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2 2 : L’influence des affranchis impériaux :

LES AFFRANCHIS IMPÉRIAU

II. 2 2 : L’influence des affranchis impériaux :

La vie des affranchis impériaux était étroitement liée à celle des membres de la famille impériale, non seulement parce qu’il s’agissait d’une relation fondée sur la dépendance vis-à- vis d’un maître, mais aussi parce que ces affranchis, voulaient maintenir leur position et assouvir leur ambition. Cela fut possible grâce à des protecteurs reconnaissants mais parfois influençables. Chaque Empereur était entouré d’une société aulique, composée de personnages prêts à tout pour prouver leur fidélité et leur loyauté, quitte à devenir fréquemment les instigateurs de complots ou d’intrigues de palais.

Sous le règne de Claude, les affranchis impériaux furent souvent mis sur le devant de la scène politique, car l’Empereur en faisait ses premiers confidents. Outre leurs fonctions dans les bureaux, ils avaient de fréquentes occasions de participer aux assemblées, et ainsi de présenter leurs propres arguments et d’être écoutés. Narcisse et Pallas furent deux célèbres exemples de cette libéralité accordée à des anciens esclaves. Beaucoup d’autres affranchis reçurent toutes sortes de marques d’honneur, plus ou moins justifiées.

Proches des Empereurs, les affranchis pouvaient espérer recevoir leurs faveurs, en se montrant à l’écoute et discrets, répondant en cela aux obligations de tout affranchi envers son patronus. Certains, parmi eux, réussirent à se démarquer et à appartenir à la sphère privée, voire intime, de l’Empereur et de sa famille. Nous allons ainsi étudier le cas de plusieurs de ces affranchis, qui s’illustrèrent soit par leur ambition personnelle, soit par leurs qualités exemplaires et reconnues par le pouvoir impérial.

a) Tiberius Claudius Narcissus :

C’est d’abord l’Empereur Claude qui le plaça comme chef de bureau chargé de la correspondance impériale, c’est-à-dire, comme secrétaire ab epistulis. Ce poste avait toujours été occupé par un affranchi, d’ailleurs ce fut Tiberius Claudius Eudaemon, également affranchi, qui lui succéda. Les fonctions du secrétaire ab epistulis touchaient essentiellement l’administration impériale et non la correspondance d’ordre privé.

Narcisse joua un rôle majeur dans plusieurs intrigues qui s’étaient déroulées lors du règne de Claude. Il fut, tout d’abord, mêlé au complot ourdi contre C. Appius Silanus, qui à l’époque des faits, était gouverneur de l’Espagne, et marié à la mère de Messaline, l’épouse de Claude.

Les tensions virent le jour quand Messaline prit ombrage du dédain que Silanus avait manifesté envers elle. Elle décida donc, avec l’aide de Narcisse, de se venger et ils furent tous deux les instigateurs du piège tendu à Silanus. L’affranchi se présenta, en effet, tôt un matin, alors que Claude était encore au lit. Narcisse se met à lui raconter un songe dans lequel il l’avait vu, égorgé par Silanus. L’Empereur prend peur et décide d’assassiner ce rival, qui fut, comme le dit Dion Cassius :

Καιὸ μεὸν ο τως ξ νὺπνίοὺ παραπώλετο. ὁ ὓ ἐ ἐ 228

Il faut noter que dans son texte, l’historien fait en sorte que les deux personnages, Narcisse et Messaline, soient réunis jusque dans la construction des phrases dans lesquelles il les fait apparaître, comme par exemple :

Ἡ τε Μεσσαλ ναῖ καιὲ ὁ Νάρκισσος, σοι τε ὃ σὺνεξελεύθεροι α το , λαβόμενοι ο δεὸν τι τ ν δεινοτάτων ο κ ποίησαν ὐ ῦ ὐ ὃ ῶ ὐ ἐ 

Dans ce passage, la parataxe montre bien cette mise en relief, et, par cet effet de style, l’auteur cherchait à les mettre à l’écart du groupe des autres affranchis impériaux, qui cherchaient également à influencer Claude de leur côté, mais qui étaient, eux, désignés par le terme Καισάρειοι, c’est-à-dire « le groupe des Césariens », dont Narcisse apparaissait alors comme le chef, le meneur :

