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PREMIÈRE PARTIE : LES ROCHES MEULIÈRES

POUDINGUE DE BURNOT

Âge géol.  : Emsien/Eifelien (Dévonien inférieur/moyen)

Formation : sédimentaire

Texture : granulaire massive (A2)

Diffusion : périmètre régional (0-100 km) Production : La Tène finale Haut-Empire 0 25 50 km Oise Escaut Sambre Meuse Meuse Semois Lesse Ourthe Moselle Amblève ARDENNE MASSIF DE GIVONNE

MASSIF DE ROCROI MASSIFDE SERPONT

MASSIF DE STAVELOT-VENN

Étage Lochkovien (Dévonien inférieur) (d’après BRGM et CORTEEL 2004)

Étage Emsien/Eifelien (Dévonien inférieur/moyen) (d’après CORTEEL 2004)

Meulières attestées : PICAVET 2011 et 2015, PICAVET et al. 2017 et 2018

Ébauche de meule isolée (méd./moderne)

Lustin

Hirson Macquenoise Hargnies

SalmchâteauBurtonville Recht AVESNOIS HAINAUT BRABANT Freux Namur Charleroi Mons Dinant Charleville-Mézières Liège Maastricht Aix-la-Chapelle Bruxelles Luxembourg HESBAYE CONDROZ N

de Tongres et qui comprend le sud de la Flandre et la moitié nord de la Wallonie jusqu’au versant septentrional de l’Ardenne (fig. 101). Ces meules sont ponctuellement repérées jusqu’à Amiens (Somme) à l’ouest et Heerlen (Limbourg Néerlandais) à l’est, mais il s’agit là d’une distance extrême (210 km des premiers affleurements à vol d’oiseau pour Amiens) qui n’est pas représentative de l’aire normale de diffusion du matériau (une centaine de kilomètres).

On constate leur présence entre La Tène finale et le Haut-Empire, puis l’exploitation meulière de la formation cesse jusqu’à l’époque moderne où quelques meules semblent en avoir été extraites. La roche peut de nos jours être observée dans le pavement des quais de la Sambre à Namur.

0 50 100 km La Tène finale Meuse Sambre Escaut Meuse Lustin ARDENNE 0 50 100 km Augustéen Meuse Sambre Escaut Meuse Lustin Lustin Haut Empire Meuse Sambre Escaut Meuse Oise Somme Lys ARDENNE BASSIN FLAMAND MONTS D’ARTOIS 0 50 100 km Nombre de meules : 2 8 1 Meulières attestées : PICAVET 2015

Affleurement Emsien/Eifelien, formation de Burnot (d'après CORTEEL 2004)

Aire de distribution des meules en Poudingue de Burnot, d’après les données de E. Hartoch au Limbourg (HARTOCH et al. 2015)

ARDENNE

N N

N

Limites de distribution incertaines ou inconnues

Figure 102 Conglomérat grossier lie-de-vin à quartz lai-teux et galets d’argilite, de grès et de quartzite centimétriques. Meule de Taviers (Namur). Photo macro taille réelle.

Figure 103 Conglomérat grossier lie-de-vin à quartz lai-teux et galets d’argilite, de grès et de quartzite centimétriques. Meule de Bouvines (Nord). Photo macro taille réelle.

Figure 104 Grès moyen lie-de-vin à poche d’argilite partiel-lement dissoute. Meule de Rochefort (Namur). Photo macro taille réelle.

Figure 105 Grès moyen lie-de-vin à litages de différentes gra-nulométrie et concentration en oxyde de fer. Meule de Taviers (Namur). Photo macro taille réelle.

Figure 106 Conglomérat constitué de grains de quartz émoussés et lithoclastes engrenés. Meule romaine de Bouvines (Nord). Lame mince observée au microscope optique en lu-mière polarisée non analysée, gross. x 20 (Fronteau G., étude PCR Groupe Meule).

