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-Médecin n°8 : « Non »

Présentation du médecin mobile, sa fonction. Associé à un lieu fixe de consultation

-Médecin n°8 : « C’est vrai qu’à la dernière réunion avec l’Ordre des médecins, on en a parlé pour l’organisation des territoires de garde. »

Moi : « On vous en a parlé ? »

-Médecin n°8 : « On a parlé de fusion de secteur parce que l’ARS voulait faire le maximum d’économies. Donc, on a parlé qu’à chaque maison médicale, il y aurait 2 médecins : un fixe et un mobile. »

Suite de la présentation avec les secteurs regroupés, le protocole de visites inévitables. L’arrêt des nuits profondes.

-Médecin n°8 : « On en a parlé la dernière fois. Sur ce secteur, il y a des distances qui font jusqu'à 100 km. On s’était posé la question de comment il va pouvoir faire. Si jamais il est appelé pour une personne qui n’est pas bien, moi ça m’est arrivé quand on était appelé assez souvent il y a 25 ans, on sortait 12 fois ou 15 fois dans la garde. »

Moi : «C’est pour ça que ce serait des visites très régulées et peu sur la garde. » -Médecin n°8 : « De toute façon, ils veulent nous grouper, c’est pour ça qu’ils veulent créer ce système-là. »

Moi : « Qu’en pensez-vous ? »

-Médecin n°8 : « Je suis un peu sceptique. C’est un bon projet mais ma peur, c’est si jamais il y a 2 à 3 appels en même temps, que ce ne soit pas bénéfique pour les malades. »

Moi : « Que faudrait-il mettre en place selon vous pour que ce soit faisable ? » -Médecin n°8 : (rires) « Je rigole parce que je repense à l’époque où les gardes, c’était un système où l’on s’organisait entre nous, parce que c’était notre devoir. Ce n’était pas la loi comme ça l’est aujourd’hui. Maintenant, on a une qualité de vie

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meilleure qu’avant. Ici, on a regroupé les secteurs mais humainement, c’est

acceptable pour nous. On a la qualité de soins et la rapidité d’intervention et je pense aussi l’économie pour l’ARS. »

Moi : « Donc pour résumer votre pensée, vous me dites que regrouper les secteurs c’est bien mais que là c’est trop, c’est ça ? »

-Médecin n°8 : « Regrouper les secteurs quand c’est trop étendu économiquement et humainement, je ne pense pas que ce soit bon. »

Moi : « Pour quelles raisons ? »

-Médecin n°8 : « On ne peut pas se déplacer 100 km d’un coté et 100 km de l’autre. Vous allez faire 3 visites dans la garde maximum. Donc économiquement, ce n’est pas….Nous, on se regroupe en 4 ou 5 cabinets et efficacement c’est plus bénéfique. Je pense que le patient qui est à 50 km de la ville, si on leur dit qu’on leur envoie le médecin mobile, ils vont aller directement aux urgences, ils ne vont pas attendre. » Moi : « Mais s’ils peuvent se déplacer, peut-être qu’il n’y a pas d’intérêt à leur envoyer le médecin mobile ?»

-Médecin n°8 : « Mais je pense que sur vos critères de visites, quand la régulation va avoir l’appel, ils ne vont pas envoyer le médecin mobile, ils vont envoyer directement les secours. Peut-être en effet la personne qui a 39°C de température clouée au lit, en effet, c’est peut-être le médecin mobile qui va se déplacer.»

Moi : « Voyez-vous d’autres avantages ou inconvénients à cette organisation ? » -Médecin n°8 : « C’est vrai que pour les maisons médicales, c’est vrai que ça permettrait au médecin fixe de travailler correctement, et de rendre service à la

population qui ne peut pas se déplacer. Mais je répète, pour les cas vraiment urgents sur un secteur très étendu, je ne pense pas qu’il puisse assumer tout ça.»

