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Des actions sont menées et les acteurs de terrain se heurtent à un questionnement ou à une insatisfaction.

Face à cette insatisfaction, les acteurs de terrain et les membres des communautés expriment des besoins de faire, et de savoir.

Un besoin de faire

Les associations communautaires cherchent à élaborer une action nouvelle pour résoudre un problème identifié.

Constatant l’insuffisance et les obstacles au dépistage parmi les membres de la commu- nauté gay, les acteurs de l’association AIDES ont imaginé un type de dépistage différent, moins médicalisé, qui irait trouver les membres de cette communauté sur ses lieux de socia- bilité gay. Ce constat a mené aux recherches ANRS Com’test et ANRS DRAG, qui ont permis d’évaluer la faisabilité du dépistage dans des lieux et/ou avec des acteurs communautaires et de le comparer aux modalités plus classiques de dépistage.

Un besoin de savoir

Pour mener cette action nouvelle, il faut cependant savoir : quels sont les obstacles rencontrés dans la situation de départ ? Quelles sont les caractéristiques et/ou contraintes sociales ou psychologiques ? Cette nouvelle action est-elle adaptée aux besoins ? Est-elle efficace ?

10.

Du constat du problème au choix des modalités de recherche

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Les étapes de la recherche communautaire – comment travailler ensemble

Mettre en œuvre

une étude d’évaluation des besoins ? Mettre en œuvre une recherche ? ■ Permet de mieux appréhender la

situation, mieux connaître la population, les conditions de faisabilité et d’implantation de la future action.

■ Suppose qu’une action soit déjà plus ou moins identifiée par les acteurs de terrain.

■ Se déroule dans un temps court. ■ Permet une mise en œuvre plus immé-

diate de l’action.

■ Diffusé en externe, le rapport de l’étude peut permettre d’attirer l’attention des pouvoirs publics ou d’autres acteurs engagés sur la problématique.

■ Le rapport peut également stimuler la recherche sur la problématique quand les chercheurs sont peu mobilisés sur un problème.

■ Permet d’apporter des éléments de compréhension ou de renouveler les questionnements quand les acteurs de terrain sont dans une impasse. ■ Apporte une plus grande crédibilité aux

résultats, ce qui est particulièrement important pour le plaidoyer autour d’objets de recherche politiquement controversés.

■ Permet d’évaluer une action dans un cadre exploratoire et d’en proposer une modélisation, notamment quand celle-ci n’est pas reconnue dans le pays ou pas déjà intégrée dans les recommandations.

■ Le cadre d’une recherche reconnue par les autorités nationales compétentes offre une protection supplémentaire aux communautés, surtout quand celles-ci sont criminalisées (usagers de drogues, hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes). = Un moyen efficace pour obtenir des

informations complémentaires permettant de rapidement mettre en place

des actions ou d’attirer l’attention sur un besoin de recherche spécifique.

= Un moyen pertinent pour obtenir des données objectives afin de soutenir à moyen voire à long terme les actions de transformation sociale dans des contextes difficiles ou nouveaux. À cette étape, il importe d’identifier les deux types de besoins : un besoin de faire ne devrait mener à une recherche que si un savoir supplémentaire est nécessaire pour identifier, construire puis conduire des actions possibles. Autrement dit, si les réponses existent dans le contexte d’intervention ou dans d’autres contextes similaires, il n’est pas utile de se lancer dans une recherche.

► Répondre au besoin de savoir (et de faire) : faut-il monter une étude

préliminaire d’évaluation des besoins ou s’engager dans une recherche ?

Les associations recourent souvent aux études d’évaluation des besoins avant la mise en œuvre d’un projet : c’est la phase de « diagnostic » du cycle de projet (→ introduction). Se pose alors la question du choix entre l’étude préliminaire d’évaluation des besoins (réalisée par l’association avec l’appui éventuellement d’une personne extérieure) et la recherche communautaire (répondant aux critères scientifiques).

Les étapes de la recherche communautaire – comment travailler ensemble

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Mettre en place une recherche doit conduire à un apport potentiel en termes de savoirs : le résultat de la recherche doit nourrir la connaissance scientifique, quand ceux de l’étude d’évaluation des besoins ne demandent a priori qu’à être utiles à l’action mise en œuvre.

► Faire une recherche : une décision qui demande une validation interne

au sein de l’association communautaire

Se lancer dans une recherche implique généralement des discussions préalables en interne et une validation par les instances dirigeantes de l’association.

► Vers l’identification conjointe de « besoins de savoir »

Identifier des « besoins de savoir » pour en faire des questions de recherche relève du métier du chercheur.

Des collaborations pourraient donc se nouer dès l’identification des objets potentiels de recherche, de ces « besoins de savoir ». Les chercheurs souhaitent avoir une meilleure compréhension du phénomène et les acteurs communautaires améliorer ou construire des actions.

Certains types de lieux mixtes, associant chercheurs et communautaires, sont propices à l’identification commune d’objets de recherche et donc à l’initiation conjointe de projets de

recherche :

■ Les comités scientifiques associatifs ou inter-associatifs (→ fiche 5).

■ Les groupes de recherche mixtes (→ fiche 5).

À l’issue de cette première phase, les acteurs commu- nautaires, parfois en partenariat avec des chercheurs, ont généralement défini les grandes lignes de l’objet de recherche, par exemple : l’accès des travailleuses du sexe aux traitements, le fait de communiquer ou non son statut à ses proches, la santé des hommes fréquentant les lieux de drague HSH, etc.

2 ▌Des allers-retours entre constats intuitifs et savoirs :