• Aucun résultat trouvé

2 3 : Portraits d’affranchis impériaux célèbres :

LES AFFRANCHIS IMPÉRIAU

TI CLAVDIVS ACTES LIB ACRABAS FECIT

II. 2 3 : Portraits d’affranchis impériaux célèbres :

a) Le point de vue de Pline le Jeune sur Pallas :

Nous proposons ici une étude de l’une des lettres, issue de la correspondance de Pline le Jeune, qu’il adressa à son ami Montanus,254 durant le règne de Trajan. L’auteur y a développé ce qui est à la fois le récit d’un événement historique passé et un discours raisonné et critique sur la place de l’affranchi Pallas dans la société impériale de l’époque julio- claudienne.

Pline y décrivait, tout d’abord, le tombeau de cet affranchi de l’Empereur Claude, qu’il avait découvert à l’occasion de l’une de ses promenades. Ce tombeau était situé sur la Via Tiburtina, non loin des jardins que Pallas possédait sur l’Esquilin. L’auteur nous présente d’abord l’épitaphe qui y avait été gravée et dédiée à l’affranchi impérial :

Est uia Tiburtina intra primum lapidem -proxime adnotaui-

monimentum Pallantis ita inscriptum : « Huic senatus ob fidem pietatemque erga patronos ornamenta praetoria decreuit et

sestertium centiens quinquagiens, cuius honore contentus fuit. 255

L’auteur décida alors de rechercher le sénatus-consulte datant de l’année 52 ap. J. -C. qui expliquait cette décision favorisant l’affranchi. Deux étapes eurent lieu, que Pline indique être résumées dans l’épitaphe. En effet, Pallas s’était vu tout d’abord remettre les ornements prétoriens et la somme de quinze millions de sesterces, pourtant, par la suite, l’affranchi refusera cet argent, pour ne conserver que l’honneur de cette gratification. Le Sénat dut alors composer avec ce refus.

Pline informait son ami de ses recherches au cours desquelles il avait appris que ces deux sénatus-consultes avaient été gravés dans des tables de bronze, « près de la statue en armes du divin Jules », sur le Forum de César :

254 Pline le Jeune, Lettres, VIII, 6

255 Pline le Jeune, Lettres, VII, 29 : « Il y a sur la Via Tiburtina, à un mille de Rome, -je l’ai remarqué récemment-, le tombeau de Pallas, avec cette inscription : « A celui que le Sénat a gratifié des ornements prétoriens, en raison de sa fidélité et de sa loyauté envers ses patrons, ainsi que de quinze millions de sesterces, et qui se contenta de cette marque d’honneur. »

Idque aes figeretur ad statuam loricatam diui Iuli 256

Il rapporte alors certains passages du premier décret qui nous renseignent surtout sur les causes de cette remise des ornamenta praetoria. Dès le début de sa lettre, Pline trouve le décret du Sénat copiosum et effusum, c’est-à-dire composé avec un style oratoire riche et généreux, alors que la « très glorieuse » épitaphe du tombeau, superbissimus titulus, était, elle, considérée comme « modérée, et même timide » : modestus atque etiam demissus.

L’auteur commence donc sa lettre à son ami Montanus en lui faisant part de son jugement personnel critique envers la décision émise par le Sénat à cette époque. La rédaction de la lettre étant clairement construite en fonction du raisonnement développé par Pline, nous choisissons de produire le tableau ci-dessous, de sorte à comparer certains passages du texte officiel que Pline choisit de citer en regard de ses commentaires personnels qu’il souhaitait partager avec son ami :

Textes des décrets cités par Pline : Commentaires de Pline sur ces passages :

Non exhortandum modo uerum etiam Erat enim contra maiestatem senatus, si

compellendum ad usum aureorum ferreis praetorius uteretur.

anulorum.

Pallantis nomine senatus gratias agit Quid enim senatui pulchrius, quam ut erga

Caesari, quod et ipse cum summo honore Pallantem satis gradus uideretur ?

mentionem eius prosecutus esset et senatui facultatem testandi erga eum beneuolentiam suam.

Ut Pallas, cui se omnes pro uirili parte Prolatos imperii fines, redditos exercitus rei

obligatos fatentur, singularis fidei singularis publicae credas.

industriae fructum meritissimo ferat.

Cum senatui populoque Romano liberalitatis Hoc tunc uotum senatus, hoc praecipuum gratior repraesentari nulla materia posset, gaudium populi, haec liberalitatis materia quam si abstinentissimi fidelissimique gratissima, si Pallantis facultates adiuuare custodis principalium opum facultates publicarum opum egestione contingeret. adiuuare contigisset.

