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De l’émergence des pratiques dans la recherche et le développement agricole

Pendant longtemps les techniques ont été l’objet central de l’étude des agronomes et des zootechniciens et par voie de conséquence, le développement agricole et rural était conçu essentiellement comme le résultat d’un changement résultant de « transfert de technologie » ou

74 de « l’adoption de paquets techniques » (Jouve, 2007). Malheureusement, ce qui est appelé progrès technique (qui est élaboré par la recherche et diffusé par les institutions de vulgarisation) est, le plus souvent inadapté aux situations concrètes dans lesquelles se trouvent les agriculteurs.

Le développement agricole, spécialement dans les pays d’Afrique subsaharienne, n’a pas été à l’abri de cette « illusion techniciste » (Milleville, 1987). Les projets, opérations, et plans de développement qui se sont multipliés, en gros depuis les indépendances, n'ont pas dans l'ensemble, tenu leurs promesses. Les échecs ont été plus nombreux que les rares réussites. Là comme ailleurs, les espoirs mis dans les bienfaits du progrès technique ont été en grande partie déçus (Dozon et Pontie, 1985).

Il a fallu se rendre à l’évidence, dans les pays développés comme dans ceux en voie de développement, de l’écart qui existait le plus souvent entre les propositions plus ou moins sectorielles de « progrès technique » avancées par la recherche agronomique et les conditions concrètes de l’insertion de nouvelles techniques dans les systèmes de production (Luxereau, 1994 ; Jouve, 1997). Les nombreux constats d’échecs se sont traduits par une remise en cause des modes d’intervention et ont suscité de nouvelles démarches théoriques. La prise en compte des pratiques des agriculteurs, qui a commencé dans les années 1970, est un fait unanimement admis de nos jours dans la recherche.

Au fondement de cet intérêt de la recherche agronomique pour les pratiques des agriculteurs, il y a la formulation d’un postulat dit de rationalité qui modifie profondément l’attitude des chercheurs à l’égard du développement agricole. Il consiste à dire que les agriculteurs ont de «bonnes raisons de faire ce qu’ils font» et que, sans connaissance de ces « raisons », les innovations proposées ont toutes chances d’être inadaptées. Par ailleurs, ce changement de point de vue revient à considérer que l’analyse des façons de faire des praticiens est en elle-même source de connaissances et qu’elle peut donc être à l’origine de progrès techniques (Blanc-Pamard et al., 1992). L’objet de notre recherche n’est plus d’étudier l’efficacité de telle ou telle technique et de ses ajustements dans telles conditions de milieu, mais la compréhension des pratiques des agriculteurs dans le contexte singulier de leur exploitation. Leur analyse ne peut se faire indépendamment de l’acteur, de ses objectifs, de son environnement écologique, économique et social (Blanc-Pamard et Milleville, 1985).

75 2.3.

Concilier pratiques et techniques

Sous le terme de pratiques, on désigne, « l’ensemble des activités matérielles intentionnelles et

régulières que les agriculteurs développent dans le cadre de la conduite des processus de production agricole » (Landais et Balent, 1995). Les pratiques sont aussi « les manières de faire, réalisées dans une optique de production » (Teissier, 1979), ou encore « les manières concrètes d’agir des agriculteurs » (Milleville, 1987).

Les pratiques, qui sont de l’ordre de l’action, s’opposent aux techniques qui sont de l’ordre de la connaissance (Deffontaines et Petit, 1985). La technique, modèle conceptuel transmissible, ayant une finalité de production peut être décrite sans référence à une situation concrète, sous formes d’énoncés « enseignables ». La pratique à l’inverse s’enracine dans un contexte particulier, historiquement, géographiquement et socialement situé (Teissier, 1979).

