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Pluralité des normes de légitimité et comportements politiques

Yacouba Konate

Le tonton n’était pas du tout emballé par les vents de la démo- cratie. Mais comme il ne lui était pas loisible de boycotter la convo- cation des jeunes au nombre desquels son fils, il avait écouté très calmement les incitations à la rupture d’avec le parti, les invectives contre le Vieux Président, etc. Tonton fut choisi par les Anciens pour proposer une réponse à ces propos. N’avait-il pas été trésorier de la section locale du parti du temps oÙ ses affaires marchaient ? Le tonton parla longuement. I1 parla de la traite, de l’esclavage, de la colonisation, des travaux forcés et des indépendances avant de plaindre la jeunesse.

(< Nous autres, dit-il, nous avons fait notre révolution. Nous avons

affronté le colon, nous avons affronté les travaux forcés. Vous qui nous parlez de liberté, de multipartisme, quelles sont vos victoires et oÙ sont vos trophées ? Qu’est-ce qui prouve que vous allez gagner cette bataille à laquelle vous nous conviez et qui est, en fait, votre premier et vrai défi historique. Pourquoi n’assumez-vous pas vos responsabilités au lieu de demander le soutien de vos pères ? Vous avez dit que nous n’étions pas libres, je dirai plus, nous sommes enchaînés. Mais pouvez-vous nous assurer qu’à l’issue du combat, nos chaînes ne seront pas encore plus lourdes que celles que nous portons aujourd’hui ? Ces chaînes que nous

traînons intègrent notre condition d’homme et, par la force de l’habi- tude, nous ne les sentons plus. Qu’est-ce qui nous dit que vous ne nous conduisez pas à des impasses où nos maîtres nous appliqueront des chaînes encore plus lourdes ? )>

Aujourd’hui, au temps des transitions démocratiques qui tirent en longueur, pouvons-nous, nous, anciens ou actuels courtiers de la démo- cratie, affirmer que nous avons relevé le défi historique de la décennie

1990 ?

Les inventeurs de la politique

Ce que nous espérions de la démocratisation c’était précisément que plus personne ne puisse imposer des chaînes à son prochain. Nous cherchions des citoyens prêts à se débarrasser de leurs chaînes et voilà qu’ils se montraient à nous comme des gens convaincus de ce qu’il n’y avait de choix possible qu’entre des chaînes plus ou moins lourdes. Nous rêvions d’inventer la démocratie comme les anciens se vantaient d’avoir fait la politique. I1 s’en trouvait même pour dire que les pères fondateurs avaient -inventé la politique. Comment restaurer les hommes dans leur dignité ? Si, comme on peut le penser avec Karl Popper, la démocratie consiste à se doter des moyens de contrôler le pouvoir de ceux qui nous gouvernent, peut-on dire que les transitions démocratiques par exemple nous ont guéris du patrimonialisme ? Les -hommes, les femmes et les jeunes d’Afrique préféraient-ils, à l’image de ces Vieux sages, l’escla- vage feutré aux risques et aux mirages de la liberté ?

Nous avons sous-estimé le pouvoir de régénération des dictatures.

En fait, nous ne savons toujours pas ni comment elles meurent, ni comment elles survivent. <( Nous >) : génération de l’Afrique miraculée et qui monte en puissance parallèlement aux économies nationales rivées sur les monocultures de rente et l’extraction des matières premières minérales, nous qui avons vu le cycle infernal de la dette s’enclencher et devenir vicieux ; <<nous ))7 génération des 40 à 60 ans, qui avons été accusés d’avoir allumé le feu du multipartisme dans la maison commune du parti unique.