256 Pline le Jeune, Lettres, VIII, 6 : « Et ces tables de bronze étaient fixées près de la statue en armes du divin Jules. »

Voluisset quidem senatum censere dandum Spreuit, quod solum potuit tantis opibus

ex aerario sestertium centies quinquagies et publice oblatis arrogantius facere, quam si quanto ab eius modi cupiditatibus remotior accepisset.

eius animus esset, tanto impensius petere a publico parente, ut eum compelleret ad cedendum senatui.

Et se libenter ac merito hanc summam inter Imaginare Pallantem uelut intercedentem reliquos honores ab finem diligentiamque senatus consulto moderantemque (…) ut Pallanti decernere coepisse, uoluntati tamen nimium recusantem, imaginare Caesarem principis sui, cui in nulla re fas putaret liberti precibus uel potius imperio coram repugnare, in hac quoque re obsequi. senatu obtemperantem, (…) imaginare

senatum usquequaque testantem merito.

Incitari ad imitationem praepositi rerum eius Delectus est celeberrimus locus, in quo curae possent, et Pallantis spectatissima legenda praesentibus, legenda futuris fides atque innocentia (…) idque aes proderentur. (…) incisa et inscripta sunt

figeretur ad statuam loricatam diuui Iulii. publicis aeternisque monumentis praetoria ornamenta Pallantis, sic quasi foedera antiqua, sic quasi sacrae leges.

Tout au long de cette lettre, Pline a cherché à exprimer de façon bien tranchée et souvent acerbe, ses opinions personnelles vis-à-vis de ce sénatus-consulte. Grâce à son analyse, nous allons démontrer combien l’auteur émettait de réserve et de désaccord envers la décision du Sénat, à savoir le souhait d’honorer l’affranchi Pallas avec les ornements prétoriens et celui de lui verser en même temps une somme d’argent.

Pour commencer, il est à noter que, dans le texte de Pline, les termes du décret sont fréquemment déviés de leur emploi afin d’exprimer une certaine ironie : par exemple, dans la phrase où il informe de l’intention du Sénat de voir Pallas bénéficier de l’usage de l’anneau d’or, ad usum aureorum anulorum, ce symbole de l’ordre équestre est rabaissé par l’auteur, par le terme ferreis, où il fait allusion au port d’anneaux de fer, portés par les esclaves, désacralisant ainsi l’objet pour le restreindre à un simple matériau.

De la même façon, Pline répète les expressions utilisées par le Sénat pour les réinterpréter. Ainsi : Pallantis nomine senatus gratias agit devient plus directement : Quid enim senatui pulchrius (…) ut erga Pallantem satis gratus uideretur ? ce qui montre que Pline, cherchant à faire partager son jugement avec le destinataire de sa lettre, a utilisé le type interrogatif et le comparatif comme outils de rhétorique, pour mettre en relief ce que la reconnaissance du Sénat envers Pallas avait alors de déplacé.

Grâce à cela, c’est un véritable portrait de l’affranchi qui se dessine à travers les écrits de Pline le Jeune, grâce notamment au choix des mots concernant cet individu.

Cependant, là où l’affranchi était magnifié par le Sénat, l’auteur, lui, n’était pas du même avis. Le vocabulaire officiel consistait à témoigner du dévouement de Pallas, du fruit de son extraordinaire loyauté et de son extraordinaire assiduité, beneuolentiam suam … singularis fidei, singularis industriae fructum, valeurs qui représentaient, certes, la reconnaissance des devoirs respectés d’un client envers son patron et ancien maître, mais cela semblait teinté d’exagération pour Pline qui, moqueur, suggère alors à son ami de voir en Pallas le sauveur de l’Empire :

Prolatos imperii fines, redditos exercitus rei publicae credas.257

Plus loin, Pline reprend les termes élogieux du sénatus-consulte, qui décrivaient avec force superlatifs l’affranchi Pallas, comme méritant ce cadeau, mais il s’oppose aussi à cette attitude car il considère ce geste comme un gaspillage de l’argent public :

Si abstinentissimi fidelissimique custodis principalium opum facultates

adiuuare contigisset.

Si Pallantis facultates adiuuare publicarum opum egestione contingeret. 258

257 Pline le Jeune, Lettres, VIII, 6 : « Ne croirais-tu pas qu’il a étendu les frontières de l’Empire et restitué à l’Etat ses armées ? »

258 Pline le Jeune, Lettres, VIII, 6 : « Si cela avait réussi à favoriser les richesses du gardien le plus désintéressé et le plus fidèle des biens du prince. (…) Si cela pouvait favoriser les richesses de Pallas par le gaspillage des biens publics. »

La comparaison de ces deux phrases permet de remarquer que l’auteur a repris la construction de la phrase du décret pour n’en changer que le mot le plus fort, principalium devenant publicarum.

