulier, il faut avoir en tête que l’électricité n’est
pas visible, ni audible et que contrairement au gaz, elle n’a pas d’odeur. Quand on se retrouve face
à un ouvrage électrique, à l’œil nu, il est impossible de détecter la présence ou l’absence de tension et il est bien évidemment hors de question d’entrer directement en contact avec le réseau, dans la mesure où s’il y a de la tension, on risque une électrisation (le fait que le courant électrique passe
dans notre corps) et fort probablement une électrocution (électrisation qui entraîne la mort).
Pour s’informer sur la présence ou l’absence de tension, il est nécessaire d’utiliser un détecteur
spécial et de porter des équipements de protection individuelle (la tenue réglementaire, le casque
avec visière baissée, des gants, et un tapis). Il faut aussi souligner que fréquemment, les TIR
travaillent sous tension. Dans ce cas, il faut éviter à tout prix que deux potentiels (deux fils)
entrent en tension. Cela entraînerait en effet un court-circuit, c’est-à-dire une forte émission de
chaleur (6000°c), une forte émission d’ultraviolet et une projection de matière en fusion.
… physique
L’essentiel du travail se fait à l’extérieur. L’activité des TIR est fortement impactée par les
conditions météorologiques : ce n’est pas pareil de travailler quand il neige, quand il pleut, en
plein soleil ou quand il fait nuit.
C’est aussi une activité où l’on manipule des matériels, des outils qui peuvent être relativement lourds et dans des conditions pas toujours évidentes : à une quinzaine de mètres du sol dans un
« petit » bac nacelle, ou au sommet d’un poteau sur une échelle.
…varié
Le métier de technicien d’intervention réseau est extrêmement diversifié. Nous avons pu le
constater lors de nos observations et nos interlocuteurs nous l’ont confirmé à de nombreuses
reprises : un jour, un TIR peut changer un disjoncteur chez un client, le lendemain, mettre en
conformité une tête de poteau électrique à 15 mètres de hauteur en plein milieu d’un champ et le
surlendemain, intervenir sur le réseau dans une fouille souterraine, près d’une route à forte
circulation.
Pour un même type d’intervention, les situations peuvent être radicalement différentes. Cela peut
notamment varier au niveau :
- de la géographie du lieu de l’intervention (l’intervention peut avoir lieu en plein milieu d’un
champ ou en plein centre-ville) ;
- des caractéristiques des ouvrages électriques (ils peuvent venir d’époques différentes, être
produit par des fabricants variés, et être plus ou moins en bons état) ;
- du matériel (fabricants différents, technologies différentes et plus ou moins anciennes).
… où il y a beaucoup d’aléas à gérer
« On ne sait jamais ce qui va se passer » disent souvent les exploitants. Il peut y avoir un aléa technique avec les outils, des clients mécontents, des prestataires particulièrement pressés, des passants qui sous-estiment le danger malgré le balisage, des interventions que changent au
dernier moment, le matériel commandé peut ne pas être adéquat…
… où la dimension relationnelle est importante
Lors des interventions, les TIR travaillent en équipe la plupart du temps. Ils échangent
régulièrement avec des collègues d’autres services (par téléphone) ou directement sur le chantier.
Ils sont aussi en relation avec les clients concernés par l’intervention, les professionnels
prestataires ou non (élagueurs, terrassiers, BTP, pompiers, policiers), des représentants de la
mairie, des passants …Il leur faut donc souvent gérer des interlocuteurs qui ne connaissent que très peu de choses sur le réseau électrique et ses dangers.
… où le travail de diagnostic est essentiel
On le comprend aisément, au vu de ces caractéristiques du métier, le travail d’analyse de la situation a une place prépondérante dans l’activité du TIR et ce, tout au long de journée :
- dès leur arrivée à l’agence,lors qu’ils prennent connaissance de l’intervention sur laquelle ils
travailleront pendant la journée, les TIR doivent comprendre à partir du dossier (bons de
travail, plans, …) et éventuellement du brief du préparateur, le type d’intervention à réaliser. Ils doivent anticiper les outils et matériels dont ils auront besoin ;
- arrivés sur le lieu d’intervention, ils doivent analyser tout ce que ne leur dit pas le dossier,
identifier les risques et les moyens de s’en prémunir, vérifier que la préparation est adéquate.
Ils doivent aussi définir comment ils vont procéder. Dans l’entreprise, on appelle ce moment
« le TOP» (le temps d’observation préalable) ;
- tout au long de l’intervention, ils devront être vigilants aux risques électriques, aux risques de
chute, d’accident, … et s’adapter aux nombreux aléas ;
- en fin d’intervention, ils devront prendre le temps de vérifier que le travail a été correctement
réalisé et que rien n’a été oublié.
Aujourd’hui, les TIR sont dans le collège exécution et sont souvent recrutés à l’issue de l’obtention d’un bac professionnel en électrotechnique.