L’avantage indéniable que cette génération des indépendances détient sur les autres, c’est d’avoir été l’instrument d’une révolution aca- démique et culturelle selon des conditions qui peuvent apparaître aujour- d’hui miraculeuses. Nous avons eu le loisir d’apprendre. En ces temps- là, on allait pêcher le futur élève à domicile. On persuadait ses parents et

NORMES DE LÉGITIMITÉ ET COMPORTEMENTS POLITIQUES 165 hop ! il commençait les classes, le jour même. Pouvaient ainsi évoluer dans la même classe des élèves de 5 ans et d’autres de 10 ans, le maître s’occupant personnellement de chacun. En ces temps-là, les classes n’étaient pas surchargées mais plutôt clairsemées. Livres, cahiers, crayons, l’État pourvoyait à tout. Et comme ses écoles n’étaient pas innombrables, le ministre de I’Éducation nationale pouvait de sa plus belle plume dédicacer des ballons de foot qu’il faisait envoyer aux écoles. Bah ! Les profs n’étaient pas << terribles P : des assistants techniques qui apprenaient les maths en même temps que leurs élèves, des épouses qui, dans le meilleur des cas, avaient un diplôme de puériculture, promues << profs d’histoire-géo >>. Qui donc écrira une histoire ou un roman de ces << profs D d’occasion ? Mais nous étions les enfants de 1’État-providence et nous serions les premiers diplômés des premières universités africaines. L’État était entrepreneur et il offrait des bourses à tous ses fils pour peu que leurs résultats scolaires fussent acceptables et on travaillait d’autant mieux que les conditions de travail étaient bonnes. Pas autant que celles qui étaient offertes à ceux qui avaient eu la chance d’aller au froid, c’est-à-dire en Europe, mais assez bonnes, pour que 60 à 70 % des élèves parvenus en classes de terminale obtiennent leur bac. L’époque précédente, celle des pères fondateurs, fut celle des études en France ou en Angleterre, parfois dès le lycée.

L’écrivain Bernard Dadié raconte que dès qu’un lycéen obtenait son baccalauréat ou son bac, il pouvait être réveillé de sa sieste par le député Félix Houphouët-Boigny et se voir proposer une bourse d’études en France. Et celui qui obtenait en France une licence en droit pouvait apprendre à pratiquer son droit en même temps qu’il apprenait à être ministre. Tout simplement les cadres nationaux n’étaient pas légion.

La génération des pères fondateurs, pères de la nation, Houphouët-Boigny, Kwamé Nkrumah, Sékou Touré, Léopold Sédar Senghor, avait une légitimité historique certaine. Les antécédents syndi- caux, le combat contre le colonialisme, l’introduction de la politique politicienne dans le quotidien des Africains, les postes de ministres préa- lablement occupés en France ou les responsabilités syndicales à 1 ’échelle de la sous-région, autant d’atouts qui légitimèrent leur promotion et favorisèrent l’adhésion des populations à leur personnalité et à leur projet de société. La montée en puissance de cette nouvelle classe de politiciens professionnels mit en veilleuse les légitimités de type tradi- tionnel dont les chefferies, les royautés, les lignages. Cependant, les nouveaux présidents ne résisteront pas toujours à la tentation de susciter des généalogies plus ou moins dorées, comme pour revendiquer sur le pouvoir d’État une légitimité de type traditionnel. Cet acharnement des présidents de République à traditionaliser le blason de leur légitimité est

d’autant plus curieux qu’il est, a priori, inopportun. En effet entre le pouvoir d’État moderne et le pouvoir des chefferies traditionnelles, il n’y a pas juste une différence d’échelle, il y a surtout une-différence de logiques, de sources de la légitimité et de modes d’exercice de la légi- timité.

Souvent amadouées, parfois intimidées par le nouveau pouvoir des politiciens, les chefferies ne sont pas vraiment faites pour requérir les suffrages de leurs sujets. Les normes de légitimité qui leur donnent auto- rité sur les hommes et les terres et qui réglementent le cours des affaires courantes, relèvent du droit coutumier qui, par définition, n’a de perti- nence que pour les gens partageant les mêmes coutumes et évoluant dans l’immédiateté du même espace. Aujourd’hui encore, outre le droit cou- tumier de dire la justice de proximité, les chefferies continuent de gérer des titres de propriété foncière à l’échelle des villages et même des villes d’autant plus légitimement que la surenchère identitaire que traverse l’Afrique en ce moment convoque chaque citoyen à se prédéfinir ou à se redéfinir par rapport à une ethnie.

