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b) Les IDEC

D) Implication du médecin généraliste dans la prise en charge du cancer

Comme nous avons pu le voir, le médecin généraliste est voué à être l'acteur central de la prise en charge du patient atteint de cancer. Il se sent globalement impliqué à tous les stades de la prise en charge du patient, particulièrement dans le dépistage pour la quasi totalité des répondants (99%). C'est surtout dans les décisions thérapeutiques que le médecin généraliste ne trouve pas sa place (seuls 13% des MG interrogés se sentent impliqués à ce stade). On remarque par ailleurs une volonté forte de formation de la part des MG, notamment dans le suivi des traitements des patients atteints de cancer (tolérance, efficacité et effets secondaires) et dans la surveillance après traitement,

que ce soit pour le dépistage des récidives ou le suivi des séquelles.

Une part importante des MG interrogés dans ces études objectivent également un désir de formation dans le dépistage et le diagnostic, mais aussi dans les soins palliatifs (10,12).

Nous avons comparé les résultats de cette question de notre étude avec les études de Pont et al.(12) et de Couraud et al.(10), et résumé sous forme de tableau présenté ci-après.

Tableau 30 : Implications et désirs de formation des MG dans les différents stades de prise en charge du patient atteint de cancer

Ce désir de formation est probablement lié en partie au fait que les MG estiment ne pas recevoir d'informations suffisantes sur les traitements anti-cancéreux, sur la prise en charge des effets secondaires des traitements, et sur les consignes de suivi et de surveillance (13).

En outre, devant cette forte implication déjà présente, seuls 36% des MG interrogés souhaiteraient occuper un rôle plus important dans la prise en charge de leurs patients atteints de cancer, ce qui est retrouvé dans l'étude de Dufour et al. (78).

Par ailleurs, les médecins généralistes revendiquent plusieurs contraintes liées à la prise en charge du patient atteint de cancer. La raison principalement évoquée est le manque de temps à consacrer. En effet, la disponibilité inhérente à cette prise en charge est un facteur compliqué dans la pratique quotidienne du médecin généraliste. Comme d'autres pathologies chroniques, la situation complexe du cancer exige beaucoup d'investissement, de temps et d'énergie de la part du MT (69,78)

A travers cette notion de manque de temps, on remarque depuis déjà le premier Plan cancer, que la méthode de rémunération à l'acte semble être un frein à l'investissement des MG (27,31). Une rémunération au forfait pourrait alors peut être pallier à cette problématique.

Le manque de formation ou de compétences en cancérologie est un second frein identifié dans notre étude et dans d'autres (69), et est à l'origine selon McWhinney et al., du manque de confiance progressif du médecin généraliste vis à vis de sa capacité à prendre en charge des patients atteints de cancer (79).

La troisième raison retrouvée dans la littérature est la lourdeur de la charge morale. En effet, la prise en charge du cancer est un investissement moral et psychologique que tous les médecins ne sont pas toujours prêts à assumer (80). La grande enquête de la Ligue en 2010 montre d'ailleurs que 72,8% des MG interrogés ressentent souvent ou occasionnellement le besoin d'un soutien psychologique (8).

Enfin, le manque de considération par les autres spécialités est également notifiée par les médecins généralistes (8,78).

étude en cours implicationétude Pont et al.formation implication formation

Dépistage 99% 92%

46% 58%

Diagnostic 80% 80% 99%

Orientation vers la filière appropriée 88% 77%

Annonce de la maladie 70% 83% 21% 80% 23%

Bilan d'extension initial 40%

Décisions thérapeutiques 13% 4% 34% 12% 41%

Suivi du traitement 71% 74% 56% 84% 78%

Surveillance après traitement 80% 81% 49% 87% 81%

Soins palliatifs 77% 82% 39% 78% 56%

Coordination des soins en ambulatoire 67% 60%

Lorsqu'un patient atteint de cancer nécessite une prise en charge en urgence, en prenant en compte que la rapidité et l'efficacité de la décision diminuent la morbi-mortalité, cela occasionne une source de stress importante pour le généraliste.

Que ce soit dans notre étude ou dans celle de Dufour et al. ou de Pinganaud et al., la plupart des MG interrogés préfèrent contacter l'oncologue ou le spécialiste d'organe référent pour obtenir un avis ou une conduite à tenir. Une grande partie des MG interrogés expriment par contre leur difficulté quant à la possibilité de contacter le spécialiste ou le service référent, et ce dans bon nombre d'études, les obligeant, manque de réponse, à orienter le patient vers un service plus général comme un service d'urgences.

Les médecins expriment leurs craintes, cependant, que cela puisse occasionner une perte de chances pour le patient dans l'optique d'une prise en charge optimale, qui prend notamment en compte le terrain et les comorbidités du patient atteint de cancer (78,79).

Nous remarquons par contre une discordance dans notre étude et celle de Pinganaud et al., sur la proportion de MG qui gèrent les situations d'urgence des patients atteints de cancer. En effet, dans notre étude, une très faible proportion (5%) de MG réalisent un bilan en ambulatoire avant de décider d'orienter ou non les patients vers le milieu hospitalier, alors que dans l'étude de Pinganaud et al., près de la moitié des MG interrogés (44,69%) gèrent cette problématique en ambulatoire. Cela peut s'expliquer par le fait que dans la gestion en « ambulatoire », l'enquête de Pinganaud et al. intègre la possibilité d'avoir recours au réseau.