Cette opposition entre l’individuel, représenté par l’Empereur et le collectif, représenté par le peuple, exprime l’idée que le Sénat, en accordant tant de largesses à un seul homme - ancien esclave par ailleurs- avait oublié que Rome représentait aussi une communauté.

Pallas apparaît donc pour Pline le Jeune comme quelqu’un qui aurait profité des faveurs accordées par le Sénat, à la demande de son protecteur et patron, l’Empereur Claude. L’auteur rappelle bien en effet que Pallas n’était qu’un ancien esclave, qui agissait comme un roi, à qui l’argent public était versé, ex aerario. C’est alors que la lettre de Pline prend un tournant plus vindicatif pour révéler ce que Pline pensait être le vrai visage de l’affranchi : il trouve d’abord que son refus des richesses - les quinze millions de sesterces - fut un geste plus arrogant que celui qui aurait consisté à les accepter avec humilité :

Spreuit, quod solum potuit tantis opibus publice oblatis

arrogantius facere, quam si accepisset. 259

Puis, dans une construction rhétorique rythmée par le verbe imaginare construit en anaphore, l’auteur retrace la suite de la scène entre Pallas, l’Empereur Claude et le Sénat de telle façon que son lecteur conçoive nettement la scène. Trois phases se déroulent alors :

- celle où Pallas refuse l’argent : sestertium centies quinquagies ut nimium recusantem ; - celle ensuite où Claude, devant le Sénat, se conforme à la volonté de son affranchi,

liberti precibus coram senatu obtemperantem ;

- celle enfin où le Sénat se résout à accepter cette situation pour ne pas faire obstacle à la volonté du Prince : senatum … nisi obsequeretur principis uoluntati.

Toute la force de Pline réside, là encore, dans le choix de ses mots pour durcir ses reproches envers l’affranchi, et ce qu’il décrit crée une véritable inversion des rôles où la hiérarchie n’est plus respectée. Le verbe attribué à Claude, obtemperantem, exprime ainsi l’idée de soumission et d’obéissance alors que pour Pallas, l’auteur emploie les termes

259 Pline le Jeune, Lettres, VIII, 6 : « Il les repoussa, seule chose qui pût être plus arrogante à faire devant tant de richesses offertes au non de l’Etat, que s’il les avait acceptées. »

imperio et imperat pour montrer qu’à ce moment-là, c’est l’affranchi qui a le pouvoir sur son ancien maître.

Il désigne également Pallas par des mots qui trahissent son origine servile : libertus, à deux reprises, puis mancipium, c’est-à-dire l’esclave vu comme une propriété, et non comme un ministre a rationibus, fonction pour laquelle il recevait justement les ornements prétoriens.

De même, à la fin de cette partie, Pline continue à mettre en valeur ce bouleversement des hiérarchies en réservant les notions de retenue et de discrétion à l’affranchi, avec les termes uerecundia ipsius mais en attribuant au contraire celle de déférence au Sénat, obsequio senatus, ce qui était fortement dégradant quand on sait que, dans le vocabulaire, l’obsequium désignait aussi les devoirs du client envers son patron.

Non seulement, Pline souhaitait ainsi faire réaliser à son correspondant l’outrecuidance de ce type de personnage, à une époque où les affranchis impériaux détenaient une influence immodérée mais il montrait également la faiblesse du pouvoir officiel à cette époque, représenté ici par l’Empereur et le Sénat.

La motivation qui l’animait est expliquée à la fin de sa lettre lorsqu’il regrette que les deux sénatus-consultes issus de ces séances aient été gravés dans un lieu très fréquenté, celeberrimus locus, pour mieux faire de Pallas un modèle aux yeux de tous :

Delectus est celeberrimus locus, in quo legenda praesentibus, legenda futuris proderentur (…) Incisa et insculpta sunt publicis aeternisque monumentis praetoria ornamenta Pallantis.260

En prenant l’exemple de cet affranchi favorisé par le pouvoir, qui ne fut, certes, pas le seul sous le règne de Claude, Pline mettait en évidence l’affaiblissement de cette société romaine, qui plaçait l’autorité de l’Etat entre des mains serviles et indignes. Pline, en fustigeant ce comportement, valorisait au contraire l’époque des Anciens. D’ailleurs, il cite au début de sa lettre de grands noms de l’histoire romaine : Marius, Sylla, Pompée, dont « la gloire pâlirait auprès de celle de Pallas ». Ce procédé s’inscrit dans un choix littéraire souvent utilisé par Pline le Jeune qui, dans d’autres passages de ses Lettres, exhortait à suivre des exemples d’hommes illustres, dont la morale, l’éducation et les actions remarquables en

