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Si l’on continue de questionner et d’analyser les données empiriques à la lumière de la littérature scientifique, la sociologie de l’acteur-réseau226, développée par Bruno Latour,

Michel Callon et Madelein Akrich, suggère que les « humains »227 et les « non-humains »228

peuvent s’influencer mutuellement. Cette théorie met en évidence l’existence de rapports entre « actants », c’est-à-dire entre « humains » et « non-humains », inscrits au cœur d’un même réseau229. Selon ces auteurs, ces réseaux structurent et construisent

notre société. Dans ce sens, Michel Callon explique : « L’une des hypothèses au cœur de la [sociologie de l’acteur-réseau] est de considérer que la société ne constitue pas un cadre à l’intérieur duquel évoluent les acteurs. La société est le résultat toujours provisoire des actions en cours. La [sociologie de l’acteur-réseau] se distingue des autres approches constructivistes par le rôle actif qu’elle fait jouer aux entités produites par les sciences et les techniques dans l’explication de la société en train de se faire »230.

À la lumière de cette théorie, un objet technique peut donc être modifié par l’usage de ses utilisateurs. Selon Madelein Akrich, la manière d’utiliser un objet peut entraîner des adaptations de sa forme, de ses caractéristiques ou de ses fonctionnalités. Ainsi, elle explique que chaque innovation est, tout d’abord, ce qu’on pourrait nommer un « scénario », un script développé par son concepteur : « Thus, like a film script, technical objects define a framework of action together with the actors and the space in which they are supposed to act »231. Le concepteur a une certaine vision du monde et veut créer

un objet dans un but précis. Il élabore donc un plan dans lequel il inscrit le programme d’actions de cet objet, c’est-à-dire les actions que l’objet peut réaliser, les acteurs, à savoir les utilisateurs au sens large, et l’espace dans lequel s’inscrit cet objet. Prenons l’exemple de la plateforme de CitizenLab. On perçoit qu’elle a été créée à travers le prisme de la démocratie participative et que ses concepteurs ont imaginé un site internet qui serait géré par des administrations publiques locales afin de permettre aux citoyens d’interagir et de « co-construire » avec les élus politiques une décision relative à la vie publique. On peut ainsi lire ce message adressé aux collectivités locales sur le site de l’entreprise : « Nous

226 Aussi nommée « Sociologie de la traduction » ou désignée par l’abréviation ANT pour « Actor-Network Theory » . 227 Par exemple, si l’on prend notre cas, ce sont les gestionnaires administratifs.

228 Comme les plateformes de participation citoyenne en ligne.

229 Le réseau peut s’apparenter à un tissu composé d’une multitude d’interactions. Ces réseaux sont dit « socio- technique » puisqu’ils mêlent « humains » et « non-humains ». Mahil Aziza, Tremblay Diane-Gabrielle, « Théorie de l’acteur réseau » dans Sciences, Technolgies et sociétés de A à Z, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2015, p.234-237.

230 Callon Michel, « Sociologie de l’acteur réseau », dans Sociologie de la traduction : textes fondateurs, Paris, Presses des Mines, Coll. « Sciences sociales », 2006, p. 267.

231 Akrich Madeleine, « The De-Scription of Technical Object », dans Shaping Technology/Building Society, Studies on Sociotechnical Change, Cambridge, Massachusetts Institute of Technology Press, 1994, p.208.

avons conçu la plateforme CitizenLab avec tous vos besoins en démocratie participative à l’esprit. C’est pourquoi vous y trouverez (sur la plateforme) toutes les fonctionnalités pour vous aider à atteindre vos objectifs en terme de participation, et bien plus »232.

