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-Médecin n°7 : « Franchement, la population rurale va être lésée par rapport à la population des villes, puisque vous n’aurez plus de médecins sur place. D’un autre coté, il est certain, avec le vieillissement des médecins et quand on ne sera plus que trois à faire des gardes, on sera bien content d’être ralliés à une ville, mais pour nous. Je pense que la patientèle va être lésée. Parce que quand on attend un SAMU ou une ambulance, il faut ½ heure pour que ça monte jusqu’ici. »

Présentation du projet de médecins mobiles avec les regroupements de secteurs, le protocole de visites inévitables.

-Médecin n°7 : « Il va falloir une régulation au top. Le problème c’est qu’on a des maisons de retraite ici, et c’est vrai qu’en garde, on est quand même assez appelé. On a aussi beaucoup de personnes âgées de 90 ans ou plus, avec 40°C de fièvre, ils ne sont pas bien. J’ai pas mal de gens de 90 ans qui sont à la maison, et seuls. Moi, je pense que ma patientèle en souffrira. Et un médecin qui fait que des visites va perdre énormément de temps sur la route. Sans penser à l’hiver avec la neige. Donc un médecin qui ne fait que des visites ne pourra pas en faire beaucoup. »

Moi : « Comment pourrait-on faire pour l’aider ? »

-Médecin n°7 : « Je ne sais pas. Il va falloir former dans les EHPAD les infirmières, mais la nuit, elles n’y sont pas. Mais mettre en place des ambulances pour venir chercher les gens, ça me paraît difficile. Je vois déjà, actuellement, pour hospitaliser les gens, on a de plus en plus de difficultés pour trouver des ambulances. Pour moi, la solution, c’est garder les médecins généralistes éparpillés un peu partout en rural et ça c’est en train de disparaître. A mon avis, c’est quand même la meilleure des solutions, garder un bon maillage. »

Moi : « Comment pourrait-on faire pour y remédier ? »

-Médecin n°7 : « Pour y remédier, il faut revaloriser la medecin générale. On m’a demandé quel était mon expérience avec les personnes âgées, j’ai répondu 27 ans

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d’expérience en médecine générale en rural. On m’a répondu qu’il fallait que je pense à passer le diplôme de médecine gériatrique. Donc ça veut dire que 27 ans en médecine générale, ça n’a pas d’importance. Je ne suis pas sûr qu’il le valorise dans les facultés. »

Moi : « Comment pourrait-on faire avec le maillage actuel et à venir ? Vous aviez commencé à me dire votre avis sur le modèle présenté avec un médecin qui ne fasse que des visites et un point fixe. »

-Médecin n°7 : « Dans les grandes villes, vous avez toujours une réponse rapide. Vous avez les pompiers. En rural avec la distance, l’hiver avec la neige, les routes difficiles, c’est une perte de chance pour les gens. Mais je ne sais pas comment y répondre à ça. Je pense que la réponse c’est le maillage, mais comme il est en train de disparaître, je ne sais pas.

Moi : « Pensez-vous que la création de médecins mobiles puisse avoir un effet valorisant, attractif, de la médecine rurale, pour les médecins ? »

-Médecin n°7 : « Je ne sais pas, c’est sûr que pour nous, si on diminue les gardes c’est mieux. Il en faudrait plusieurs des mobiles, les territoires sont tellement grands. Après, on n’a pas le choix. »

Moi : « C'est-à-dire ? »

-Médecin n°7 : « Je pense que l’ARS a déjà choisi ce qu’il voulait. Déjà de passer de 17 secteurs à 5 secteurs, c’est déjà notifié. Je ne suis pas sûre qu’on nous demande notre avis, j’en doute. »

Moi : « Et comment vous sentez-vous face à cette réorganisation ? »

-Médecin n°7 : « Je vous dis, nous personnellement, ça marchait bien actuellement. Nous, on fera moins de garde donc on va s’y retrouver, mais je pense que les gens ne s’y retrouveront pas. »

Moi : « Vous pensez qu’ils n’auront plus accès à la PDSA ? »

-Médecin n°7 : « Et bien, par exemple, ça a commencé par les pharmacies de garde. A l’époque, quand on commençait les gardes, il y avait toujours une pharmacie de garde, puis le préfet a annoncé que les pharmacies de gardes ne seront que dans les villes. Donc, quand je vois un patient et que je fais une ordonnance, il doit faire 40 km pour aller chercher ses médicaments. A l’époque, on avait des médicaments donnés par les laboratoires, on pouvait avancer un antibiotique, un antipyrétique, on le marquait et le lendemain, ils allaient le chercher à la pharmacie et nous le

rendaient. Les gens maintenant ont d’avantage de choses à faire, et sur une population qui n’a pas toujours de quoi se déplacer. Mais nous, on se déplace encore, alors le jour où c’est un medecin qui vient de la ville…Ca ne va pas dans le bon sens pour les gens à mon sens. On a aussi des colonies de vacances l’été. »

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Moi : « C'est-à-dire quels vont être les problèmes ? »

-Médecin n°7 : « Je pense qu’il y aura des urgences … comme un choc

anaphylactique par exemple. Après, il y aura toujours le SAMU qui montera. Ce ne sera plus géré par nous. Moi, je pense aux cas où vraiment il vous faut administrer d’emblée ce qu’il faut. Bon, pour un infarctus, ce n’est pas ce qu’on fait qui va sauver les gens, on peut perfuser, mettre un patch de trinitrine, le temps que le SAMU arrive. Mais pour un choc anaphylactique, vous arrivez, le gars a 3 de tension et si vous attendez ½ heure, ¾ d’heure que ça monte…. »

Moi : « Vous pensez que ça risque d’être fréquent ? »

-Médecin n°7 : « Il y a déjà eu un problème sur la Haute vallée de l’Aude cet été, il n’y avait pas de permanence et c’était un infarctus. »