O μεὸν χάρισιν ο δεὸ καιὸ χρήμασιν, ἱ ἱ ὑπό τε τ ς Μεσσαλίνης καιὲ ποὲῆ

τ ν ῶ περιὲ τοὲν Νάρκισσον Καισαρείων περιεγένοντο 230

Ce rapprochement entre l’affranchi et Messaline se remarque aussi dans les écrits de Suétone, quand leur complicité contre Silanus est abordée :

Pari modo oppressum ferunt Appium Silanum ; quem cum

Messalina et Narcissus conspirassent perdere, diuisis partibus alter ante lucem

228 Dion Cassius, Histoire romaine, LX, 14 : « Il périt ainsi à la suite d’un songe. »

229 Dion Cassius, Histoire romaine, LX, 15 : « Messaline et Narcisse, et tous les autres affranchis de l’Empereur, ayant saisi cette occasion, ne firent rien d’autre que les pires actions. »

230 Dion Cassius, Histoire romaine, LX, 16 : « Les uns par bienveillance, les autres par intérêt, furent sauvés par Messaline, mais aussi par les affranchis qui entouraient Narcisse. »

similis attonito patroni cubiculum inrupit (…); altera in admirationem formata. 231

Dans cette phrase, l’emploi des termes comme le verbe conspirare, « s’entendre avec » ; le groupe diuisis partibus, « les rôles ayant été répartis » et l’emploi des indéfinis alter… altera, expriment clairement qu’il y a eu un partage égal des responsabilités des deux personnages.

L’issue dramatique de cette conspiration montra au grand jour que Claude s’en remettait complètement à son affranchi, puisqu’il déclarait que celui-ci veillait sur lui, même en dormant :

Nec dubitauit postero die Claudius ordinem rei gestae perferre ad senatum ac liberto gratias agere, quod pro salute sua etiam

dormiens excubaret. 232

Narcisse fut également le porte-parole de l’Empereur dans les affaires militaires, ce que nous apprenons  lors d’un épisode de la campagne de Bretagne, qui nous le montre en train d’interpeller les soldats qui refusaient de partir en expédition hors de la Gaule, parce qu’ils craignaient de s’aventurer sur des terres inconnues. Il avait été missionné par Claude mais, une fois monté à la tribune pour haranguer et mobiliser ces soldats récalcitrants, ceux-ci réagirent par des moqueries et mimèrent les gestes exécutés lors des Saturnales. Cela signifiait qu’ils refusaient d’obéir à un esclave qui se prenait pour un maître et préféraient encore respecter l’ordre de leur chef, le sénateur Aulus Plautius.

C’est enfin comme l’instigateur du meurtre de Messaline que l’affranchi impérial s’illustra. Ayant été pourtant son acolyte, par le passé, il n’en éprouva pas moins de haine à son encontre, après qu’elle eut poussé à la mort un autre affranchi, Polybe. Tous les Césariens en avaient ressenti de la colère et Narcisse, là encore par esprit de vengeance mais aussi de loyauté envers son maître, avait décrit à Claude, alors absent de Rome, toutes les turpitudes et la débauche de sa femme.

231 Suétone, Claude, XXXVII, 3 : « On rapporte qu’Appius Silanus succomba de la même manière ; étant donné que Messaline et Narcisse avaient conspiré pour sa perte, chacun ayant un rôle imparti : l’un, comme s’il avait été frappé par la foudre, fit irruption avant le jour dans la chambre de son ancien maître (…) ; l’autre, prenant l’air d’être surprise.»

232 Suétone, Claude, XXXVII, 4 : « Le lendemain, Claude n’hésita pas à raconter le déroulement des faits devant le Sénat et à rendre hommage à son affranchi, pour avoir monté la garde et veiller à son salut, même en dormant. »

Il lui déclara notamment qu’elle tentait de le remplacer en mettant au pouvoir son amant, Silius Asiaticus. Claude fit alors mettre à mort Messaline, et choisit l’affranchi Euodus comme commanditaire.