Figure 107 Conglomérat constitué de grains de quartz émoussés et lithoclastes engrenés. Meule romaine de Bouvines (Nord). Lame mince observée au microscope optique en lu-mière polarisée analysée, gross. x 20 (Fronteau G., étude PCR Groupe Meule).

6.13.1 Pétrographie

Les roches sédimentaires rouges qui constituent les meules rotatives vont du conglomérat grossier comprenant des éléments détritiques arrondis (graviers) pluri-millimétriques à pluri-centimétriques (fig. 102 et 103) aux grès moyens à grossiers mieux triés (fig. 104 et 105). L’hématite présente dans la matrice terrigène confère à la roche une teinte rouge « lie-de-vin » caractéristique. Des variantes grises à blanc-rosé ou à taches vertes sont plus rares.

Les grains de quartz sont vitreux à laiteux et leur granulométrie est comprise entre 1 et 3 mm. À l’échelle microscopique, ils sont parfois enrobés d’un ciment syntaxique de quartz, résultat d’un épisode de lithification de la roche qui en a lié les éléments. On observe des cristaux épars milli-métriques à pluri-millimilli-métriques de tourmaline verdâtre à noire. Les galets de tourmalinite noire sont caractéristiques de la formation367 et sont assortis de galets d’argilite gris-beige ou « lie-de-vin » (fig. 104), de galets de quartz et de quartzites de différentes couleurs, de rares roches volcaniques, de grès, et des clastes de shale sont aussi observés (fig. 106 et 107).

Les bancs sont lenticulaires et d’importantes variations de granulométrie sont observées verticale-ment et latéraleverticale-ment, passant du grès moyen au conglomérat grossier au sein d’un même giseverticale-ment. 6.13.2 Stratigraphie

La formation de Burnot, qui comprend aussi des séries de siltites et de schistes rouges, est datée Em-sien moyen/supérieur - Eifelien (Dévonien inférieur-moyen)368. La série conglomératique appelée Poudingue de Burnot était autrefois assignée à un étage appelé Burnotien sur les cartes géologiques belges au 1/40000 du début du XXe siècle. Elle correspond à un dépôt sédimentaire en milieu lit-toral et deltaïque dont témoigne l’aspect roulé des galets de roches exogènes apportés par transport fluviatile369.

367 La tourmalinite est une roche constituée d’au moins 15 à 20 % de tourmaline. 368 stainier 1994 369 corteelet al. 2004, p. 41, 50 0 20 40 km Lustin Meuse Meuse Sambre Sambre Lesse Viroin Ourthe Bois de NîmesBois des Acremonts

Affleurement Emsien/Eifelien, formation du Poudingue de Burnot (d'après CORTEEL 2004)

Cargaison d’ébauches de meules en Poudingue de Burnot draguée dans la Meuse en face de « La Pairelle » (Wépion) Meulières attestées

SYNCLINORIUMDE DINANT

PARAUCHTONEDE NAMUR ARDENNES Namur Charleroi Dinant Philippeville Givet Liège Mons Avesnes-sur-Helpe Bavay N

Figure 108 Carte des meulières connues sur les affleurements du Poudingue de Burnot (Emsien/Eifélien, Dévonien inférieur/ moyen) et épave chargée d’ébauches de meules draguée dans la Meuse.

Son aire d’affleurement est très allongée d’ouest en est (fig. 108). Elle occupe la bordure septen-trionale du Synclinorium de Dinant et celui de Verviers, depuis les contreforts occidentaux de l’Ardenne aux environs de Bavay (Nord, France) jusqu’au nord-ouest du Massif de Stavelot-Venn au sud de Liège (Prov. de Liège).