Les partis uniques tentèrent de légitimer les privations de liberté dont ils se savaient coupables par la nécessité d’aller au plus vite au développement économique et à la construction nationale. La fin justi- fiant les moyens, on étouffa la société civile, on verrouilla la société politique. Mais la dominance de l’embrigadement syndical, la prolifé- ration du parti unique et l’inhibition des forces de la société civile, déga- gèrent les forces armées comme seule force constituée. A vrai dire, nous avons su éviter de crier avec les loups. Nous avons constitué des syndi- cats autonomes qui ont assez bien fonctionné. Nous nous sommes dispo- sés en veilleurs et en donneurs de leçon,s et les populations appréciaient nos prises de position parfois fracassantes quoique, pour être autonomes, nos syndicats n’en fussent pas moins uniques chacun dans leur secteur.

Toutefois, nombreux sont les régimes qui se désagrégèrent ou se cas- sèrent, suite à des feux allumés sur le front syndical. Nombreux furent les coups d7État militaires qui prirent prétexte des revendications syndi- cales et des mouvements sociaux engagés pour les soutenir, pour pren- dre le pouvoir. Les transitions démocratiques elles-mêmes partiront des mouvements de contestation dont les syndicats autonomes furent des foyers ardents : les réformes de ]’État et de son parti unique touchaient aux nombreux avantages et privilèges dont bénéficiaient certaines ins- tances de la contestation. Et lorsque, donnant dans la fanfaronnade, certains de nous se prévalent d’avoir inventé la démocratie, il faut enten- dre que les luttes socio-syndicales engagées dès 1990 ne recherchèrent pas des solutions partielles mais exigèrent une réforme globale de la société et du politique qui fut convoquée à intégrer le pluralisme dans

NORMES DE LÉGITIMITÉ ET COMPORTEMENTS POLITIQUES 167 ses normes. Et le parti unique renonça à se croire tout-puissant. Encore quelque temps et il implosera.

Les réinventeurs de la politique

Dans le temps, plus d’une fois, les coups d’État militaires avaient révélé les limites du parti unique et, représentant la seule alternative de fait, (( la critique des armes >) fit et défit les légitimités, s’auto-proclamant comme source de la légitimité et comme légitimité. Le militaire renversa le chef historique et, succédant au père de la nation, substitua la légitimité de la force à celle du charisme et de l’histoire. I1 n’en fut pas pour autant un générateur de rupture, car le coup d’État militaire ne sut que reproduire et perpétuer la culture de parti unique. Si bien que lorsque le général A. Toumani Touré renversa le général Moussa Traoré et décréta une transition de six mois au terme desquels il rendrait le pouvoir aux civils, très peu d’acteurs ou d’observateurs de la vie poli- tique accordèrent foi à cette promesse. Au contraire, on se disait : (< Ils disent toujours ça ! >> On se trompait sur l’homme et sur le compor- tement politique inédit qui allait conférer à l’armée en Afrique une nouvelle vocation politique : celle de gestionnaire des transitions. Le général Aboubakar au Nigeria, le général Wanké au Niger, le général Mané en Guinée-Bissau, aussi bien que le colonel Azali Assoumani, leader du coup d’État militaire aux Comores, participent de la même geste historique qui consiste à utiliser la force de l’armée pour limiter les excès et les faiblesses du pouvoir, organiser une transition démocra- tique, assurer le retour effectif des militaires aux casernes.

