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S’interroger sur le processus de changement d’un parti politique renvoie inévitablement à la place à donner à la dimension historique de la recherche : mettre en perspective les transformations du PS suppose de préciser nécessairement en quoi elles le rendent différent de ce qu’il était auparavant. Ainsi, cela aurait eu peu de sens de commencer la recherche à partir de 1981. Dans ces conditions, il est apparu préférable de la faire démarrer au congrès d’Epinay de 1971, manière d’envisager complètement les modalités de mise en place de l’organisation partisane. Si le point de départ de la recherche est finalement évident, celui d’arrivée l’est tout autant. Bien que l’on dispose, et pour cause, de peu de recul, les années 2005, 2006 et 2007, au moment donc où cette recherche était réalisée, ont apporté leur lot d’évènements dont il semblait nécessaire de tenir compte tant ils entraient en résonance avec ce travail. En 2005, le TCE est l’occasion de constater combien l’autorité est devenue chose tout à fait relative au PS : le Premier secrétaire et une majorité d’adhérents se prononcent pour la ratification du traité tandis que plusieurs responsables du parti, dont son numéro deux d’alors, battent officiellement campagne pour le « Non ». En 2006, le parti de militants entre dans une nouvelle dimension : désormais, il est possible d’adhérer au parti par Internet et pour 20€, avec en prime cette année-là la possibilité de désigner le candidat socialiste à l’élection présidentielle. Cette réforme était alors l’occasion de s’interroger sur les raisons d’une évolution apparemment problématique tant en terme d’identité militante (les « 20€ » restent largement perçus comme des adhérents de « seconde zone ») que de répartition interne du pouvoir, dans le cadre des désignations soumises au vote des adhérents. En 2007 enfin, le PS perd l’élection présidentielle et S. Royal, malgré un score honorable, ne parvient pas à s’imposer à la tête du parti. Le leadership socialiste est une fois de plus, comme on le verra, à prendre. Au-delà de cette situation, la séquence électorale de 2007 se révélait intéressante en ce qu’elle a été présentée alors par nombre d’acteurs socialistes, comme une rupture avec la nature profonde du parti : S. Royal, qui n’a jamais été à la tête d’aucun courant, n’a-t-elle pas été investie grâce au soutien des adhérents Internet justement, adhérents qui ne le seraient pas vraiment ? Or, on considérait au contraire que le cas de S. Royal, bien loin d’introduire une rupture, personnifie au

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Cf. Dupin (E.), L’après Mitterrand. Le Parti socialiste à la dérive, Paris, Calmann-Lévy, 1991.

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contraire les évolutions contemporaines du PS. Pour cette raison, et faut-il le redire, malgré une absence de recul suffisante, le choix a été fait d’achever ce travail au lendemain de l’élection présidentielle de 2007, la période post-2000 étant envisagée essentiellement sous l’angle de la pérennisation des transformations qui ont marqué le parti dans les décennies précédentes.

Il était alors difficile d’échapper à un plan de type chronologique. Aussi, si cette dimension a été reprise, elle l’a été de telle sorte que chacune des grandes étapes identifiées soit appréhendée selon un angle d’analyse différent. Sur cette base, le plan de la thèse est découpé en trois parties.

La première partie revient sur l’organisation socialiste du congrès d’Epinay de 1971 à l’accession au pouvoir le 10 mai 1981. Il fallait en effet évoquer cette décennie mythique, en premier lieu pour envisager les éléments de la configuration partisane socialiste ainsi que la nature organisationnelle du PS. La période étant déjà bien connue, on insistera d’abord sur la notion de configuration partisane et son application au Parti socialiste, en pointant les éléments saillants de la culture socialiste tels qu’ils se solidifient alors (Chapitre I). Ce premier temps permettra de montrer ensuite comment les victoires électorales de la décennie 1970 masquent le fait que non seulement le PS d’alors était une organisation fragile, mais également un parti qui allait connaître, à l’orée de 1981, les prémices de la professionnalisation et de l’étatisation ; évolutions auxquelles F. Mitterrand lui- même dût s’adapter pour établir son leadership et qui allaient déterminer profondément les évolutions ultérieures du PS (Chapitre II).

