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Une population jeune et des structures familiales à base réduite

concurrence ou complémentarité ?

3.1. Le contexte environnemental et les facteurs de production

3.1.5. Une population jeune et des structures familiales à base réduite

Les familles élargies regroupant plusieurs générations sous la responsabilité d’un aîné n’existent plus. Aussitôt après leur mariage, les jeunes garçons prennent leur autonomie vis-à-vis de leur parent, même s’il arrive qu’ils résident dans la même unité de résidence et se partagent les repas. Ce que nous considérons comme exploitation agricole peut être

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% P ropor ti on de s ex pl oi ta ti on s équ ipé s Village Bœufs de trait Charrue Charrette Butteur

104 globalement assimilée, à quelques différences près, au ménage que l’on peut rencontrer dans les milieux urbains. Environ un tiers des ménages sur l’ensemble des quatre villages est polygame (tableau 6). La pratique de la polygamie semble régresser, d’après les agriculteurs, sous l’effet de la religion chrétienne, mais aussi des conditions de vie de plus en plus difficile.

Tableau 6 : proportion des ménages polygames dans les quatre villages

Village

Ménages Polygames Deux épouses Plus de deux

épouses Total Béréo Kouh 17% 19% 36% Daradja Nadjikélo 17% 7% 24% Kamkoutou 22% 9% 31% Mboura 20% 4% 24% Moyenne 19% 10% 29%

a ) Village de Béréo Kouh et Daradja Nadjikélo

Il existe beaucoup de similitude dans la structure des familles entre les deux villages. Les moyennes des effectifs des exploitations agricoles sont respectivement de 10,08 et 10,69 pour Béréo Kouh et Daradja Nadjikélo, pour un nombre total de personnes par famille variant de deux à 24 pour le premier et de six à 21 pour le second. Mais dans les deux cas, les classes d'effectifs comprises entre une et 10 personnes représentent 60 % de l’ensemble. Dans le village de Daradja Nadjikélo, les adultes dépendants et les adolescents sont plus nombreux (Fig. 14).

Figure 14 : structures démographiques des exploitations agricoles à Béréo Kouh et Daradja Nadjikélo

0 1 2 3 4 5 6

Moyenne par catégorie Mboura Kamkoutou

105 L’âge moyen des chefs d'exploitation (CE) dans ce village est de 45 ans contre 39 ans à Béréo Kouh. Une partie des dépendants est constitué des jeunes qui vivent dans le village mais ne sont plus tellement impliqués dans les activités agricoles. Ils sont beaucoup plus intéressés par les petits emplois de main d’œuvre salariée dans la ville voisine de Kélo. Ils vivent chez leurs parents au village mais effectuent des allers et des retours quotidiens entre le village et la ville de Kélo. Leur contribution au fonctionnement de leur famille de rattachement est très difficile à évaluer. Sur le comportement de son enfant de plus de 20 ans qui vit encore chez lui, voici ce qu’a répondu un agriculteur lorsque nous avons voulu savoir si l’enfant était encore élève « C’est un vrai bandit cet enfant, cela fait des années qu’il a abandonné l’école, il n’aime pas

aussi le travail de la terre. Je ne sais pas ce qu’il veut devenir. À son âge, il n’est même pas encore marié. Presque tous les jours il est à Kélo, et on ne sait pas ce qu’il fait au juste là-bas, et s’il rencontre des problèmes c’est toi le père qui subira les conséquences par ce que c’est ton fils. Et après un long silence il a ajouté. Les temps ont vraiment changé ».

En réalité, les jeunes dans ce village n’ont plus tellement le choix, ils sont plus ou moins contraints de chercher leur salut en dehors de l’agriculture. Le capital foncier de leurs parents et la pauvreté des sols ne permettent plus de produire suffisamment. Les possibilités de produire d’autres exploitations agricoles viables pour les enfants sont de plus en plus faibles, par ce que la surface agricole totale que chacun d’eux recevrait de ses parents serait trop petite pour entretenir une famille. Le caractère rural du village est compromis à moyen terme par l’extension de la ville de Kélo.

b ) Village de Kamkoutou et de Mboura

La différence de la structure familiale entre les villages de Kamkoutou et de Mboura avec les villages précédents se trouve dans les moyennes des effectifs dans la catégorie de jeunes (enfants et adolescents) numériquement plus important ici (Fig. 15). Les chefs d'exploitations (CE) agricoles sont plus jeunes que ceux des deux villages précédents. Les moyennes d'âge des chefs d'exploitations agricoles sont de 36,7 ans pour Kamkoutou et 37 ans pour Mboura.

106 Figure 15 : structure démographiques des exploitations agricoles à Kamkoutou et Mboura 3.1.6. Des actifs jeunes

Les actifs d'une exploitation agricole dans notre contexte comprennent les parents, les autres membres de la famille qui vivent au sein de l'exploitation et les adolescents dont l'âge est compris entre 12 et 15 ans, et les vieux parents. La force de travail des adolescents ayant un âge compris entre 12 et 15 ans est évaluée à 60% de celui d'un adulte et la force des seniors encore actifs est évalué à 50%. La formule de calcul que nous avons utilisée pour le nombre des actifs au sein de chaque exploitation agricole est donc la suivante :

Nombre d'actifs= Nombre total de personne > 15 ans + 0,6 x (nombre d'enfants de 12 à 15 ans) + 0,5 x (nombre seniors encore actif)

Tableau 7: nombre moyen d'actifs par exploitation agricole

Village Moyenne d'actifs par EA Béréo Kouh 6,4 Daradja Nadjikélo 7,8 Kamkoutou 5,0 Mboura 5,0 EA : exploitation agricole

Ce sont les villages de Béréo Kouh et Daradja Nadjikélo qui ont les plus grandes forces de travail, avec des nombres d'actifs moyens par exploitation agricole qui sont respectivement de 6,4 et 7,8. Les exploitations agricoles des deux autres villages ont en moyenne le même nombre d'actif (tableau7).

0 1 2 3 4 5 6

Moyenne par catégorie Mboura Kamkoutou

107 Le nombre d'actifs rapporté à l'effectif total au sein d’une exploitation est un indicateur qui permet d'apprécier la capacité de travail par rapport aux bouches à nourrir. (Fig. 16). Avec une moyenne de 73 % des actifs par exploitation agricole, le village de Daradja Nadjikélo semblent être les plus avantagés de ce point de vue. Malheureusement la saturation de l’espace ne permet pas d’utiliser ce potentiel dans les activités agricoles.

Figure 16 : proportion des actifs au sein des exploitations agricoles