Toutefois, selon Madeleine Akrich, l’objet reste à l’état de fantasme tant qu’il n’est pas introduit auprès de ses utilisateurs et dans son environnement. L’objet prend réellement vie lorsqu’il est confronté à la réalité. La plateforme de participation citoyenne n’a pris vie que lorsqu’elle est passée des bureaux de CitizenLab aux ordinateurs des gestionnaires administratifs. Néanmoins, l’implémentation peut entraîner des mécanismes d’ajustement réciproque entre l’objet technique et son environnement. Les utilisateurs, en ayant recours aux objets techniques, prennent part à la définition de leurs fonctionnalités, influencent les choix techniques et modifient même parfois l’esprit même de ces objets. Dans cette perspective, il est intéressant de voir les ajustements entraînés par l’utilisation de la plateforme en ligne à Flobecq et à Liège par les gestionnaires administratives. Dans cette perspective, Berry Tholen met également en exergue l’influence des agents administratifs dans un processus de démocratie participative : « Dans l’organisation, la facilitation et la modération du dialogue, les administrateurs ne manquent pas de possibilités d’influer sur le cours des événements. Dans la communication l’issue dépend en grande partie du modérateur. (Ainsi) En maïeutique, le mode d’accouchement peut faire varier l’enfant qui finira par naître »233.

Madeleine Akrich propose une classification des formes d’intervention que peut entraîner la manipulation des objets techniques par ses utilisateurs. Elle s’établit sur deux axes. D’une part, les interventions sur l’objet en tant que tel. D’autre part, les interventions qui modifient les usages prévus par le scénario du concepteur. Ces deux axes donnent au total quatre types d’ajustements : l’adaptation, l’extension, le détournement, le déplacement. Cette classification peut être schématisée de la façon suivante :

Types d’ajustements Interventions sur l’objet L’adaptation L’extension Interventions sur les usages Le détournement Le déplacement

Il est intéressant d’appliquer cette classification aux communes de Liège et Flobecq afin de mieux comprendre, d’une part, le type d’ajustements qu’a pu provoquer l’usage de

232 Voir page internet suivante : https://www.citizenlab.co/fr/plateforme/engagez (Consultée le 10 juin 2018). 233 Tholen Berry, op. cit., p.634.

la plateforme de participation citoyenne, d’autre part, de voir si ces ajustements sont similaires à Flobecq et à Liège.

Le premier type d’ajustement, c’est l’« adaptation ». Il consiste à apporter quelques modifications à l’objet technique. C’est le fait d’ajuster l’objet en fonction de son utilisateur ou de son environnement dans le but de l’améliorer. On peut ainsi lire sur le site internet de CitizenLab : « Personnalisez votre plateforme ! Vos citoyens doivent pouvoir clairement identifier leur interlocuteur. Utilisez les éléments existants tels que le logo ou les couleurs de votre ville pour créer une expérience en continuité entre tous vos canaux et supports »234. On peut voir sur la plateforme « RéinventonsLiège » et « Flobecq 2025 » les

logos et les éléments de la charte graphique des deux communes. La gestionnaire administrative de la plateforme de Flobecq a également indiqué, lors de l’entretien réalisé dans le cadre de ce mémoire, qu’elle avait demandé à l’entreprise CitizenLab de traduire les menus en néerlandais afin de respecter les impératifs liés aux caractéristiques de la commune.235 Des ajustements plus approfondis sont parfois indispensables car l’espace

imaginé par le concepteur ne correspond pas exactement à l’environnement de l’objet. En ce sens, les différents acteurs liégeois rencontrés ont indiqué avoir rencontré des difficultés en raison du modèle préconçu de la plateforme. Un membre du cabinet du bourgmestre du Liège explique ainsi :

« Ben oui, c’était très cadrant. Ils avaient un modèle qu’ils ont un peu imposé. CitizenLab est arrivé avec un produit très fortement formaté. Nous, on a été demandeurs de modifications de la plateforme. Mais on savait aussi, qu’étant donné les budgets et les prix qu’ils demandaient, on ne pouvait faire ce qu’on voulait. […] Mais il faut bien se rendre compte que leur plateforme, à mon avis, elle est très adaptée à

une petite ville ou à… je dirais un projet particulier. Mais la Ville de Liège, chaque quartier a la taille d’une petite ville.»236

La gestionnaire administrative de la ville de Liège explique également :