LES PRÉPARATEURS51
Comme leur nom l’indique, les préparateurs ont pour mission de préparer les interventions des
TIR. Ils doivent notamment :
- préparer le dossier administratif (prévenir les clients en cas de coupure, demander les
autorisations nécessaires aux autorités compétentes) ;
- commander le matériel adéquat ;
- préparer entre autres, les plans, les bons de travaux, la procédure de consignation.
Ils doivent faire en sorte que les TIR et/ou les prestataires travaillent en toute sécurité tout en leur
facilitant au maximum le travail. Il importe encore que les clients soient le moins impactés
possible. C’est un travail d’anticipation : il faut imaginer les principaux problèmes qui peuvent
surgir lors de l’intervention et donner d’emblée aux TIR et ou prestataires les moyens de les
résoudre.
Tout comme les TIR, la plupart des préparateurs prennent l’astreinte (c’est-à-dire qu’une semaine
par mois, ils assurent les dépannages de jour comme de nuit), ils réalisent aussi des
consignations. Consigner un ouvrage électrique, cela revient à le mettre hors tension en mettant
en œuvre des mesures de prévention de façon à ce que les personnes travaillant sur l’ouvrage ou à proximité soient protégées en cas de réalimentation intempestive. C’est une activité très fréquente
et à forte responsabilité : des erreurs peuvent entraîner le décès des personnes travaillant sur le réseau ou à proximité (si elles ne font pas les vérifications nécessaires et ne portent pas les équipements de protection individuelle).
Les préparateurs sont dans le collège maîtrise. Ils sont souvent recrutés à un niveau BTS ou
licence.
LES DIFFÉRENTS RÔLES LORS D’UNE INTERVENTION52
Quand ils arrivent sur une intervention, les TIR et le cas échéant les préparateurs ont chacun un
rôle prédéfini. Voici les 3 principaux rôles :
Le chargé de travaux C’est la personne qui assure la direction effective des travaux. Il doit notamment prendre les mesures nécessaires pour assurer sa propre sécurité et celle du personnel placé sous son autorité.
L’exécutant C’est la personne qui exécute les opérations. Il opère sous la conduite du chargé
de travaux.
Le chargé de consignation C’est la personne chargée d’effectuer ou de faire effectuer les opérations de la consignation électrique.
Pour pouvoir occuper un de ces rôles sur une intervention, il faut être habilité, c’est-à-dire qu’il
faut que l’employeur reconnaisse à la personne placée sous son autorité la capacité d’accomplir les
tâches qui lui sont confiées et ce, en sécurité. Il faut aussi être officiellement désigné par son
employeur pour accomplir ce rôle (« il y a des bons de travail »). S’il a toutes les habilitations
nécessaires, le TIRpeut tour à tour être chargé de travaux, chargé de consignation ou d’exécutant.
51Nous décrivons plus rapidement le travail de préparateur dans la mesure où l’ensemble des accompagnements observés ont porté sur la réalisation des interventions et non sur leur préparation.
52 Pour décrire ce point, nous nous sommes appuyée sur Le carnet de prescriptions au personnel : prévention du risque électrique d’ERDF.
L’échantillon
Maintenant que nous avons décrit le métier des apprenants, nous pouvons présenter notre échantillon. Au total, nous avons observé 23 apprenants. Nous avons finalement pris le parti de
n’étudier que 21 apprenants dans la mesure où il nous manque des données précises dans 2 cas : 2
participants ont en effet refusé d’être enregistrés pendant le débrief et les entretiens de recherche.
Voici notre échantillon :
apprenant âge genre poste niveau
habilitation
formation initiale
Philippe53 20-24 M tir cdt / cdc bep électrotech.
Pascal 35-39 M cdt / cdc cdt / cdc bac pro électrotech.
Daniel 20-24 M tir exécutant -
Dominique 35-39 M tir cdt / cdc -
Alain 20-24 M tir exécutant bac pro électrotech.
Alexandre 20-24 M tir exécutant bac pro électrotech.
Christophe 30-34 M tir exécutant bac pro électrotech.
David 35-39 M tir exécutant -
Nathalie 30-34 F tir alternant alternance monteur
Isabelle 25-29 F tir alternant alternance monteur
François 20-24 M préparateur cdc bts
Jean 20-24 M tir cdt / cdc bac pro électrotech.
Hervé 25-29 M tir exécutant bac pro électrotech.
Guillaume 20-24 M tir alternant bac pro électrotech.
Stéphane 20-24 M préparateur cdc bts
Christian 25—29 M préparateur cdc licence
Didier 25-29 M tir cdt / cdc bac pro électrotech.
Vincent 25-29 M tir cdt / cdc bac pro électrotech.
Pierre 30-34 M préparateur cdt / cdc bep électrotech.
Bernard 25-29 M tir cdt / cdc bac pro électrotech.