Toutefois, technique et pratique entretiennent des relations réciproques : du savoir au faire (mise en pratique des techniques) ou du faire au savoir (on tire des techniques des pratiques). La mise en place d’une technique aboutit, selon le contexte, à autant de traductions concrètes au niveau de l’action que d’épreuve de mise en pratique. Cette dialectique est source d’une très grande diversité, à la fois dans l’action et l’invention de nouveaux modèles techniques. Si certaines techniques de la production agricole et animale découlent des connaissances nouvelles issues de la recherche scientifique, beaucoup d’autres résultent d’une création technique autonome, fruit notamment de la formalisation des pratiques innovantes mises en œuvre par les acteurs du monde agricole (Landais et Balent, 1995)

Si l’on entend par pratiques, les manières concrètes d’agir des acteurs, cela signifie, comme le souligne Teissier (1979), que l’on se propose de ne pas dissocier le fait technique de l’opérateur, et plus généralement du contexte dans lequel les techniques sont mises en œuvre. Ainsi définie, une pratique n’est pas réductible à des règles d’action : elle procède d’un choix de l’acteur, d’une décision qu’il prend, compte tenu de ses objectifs et de sa situation propre. Mais ni les choix, ni les décisions de l’acteur ne sont aisés à saisir pour un observateur extérieur. Par contre les pratiques sont le résultat observable, visualisable d’une intention de faire (elle-même fonction des objectifs de l’agriculteur), dans un contexte de contraintes et d’opportunités, elles peuvent donc être décrites et analysées (Michel-Dounias et al., 2007).

76 2.4.

Pratiques paysannes

L’étude des pratiques est un sujet qui nécessite des capacités d’observation et de perception de la réalité qui vont bien au-delà de ce que veulent bien exprimer les agriculteurs lorsqu’on leur pose des questions. Cela exige également une bonne connaissance du domaine (agronomie, sociologie, zootechnie etc.) couvert par les pratiques à étudier. Plus souvent, la diversité des pratiques entraîne une mobilisation de connaissance multidisciplinaire pour leur étude. Milleville (1987) Landais et al., (1988) Landais et Balent (1995), proposent une démarche d’étude des pratiques qui passe par une analyse de trois volets complémentaires : la modalité, l’opportunité et l’efficacité.

2.4.1. Les modalités des pratiques

Ce volet vise à identifier les pratiques observées en privilégiant l’aspect descriptif. Il s’agit d’identifier, de décrire et de classer les actes techniques et les processus qui conduisent à l’accomplissement des pratiques. La pratique est étudiée en tant que telle, et l’observateur cherche à répondre à la question suivante : que fait l’agriculteur et comment le fait-il ? L’observation et la description des pratiques n’est pas un acte passif. Il faut faire preuve de sens critique et disposer de connaissances préalables en rapport avec le sujet observé, par ce que très souvent « on ne voit que ce que l’on entrevoit » (Jouve 1997). Cette phase constitue un préalable à celles qui suivent. Ses résultats permettent, entre autre, de raisonner le choix des situations qui seront étudiées en détail, et de structurer les recherches sur les « raisons » et les « effets » des pratiques (Landais et Balent, 1995).

2.4.2. L’efficacité de pratiques

On évalue dans cette étape, les résultats des pratiques après avoir décrit leurs modes opératoires à travers les modalités. L’évaluation de l’efficacité des pratiques se rapporte aux processus biotechniques mis en jeu et revêt une dimension strictement technique. Liée en principe à l’objet et non à l’observateur, cette évaluation peut être qualifiée d’objective (Landais et Balent, 1995).

Les résultats de l’action de l’agriculteur peuvent être classés en « effets » et en « conséquences » (Landais, 1987).

Les effets d’une pratique se mesurent sur les objets directement et matériellement concernés par

la pratique en question : effets d’une opération culturale sur le sol, effets d’un traitement phytosanitaire, etc. Les études des pratiques in situ n’est pas facile à entreprendre, par ce que les méthodes expérimentales qui ont été souvent utilisées pour tester des effets des pratiques

77 n’ont pas donné de résultats satisfaisants. D’autres méthodes inspirées des concepts « d’expérimentation sans intervention » (Landais et Balent, 1995) et « d’analyse comparative » ont été développées pour l’évaluation des effets des pratiques ». Les données utilisées sont issues d’observations et de mesures réalisées in situ ou plus souvent répétitives, qualifiés de suivis lorsque la périodicité permet d’observer l’ensemble des évènements.