La contemporanéité de fait entre les processus de transitions démocratiques et le développement des relations inter-ethniques en ten- sions ethniques de plus en plus exacerbées est paradoxale. Les jeunes qui furent le fer de lance et les acteurs sociaux de ces mutations repré- sentent l’écrasante majorité de la population. La plupart du temps, ils ne peuvent se prévaloir d’aucune attache ethnique organique. Citadins, du fait de l’urbanisation rapide du continent, ils sont davantage les enfants de leur quartier et de la ville plutôt que les sujets d’une ‘ethnie. Leur prose et leur poésie, ils les inventent au quotidien dans des français populaires qui sont leur langue maternelle. Par ailleurs, les paradigmes de 1’État moderne sont en contradiction foncière avec ceux de l’ethnie qui en tant que tels réfèrent à des liens de type naturaliste. Si bien qu’on peut dire que la coexistence dans l’espace et dans le temps entre démo- cratisation et tensions ethniques ne distingue pas la première comme

cause des secondes. Elle signifie que ceux qui avaient peur de la démo- cratie n’ont pas fait qu’agiter l’épouvantail des tensions ethniques pour conjurer le pluralisme. Ils se sont activés à exacerber les faits ethniques, les développant en des oppositions perverties en tensions pour justifier, a posteriori, -ce qu’ils avaient annoncé. Elle signifie également que sans l’invention de procédures à même de juguler l’instrumentalisation des faits culturels, la démocratie restera une chose fragile.

On a souvent présenté le recours au multipartisme comme un effet de la chute du mur de Berlin (1989)’ de l’éclatement de l’Union sovié- tique (1991) et de la Conférence de La Baule. C’est faire peu de cas de l’antériorité historique de la conférence nationale du Bénin. C’est faire peu de cas de la nouveauté des modes de production démocratiques qui, dès 1990, affectent le paysage politique, sous la pression de nouveaux acteurs sociaux dont les jeunes et la société civile. Ces mouvements sociaux tirent avantage de l’affaiblissement historique du parti unique dans son histoire et dans son principe. Le parti unique qui n’arrive plus à mobiliser le corps social n’arrive pas, non plus, à tenir les promesses de développement et d’unité au nom desquelles il préconisa le renon- cement provisoire à la démocratie pluraliste.

En même temps que le modèle du parti unique, s’essoufflent les économies d’extraction qui assuraient à 1’État les moyens de ses ambi- tions et de ses frasques. La faiblesse des appareils industriels, leur vieil- lesse, l’effondrement du pouvoir d’achat, la centralisation abusive et la coalition abusive du pouvoir économique et politique accélèrent l’épui- sement de l’idée et des réalités du père de la nation. Et 1’État apprit à ses dépens qu’il n’avait pas été bon entrepreneur, les sociétés d’économie mixte non plus, qui ont reconduit la pratique des effectifs pléthoriques et le mou dans la gestion. Le moment de la recomposition de 1’État en tant qu’instance de gestion du pouvoir sera donc également celui de la redé- finition de ses fonctions économiques et sociales.

Au parti unique, succèdent et le pluralisme politique et le libé- ralisme économique. La décolonisation fut une grande mystification.

Elle n’a promu aucune souveraineté des peuples et des nouveaux pays indépendants par rapport à l’ancienne tutelle coloniale qui continua à tirer les ficelles du jeu politique et économique. Ce déficit de souverai- neté de l’État au plan national correspondait au plan de la politique inté- rieure à une non-souveraineté des citoyens. Ce fut la longue nuit du parti unique. << Le parti unique, le savez-vous, ressemble à une société de sor- cières, les grandes initiées dévorent les enfants des autres >) (Kourouma, 1970 : 22). Qui dit c< société sorcière >) dit culte de la peur et de la sou- mission. Ainsi, fut fondée l’autorité politique sur la peur et l’indéfec- tible attachement du citoyen au père de la nation. Entre ces dictatures de

NORMES DE LÉGITIMITÉ ET COMPORTEMENTS POLITIQUES 169 fait ou de droit du temps de la guerre froide et les nouvelles démocraties de fait ou de droit générées par les transitions démocratiques intervenues au début des années 1990, il y a une commune mesure : la crise plus ou moins ouverte entre 1’État et la société.

On croit souvent, et à tort, que le pluriel est un effet de la multi- plication et, par conséquent, on le fait dériver de l’unité. Erreur ! Le

(< nous )) précède le ((je S . L’unité est une abstraction en ce sens qu’elle

est la projection qui permettra à l’individu de se distinguer de la famille, de s’opposer à elle, de penser en son nom, de se représenter le monde.