Moi : « Que faudrait-il mettre en place pour qu’il puisse assumer son rôle ? »

-Médecin n°8 : « Il faudrait un secteur beaucoup plus petit, mais toujours pareil, c’est le problème de budget. Quand j’ai commencé, on ne parlait pas de finance. C’était notre devoir, quand la personne appelait, on y allait parfois pour rien, simplement parce qu’ils avaient besoin d’être rassurés. »

4) Moi : « Seriez-vous prêt à participer à la fonction de médecin mobile ? » -Médecin n°8 : « C’est certain que là, nous sommes 6. Les jeunes médecins vont participer à la garde de la MMG mais nous, non, à cause de la distance. »

Moi : « Vous pensez que les médecins plus âgés vont se désengager des gardes ? » -Médecin n°8 : « Absolument. C’est certain, à la dernière réunion du secteur, tous ont dit que non. »

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Moi : « Et vous, seriez-vous prêt à être médecin mobile ? »

-Médecin n°8 : « Non »

Moi : « Pour quelle raison ? »

-Médecin n°8 : « Pour moi, le secteur est trop étendu. Pour nous, ce n’est pas

bénéfique. Comme je vous disais, un appel loin n’a pas du tout la même valeur qu’un appel en maison médicale ou en ville. Si le secteur était moins grand, aucun

problème, surtout d’aller à domicile, le contact humain j’adore ça. Mais la distance est trop grande. »

Moi : « Et le problème de la distance, c’est quoi pour vous ? »

-Médecin n°8 : « Je pense que ce n’est pas bénéfique pour le patient. » Moi : « Et pour vous la fatigue, les trajets ? »

-Médecin n°8 : « Ah non, nous on est habitué. »

Médecin homme, 63 ans, exerçant seul en rural.

Participation aux gardes le soir et Weekend, avec nuit profonde sur appel du 15.

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Verbatim medecin N°9 42min03

1) Moi : « Pouvez-vous me raconter votre dernière garde ?

-Médecin n°9 : « Ma dernière garde, j’ai vu beaucoup plus de monde que d’habitude. D’habitude, c’est assez calme ici. Nous, habituellement, on a 4 ou 5 interventions par demi-journée. Nous, on fait ou le samedi, ou le dimanche jusqu’à 20 heures. Bon, c’est vrai que c’était la période de grippe, j’ai vu beaucoup d’enfants. C’est vrai que janvier c’est un gros moi par rapport à ça. Après, ici, on est spéciaux à

Castelnaudary, on a une maison médicale, par contre on exige une régulation, on n’est pas ouvert à-tout-va. On est appelé par le medecin régulateur qui nous explique le patient, qui nous le passe en direct, on discute et on donne rendez-vous. Il y a quand même déjà une régulation. On ne veut pas par contre faire de la garde un business. On les fait parce que c’est normal mais on n’est pas là pour faire du business. On fait nous même nos gardes, on n’a pas de remplaçants, parce que ce n’est pas du business donc ça rapporte pas, on n’est pas là pour ça. On n’est pas comme les autres maisons médicales. On est considéré comme une maison médicale ‘différente’»

Moi : « Comment vous sentez-vous après vos gardes ? »

-Médecin n°9 : « C’est contraignant, dans le sens où quand on passe la semaine à travailler… enfin ce n’est pas le volume qui est contraignant, c’est plus que quand on risque d’être appelé de 12 h à 20h, c’est contraignant, d’ailleurs certains ne le font pas. »

Moi : « Et quel est l’impact sur votre vie ? »

-Médecin n°9 : « Même si on n’est pas sollicité, on est toujours sur le qui-vive du téléphone, le ‘si jamais je suis appelé’. Après, il faut reconnaître qu’on n’est pas aussi dans l’urgence, on est dans la médecine générale de week-end. L’infarctus, ce n’est pas pour nous. Donc, ce que l’on fait, c’est que l’on regroupe les consultations. Le gars qui appelle à midi, je lui donne rendez-vous à 15h. Je finis mes consultations du matin, je vais manger et après je vais à la maison médicale. Ce n’est pas de

l’urgence, c’est comme un cabinet médical, les gens ne sont pas vus de suite, et de moins en moins. »