Les conséquences s’observent au contraire sur les éléments du système non directement

concernés par la pratique. Elles découlent des interrelations qui caractérisent la structure du système à différentes échelles d’organisation. Par exemple, au Tchad, l’élevage des bovins par certains agriculteurs de la zone soudanienne est une conséquence de l’adoption de la culture attelée, elle-même introduite par la culture cotonnière. De façon concrète, l’analyse de la conséquence des pratiques ne peut se faire qu’à travers une étude approfondie de la structure et du fonctionnement du système étudié.

2.4.3. L’opportunité de pratiques

C’est une analyse de la logique interne des pratiques, après leur description. Il faut identifier les déterminants de la mise en œuvre des pratiques, expliquer les choix techniques et socioéconomiques et enfin comprendre les ajustements opérés par l’agriculteur en réponses aux contraintes du milieu. En d’autres termes, il s’agit de trouver des réponses à la question de savoir quelles sont les raisons qui expliquent les choix faits par les agriculteurs dans cette mise en œuvre ? L’analyse des décisions de l’agriculteur permet d’éclairer les déterminants de la mise en œuvre d’une pratique donnée, par référence à des valeurs liées au sujet et non à l’objet (durabilité, reproductibilité, viabilité, sécurité, etc.).

2.5.

Pratiques paysannes et approches systèmes.

2.5.1. Les approches systèmes, les fondements théoriques

Les pratiques paysannes qui concourent à l’exploitation agricole du milieu rural sont multiples et variées. On peut en faire un moyen utile et efficace pour appréhender les savoirs locaux à condition de pouvoir les structurer et les restituer dans des ensembles qui leur donnent tout leur sens et leur cohérence. Comme le dit Sigaut (1985), «en agriculture plus peut-être qu’ailleurs,

un fait isolé n’a pas de sens : pour le comprendre, il faut le situer dans le, ou plutôt les ensembles auxquels il appartient, dont il devient en quelque sorte l’intersection».

La démarche systémique est le produit de plusieurs courants scientifiques qui ont émergé depuis les années 1930. Parmi les principaux courants fondateurs répertoriés par Marshall et al. (1994), on retrouve :

78 - la cybernétique des années 1940 à 1950, qui étudie les systèmes de régulation et les

organismes vivants et dont la version actuellement en circulation est largement due à Norbert Wiener ;

- la théorie des systèmes, développée autour de l’école de Bertalanfly, un biologiste qui dès 1935, étudiait les systèmes complexes de la nature ;

- la théorie structuraliste, au sein de laquelle Piaget en 1968, met en valeur les concepts de totalité, de transformation, d’autoréglage pour comprendre les structures complexes dans les domaines aussi divers que les sciences mathématiques, physiques, biologiques, psychologiques, linguistiques.

Autour du concept de système s’est développé un courant théorique et méthodologique qui a reçu plusieurs dénominations plus ou moins équivalentes : analyse de systèmes, analyse systémique, analyse structurelle, analyse fonctionnelle, approche systémique, dynamique des systèmes. En rupture avec les courants scientifiques dits analytiques ou positivistes, les approches systémiques semblent vouloir d’après Walliser (1977), promouvoir une approche plus synthétique qui reconnaît les propriétés d’interaction dynamique entre les éléments d’un ensemble en lui conférant un caractère de totalité.

Les quatre préceptes de Descartes : « ne recevoir pour vrai que ce que l’on connaît pour tel,

diviser les difficultés en parties plus simples à résoudre, étudier un problème en commençant par le plus simple, exhaustivité des «dénombrements », deviennent pour Le Moigne (1990),

celui de la pertinence, celui du globalisme (l’objet à connaître par notre intelligence est une partie immergée et active au sein d’un plus grand tout). Le précepte téléologique (quel est le projet ou la finalité?), devient celui d’agrégativité (toute représentation est simplificatrice, il faut choisir les agrégats pertinents).