Narcisse usait donc de son influence non seulement au sein de la famille impériale, mais aussi dans les moments où des décisions politiques devaient être prises. Cela se passa notamment lorsque des représentants du peuple Bithynien, venus se plaindre de leur gouverneur, Iunius Cilo, furent introduits auprès de l’Empereur par Narcisse qui montra, lors de l’entretien, tout son aplomb : comme Claude ne les entendait pas bien, à cause des cris de l’assemblée, il demanda à son entourage ce que ces gens voulaient. C’est alors que Narcisse lui répondit en faussant la vérité, car il lui indiqua le contraire de ce revendiquaient les Bithyniens. La conséquence malheureuse de cette manipulation, fut que Claude prorogea de deux ans le mandat du gouverneur Cilo, pourtant conspué :

Ε πέ τε ἶ ὁ Νάρκισσος ψευσάμενος τι χάριν τ οὺνί γιγνώσκοὺσι, ὃ ῷ Ἰ ῳ πιστε σαι τε α τ καιὸ ε πε ν “ο κο ν πιὸ διετεὸς τι πιτροπεύσει”. ῦ ὐ ῷ ἰ ῖ ὐ ῦ ἐ ἒ ἐ 234 Après la mort de Messaline, lorsque l’Empereur Claude projeta de se remarier, plusieurs choix s’offrirent à lui et ses affranchis rivalisaient de persuasion pour présenter leur favorite. Parmi eux, Narcisse lui proposait Paetina, que Claude avait pourtant répudiée auparavant :

Etiam de Paetinae, quam olim exegerat.235

Ce fut donc vers Agrippine, sa nièce, que Claude tourna ses regards mais l’affranchi ne se créera pas d’accointances avec cette femme, car, une fois devenue sa nouvelle épouse, elle chercha surtout à accélérer l’accession au trône de son propre fils : le futur Néron.

En effet, Agrippine se méfiait des affranchis qui gravitaient autour de son époux, même si elle devait se les concilier un maximum. Un jour, elle profita de l’absence de Narcisse, parti en Campanie, prendre les eaux de Sinuesse,236 une ancienne ville abritant un port, au sud du Latium.

234 Dion Cassius, Histoire romaine, LX, 33 : « Narcisse dit alors, en mentant, qu’ils reconnaissaient la faveur de Iunius, et comme Claude lui faisait confiance, il déclara : “qu’il soit donc leur gouverneur deux ans de plus”. »

235 Suétone, Claude, XXVI, 6 : « Même Paetina, qu’il avait autrefois répudiée. »

236 Cette ville fut détruite au Xème siècle par les Sarrasins. Il en reste d’importantes ruines, à l’endroit appelé

Ses eaux thermales attiraient beaucoup de monde et Narcisse les fréquentait parce qu’il était podagre. L’absence de ce fidèle affranchi, qu’Agrippine avait, en réalité, provoquée, eut une conséquence dramatique puisque c’est à cette occasion qu’elle fit servir le fameux plat de champignons empoisonnés, fatal à Claude. Elle put alors mener à bien son dessein, débarrassée de la vigilance permanente de l’affranchi de l’Empereur. 237

Narcisse, resté fidèle à l’Empereur, le suivit aussi dans la mort puisqu’il décéda peu de temps après son maître, en 55 ap. J. -C. Il possédait alors une fortune considérable, que Dion Cassius nous résume par l’intermédiaire de plusieurs termes appartenant au champ lexical de l’abondance :

Μέγιστον τ ν τότε νθρώπωνῶ ἀ δυνηθείς. Mυριάδας τε γαὸρ πλείους μυρίων ε χε, καιὸ προσε χον α τ καιὸ πόλεις καιὸ βασιλε ς.ῖ ὐ ῷ ῖ 238

La réputation de cette richesse resta fameuse puisque Juvénal l’a citée aussi en référence, dans une de ses Satires :

