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Le dialogue avec les participants à la recherche à des fins de construction des résultats se fonde sur une phase de « restitution » à l’occasion de laquelle chercheurs et acteurs de ter- rain échangent autour des résultats présentés. Les expériences de « restitution » montrent qu’à cette occasion les acteurs de terrain donnent des pistes d’explication, des éléments d’analyse et soulèvent des questions à creuser dans les analyses à venir.

Laurent Vidal met en évidence l’apport des participants à l’analyse lors de séances de dé- bats collectifs sur des résultats de recherche : ils « s’engagent dans la voie de l’explication

par la mise en parallèle de points de vue, par le partage d’expériences. De sorte que ces rencontres fonctionnent aussi comme des ‘laboratoires’ diagnostiques et explicatifs […] : chacun a une anecdote, un point de vue, une considération générale qui, associés les uns aux autres, donnent corps à une forme d’analyse » (Vidal, 2011).

Afin de bénéficier de l’apport des participants à l’analyse, plusieurs pistes pratiques peuvent être suivies :

Des ateliers réguliers de débats sur les résultats de la recherche

Plutôt que de considérer la « restitution » et donc le débat avec les participants sur la recherche comme une étape finale, celui-ci peut avoir lieu de façon régulière. Selon le type

Des ateliers rassemblant acteurs communautaires et chercheurs per- mettent de produire une co-analyse. La collaboration bénéficie certes à l’interprétation des résultats, mais aussi à la construction des variables et aux choix méthodologiques les plus « techniques ».

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de recherche, ces ateliers de discussion peuvent avoir lieu au cours de la collecte des données et/ou au cours de l’analyse des données.

■ Pour des recherches interventionnelles itératives, ces ateliers permettent d’adapter

l’intervention au cours de la recherche.

■ Pour des recherches qualitatives itératives, le débat autour de résultats intermédiaires

peut faire évoluer la suite de la collecte des données.

Lors d’une recherche sur la santé maternelle au Sénégal, l’équipe de recherche a mis en place des ateliers de restitution. Pendant deux jours sont rassemblés les participants à la recherche (médecins et sages-femmes des centres de santé où la recherche a été conduite) ainsi que d’autres acteurs concernés (représentants médicaux, associatifs, municipaux, etc). Les restitutions sont organisées en deux temps : présentation des résultats et discussion. Elles comprennent une partie en « séance plénière » et des temps de travail en petits groupes thématiques (Vidal, 2011). Ces ateliers de restitution participent à alimenter l’analyse et peuvent être adaptés afin d’être plus directement tournés vers une implication des participants dans l’analyse.

Des focus groups (ou groupes de discussion) avec les participants

■ La mise en place de groupes de discussion avec les participants permet d’obtenir leur

réaction sur les premières pistes d’analyse, et donc d’affiner les analyses suivantes.

Le focus group est une méthode de recherche qualitative qui va au-delà d’un simple entretien de groupe ; il fait émerger les points de vue des participants à partir desquels il est possible de construire les représentations sociales qui structurent les attitudes ou les comportements. Dans le cadre de recherches scientifiques, l’organisation de focus group répond à des critères spécifiques en termes de taille, composition, population, lieu et recrutement, mais aussi en termes de rôle de l’animateur (Kitzinger, Markova, Kalampalikis, 2004).

■ Cette méthode de recherche peut être adaptée pour obtenir une réaction face aux

résultats préliminaires de la recherche et enrichir l’analyse, avec ici une double vocation.

• Le focus group peut permettre de mieux comprendre un résultat par la discussion des participants sur certains aspects des données qui sont difficiles à appréhender tels quels. • Cette méthode peut aussi être utilisée dans une démarche de recherche complémentaire permettant d’éclairer un résultat issu de données quantitatives et qui ne se suffit pas à lui-même ou nécessite d’être approfondi.

Il s’agit ici notamment d’un moyen d’affiner les résultats d’une enquête quantitative en les complétant par des méthodes qualitatives, tout en l’articulant à une restitution des résultats. Afin d’obtenir de véritables éléments d’analyse des résultats de la part des participants au

focus group, il importe de faire attention à la manière de restituer les résultats en début de

séance : expliciter de façon accessible les objectifs, la méthode et les résultats de la recherche, les expliciter de façon « équilibrée » c’est-à-dire la plus neutre possible et tout en donnant à voir leur complexité.

Le recours à des focus groups ou à une autre méthodologie de recherche que la méthodologie de base choisie dans la recherche peut être appréhendé comme un choix de triangulation des données permettant de consolider les conclusions de la recherche (Campbell et Fiske, 1959 ; Flick, 1992 ; Apostolidis, 2006).

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Quelques questions à se poser sur l’analyse en collaboration…

Avons-nous prévu des temps de rencontre entre acteurs/référents communautaires et chercheurs, spécifiquement consacrés à l’analyse des données ?

Souhaitons-nous impliquer les participants à la recherche dans l’analyse ?

Quelles modalités concrètes d’implication des acteurs communautaires sont réalisables matériellement ?

Un renforcement des capacités est-il nécessaire pour permettre l’implication réelle de chacun dans l’analyse ?

?

Pour en savoir plus :

Apostolidis T. (2006). Représentations sociales et triangulation : une application en psychologie sociale de

la santé. Psicologia : Teoria e Pesquisa. 22 (2) : 213-228

Campbell D.T. & Fiske D.W. (1959). Convergent and discriminant validation by the multitrait-multimethod matrix. Psychological Bulletin. 59 : 81-105

Flick U. (1992). Triangulation Revisited: Strategy of Validation or Alternative?. Journal of the Theory of Social

Behavior, 22(2). 176-197

Kitzinger J., Markova I., Kalampalikis N. (2004). Qu’est-ce que les focus groups. Bulletin de psychologie. Tome 57(3)/471 : 237-243

Vidal L. (2011). Rendre compte. La restitution comme lieu de refondation des sciences sociales en contexte de développement. Cahiers d’Etudes Africaines. (2-3) 202-203 : 591-607

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La valorisation