L’organisation en sous-ensembles structurés et en interrelations dynamiques est l’une des caractéristiques communes la plus partagée des nombreuses définitions du concept de système. On peut retenir des différentes définitions qu’un système est une entité organisée en fonction d’un but, identifiable dans l'univers dans lequel elle se trouve et susceptible d'évoluer dans le temps (Rosnay, 1975). Elle peut être caractérisée par le niveau des échanges avec son environnement et par sa stabilité (Walliser, 1977). Et enfin, elle est maintenue en équilibre par un mécanisme d’auto régulation (Crozier et Friedberg, 1977). À partir des années 1970, le courant systémique a trouvé en France, un écho favorable en agronomie et est devenu par la suite une méthode d'étude de l'activité agricole (Prévost, 1993).

79 Le modèle systémique construit par Le Moigne (1990) et formalisé à partir de nombreux travaux au sein d'entreprises de différents secteurs d'activités a servi de base à la formulation des concepts utilisés en agriculture. Le Moigne propose d'étudier tout système comme une organisation de trois sous-systèmes : le sous-système de décision, le sous-système d'informations et le sous-système opérant. Les opérations, c'est-à-dire l'activité du système, résultent de décisions qui sont prises en fonction d'objectifs, d'informations internes et externes au système ou de la créativité du phénomène étudié.

Plus ou moins ancrés sur cette organisation en trois sous-systèmes, beaucoup de concepts reposant sur celui de système ont été développés pour l’étude et l’analyse des processus de production agricole. Après biens de débats et de controverses, ces concepts ont fini par s’imposer même si les questionnements n’ont jamais tout à fait cessé (Pichot, 2006 ; Papy, 2008). Nous retenons pour notre étude, trois de ces concepts : le système de culture, le système de production et l’exploitation agricole.

2.5.2. Le système de production

Le système de production est l’un des concepts les plus utilisés pour l’analyse des modes de production agricole et la caractérisation des exploitations agricoles. Cependant la perception des différents utilisateurs et les définitions ont souvent varié en fonction des champs disciplinaires et des aspects qui ont été privilégiés pour aborder le sujet (Brossier, 1987). Il y a ceux qui considèrent l’exploitation agricule comme une entreprise, et donc soumise à l’obligation de résultat. La définition qu’il donne du système de production est centrée sur la gestion à l’exemple de celui que donnent Chombart de Lauwe et al., (1957) et qui stipule que « le système de production est une combinaison des facteurs de production et des productions

agricoles mise en œuvre par l’agriculteur pour augmenter son profit ». D’autres auteurs

reprennent le principe de combinaison de facteurs de production mais en mettant en exergue les aspects sociaux de la production agricole. Ainsi pour Reboul (1976), «un système de

production agricole est un mode de combinaison entre terre, forces et moyens de travail à des fins de production végétale et/ou animale, commun à un ensemble d’exploitations. Un système de production est caractérisé ici par la nature des productions, de la force de travail (qualification) et des moyens de travail mis en œuvre et par leurs proportions ». Badouin

(1987) propose une grille d’analyse qui comprend toute une série de concepts emboîtés les uns dans les autres et appliqués sur un ensemble qu’il appelle le « système productif agricole » et qu’il définit comme « l’ensemble des éléments qui concourent à la constitution des flux

80 productives (ou facteurs de production) et leur répartition. Le concept de système de culture et d’élevage est utilisé pour la combinaison des spéculations. Quant au mode de fonctionnement des unités de production, il le définit par le concept de système d’exploitation.

Toutes ces définitions montrent que très souvent les limites entre les concepts de système de production et s d’exploitation agricole, sont difficiles à établir et que les deux concepts peuvent être confondus dans une seule des deux. Le développement des courants de pensée issue des études systémiques et les nombreux travaux réalisés à cet effet ont contribué à un rapprochement des points de vue sur les définitions entre les différents champs disciplinaires. On peut dire donc qu’en dépit de nombreux débats et controverses qui ont émaillé l’histoire de son utilisation, le concept de système de production s’est peu à peu imposé comme un outil privilégié pour rendre compte de la complexité du fonctionnement des exploitations agricoles, pour analyser et comprendre les pratiques productives des agriculteurs (Cochet et Devienne, 2006).

