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1.2 Variabilité saisonnière des précipitations dans le bassin mé-

1.2.2 Les extrêmes pluviométriques : les pluies intenses

1.2.2.1 Les événements de précipitations intenses . 36

On remarque une grande hétérogénéité des tendances des pluies intenses sur le bassin méditerranéen sur la période 1951-2013 (figure 1.10). Tout d’abord, certains secteurs sont soumis à une baisse significative. Il s’agit du nord de l’Algérie, du sud-est et du nord de l’Anatolie, de l’est/sud-est des Balkans, d’une partie du nord de l’Italie, du centre et du sud-ouest de la France et enfin du nord du Portugal (figure 1.10). À l’inverse, certains sec-teurs voient le nombre d’événements pluviométriques intenses augmenter de manière significative depuis 1951. Il s’agit cette fois-ci du nord du Maroc, du nord de la Tunisie, du sud-ouest de l’Anatolie, du nord-ouest/centre/est des Balkans, du centre de l’Italie, d’une partie de la Sicile, du massif alpin et enfin d’une partie du centre-ouest de l’Espagne (figure 1.10). La géo-graphie des tendances du nombre d’événements intenses est relativement comparable à celle des pluies moyennes (cf. figure 1.7). Ainsi, les secteurs montrant une diminution/augmentation significative du nombre d’événe-ments intenses par saison humide (figure 1.10) sont, dans la quasi-totalité, des secteurs sur lesquels sont observées des diminutions/augmentations des précipitations moyennes cumulées par saison humide (cf. figure 1.7). Cer-taines études localisées montrent également une augmentation du nombre d’événements intenses et le renforcement de leur intensité. C’est notamment le cas en Espagne et en Italie (Alpertet al., 2002, période 1951-1995 ; Klein Tank et Konnen, 2003, période 1946-1999 ; Kostopoulou et Jones, 2005, pé-riode 1958-2000). Dans leur étude, Klein Tank et Konnen (2003) attestent également d’une diminution du nombre d’événements de précipitations in-tenses sur la partie ouest/sud-ouest des Balkans, comme cela est visible sur la figure 1.10.

Figure 1.10 – Tendance (en nombre d’événements) moyenne du nombre

d’événements de précipitations intenses (nombre de jours supérieurs au cen-tile 95 total) par saison humide (septembre à avril) sur le bassin méditerra-néen pour la période 1951-2013 (données E-obs). Les secteurs caractérisés par des couleurs vives et entourées en noir montrent les évolutions statis-tiquement significatives à un seuil de confiance de 0.05, d’après le test de Bravais-Pearson. En blanc, tous les points de grille E-OBS qui n’ont pas de données de précipitations.

1.2.2.2 Cumuls de pluie attribués aux précipitations intenses

La figure 1.11 présente la tendance des cumuls de précipitations des évé-nements intenses sur la période 1951-2013. L’organisation spatiale observée sur la figure 1.11 semble similaire à celle rencontrée pour les précipitations cumulées par saison humide (cf.figure 1.7) et pour le nombre d’événements intenses (cf.figure 1.10). Les cumuls moyens des précipitations intenses aug-mentent/diminuent sur les secteurs observant une augmentation/diminution des précipitations moyennes par saison humide et du nombre d’événements de précipitations intenses. Les cumuls saisonniers des précipitations intenses augmentent de façon significative sur le nord du Maroc, le nord de la Tuni-sie, le sud-ouest de l’Anatolie, l’est et le nord-ouest des Balkans, le centre de l’Italie, la Sicile et enfin sur les Alpes (figure 1.11). À l’inverse, les cumuls saisonniers des précipitations intenses diminuent de manière significative sur le centre-nord de l’Algérie, sur le nord de l’Anatolie, sur l’ouest/sud-ouest des Balkans, sur le nord de l’Italie, une partie du sud de la France, une

par-tie du nord de l’Espagne et sur le nord du Portugal (figure 1.11). Certaines de ces observations sont également retrouvées dans les travaux d’Alpert et al. (2002) (période 1951-1995), Klein Tank et Konnen (2003) (1946-1999), Brunettiet al.(2004) (1951-1996), Kostopoulou et Jones (2005) (1958-2000) et López-Morenoet al. (2010) (1955-2006).

Donatet al. (2014) montrent un résultat différent, c’est-à-dire une aug-mentation significative des précipitations cumulées intenses sur le nord de l’Algérie (des années 1960 aux années 2010, variable selon les stations uti-lisées). Tramblay et al. (2012) (période 1961-2007) ne remarquent aucune tendance significative des cumuls saisonniers de précipitations intenses dans le nord du Maroc ou plus largement sur tout le Maghreb (Tramblay et al., 2013) (de 1942 à 2011, période variable selon les stations utilisées).

Figure 1.11 – Tendance (en mm) des cumuls de précipitations des

événe-ments intenses (supérieures au centile 95) par saison humide (septembre à avril) sur le bassin méditerranéen pour la période 1951-2013 (données E-obs). Les secteurs caractérisés par des couleurs vives et entourées en noir montrent les évolutions statistiquement significatives à un seuil de confiance de 0.05, d’après le test de Bravais-Pearson. En blanc, tous les points de grille E-OBS qui n’ont pas de données de précipitations.

En définitive, si un assèchement quasi-généralisé est constaté à l’échelle du bassin méditerranéen, à des échelles spatiales plus fines, les tendances montrent des évolutions de la pluviométrie beaucoup plus hétérogènes. C’est là toute la complexité de la géographie des précipitations moyennes mais

surtout des pluies intenses en Méditerranée, générées par des forçages agis-sant à différentes échelles spatio-temporelles (de l’échelle globale à l’échelle locale, de l’échelle séculaire à instantanée). Dünkeloh et Jacobeit (2003) et Ullmann et al. (2014) soulignent par exemple que les différents types de configurations pluviométriques observés dans le bassin méditerranéen s’expliquent par la localisation des systèmes dépressionnaires synoptiques associés. Ainsi, des précipitations sur le nord-est du bassin sont associées à des dépressions atmosphériques localisées sur le centre de l’Europe. Des pré-cipitations sur l’ouest et le sud-ouest du bassin sont associées à des dépres-sions atmosphériques localisées au-dessus des côtes tunisiennes, algériennes et espagnoles. Enfin, des précipitations sur le nord-ouest du bassin médi-terranéen sont associées à des dépressions atmosphériques centrées sur les Îles Britanniques. Des caractéristiques géographiques très locales, telles que l’escarpement de la côte, son orientation, la présence de relief, l’exposition des versants ou encore la direction des vents locaux influencent également la formation des événements de précipitations intenses (Doswell et al., 1998 ; Cosmaet al., 2002 ; Gaoet al., 2006 ; Boudevillainet al., 2009). Par exemple, un système anticyclonique sur le centre de l’Europe, entrainant des anoma-lies de vent de nord-est sur les Balkans (vent de continent), engendre une absence de précipitations sur les côtes sud-est des Balkans, mais également des précipitations potentiellement soutenues au contact des côtes siciliennes ou est-tunisiennes. En effet, le vent de nord-est se sera probablement chargé d’humidité en passant au-dessus de la mer Méditerranée et favorisera alors la formation de pluies intenses au contact de la rive sud de la Méditerranée.

1.2.2.3 Contribution des précipitations intenses aux