Si nondum inpleui gremium, si panditur ultra, nec Croesi fortuna umquam nec Persica regna sufficient animo nec diuitiae Narcissi, indulsit Caesar cui Claudius omnia, cuius paruit imperiis uxorem occidere iussus. 239

La mort de l’affranchi impérial apparaît pourtant précipitée car lorsqu’il fut mis en prison, il reçut l’ordre fatal de se suicider. Tacite ajoute que cette mort affligea pourtant Néron car les vices du futur Empereur se seraient merveilleusement accordés avec l’avarice et la prodigalité de l’affranchi :

Nec minus properato Narcissus Claudii libertus (…) aspera custodia et necessitate extrema ad mortem agitur.240

237 Dion Cassius, Histoire romaine, LX, 34 « Τοιο τός τις φύλαξ το δεσπότοὺ ν. » : « Tel était le gardien de ῦ ἦ ce maître. »

238 Dion Cassius, Histoire romaine, LX, 34 : « Il fut le plus puissant des hommes ; il possédait, par ailleurs, plusieurs fois dix mille drachmes et il se consacrait lui-même au service des villes et des rois. »

239 Juvénal, Satires, XIV, vv. 327-331 : « Si ton sein n’est pas encore satisfait, s’il s’ouvre vers toujours plus, ni la fortune de Crésus, ni l’empire des Perses ne combleront jamais ton cœur, ni les richesses de Narcisse, à qui

Claudius Caesar accorda tout et dont il suivit les ordres, comme celui de tuer sa femme. »

240 Tacite, Annales, XIII, 1 : « Et ce n’en est pas moins à la hâte que Narcisse, affranchi de Claude, (…) fut poussé à la mort, par un emprisonnement rude et une dernière contrainte. »

Auparavant, avec les facilités que lui offrait son poste de secrétaire ab epistulis, Narcisse avait pu brûler toutes les lettres de l’Empereur, restées secrètes, et susceptibles d’impliquer Agrippine ou d’autres ennemis, ce qui montre qu’à la mort de Claude, il avait cherché malgré tout à poursuivre ses devoirs envers le nouvel Empereur, qui devenait son nouveau maître, comme le lui dictait son statut d’affranchi.

b) Marcus Antonius Pallas :

Comme son nomen l’indique, Pallas avait été affranchi par Antonia, la mère de l’Empereur Claude qui le reçut par la suite en héritage. Il occupait le poste de secrétaire a rationibus, où il était chargé de la direction centrale de la gestion des finances du princeps. Son frère, Marcus Antonius Felix était procurateur de Judée, et il se crut longtemps protégé, en raison de l’influence de son frère auprès de l’Empereur.

Cependant, Pallas avait été révoqué par Néron qui, en 55 ap. J. -C., à la mort de Claude, lui avait ôté la charge qu’il tenait de son prédécesseur car cela lui mettait en quelque sorte trop de pouvoir entre les mains. On rapporte qu’en le voyant se retirer, suivi d’un immense cortège, Néron dit assez plaisamment qu’il allait, tel un Roi, « abdiquer », ut eiuaret.241

En vérité, le fils d’Agrippine ne supportait plus ceux qui pouvaient lui rappeler la période où sa mère abusait de son autorité sur lui et Pallas était devenu, à la mort de Claude, un proche d’Agrippine, voire même l’un de ses amants ; cela pouvait donc contrecarrer son ambition. De plus, Pallas était un homme très riche et Néron, en tant que nouveau patronus de l’affranchi, convoitait cette fortune qu’il pouvait hériter en hâtant la mort de son affranchi. Cela se réalisa par l’empoisonnement, en 62 ap. J. –C. :

Eodem anno libertorum potissimos ueneno interfecisse creditus, Doryphorum quasi aduersatum nuptiis Poppaeae, Pallantem, quod immensam pecuniam longa senecta detineret.242

241 Tacite, Annales, XIII, 14

242 Tacite, Annales, XIV, 65 : « La même année, Néron, à ce que l’on crut, tua par le poison les plus puissants de ses affranchis : Doryphorus, sous prétexte qu’il s’était opposé à ses noces avec Poppée, et Pallas, parce que sa longue vieillesse retenait sans fin des trésors immenses. »

