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La prédisposition à participer

3. PRÉSENTATION DU MODÈLE DE KREMER ET BUSBY (1998)

3.1 La prédisposition à participer

Au départ, le modèle présume que de nombreux aspects du comportement sont sous le contrôle de l'individu et, en ce sens, une intention initiale ou une prédisposition est généralement à l'origine d'une prise de décision. Une prédisposition peut être définie comme le produit d'un certain nombre de déterminants personnels et contextuels qui sont à l'origine d'une décision (Kremer et Busby, 1998). En effet, tel que démontré dans le modèle, la prédisposition à participer peut être influencée par (a) des variables contextuelles (p. ex. : les installations, les membres de l'entourage, etc.), (b) des variables personnelles (p. ex. : l'extraversion, la compétitivité, le vécu sportif, l'âge, le sexe, etc.), (c) le sentiment d'efficacité personnelle et (d) l'orientation des buts d'accomplissement (c.-à-d., vers la tâche ou vers l'ego).

Les variables contextuelles regroupent plusieurs caractéristiques sociodémographiques et socioculturelles telles que (a) le lieu de résidence, (b) le

statut socio-économique de la famille, (c) la structure familiale et (d) l'engagement de la famille dans le sport. De nombreux chercheurs ont montré que ces variables pouvaient influencer la prédisposition d'une personne à participer ou non à une activité sportive et les conclusions de leurs travaux ont permis de faire ressortir le portrait d'un jeune sportif typique. Ainsi, celui-ci est plus susceptible de vivre dans une famille « intacte » ayant un revenu plus élevé que la moyenne et d'avoir des parents ayant une forte scolarité qui participent aussi à des activités sportives (Berger, O'Reilly, Parent, Séguin et Hernandez, 2008; McMillan, McIsaac et Janssen, 2016; Seabra, Mendonça, Thomis, Peters et Maia, 2008; Taks et Scheerder, 2006; Yang, Telama et Laakso, 1996). Dans le même ordre d'idées, les membres de l'entourage (p. ex. : famille, entraîneur, amis) représentent également une variable contextuelle susceptible d'influencer la prédisposition d'une personne à participer ou non à un sport. En effet, à travers (a) le soutien social et les encouragements offerts, (b) l'expression de leurs attentes ainsi que (c) leurs attitudes et comportements à l'égard du sport, ces agents de socialisation jouent un rôle primordial dans l'implication initiale du jeune sportif (Coakley et White, 1992; Kremer et Busby, 1998; Weinberg et Gould, 2015; Yang, Telama et Laakso, 1996). De plus, des variables extérieures à l'activité en elle-même telles que (a) la proximité des installations ou (b) la conscience des opportunités peuvent aussi influencer la prédisposition d'une personne à participer ou non à une activité sportive (Kremer et Busby, 1998). Par exemple, en lien avec la proximité des installations, il semblerait que les personnes qui vivent près des installations sont plus susceptibles de participer que celles qui habitent plus loin (Rhodes et Dickau, 2012).

Ensuite, les variables personnelles se divisent en deux catégories : (a) les variables en lien avec la dimension psychologique et (b) les variables en lien avec la dimension physique. D'une part, les variables personnelles en lien avec la dimension psychologique font principalement référence à des traits de personnalité (p. ex. : confiance en soi, compétitivité, extraversion) de l'individu. Il a été démontré que la participation ainsi que la performance sportive pouvaient être influencées par certains

de ces traits (Allen et Laborde, 2014; Rhodes et Dickau, 2012; Rhodes et Smith, 2006). Par exemple, Allen et ses collègues (2013) rapportent que les sportifs sont (a) plus extravertis (c.-à-d., plus enclins à établir des contacts sociaux), (b) plus stables émotionnellement et (c) plus ouverts à de nouvelles expériences que les non- sportifs. Toutefois, en contradiction avec ces résultats, certains auteurs mentionnent qu'il n'y a pas d'évidence, en lien avec le profil de personnalité, qui permette de distinguer les sportifs des non-sportifs (Vealey, 2002; Weinberg et Gould, 2015). Il faut donc être prudent avec l'interprétation de ces conclusions. La qualité de l'expérience sportive antérieure représente aussi une variable psychologique susceptible d'influencer la prédisposition d'une personne à participer ou non à une activité sportive (Kremer et Busby, 1998). En effet, il a été démontré que le fait d'avoir vécu une expérience sportive humiliante (p. ex. : être choisi en dernier lors de la formation des équipes, être critiqué ouvertement devant ses pairs) pouvait avoir des conséquences négatives sur le bien-être psychologique d'une personne et, par le fait même, diminuer la probabilité que celle-ci participe de nouveau dans une activité sportive (Cardinal, Yan et Cardinal, 2013; Coakley et White, 1992; Portman, 1995).