« Le problème, c’est qu’ils réfléchissent leur produit en chambre et qu’ils ne le testent pas. Ils ne viennent pas voir les communes en amont et qu’au final ils débarquent et quand tu leur dis « ça, ça ne

va pas du tout » […] Donc, là, il y a un gros souci entre… euh…. L’école de commerce et le fait de mettre son contenu en place. Euh… même si c’est intéressant dans le développement de leurs outils. Et

le problème aussi c’est qu’ils essaient de… euh…. Pour réduire leurs coûts… de plaquer la même plateforme à tous les territoires. Alors que chaque territoire a sa propre identité, son propre fonctionnement. Une commune de 200 000 habitants ne va pas fonctionner de la même manière qu’une commune de 6000 ou 10 000 habitants. Et euh… et du coup les outils ne sont pas les mêmes,

ceux qui doivent être intégrés dans la plateforme »237

234 Voir page internet suivante : « https://www.citizenlab.co/fr/plateforme/engagez » (Consulté le 27 juillet 2018). 235 Pour rappel, la commune de Flobecq est une commune à facilités linguistiques. Voir l’extrait de l’entretien avec la gestionnaires administrative de la commune de Flobecq page 35.

236 Entretien avec un membre du cabinet du Bourgmestre de la Ville de Liège, le 12 juillet 2018. 237 Entretien avec la gestionnaire administrative de la Ville de Liège, le 15 mars 2018.

La plateforme étant conçue sur base du modèle SaaS238, les gestionnaires administratifs

ne peuvent donc pas modifier directement les structures de la plateforme. Pour adapter la plateforme à leurs besoins, ils doivent passer par l’entreprise qui modifiera la plateforme sur son serveur. Toutefois, dans le cadre de l’adaptation, les modifications ne sont pas réalisées par le biais de grosses mutations techniques. Les personnes rencontrées à Flobecq, quant à elles, n’ont pas éprouvé de difficultés quant au modèle de la plateforme. Ceci peut être expliqué par le nombre limité de projets déposés et par le fait que la plateforme « Flobecq2025 » était, au moment de son lancement, la dernière version des plateformes CitizenLab.

La pratique des gestionnaires administratifs peut également entraîner une extension, c’est- à-dire des ajouts d’éléments ou de fonctionnalités à l’objet. À l’instar du type adaptation, les entretiens réalisés avec les agents de la commune de Flobecq n’ont pas mis en lumière ce phénomène d’extension. La plateforme « RéinventonsLiège » a, quant à elle, subi des ajouts résultant de l’implémentation. Lors de mon stage à la Ville de Liège, j’ai pu remarquer un problème relatif à la mise en page des projets postés. L’interface sur lequel les citoyens pouvaient consulter les projets publiés sur la plateforme n’était pas paginée. Il fallait alors scroller239 le contenu pour accéder aux premières idées. Ce système prenait

beaucoup de temps et décourageait les utilisateurs. L’entreprise a rajouté un système de pagination lors de la mise en œuvre de la plateforme. Le Business Developer France & Wallonie de l’entreprise CitizenLab explique également que les développeurs ont mis en place un tableau de gestion des idées suite aux feedbacks de la Ville de Liège :

« Alors, tu avais ce tableau de bord là. Maintenant, on a un nouveau tableau, un tableau de gestion des idées. Il permet de voir toutes les idées les unes sur les autres et il permet de faire la modération assez simplement. Donc, là, par exemple, si je prends l’idée ici. D’ailleurs, je crois que j’ai repris quelques idées de Liège que j’ai copié-collé. Donc, tu peux la modifier. La supprimer éventuellement. Ou je peux

la replacer dans les bons projets, dans les bonnes thématiques »240

À l’instar des activités d’« adaptation », les entretiens réalisés avec les agents administratifs de la commune de Flobecq n’ont pas mis en lumière ce phénomène d’extension.

Le détournement touche à la fonction première et essentielle de l’objet. Il consiste à modifier totalement et de manière irréversible l’objet tecnique. L’ingéniosité des utilisateurs crée des fonctions qui se trouvent totalement hors du scénario du concepteur. À des fins d’illustration, Madeleine Akrich prend l’exemple de l’utilisation par les enfants de

238 Pour rappel, des explications sur le modèle de type « SaaS » ont été données à la page 26. 239 C’est-à-dire faire défiler le contenu de la page.

pâtes pour créer des colliers à l’occasion de la fête des mères. Dans nos deux unités d’analyse, l’usage des acteurs n’a pas entraîné le détournement de leur plateforme. Aucune activité n’a modifié de façon extrême la plateforme en ligne.