Arthur 40-44 M préparateur cdc -
On peut remarquer qu’il s’agit d’une population essentiellement masculine: il n’y a que 2 femmes. En termes d’âge, notre panel se répartit de la façon suivante :
Moyenne Médiane Minimum Maximum
Âge 28,5 26 22 42
En termes de poste et de responsabilité, on peut distinguer les 4 grands profils : poste habilitation en cours ou
imminente5455
nombre d’apprenants qui occupent ce poste
formation initiale
préparateur cdc 5 BTS,licence ou bac
pro-électrotechnique56
tir cdc / cdt 7 BEP ou bac pro électrotechnique57
tir Exécutant 6 bac pro électrotechnique 58
tir Exécutant alternant 3 formation titre v en cours
Nous avons mis à part les alternants dans la mesure où ils ont un statut social particulier
(contrairement aux autres, ce sont des « contractuels » et non « des salariés relevant du statut des
industries électriques et gazières ») et leur responsabilité est très limitée car ils où ils n’ont que
très peu d’habilitations.
54 Les habilitations sont bien distinctes du poste. Ainsi, un agent habilité à être « chargé de travaux » peut tout à fait se retrouver exécutant sur certains chantiers.
55Dans les faits, le système d’habilitation est plus complexe. Les niveaux d’habilitation varient en fonction du type d’actes (aérien/souterrain ; hors tension/sous tension) : on peut être habilité à être chargé de travaux sur des travaux aériens, mais pas souterrains, pour les travaux hors tension mais pas sous tension, etc. Ici, nous désignons « exécutants », ceux qui ont un niveau d’habilitation restreint.
56 Information non disponible pour une personne
57 Information non disponible pour une personne.
Le dispositif AST prescritau sein d’ERDF :« la PST »
Au départ, nous avions défini le dispositif AST de la façon suivante :
Or comme nous l’avons indiqué dans l’introduction, Entreprise&Personnel est l’association à
l’origine du dispositif. Elle ne pense pas le dispositif comme « un construit rigide et intangible
mais comme un ensemble de conditions à respecter »59. Mettre en place le dispositif AST dans une
organisation implique donc d’imaginer un dispositif qui respecte les conditions et qui tienne
compte des ressources et contraintes présentes dans l’entreprise.
Il est donc important de préciser comment ERDFs’est approprié le dispositif AST. Nous l’avons
mentionné dans l’introduction, à ERDF, ce dispositif est appelé « professionnalisation en situation
de travail » ou « PST ». Au moment où nous avons recueilli les données, il y avait deux sources de
prescrit : le cadre de cohérence sur la PST et la formation pédagogique des compagnons.
59Il s’agit donc de la proximité avec le travail, de la prise de conscience de ce qui est appris en situation de travail, du sentiment de sécurité psychologique, des environnements capacitants et de l’engagement individuel.
A ce stade de la réflexion, nous retiendrons la définition suivante du dispositif AST. Il implique 3 acteurs principaux : le manager, l’apprenant et le compagnon. Ce dernier est un collègue de l’apprenant sans pouvoir hiérarchique sur lui. Chronologiquement, le dispositif se présente de la façon suivante :
en cohérence avec les impératifs de production, le manager définit pour l’apprenant et avec lui des objectifs de progression : quelles sont les situations que ce dernier doit mieux maîtriser ? ;
lors de temps dédiés, le compagnon accompagne l’apprenant en situation de travail réelle (sur les
situations prédéfinies) : il observe l’apprenant travailler et lorsque que ce dernier a achevé son activité, il le prend à part pour le débriefer. En posant des questions, le compagnon cherche à aider l’apprenant à analyser de façon réflexive ce qu’il vient de faire. Ce dernier peut alors plus facilement identifier ce qu’il maîtrise, ce qu’il ne maîtrise pas encore et ce qu’il peut faire pour progresser.
Le compagnon est tenu à la discrétion. Il ne peut pas communiquer au manager le détail de ce qui s’est passé. Lors de ces accompagnements, le manager intervient seulement « en coulisses » pour vérifier que l’organisation du travail est compatible avec le dispositif AST.Les accompagnements se reproduisent dans le temps sur une durée et une échéance négociées en amont entre le manager et l’apprenant ;
en parallèle de ces accompagnements, le manager échange régulièrement avec l’apprenant sur sa montée en compétence. Dès que celui-ci se sent prêt, le manager procède à une évaluation en situation de travail.
LE CADRE DE COHÉRENCE DE LA PST
Au fur et à mesure des expérimentations, l’équipe projet au niveau national a formalisé un cadre
de cohérence pour la PST. Précisons que ce cadre constitue un guide plutôt qu’une prescription au
moment où nous recueillons les données, n’étant pas validé par le COMEX.
Nous présentons ci-dessous deux extraits du cadre de cohérence tel qu’il était diffusé au moment
du recueil de données60. L’un porte sur les acteurs de la PST; l’autre sur les différents temps de la
PST.
Quand on compare notre définition initiale et le cadre de cohérence, on peut remarquer des différences sur 3 points.