La vérification politique de cette idée conduit à remarquer que le parti unique fut partout une assimilation, une phagocytose de différents partis existants par un parti jouissant à un moment historique donné d’une hégémonie incontestable. Libéralisme et pluralisme s’illustrent dans l’es- sor de la presse privée. Gages parmi les plus tangibles de la libéralisa- tion relative des mœurs politiques, la naissance et la prolifération rapide de la presse dite privée représentent la manifestation la plus vivante du pluralisme et de l’éthique de la discutabilité sans laquelle il ne saurait y avoir pluralisme de droit et de fait. Tout se passe comme si c’est à partir de la norme de la parole libérée que la société civile et la société poli- tique devraient conquérir les autres dimensions de la liberté. La presse symbolise le pluralisme des idées, elle contribue à l’animation de l’es- pace public. Elle donne un espace public à la parole plurielle. Ce plura- lisme vécu est une démonstration et une expérimentation de la pluralité des normes de légitimité qui reconfigurent les comportements politiques.

Au nombre des nouveaux comportements politiques qui interfèrent -dans la régulation du jeu politique en Afrique contemporaine, il y a le

(( power-sharing >>. Pis-aller, cet accord entre politiciens, qui génère une certaine pacification du front sociopolitique, est l’aveu d’un déficit de représentativité et même de légitimité du pouvoir en place. Certes, les partis entrés au gouvernement n’ont jamais développé une sensibilité particulière dans la science de la gestion du pouvoir. Au contraire, ils se sont installés dans des pratiques de << mangeailles )> et de partage éhonté du gâteau acquis de haute lutte par la nomination d’un des leurs à un poste ministériel. Mais ce type de partage du pouvoir ne touche pas aux causes du déficit de légitimité dont il est l’effet. Les solutions sont ailleurs, par exemple dans le consensus à réaliser autour de la concep- tion et. de la mise en œuvre des opérations électorales qui doivent dans tous les cas être d’une transparence incontestable. Autrement, les avatars du parti unique aussi bien que les compromis compromettants conti- nueront à régir les mœurs politiques. Et l’opposition, invitée à appliquer un programme qui n’est pas le sien, contribua elle-même à ruiner l’idée d’alternance cependant essentielle à la démocratie.

La guerre et les << poussins chocs b>

La situation actuelle de l’Afrique au double plan macro et micro- économique est si préoccupante que des esprits particulièrement bien- veillants ont cru devoir proposer la recolonisation du continent. Le rapport du PNUD, publié en mars 1999, considère qu’au rythme où vont les choses, c’est seulement en 2015 que l’Afrique parviendra à nouveau au sommet de la croissance qu’elle avait atteint en 1975. Partout la pauvreté s’aggrave. Selon les chiffres publiés par la Banque mondiale en 1997 les personnes vivant avec un dollar par jour sont passées de 179 millions en 1987 à 218 millions en 1993, soit 85. % de la population en Zambie, 72 % à Madagascar, 65 % en Angola, 61 % au Niger, 50 % en Ouganda. En Côte d’Ivoire, l’Institut national de la statistique estime que la proportion des pauvres à Abidjan est passée de 0,7 % en 1985 à 17,4

La situation actuelle de l’Afrique au double plan macro et micro- économique est si préoccupante que des esprits particulièrement bien- veillants ont cru devoir proposer la recolonisation du continent. Le rapport du PNUD, publié en mars 1999, considère qu’au rythme où vont les choses, c’est seulement en 2015 que l’Afrique parviendra à nouveau au sommet de la croissance qu’elle avait atteint en 1975. Partout la pauvreté s’aggrave. Selon les chiffres publiés par la Banque mondiale en 1997 les personnes vivant avec un dollar par jour sont passées de 179 millions en 1987 à 218 millions en 1993, soit 85. % de la population en Zambie, 72 % à Madagascar, 65 % en Angola, 61 % au Niger, 50 % en Ouganda. En Côte d’Ivoire, l’Institut national de la statistique estime que la proportion des pauvres à Abidjan est passée de 0,7 % en 1985 à 17,4