Analyser un système de production revient donc à détecter les relations qui existent entre ces ressources et à préciser la fonction de chacune d’elle (Bonnefond et al., 1988,). Et si « l’on considère que dans l’étude du fonctionnement des systèmes, la compréhension par le sens prime sur l’explication par la cause, on est amené à considérer l’analyse interne des pratiques comme un moyen particulier pour l’étude des systèmes de production » (Jouve, 1997).

Les processus biotechniques qui permettent au final d’obtenir des produits agricoles à partir d’espèces végétales ou animales se déroulent à un autre niveau, considéré comme un sous ensemble du système de production et qui est appelé système de culture.

2.5.3. Le système de culture

Considéré comme un sous-système du système de production, le système de culture est défini comme « une surface de terrain traitée de façon homogène, par les cultures pratiquées, leur

ordre de succession et les itinéraires techniques (combinaison logique et ordonnée des techniques culturales) mis en œuvre » (Gras, 1990)

Cette définition tire sa légitimité d’une logique de gestion agronomique (précédent cultural, contrôle de l’enherbement et des parasites etc.) centré sur la gestion de la parcelle cultivée (Ferraton et Touzard, 2009). Cependant, les successions culturales des agriculteurs sont loin d'être aussi stables dans le temps, et leur gestion sur les parcelles aussi indépendantes les unes des autres comme le suppose implicitement les études menées sur le sujet (Doré et al., 2006). Les logiques des agriculteurs vont au-delà de la simple prise en compte du fonctionnement du

81 champ cultivé (Aubry et Michel-Dounias, 2006), ils sont sous-tendus par des objectifs, et bornées par un ensemble d'atouts et de contraintes (Sebillotte et Soler, 1990). En Afrique subsaharienne et au Tchad en particulier, les décisions de choix culturaux à implanter sur une parcelle ne répondent pas toujours au besoin d’une gestion agronomique de la parcelle sur une longue période. Badouin (1987) a construit à partir des éléments constitutifs du « système productif », une typologie comprenant trois classes de systèmes de culture : les systèmes de culture à structure unitaire, les systèmes de culture à structure associative et les systèmes de culture à structure pluraliste. Les systèmes de culture sont ainsi identifiés par rapport aux productions finales retenues et aux liens qui les unissent. Dans le système de culture de type pluraliste, les différentes cultures ne coexistent pas et ne se succèdent pas nécessairement sur les mêmes champs. Dans ce système, il y a souvent une juxtaposition de plusieurs systèmes de culture qui s’explique en partie par l’hétérogénéité des parcelles au sein de l’exploitation. La gestion de risque est aussi l’un des facteurs qui guide les choix opérés par les agriculteurs. Les décisions s’inscrivent souvent dans des stratégies de court terme, en réponse aux caractères imprévisibles de la pluviométrie (Araujo et Boussard, 1999) et aux fluctuations erratiques interannuelles des prix des produits agricoles (Gafsi, 2007). Les choix définitifs sont faits en fonction des objectifs et des moyens d’action qui sont disponibles. Ce mode de repérage des systèmes de culture semble plus approprié pour identifier les systèmes de culture dans le contexte qui nous intéresse.

L’analyse du système de culture est donc pertinente pour comprendre la structuration du système de production et appréhender les pratiques et le savoir-faire des agriculteurs dans la conduite des parcelles cultivées.

L’entrée par les concepts systémiques n’exclut pas l’usage des méthodes analytiques sectorielles. En effet si l’analyse de l’ensemble d’un système de production requiert un champ de compétence pluridisciplinaire, l’évaluation de la performance de chacune des composantes du système se fait par rapport à un champ de compétence mono disciplinaire (Jouve, 1984). Des méthodes et techniques d’analyse ont été développées pour évaluer les performances techniques et économiques des systèmes de production, et une comparaison des performances est rendu possible par des indicateurs de mesure (Devienne et Wybretch, 2002 ; Brossier et al., 2003).

82 2.5.4. L’exploitation agricole

En Afrique subsaharienne, l’utilisation du concept d’exploitation agricole, introduite à la suite des projets de développement, par les chercheurs occidentaux, fut très délicate à cause de la difficulté à identifier les acteurs et les centres de décisions (Gastellu, 1979). Le modèle