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1.2 Variabilité saisonnière des précipitations dans le bassin mé-

1.2.1 Les précipitations moyennes

1.2.1.1 Précipitations saisonnières moyennes et va-

La figure 1.6 montre les précipitations moyennes sur le bassin méditerra-néen, par saison humide, pour la période 1951-2013. Le bassin est divisé en deux zones pluviométriques. Une première davantage arrosée, concerne les pays européens, avec des précipitations moyennes par saison humide com-prises entre 200 mm et 500 mm (dans certaines régions d’Espagne et d’Italie et à l’est des Balkans) et 1600 mm (sur la côte nord-atlantique de la Pé-ninsule Ibérique). La deuxième concerne les pays du Nord de l’Afrique, le Levant et l’Anatolie, plus secs, avec des précipitations moyennes par saison humide allant de 1 mm (sur quelques secteurs arides saoudiens) à environ 650 mm en Turquie (figure 1.6). La répartition différente des cumuls moyens de précipitations par saison humide s’explique principalement par l’influence des circulations atmosphériques aux larges échelles, quasi-hémisphériques. La partie nord du bassin méditerranéen est majoritairement sous influence de perturbations tempérées d’ouest contrôlées par la position de l’anticy-clone des Açores et de la dépression d’Islande, et des dépressions se formant dans les bassins septentrionaux du bassin méditerranéen. C’est ainsi que l’in-tensité et la phase (positive ou négative) de l’Oscillation Nord-Atlantique (ou North Atlantic Oscillation, NAO), mode de variabilité atmosphérique majeur affectant l’Europe occidentale, influence en grande partie les condi-tions synoptiques à l’origine du climat hivernal observé sur la partie nord du bassin méditerranéen (Hurrell et Van Loon, 1997 ; Xoplaki, 2002). La phase positive de la NAO, caractérisée par un creusement de la dépression islandaise et un renforcement de l’anticyclone des Açores, favorise les hivers frais et secs sur la partie sud de l’Europe. À l’inverse, la phase négative de la NAO, caractérisée par un affaiblissement de la dépression islandaise et de l’anticyclone des Açores, favorise des hivers doux mais pluvieux sur la partie sud de l’Europe (Cassou, 2004). Certains secteurs nord-méditerranéens, tels l’est de l’Espagne et des Balkans, sont protégés des vents d’ouest (effet dit « sous le vent »), expliquant le faible cumul des précipitations par saison humide (Joly, 1942 ; Douguédroit, 1994). La partie sud du bassin

méditer-ranéen est davantage influencée par la partie descendante de la cellule de Hadley et par l’anticyclone des Açores (Salameh, 2008), ce qui explique les cumuls de précipitations plus faibles constatés sur ce secteur.

Figure 1.6 – Cumuls saisonniers moyens (mm ; septembre à avril) pour la

période 1951-2013 (données quotidiennes E-OBS) sur le bassin méditerra-néen. En blanc, tous les points de grille E-OBS qui n’ont pas de données de précipitations.

La figure 1.7 présente les tendances des cumuls moyens sur la période 1951-2013 à l’échelle du bassin méditerranéen. Certains secteurs constatent une augmentation significative des précipitations saisonnières moyennes com-prise entre +1 mm et +4 mm par saison humide (+60 mm à +250 mm en 62 saisons humides) sur la période 1951-2013 (figure 1.7). Il s’agit de zones situées au nord du Maroc, au nord de la Tunisie, en Sicile, dans le centre de l’Italie et dans le nord des Balkans. Klein Tank et Konnen (2003) mettent également en avant une hausse des précipitations observées dans le centre de l’Italie. De même, une importante augmentation des précipitations sai-sonnières est constatée sur le secteur alpin (figure 1.7), comme le soulignent également Moberget al.(2006). Malgré ces hausses de précipitations sur des secteurs assez localisés, le bassin méditerranéen est majoritairement affecté par une diminution des précipitations saisonnières moyennes. La plupart des diminutions significatives comprennent des valeurs comprises entre -1 mm et -6 mm par saison humide (-60 mm à -370 mm en 62 saisons humides),

comme pour le nord de l’Algérie, le nord de l’Anatolie, une grande partie des côtes ouest des Balkans, une majeure partie du nord de l’Italie, le sud de la France et une petite partie du nord de l’Espagne (figure 1.7). Trois secteurs montrent des diminutions de précipitations encore bien plus pro-noncées, allant parfois jusqu’à -16 mm par saison humide. C’est le cas du centre des côtes ouest des Balkans, du Golfe de Gênes en Italie ou encore dans le nord du Portugal.

Figure1.7 – Tendances (en mm) des cumuls saisonniers (septembre à avril)

sur le bassin méditerranéen pour la période 1951-2013 (calculées à partir des pluies quotidiennes E-obs). Les couleurs vives et entourées en noir montrent les évolutions statistiquement significatives à un seuil de confiance de 0.05, d’après le test de Bravais-Pearson. En blanc, tous les points de grille E-OBS qui n’ont pas de données de précipitations.

Ces résultats confirment la tendance à la baisse des précipitations à l’échelle de l’ensemble du bassin méditerranéen, comme décrite par Hoer-ling et al. (2012), et complètent les études locales faites par Alpert et al. (2002), Giorgi (2002), Klein Tank et Konnen (2003), Brunettiet al.(2004), Kostopoulou et Jones (2005), Norrant et Douguédroit (2006), Longobardi et Villani (2010), Toretiet al. (2010) ou encore Tramblayet al. (2013). Celles-ci constatent toutes une baisse des cumuls de préCelles-cipitations à des échelles régionales/locales sur la deuxième moitié du XXème siècle. Une analyse plus exhaustive des travaux antérieurs sera présentée par la suite. Comme ob-servé sur la figure 1.7, Zhanget al. (2005) et Donat et al. (2014) montrent

également qu’il n’y a pas de tendances significatives à l’évolution des préci-pitations cumulées annuelles sur le Levant et au sud de l’Anatolie (sur les périodes 1950-2003 et des années 1960 aux années 2010, respectivement). À l’inverse, certains travaux semblent indiquer localement des résultats oppo-sés à ceux observés dans cette thèse. Donat et al. (2014) constatent ainsi une augmentation significative des précipitations cumulées annuelles dans le nord de l’Algérie, et Tramblay et al. (2013) une diminution significative sur le nord du Maroc (entre 1942 à 2011 selon les stations). Ces différences peuvent être attribués aux disparités entre les périodes étudiées et la locali-sation des stations utilisées par Tramblay et al.(2013), Donat et al. (2014) et celles d’Afrique du nord intégrées dans le jeu de données E-OBS.