6.13.3 Carrières connues

Deux sites de meulières anciennes sont connus pour avoir livré des ébauches de meules rotatives et jouxtent les bords de Meuse au sud de Namur. Le premier est localisé dans le Bois des Acremonts, à la limite entre les communes de Namur et de Lustin ; le second est signalé dans le Bois de Nismes à Lustin370. Ces sites, identifiés par les ébauches de meules qu’ils ont livrées, n’ont jamais été étu-diés371. Les ébauches que nous avons pu y observer sont bien celles de petites meules manuelles de 30 à 45 cm de diamètre attribuées chronologiquement à La Tène finale et au début de l’époque romaine. Une vingtaine d’entre elles, conservées au musée archéologique de Namur, a d’ailleurs été draguée du fond de la Meuse au début du XXe siècle non loin de Lustin, en face du lieu-dit « la Pairelle » (Wépion, Namur)372.

Cette découverte ancienne est seulement documentée au sein des acquisitions du musée (achat en 1908). Elle témoigne néanmoins de leur transport fluvial au sortir des carrières, vraisemblablement en direction de Namur où elles devaient être achevées avant leur commercialisation.

Leur distribution est connue à La Tène finale et ne dépasse pas le Haut-Empire, période au cours de laquelle elles sont remplacées progressivement par les productions de Macquenoise à l’ouest et par celle de l’Eifel à l’est.

6.14 Les grès conglomératiques du Lochkovien

Les grès dits « arkoses » d’Haybes, de Macquenoise, de Waimes ou de Vielsalm-Salmchâteau ont livré des meules rotatives dispersées dans tout le nord-est de la France, en Belgique et au sud des Pays-Bas, tant sur les sites urbains que ruraux, occupés entre la Protohistoire et le haut Moyen Âge. Les niveaux éodévoniens dont ils sont issus affleurent d’un bout à l’autre de l’Ardenne, formant des auréoles autour des massifs calédoniens de Rocroi, de Stavelot-Venn, de Serpont et de Givonne ; on les retrouve au nord le long de la ride du Condroz, sur une ligne est-ouest longeant la Sambre et la moyenne Meuse et reliant la frontière franco-belge à la périphérie liégeoise.

Ces roches représentent le premier choix pour la confection du matériel de mouture dans cette vaste zone géographique située autour du massif ardennais. La reconnaissance des faciès est donc un enjeu majeur pour comprendre les modalités de l’exploitation meulière et pour restituer les circuits de distribution des produits finis. Le faciès de référence est celui de l’Arkose d’Haybes, présent à l’est du Massif de Rocroi autour de la vallée de la Meuse et décrit au XIXe siècle par J. Gosselet373. Il permet d’introduire les variantes identifiées sur les meules en contexte archéologique.

Soulignons que le terme « arkose » anciennement employé pour définir ces roches prête à confusion. Il existe en effet un autre type de pierre meulière très répandue dans le nord de la Gaule à l’époque romaine et qui correspond à de véritables arkoses à nombreux feldspaths (voir § 6.15), mais non originaires des niveaux lochkoviens décrits ici. Il faut donc différencier ces matériaux par l’emploi d’appellations-types sans ambigüité, par exemple : Grès de Macquenoise et Arkose d’Haybes autour du Massif de Rocroi, Grès conglomératique de Salmchâteau autour du Massif de Stavelot-Venn.

370 Picavet 2015, p. 116-117

371 Mes chaleureux remerciements aux archéologues amateurs B. Van Eerdenbrugh et D. Daoust pour avoir porté ces sites à ma connaissance et m’y avoir guidé.

372 courtoy 1920 373 Gosselet 1883

6.14.1 Pétrographie

6.14.1.1 Le faciès Haybes/Hargnies/Willerzie  : l’Arkose d’Haybes

Le faciès typique du secteur d’Haybes/Hargnies (Ardennes)/Willerzie (Belgique) est un grès gros-sier à litages marqués d’un fort tri granulomé-trique (fig. 109), parfois avec un aspect tricolore blanc/verdâtre/lie-de-vin. Le matériau va du grès grossier au grès conglomératique et contient fré-quemment des galets de quartzite, de lydite et de phyllite gris, noirs et verdâtres, et des galets centimétriques à pluri-centimétriques de quartz blanc. Des fragments de cristaux de tourmaline, millimétriques à centimétriques et verdâtres

GRÉS CONGLOMÉRATIQUES