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1.2 Variabilité saisonnière des précipitations dans le bassin mé-

1.2.2 Les extrêmes pluviométriques : les pluies intenses

1.2.2.3 Contribution des précipitations intenses aux

Avant d’étudier l’évolution moyenne de la part des précipitations in-tenses sur les cumuls moyens saisonniers, la figure 1.12 souligne trois princi-paux secteurs où les précipitations intenses contribuent fortement au cumul saisonnier. Il s’agit tout d’abord du secteur regroupant les côtes françaises méditerranéennes, la vallée du Rhône et les Cévennes, ainsi que les côtes est-espagnoles. Les événements de précipitations du type « cévenol » semblent

avoir un rôle important sur ces régions, où les événements intenses contri-buent à environ 21 % des précipitations totales de chaque saison humide. Le deuxième secteur se situe dans les régions montagnardes du nord de l’Italie et le troisième secteur est localisé au nord-ouest de l’Arabie Saoudite, ou la part des précipitations intenses sur le cumul total atteint même jusqu’à 36 %. En effet, ce dernier secteur est soumis à un climat aride, entrainant de très faibles précipitations (cf. figure 1.6) réparties sur un nombre de jours de pluie lui aussi très faible (cf.figure 1.8), comme vu précédemment. Ainsi, les quelques événements les plus intenses sur ce secteur influencent bien plus le faible cumul saisonnier des précipitations que sur un secteur où il pleut davantage et plus fréquemment.

Figure 1.12 – Contribution moyenne (en %) des précipitations intenses

(supérieures au centile 95) aux précipitations moyennes cumulées par saison humide (septembre à avril) sur le bassin méditerranéen pour la période 1951-2013 (données E-obs). En blanc, tous les points de grille E-OBS qui n’ont pas de données de précipitations.

Les tendances concernant l’évolution moyenne de la part des précipi-tations intenses sur les cumuls moyens saisonniers (figure 1.13) indiquent seulement trois secteurs extrêmement localisés (sur le nord de la frontière entre le Maroc et l’Algérie, au sud de l’Italie et dans le nord de la Grèce) où les précipitations intenses (supérieures au centile 95) contribuent signi-ficativement moins aux cumuls saisonniers (figure 1.13). Tous les autres résultats significatifs montrent des tendances à la hausse (figure 1.13). Six

principaux secteurs ressortent particulièrement : le sud-ouest de l’Anatolie, le sud-est/centre-ouest/centre-nord des Balkans, le nord-est et l’extrême sud de la Péninsule Ibérique (figure 1.13). Certaines de ces tendances à la hausse significatives restent cependant extrêmement localisées. On peut par exemple citer l’extrême nord-est de l’Italie, qui voit la contribution des pluies intenses au cumul saisonnier augmenter (figure 1.13), comme le constatent également Brunetti et al. (2001).

Figure 1.13 – Évolution moyenne (en %) de la part des précipitations

cumulées intenses (supérieures au centile 95) sur les précipitations cumulées moyennes par saison humide (septembre à avril) sur le bassin méditerranéen pour la période 1951-2013 (données E-obs). Les secteurs caractérisés par des couleurs vives et entourées en noir montrent les évolutions statistiquement significatives à un seuil de confiance de 0.05, d’après le test de Bravais-Pearson. En blanc, tous les points de grille E-OBS qui n’ont pas de données de précipitations.

Ces résultats soulignent que pour un même secteur, il est possible d’ob-server une diminution du cumul moyen des précipitations et du nombre de jours de pluie, mais également une augmentation du nombre d’événements extrêmes et de leur intensité, ou de leur contribution au cumul saisonnier. C’est notamment le cas pour le sud-est de l’Anatolie (figure 1.7, figure 1.9, figure 1.10, figure 1.11 et figure 1.13). Ces évolutions opposées, qualifiées de paradoxales par Alpert et al. (2002), sont également observées en Italie sur la période 1951-1995, d’après leurs analyses.

des précipitations intenses dans les cumuls saisonniers ne concernent fina-lement qu’une surface restreinte de l’ensemble du bassin méditerranéen. L’absence de tendances significatives y domine en somme très largement. En effet, là où le cumul saisonnier et les précipitations intenses n’affichent pas de tendance significative, ce qui est le cas pour une grande partie du bassin méditerranéen, il est logique que la contribution des pluies intenses au cumul saisonnier ne montre également pas de tendance significative.

Pour conclure, la géographie des précipitations à l’échelle du bassin mé-diterranéen est relativement complexe, car fortement hétérogène. Deux in-formations importantes se dégagent cependant de cette étude préliminaire sur les précipitations moyennes et intenses :

• à l’échelle du bassin méditerranéen pris globalement : on observe un assèchement, avec moins de pluie et moins de jours de pluie, même si ces observations ne sont pas significatives dans l’ensemble du bassin et même si certaines tendances diffèrent de la tendance générale. Cet assèchement généralisé du bassin sous-entend une évolution des for-çages agissant à l’échelle globale du bassin, voire hémisphérique. Cette évolution climatique sur l’ensemble du bassin méditerranéen est pour partie une réponse au changement climatique global observé depuis le milieu du XXème siècle ;

• à des échelles plus régionales/locales : les évènements de précipitations intenses (phénomènes localisés et ponctuels) montrent des tendances opposées sur différents secteurs du bassin méditerranéen. Il est délicat de mettre en avant une tendance significative propre à l’ensemble du bassin car l’occurrence et l’intensité de ces phénomènes climatiques extrêmes restent influencées par des forçages atmosphériques locaux, soumis à des caractéristiques géographiques différentes selon les sec-teurs (reliefs, orientations, etc.).

Le fait que les tendances relatives à des éléments de répartition tempo-relle des pluies ne coïncident pas forcément avec celles constatées pour les cumuls saisonniers légitime l’examen d’une autre élément de répartition des précipitations : les séquences sèches.

1.2.3 Les extrêmes pluviométriques : les