260 Pline le Jeune, Lettres, VIII, 6 : « On choisit un lieu très fréquenté, sur lequel ces écrits soient clairement lisibles par nos concitoyens comme par ceux des générations futures. (…) les distinctions prétoriennes de Pallas furent gravées et inscrites sur des monuments publics et éternels. »

faisaient des modèles pour les citoyens romains. Ce fut le cas de Verginius Rufus, le tuteur de Pline, qu’il considéra comme un père et dont il louait la modestie :

Et ille quidem plenus annus abit, plenus honoribus, illis etiam quos recusauit : nobis tamen quaerendus ac desiderandus est ut exemplar

aeui prioris. 261

Pline finit par se réjouir de ne pas avoir vécu à cette époque où un affranchi était mieux considéré qu’un homme de naissance distinguée :

Quam iuuat quod in tempora illa non incidi, quorum sic me tamquam illis uixerim pudet !262

Le comportement de Pallas, mais également celui du Sénat face à l’affranchi, qui est l’objet de la lettre à Montanus, serait alors ici un contre-exemple à ne pas suivre et un appel à vivre dans une société plus conforme aux valeurs défendues non seulement par Pline, comme celle du mérite et de l’humilité, mais aussi par l’Empereur Trajan, que l’auteur appréciait pour son attitude sobre et éloignée de toute corruption. Nous pouvons donc avancer l’idée que, grâce à cette lettre, Pline faisait une comparaison avec sa propre époque, où l’Empire, depuis le règne de Domitien, donnait moins de place aux familiarités entre l’Empereur et ses affranchis.

La politique de Trajan, son successeur, fut d’ailleurs louée par Pline dans son œuvre avec l’écriture du Panégyrique qu’il lui avait dédié, et dans lequel il vantait son comportement intègre envers ses affranchis :

Tu libertis tuis summum quidem honorem, sed tamquam libertis, habes ; abundeque sufficere his credis si probi et frugi

existimentur Scis enim, praecipuum esse indicium non magni principis magnos libertos. 263

261Pline le Jeune, Lettres, II, 1 : « Celui-là quitta la vie, chargé d’années, chargé d’honneurs, même de ceux qu’il

refusa : nous le chercherons en vain et nous le regretterons, comme un modèle des temps anciens. » On peut y voir un portrait plus positif que celui de Pallas, quand il est questions des honneurs que tous deux avaient reçus. 262 Pline le Jeune, Lettres, VIII, 6 : « Combien je suis heureux de ne pas être né à cette époque-là, qui me fait honte comme si j’y avais vécu ! »

263 Pline le Jeune, Panégyrique de Trajan, chapitre LXXXVIII : « Tu considères, certes, tes affranchis avec un grand honneur, mais comme envers des affranchis ; tu penses que c’est bien assez pour eux, s’ils sont estimés

b) La Consolation de Sénèque à Polybe :

Sénèque, durant son exil qui dura de 41 à 49 ap. J. –C., avait adressé à celui qui avait été affranchi par Caligula, Gaius Iulius Polybius, un texte intitulé Consolatio ad Polybium, qu’il écrivit à l’occasion de la mort du frère de Polybe. L’auteur espérait ainsi, par le biais de l’affranchi impérial, qu’un geste favorable serait fait de la part de l’Empereur Claude, alors au pouvoir, mais Polybe mourut en 47 ap. J. -C. Ce sera finalement Agrippine qui fera revenir l’écrivain, en 49 ap. J. -C. et qui lui attribua la charge de précepteur de son fils Néron.

La date de la Consolation à Polybe se situait un peu avant les victoires de Claude en Bretagne car Sénèque y exprime justement le souhait de voir ces conquêtes se réaliser, donc la datation de son ouvrage serait entre 41 ap. J. –C., l’année de l’accession au pouvoir de Claude et 43 ap. J. –C., l’année où la Bretagne devint province romaine.