D'autre part, les variables personnelles en lien avec la dimension physique font référence à des caractéristiques sociodémographiques (p. ex. : âge, sexe) ainsi qu'à des caractéristiques anthropométriques (p. ex. : taille, poids). En ce qui concerne l'âge, comme mentionné précédemment, les données issues de la littérature indiquent une diminution de la participation sportive en vieillissant (Duncan, Duncan, Strycker et Chaumeton, 2007). En lien avec le sexe, il a été démontré que, de façon générale, les filles s'adonnent moins à la pratique d'activités sportives que les garçons (Keathley, Himelein et Srigley, 2013). Par ailleurs, il semblerait qu'un développement physique hâtif soit avantageux dans certains sports (p. ex. : soccer, hockey, basketball), mais considéré désavantageux dans d'autres (p. ex. : gymnastique, danse) (Delorme, Chalabaev et Raspaud, 2011). En effet, plusieurs chercheurs affirment que la sélection des joueurs est souvent basée sur la dimension physique et, en ce sens, les joueurs qui sont plus grands, plus forts et plus rapides se voient offrir davantage

d'occasions de participer que ceux qui sont moins développés physiquement. Ces derniers seraient aussi plus susceptibles d'abandonner leur pratique sportive (Deprez, Fransen, Lenoir, Philippaerts et Vaeyens, 2015; Helsen, Winckel et Williams, 2005; Lemez, Baker, Horton, Wattie et Weir, 2014).

Le sentiment d'efficacité personnelle, pouvant être défini comme « la croyance de l'individu en sa capacité d'organiser et d'exécuter la ligne de conduite requise pour produire des résultats souhaités » (Bandura, 2007), représente également un prédicteur important de la décision de participer ou non à un sport. En effet, de nombreuses études ont montré une relation positive et significative entre le sentiment d'efficacité personnelle d'une personne et (a) sa participation dans un programme sportif, (b) son adhésion à celui-ci ou encore (c) son niveau de performance (Busby, 1997; Kremer et Busby, 1998; Moritz, Feltz, Fahrbach et Mack, 2000; Oman et King, 1998; Ortega, Olmedilla, Sainz de Baranda et Gómez, 2009; Sallis et al., 1986; Weinberg et Gould, 2015).

Finalement, en lien avec la théorie des buts d'accomplissement de Nicholls (1984), l'orientation des buts d'accomplissement (c.-à-d., vers la tâche ou vers l'ego) d'une personne semble aussi jouer un rôle important dans le processus décisionnel menant à la participation ou non à une activité sportive. L'orientation vers la tâche représente une « disposition motivationnelle qui associe l'habileté perçue à l'effort et au progrès » tandis que l'orientation vers l'ego représente « une disposition motivationnelle qui associe l'habileté à la victoire sur les adversaires et non aux progrès personnels » (Cox, 2013). Ainsi, en appliquant cela au domaine sportif, il semblerait que les personnes orientées vers la tâche persévèrent dans un sport tant qu'elles estiment apprendre et progresser, et ce, indépendamment de leur niveau de compétence perçue (Cox, 2013; Guillet, Sarrazin et Cury, 2000). À l'inverse, la motivation des personnes orientées vers l'ego est susceptible de varier en fonction de leur compétence perçue. En effet, si ces personnes estiment qu'elles sont meilleures que les autres (c.-à-d., compétence élevée), leur motivation à participer sera

également élevée alors que si ces personnes se perçoivent moins bonnes que les autres (c.-à-d., faible compétence), leur motivation sera plutôt faible et elles seront également plus susceptibles de mettre un terme à leur participation (Cox, 2013; Guillet, Sarrazin et Cury, 2000). De façon générale, il semblerait qu'une orientation vers la tâche soit favorable pour la plupart des gens, la plupart du temps, car elle est susceptible de favoriser (a) le plaisir et l'intérêt, (b) la perception de compétence, (c) l'engagement et la persévérance, (d) l'éthique sportive et même (e) la performance, tout en réduisant l'anxiété et la peur de l'échec (Cox, 2013; Ommundsen et Bar- Eli, 1999; Roberts et Walker, 2001; Roberts, 2001).