La deuxième partie s’ouvre par conséquent sur la décennie 1980 au cours de laquelle le parti acquiert définitivement le statut de parti de gouvernement. L’accession au pouvoir a d’abord posé l’épineuse question des relations que le parti devait entretenir avec ses représentants au pouvoir. Loin de n’être que théorique, la question des relations qui se tissent à cette occasion entre les « faces » du parti est tout à fait décisive : derrière elle, sont définis à la fois l’exercice du leadership au sein du parti et les fonctions qui doivent alors être dévolues à l’organisation proprement dite (Chapitre III). Si la première moitié des années 1980 est parfois difficile, l’échec aux législatives de 1986 puis la réélection de F. Mitterrand en 1988 sonnent le début d’une guerre de succession larvée. F. Mitterrand perd en effet progressivement son pouvoir sur le parti : la cohabitation est l’occasion pour lui de démontrer encore une fois son habilité politique, mais pourtant, déjà, le pouvoir est en train de changer de main. Et si seul F. Mitterrand apparaît capable de maintenir le parti au pouvoir, la séquence électorale de 1988 n’est que l’illustration problématique des défis que le PS doit affronter désormais : la stratégie électorale est à repenser et le fonctionnement de l’organisation apparaît de plus en plus inadapté et propice à envenimer l’élaboration d’un nouveau leadership. D’ailleurs une interrogation n’agite-t-elle pas le parti : « et s’Il était faillible » ? (Chapitre IV). L’année 1990 achève de plonger la PS dans la crise. A l’occasion du désastreux congrès de Rennes, les élites socialistes expérimentent douloureusement les conséquences de leur propre professionnalisation. L’organisation socialiste est perçue maintenant clairement comme inadaptée au bon fonctionnement de la configuration partisane.

Quand le congrès de Rennes va rester tristement célèbre pour la violence de ses affrontements, c’est cependant lorsque les dirigeants socialistes s’affrontent le plus durement qu’ils vont initier un cycle de réformes qui va (très) progressivement permettre d’adapter le fonctionnement de l’organisation (Chapitre V).

La troisième période montrera donc, enfin, l’achèvement contrarié de cette mutation partisane. Il faudra évoquer d’abord pour cela les effets des financements publics sur le système partisan français en général et sur l’organisation socialiste en particulier. Ces financements ont en effet constitué un aiguillon très efficace en termes de rationalisation économique de l’organisation (Chapitre VI). Il conviendra ensuite d’analyser très précisément la période 1990-1995. Cette période est véritablement un moment de crise du parti au sens propre du terme. Le PS est alors à la croisée des chemins : miné par les défaites électorales, dans une situation financière précaire, le parti s’enfonce dans des luttes internes interminables. C’est pourtant durant cette période que le PS va connaître une transformation profonde. Prolongeant le cycle de réformes initié à Rennes, les élites socialistes vont approfondir notamment le mouvement de « démocratisation » du parti, manière d’introduire dans l’organisation de nouveaux principes de fonctionnement compatibles avec la configuration partisane qui se dessine. Or, c’est très précisément durant ces cinq ans que le basculement s’opère et que le « réel antagoniste » devient définitivement l’outil de l’idéal. De 1990 à 1995, l’organisation socialiste est donc à la fois ingouvernable et en pleine mutation (Chapitre VII). Il restera alors, enfin, à voir comment la séquence 1995-2007 rend compte des changements organisationnels qui ont affecté le parti. Désormais, le PS est en effet une organisation conçue pour fonctionner au mieux dans le cadre d’une configuration partisane multipolaire, type de configuration qui entérine la professionnalisation et l’étatisation du parti et qui suppose un centre paradoxalement politiquement faible et une organisation renforcée (Chapitre VIII).

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