Quant à l’exil de Sénèque, il avait été décidé par Messaline, au moment où, jalouse de la nièce de Claude et sœur de Caligula, Iulia Liuilla, qui selon elle, ne lui manifestait aucune marque d’honneur, elle avait comploté contre elle. Elle l’avait en effet accusée d’un adultère commis avec Sénèque, ce qui avait rendu furieux son mari, Vinicius, au point de la laisser mourir de faim : Α τη μεὸν γαὸρ τηὸν οὺλίαν τηὸν δελφιδ ν α το , ργισθε σά τεὕ Ἰ ἀ ῆ ὐ ῦ ὀ ῖ μα τι μήτε τιμ το π'α τ ς μήτε κολακεύετο, καιὸ ζηλοτὺπήσασα ἅ ὅ ἐ ᾶ ὑ ὐ ῆ ἐ τι περικαλλής τε ν καιὸ μόνη τ Κλαὺδί πολλάκις σὺνεγίγνετο, ὅ ἦ ῷ ῳ ξώρισεν, γκλήματα α τ λλα τε καιὸ μοιχείας παρασκεὺάσασα, ἐ ἐ ὐ ῇ ἄ φ' καιὲ Σενέκας ννα ος φυγε ἐ ᾗ ὁ Ἀ , καιὸ στερόν γε ο πολλὕ ὐ ῷ καιὸ πέκτεινεν α τήν. ἀ ὐ 264 Τέως μεὸν γαὸρ ο Καισάρειοι πάντες μολόγοὺν α τ , καιὸ ο δεὸνἱ ὡ ὐ ῇ ὐ ὅ τι ο κ ποὸ κοιν ς γνώμης ποίοὺν· ὐ ἀ ῆ ἐ ἐπειὲ δεὲ τοὲν Πολύβιον, καίτοι καιὲ κείν πλησιάζουσα, καιὲ διέβαλε καιὲ πέκτεινενἐ , ο κέτι α τ πίστεὺον.ὐ ὐ ῇ ἐ 

honnêtes et sages. Tu sais, en effet, que de puissants affranchis ne sont pas la preuve principale d’un puissant maître. »

264 Dion Cassius, Histoire romaine, LX, 8 : « Celle-ci, s’étant fâchée contre Julie, la nièce de Claude, du fait qu’elle ne recevait aucune marque d’estime de sa part, ni aucune flatterie, éprouvait de la jalousie car elle était d’une grande beauté et qu’elle était souvent seule en compagnie de Claude, elle la fit bannir ; ayant préparé contre elle des accusations, entre autres, celui de l’adultère, c’est à cause d’elle aussi que Annaeus Seneca dut quitter sa patrie, et peu de temps après, Julie trouva la mort. »

C’est donc depuis la Corse, sa terre d’exil, que Sénèque rédigea son ouvrage, dédié à l’affranchi impérial de Claude, dans l’espoir d’être rappelé à Rome.

Ce texte, que Sénèque adressa à l’affranchi de l’empereur Claude, se trouve être d’abord un texte très personnel, adressé à un homme dans le deuil, mais il est à considérer aussi comme un plaidoyer de la part de l’auteur lui-même, au vu de sa situation personnelle.

Sénèque aurait donc souhaité que Polybe, touché par ce soutien, intervînt auprès de l’Empereur pour que ce dernier revienne sur sa décision (qui était, nous l’avons vu, celle de Messaline) et fasse preuve de clémence. Volontairement, Sénèque compose, par conséquent, de nombreux passages à la gloire de Claude, dont il loue les actions et la grandeur. Polybe était chargé du bureau a libellis, c’est-à-dire qu’il s’occupait des requêtes formulées auprès de l’Empereur ainsi que de la préparation des auditions. Suétone nous précise que Claude l’appréciait beaucoup, ce qui en faisait un affranchi remarqué aux yeux de tous :

Ac super hos Polybium ab studiis, qui saepe inter duos

consules ambulabat. 266

Polybe pouvait côtoyer aisément les plus hauts personnages politiques de l’Etat car il se distinguait par ses grandes connaissances des langues latines et grecques ainsi que par ses talents littéraires. Après sa mort, en 47 ap. J. -C, ce fut l’affranchi Lemnius qui lui succèda, comme en témoigne cette inscription :

TI. CLAVDIVS LEMNIVS DIVI CLAVDI

AVGVSTI LIB

A STVDIIS 267

265Sénèque, Consolation à Polybe, LX, 31 : « Jusque-là, tous les Césariens s’entendaient avec elle, et

n’agissaient que d’un commun accord ; après qu’elle eut accusé Polybe, bien qu’elle entretînt une relation avec lui, et qu’elle le fît tuer, ils n’eurent plus confiance en elle. »

266 Suétone, Claude, XVIII, 1 : « Et par-dessus tous, Polybe, secrétaire des requêtes, qui se promenait souvent entre deux consuls. »

Au cours du texte de Sénèque, plusieurs thèmes sont abordés, mais la motivation de