Le déplacement « consiste à modifier le spectre des usages prévus d’un dispositif, sans annihiler ce en vue de quoi il a été conçu, et sans introduire de modifications majeures dans le dispositif »241. Ce type d’ajustement renvoie donc à l’utilisation des fonctionnalités

prévues par l’objet technique mais pour d’autres buts que ceux inscrits dans le scénario du concepteur. Si l’on prend notre cas, ce serait l’utilisation de la plateforme à d’autres fins que la « co-construction » d’une décision publique. Le matériau empirique ainsi que les observations constatées lors de mon stage ont mis en lumière ce phénomène de déplacement, tant à Liège qu’à Flobecq.

Tout d’abord, le déplacement s’observe à travers le discours des acteurs. Bien que les personnes rencontrées présentent la plateforme qu’ils utilisent comme une plateforme de participation citoyenne ; lorsque ces personnes parlent du déroulement concret du projet et de leurs pratiques quotidiennes, ils utilisent le mot « consultation ». Même si les termes « participation » et « consultation » partagent un même champ lexical, ces termes recouvrent des enjeux différents.242 Ce quiproquo est notamment dû au contexte dans

lequel ces termes ont été développés. Ils ont ainsi tous pour origine le contexte de la crise de la démocratie représentative.243 La singularité de chacun de ces mots réside dans le

degré de pouvoir accordé aux citoyens.244 Dans le code wallon de la Démocratie locale

et de la Décentralisation, la consultation désigne une procédure préalable à la prise de décision qui permet seulement aux citoyens de s’exprimer, de donner leur avis.245 Elle

permet de « prendre le pouls » de la population au sujet d’une problématique. La participation n’est pas définie dans ce code wallon. Toutefois, dans le cadre de ce mémoire, la participation a été définie comme un processus qui permet l’interaction entre les citoyens et les élus locaux afin de générer des solutions pour une problématique prédéfinie. Le citoyen prend part au processus de production d’une décision publique et assume ainsi une partie de l’action publique.246 Dans ce sens, la participation est

241 Akrich, Madeleine, « Les utilisateurs, acteurs de l’innovation » dans Sociologie de la traduction : Textes fondateurs, Paris, Presses des Mines, 2006, p. 255.

242 Bherer Laurence, « Les relations ambiguës entre participation et politiques publiques », Participations, 2011/1 (n° 1), p. 114.

243 Blondiaux Loïc, Sintomer Yves, op. cit. p. 35.

244 Sintomer Yves, « Délibération et participation : affinité élective ou concepts en tension ?», Participations, 2011/1 (N° 1), p. 239.

245 Article L1141 du code wallon de la Démocratie locale et de la Décentralisation.

246 Cette idée renvoie à la définition classique du mot « participer » : « prendre part à une action ; assumer une partie d’une action ».

également à distinguer de la notion de gouvernance. Cette notion a également été utilisée lors des entretiens. Cette notion, dans son sens classique, renvoie à la collaboration du secteur public et du secteur privé, à savoir les entreprises et les associations, pour réaliser une action via des voies formelles et informelles.247

En outre, le déplacement s’observe également dans les pratiques. Comme l’ont montré les sections précédentes, la notion de transcodage a mis en évidence une logique de « command and control » tant dans l’administration communale liégeoise que dans l’administration communale de Flobecq. Cet usage spécifique de la plateforme en ligne développée par CitizenLab s’apparente plus à une collecte d’idées qu’à une « co- production » des projets publics. Le Business Developer France & Wallonie au sein de l’entreprise CitizenLab explique d’ailleurs que cet usage modifie les objectifs initiaux de la plateforme :

« Alors, c’est dommage, parce que la plateforme CitizenLab n’est pas juste une simple plateforme de consultation. Nous on a l’ambition de faire une vraie plateforme de démocratie participative, vraiment

structurelle et durable. […] Donc, en faisant des boîtes à idées… Enfin, en faisant de simples consultations, la ville prend la compréhension de l’outil… »248