Cette fortune s’accompagnait aussi d’une attitude méprisante affichée par l’affranchi, qui ne réhaussait pas sa réputation :

Τοὸν δεὸ Πάλλαντα διεχρήσατο, τι καιὲ πλο τον πολυὲν κέκτητοὅ , στε καιὸ ς μὺρίας μὺριάδας α τοὸν ριθμε σθαι· καιὸ δὺσκολί ὥ ἐ ὐ ἀ ῖ ᾳ τρόπων πολλ χρ το, στε μήτε το ς ο κέταις μήτε το ς ῇ ἐ ῆ ὥ ῖ ἰ ῖ ξελεὺθέροις διαλέγεσθαί τι, λλ´ ς γραμματε α πάνθ´ σα ἐ ἀ ἐ ῖ ὅ βούλετο καιὸ προσέτασσέ σφισιν σγράφειν. ἐ ἐ 243

De même que la richesse de Narcisse, celle de Pallas était connue de tous, comme le rappelle Juvénal :

Ego possideo plus Pallante et Licinis. 244

Il resta célèbre, en effet, pour détenir des biens, constitués de uillae agrémentées de jardins magnifiques sur la colline de l’Esquilin, ainsi qu’une somme de trois cents millions de sesterces. Il avait reçu également de la part de l’Empereur Claude de nombreuses marques honorifiques.

En effet, en janvier 52 ap. J. -C., le Sénat romain lui avait octroyé les ornements prétoriens et le droit au port de l’anneau d’or, qui était réservé normalement à l’ordre équestre. Tacite nous informe de la raison pour laquelle Pallas avait reçu cet honneur : il s’agissait de le remercier pour sa proposition de loi sur le châtiment des femmes de condition libre qui auraient eu commerce avec des esclaves et se seraient mariées avec eux :

Inter quae, refert ad patres de poena feminarum quae seruis

coniungerentur (…) Pallanti, quem repertorem eius relationis ediderat Caesar, praetoria insignia et centies quinquagies sestertium censuit consul designatus, Barea Soranus.245

243 Dion Cassius, Histoire romaine, LXII, 14 : « Il condamna aussi Pallas parce que cet homme possédait une immense fortune, évaluée à cent millions de drachmes, et qu’il était si hautain, qu’au lieu de communiquer de vive voix ses volontés et ses ordres à ses esclaves et à ses affranchis, il les leur mettait par écrit sur des billets. »

244 Juvénal, Satires, I, v. 109 : « J’ai plus d’argent que Pallas et que les Licinii. »

245 Tacite, Annales, XII, 53 : « Parmi ces affaires, on fait un rapport devant les sénateurs sur le fait de châtier les femmes qui se seraient unies avec des esclaves (…) Le consul désigné, Barea Soranus, décerna les insignes prétoriens et quinze millions de sesterces à Pallas, que César avait considéré comme l’auteur de cette proposition. »

c) Claudia Acte :

Sous le règne de Néron, s’accrurent encore les intrigues et les rapprochements entretenus par les affranchis vis-à-vis de l’Empereur. L’exemple d’Acte va, ainsi, nous le démontrer. Originaire d’Asie, puis devenue esclave, elle fut vendue à Rome, où elle avait appartenu à la maison d’Octavie, la première épouse de Néron, puis elle fut ensuite affranchie par Claude.

Néron, qui s’était épris d’elle, lui inventa un arbre généalogique digne d’une reine, puisqu’il faisait remonter sa lignée à celle de la famille royale des Attalides de Pergame. Il la couvrit également de richesses, essentiellement foncières, puisqu’elle reçut de vastes domaines en Italie et sur la côte de la Sardaigne, plus précisément à Olbia. Sa présence à cet endroit est d’ailleurs attestée par l’inscription suivante, puisqu’elle fut réalisée par un de ses affranchis :

HOSPITAE ACRABAE CONIVGI VIX ANN XXX

HIC SITA EST

TI. CLAVDIVS ACTES LIB.