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Très tôt dans l'histoire de la lutte contre le cancer, le médecin généraliste apparaît comme un acteur pivot de la prise en charge. D'après la Commission d'orientation sur le cancer de 2002, les médecins généralistes sont très présents dans cette prise en charge en particulier dans les phases de dépistage, de diagnostic précoce et dans les phases curatives et palliatives. Leur place est essentielle dans la coordination des soins et dans le suivi des patients. « Le médecin traitant reste le point de repère médical du patient en dehors de l'hôpital » (19). L'accent est alors déjà mis sur la nécessité de renforcer cette coordination entre les acteurs libéraux et le secteur hospitalier.

La loi HPST de 2009 (Article 36) corrobore cette fonction de pivot en précisant les missions du médecin généraliste qui sont entre autres de contribuer à l'offre de soins ambulatoire, en assurant pour ses patients la prévention, le dépistage, le traitement et le suivi des malades ainsi que l'éducation pour la santé ; d'orienter ses patients, selon leurs besoins, dans le système de soins et le secteur médico-social ; de s'assurer de la coordination des soins nécessaires à ses patients ; de veiller à l'application individualisée des protocoles et recommandations pour les affections nécessitant des soins prolongés et contribuer au suivi des maladies chroniques, en coopération avec les autres professionnels qui participent à la prise en charge du patient (32).

Dès le premier Plan cancer (20), l'accent est mis sur l'importance du médecin traitant. Néanmoins, le rapport remis au Président de la République par le HCSP déplore que leur place n'est pas encore trouvée que ce soit dans leur participation aux RCP que dans leur participation active à la prise en charge thérapeutique de leurs patients atteints de cancer ou dans la coordination ville-hôpital (58). Ceci est repris dans la grande enquête lancée par la Ligue contre le cancer en 2010 auprès de 565 MG interrogés. En effet, ils se sentent globalement tous impliqués dans la prévention et le dépistage des cancers, et estiment conserver une relation étroite avec leur patient après le diagnostic posé dans 95% des cas. Cependant, seulement 48% d'entre eux se jugent satisfaits de leur relation avec le milieu hospitalier et estiment à 70% que leur place dans cette prise en charge spécifique n'est pas reconnue à sa juste valeur (8).

Dans le second Plan cancer (28), comme nous avons pu le voir, renforcer l'implication du MT à toutes les phases de la prise en charge du cancer est un thème transversal à toutes les mesures à mettre en œuvre. Cependant, l'effort est à poursuivre, notamment dans la coordination ville-hôpital, car cet aspect est resté très peu productif (29,31).

Cet effort fait donc partie intégrante du troisième Plan cancer (34). On retiendra notamment

l'Objectif 2 de ce Plan, « Garantir la qualité et la sécurité des prises en charge », qui met l'accent sur la nécessité d'améliorer l'articulation entre les différentes étapes du parcours grâce à une coordination et des échanges d'information accrus entre les professionnels impliqués.

Ceci est repris dans de nombreuses actions :

Action 2.1 : Garantir aux patients, avec l'appui du MG ou de l'équipe de premier recours, un premier rendez-vous avec l'équipe de cancérologie la plus adaptée à leur situation et dans un délai rapide, afin de réduire les délais entraînant des pertes de chance.

Un sous objectif entier est dédié à améliorer la coordination ville-hôpital et les échanges d'informations entre professionnels, d'où :

Action 2.19 : Généraliser le DCC et mobiliser les outils de communication numérique au service de la coordination ville-hôpital.

Action 2.20 : Faire évoluer les PPS et les PPAC, intégrés à terme dans le DCC, vers des outils opérationnels de déclinaison de la prise en charge et d'interface ville-hôpital.

Action 2.21 : Développer la télémédecine.

Action 2.22 : Mettre à disposition des professionnels de premier recours des outils de bonnes pratiques pour l'organisation des parcours de soins en ambulatoire.

En parallèle, dans l'Objectif 7 « Assurer des prises en charge globales et personnalisées », le Plan cancer 2014 – 2019 cherche à mettre en place et à assurer les conditions pour passer d'un parcours de soins en cancérologie à un parcours de santé assurant une continuité des prises en charge, sans rupture, en s'appuyant sur une coordination optimale du parcours :

Action 7.1 : Garantir aux malades une orientation adéquate dès le diagnostic de cancer (qui rejoint l'Action 2.1).

Action 7.4 : Garantir au patient l'articulation entre l'hôpital et la ville à l'occasion de la consultation de fin de traitement.

Action 7.5 : Structurer sous la responsabilité des ARS une organisation territoriale mobilisant les acteurs sanitaires, sociaux et médico-sociaux impliqués pour une prise en charge globale et coordonnée.

Ce dernier est poursuivi dans l'Action 16.5 : Structurer l'organisation territoriale de proximité autour de l'objectif de continuité et de globalité des parcours de prise en charge.

2. Enjeux de l'étude

La prise en charge du cancer est devenue au fil des années un problème majeur de santé publique. La complexité tant sur la pathologie et sa prise en charge que sur le parcours de soins qui en découle, a imposé de mettre en place des cadres afin de pouvoir mieux faire bénéficier aux patients d'une offre de soins de qualité, la plus accessible, performante et adaptée en assurant une coordination optimale entre tous les acteurs de ce parcours.

Dans ce dernier, le médecin généraliste est voué à être un acteur central et pivot dans le parcours de soins d'un patient atteint de cancer. Les efforts de l’État au travers des différents Plans cancer montrent que cet aspect est adopté mais dont les efforts restent à poursuivre notamment dans le domaine de la coordination ville-hôpital, qui reste jusqu'à ce jour insuffisante.

Plusieurs études ont été menées dans différentes régions en France afin de déterminer la place du médecin généraliste dans la prise en charge du cancer. A ce jour, aucune n'a été menée en Aquitaine depuis la naissance du Plan cancer.

Par ailleurs, comme en témoigne Les Premiers états généraux des malades atteints de cancer, le centre de la prise en charge du cancer reste le patient. Cette étude cherche donc, en objectif

secondaire, à évaluer les attentes des patients concernant l'implication de leur médecin traitant dans la prise en charge du cancer.

MATERIEL ET METHODE