Le tableau suivant permet de résumer les différents ajustements repérés à Liège et à Flobecq :

Types d’ajustements Liège Flobecq

Interventions sur l’objet L’adaptation

Adaptations superficielles et

approfondies

Adaptations superficielles L’extension fonctionnalités Ajout de /

Interventions sur les usages

Le détournement / /

Le déplacement Utilisation d’autres fonctionnalités Utilisation d’autres fonctionnalités

Dans les deux cas d’analyse, on n’observe donc aucun détournement. Une extension a été constatée seulement pour la plateforme liégeoise. Les expériences de Flobecq et de Liège sont similaires sur deux types d’adaptations. Premièrement, tant à Liège qu’à Flobecq, les pratiques et les manipulations ont entraîné une adaptation de la plateforme. Deuxièmement, l’usage de la plateforme a provoqué un déplacement dans le spectre de ses fonctionnalités. Le discours des acteurs interrogés amène ainsi à penser que la plateforme a subi une certaine mutation. La plateforme de participation citoyenne en

247 Blondiaux Loïc, Sintomer Yves, op. cit., p. 34.

ligne serait devenue, par les usages des gestionnaires administratifs, une plateforme de consultation en ligne.

Dans cette perspective, les objectifs énoncés dans les discours semblent difficilement réalisables. En mettant en œuvre une plateforme de consultation citoyenne à la place d’une plateforme de participation citoyenne, il semble compliqué de réaliser un processus interactif de « co-construction » des décisions publiques. Ce constat rejoint les nombreuses analyses faites dans la littérature scientifique au sujet des dispositifs de démocratie participative actuellement mis en œuvre. Ces analyses révèlent l’absence de nouvelles perspectives dans les relations entre gouvernants et gouvernés.249 En outre, l’étude

empirique permet également d’observer un flou conceptuel qui est régulièrement mis en exergue dans les études concernant la démocratie participative.250 A partir des analyses

de ce mémoire, peut d’ailleurs s’interroger sur le caractère intentionnel de cette ambiguïté.

249 Monnoyer-Smith Laurence, Wojcik Stéphanie, « La participation politique en ligne, vers un renouvellement des problématiques ? », Participations, 2014/1 (N° 8), p. 5-29.

Conclusion

Ce travail de recherche s’était fixé pour objectif de répondre à la question suivante :

« Quelle adaptation a entraîné l’insertion de la plateforme de participation citoyenne en ligne de CitizenLab dans les pratiques des gestionnaires administratifs wallons qui l’ont mise en œuvre ? ». Cette question a, tout d’abord, permis de construire le concept de

« plateforme de participation citoyenne en ligne ». Celui-ci n’étant pas encore abordé par la littérature scientifique. Grâce à ce travail de conceptualisation, il a été possible de retracer la généalogie des deux courants dans lesquels s’inscrit ce mémoire, à savoir la démocratie participative et le Web 2.0. Une étude empirique de ce concept a permis de découvrir plus spécifiquement les acteurs clés qui gravitent autour de la plateforme de participation citoyenne en ligne développée par l’entreprise CitizenLab.

La comparaison entre le cas de la commune de Flobecq et le cas de la Ville de Liège a mis en exergue deux axes dans la mise en œuvre de la plateforme en ligne. Le premier qualifié de « discursif », le second plus « pragmatique ». La mise en perspective de ces deux axes a permis de découvrir un décalage entre les discours et les pratiques des gestionnaires administratifs. Tandis que les discours de promotion de la plateforme de participation citoyenne en ligne mettent en avant un changement de paradigme, les récits des agents deux administrations communales, concernant la gestion quotidienne de la plateforme, ne pointent aucune modification dans le champ des pratiques. A priori, la plateforme semblait s’être greffée dans l’environnement administratif sans avoir nécessité la moindre adaptation.

Ce premier constat constituait déjà un résultat scientifique intéressant. Toutefois, le matériau empirique, mis en regard de la littérature scientifique, a permis d’aller plus loin

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