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Participants et corpus

3. Présentation des participants

3.4. Pieds-noirs, descendants de pieds-noirs

Pascale

Pascale est née en 1960 à Oran, en Algérie, de parents tous deux nés dans cette ville. Elle a une sœur née en 1958. Son père a fait ses études d’architecture en métropole, puis est retourné travailler en Algérie, sa mère ne travaillait pas. Ses parents étaient communistes et ont pris parti pour l’indépendance de l’Algérie. Son père a fait de la prison à cause de cet engagement. Pascale est arrivée en 1962, dans le sud-ouest de la France, avec ses deux grands-mères et sa sœur. Ses parents les ont rejointes deux mois après. Pascale est journaliste de presse écrite, auteure de livres documentaires pour enfants et réalisatrice de films documentaires. Elle réside en région parisienne.

Bagage linguistique : français, grec.

J’ai rencontré Pascale à Toulouse, lors d’une rencontre autour d’un de ses films, évoquant des artistes Algériens des années 1940-60, naviguant entre la France et l’Algérie. L’entretien s’est déroulé en janvier 2009, dans un café parisien, et a duré 1h22.

Carmen

Carmen est née en 1945, à Jerada dans l’Est du Maroc, d’un père réfugié espagnol et d’une mère née en Algérie de parents espagnols. Elle a un frère de 3 ans son cadet.

Le père de Carmen était instituteur en Espagne. Républicain, il s’était engagé en 1936 dans l’armée républicaine espagnole, pour combattre l’armée de Franco. En mai 193912, acculé dans le Sud de l’Espagne il prend le bateau et arrive à Oran. De là, il est transporté, avec les autres réfugiés fuyant le franquisme, dans un train à bestiaux, vers un camp de concentration. Par la suite, il rencontre la mère de Carmen à Béchar. En 1944, il trouve une place dans une mine à Jerada au Maroc, retourne se marier à Béchar et revient s’installer avec son épouse à Jerada.

Carmen a travaillé comme comptable au Maroc et ensuite en France. Elle a quitté le Maroc en 1969, à l’âge de 24 ans, avec la volonté de s’émanciper, d’autant que son frère était déjà en France pour ses études. Leurs parents sont partis en 1972, parce que le père de Carmen était gravement malade, à cause de son travail de mineur (il décèdera deux ans plus tard).

Carmen est divorcée, son ex-mari est « Yougoslave », ils ont une fille, née en 1974, qui vit aujourd’hui avec Carmen, en région parisienne.

Au moment de l’entretien, Carmen n’était pas retournée au Maroc, mais c’est une question qu’elle se posait.

Bagage linguistique : français, espagnol, arabe marocain.

J’ai pris contact avec Carmen par l’intermédiaire de sa fille, qu’un de mes professeurs m’avait présentée. Carmen m’a ainsi longuement téléphoné avant notre première rencontre. Elle était touchée et émue que je m’intéresse à son histoire et a montré un grand besoin d’en parler. Je suis donc allée chez elle, à deux reprises, à son invitation. Elle m’a ainsi montré

12 La dernière ville tenue par les républicains, Alicante, tombe, dans les premiers jours d’avril 1939, aux mains des franquistes.

les nombreux documents collectés suite à des recherches, menées avec son frère, sur le parcours de son père et sur leur vie au Maroc.

Les deux entretiens se sont déroulés en septembre et octobre 2008, chez elle en banlieue parisienne, et ont duré, respectivement, 4h44 et 2h36.

Doris

Doris est née en 1940, dans la région d’Oran en Algérie, d’un père né en Algérie de parents espagnols et d’une mère espagnole arrivée en Algérie à l’âge de 9 ans.

Doris a une sœur aînée (née en 1937), puis une sœur (née en 1943) et un frère (né en 1952) plus jeunes qu’elle.

Après son certificat d’étude, Doris a suivi une formation en « école ménagère », elle souhaitait être couturière.

La famille a quitté l’Algérie en 1962 pour rejoindre la sœur aînée de Doris, qui était mariée et avait un enfant. Après être passés par la région parisienne et l’Eure-et-Loir, ils s’établissent dans le Tarn. Doris y rencontre son époux (français de parents polonais) et, aujourd’hui, ils résident toujours dans ce département. Désormais à la retraite, son époux a été verrier.

Ils ont trois enfants : deux fils nés en 1966 et 1967, et une fille (Line ci-dessous) née en 1973.

Doris n’est pas retournée en Algérie, malgré un projet de voyage, qui a été annulé au dernier moment.

Bagage linguistique : français, espagnol.

La fille de Doris, Line, est une amie, c’est donc elle qui m’a proposé de rencontrer sa mère pour un entretien.

Celui-ci s’est déroulé en novembre 2008, chez un de ses fils en région parisienne, et a duré 48 minutes. Son mari était présent au début.

Émilie et Line

Émilie est née en 1977 en France. Son père est le frère de Doris, né en Algérie, tandis que sa mère est née en en France. Ses parents sont aujourd’hui divorcés.

Émilie a trois sœurs et un frère, plus jeunes qu’elle : une sœur des mêmes parents, une sœur et un frère du côté de son père et une sœur du côté de sa mère.

Émilie a une licence de sociologie et un D.U. (Diplôme Universitaire) de langue et civilisation arabes.

Line est née en 1973 dans le Tarn, en France. Elle est la fille de Doris et la cousine d’Émilie. Elle a deux frères aînés.

Elle est titulaire d’un diplôme en psychologie interculturelle et pratiques éducatives. Après l'entretien, elle a suivi une formation dans la production musicale, elle travaille désormais dans ce secteur.

Comme je l’ai dit plus haut, Line est une de mes amies. L’entretien, avec Line et Émilie, s’est déroulé en janvier 2009, chez moi à Paris, et a duré 1h22.

Philippe est né en 1959 à Rabat au Maroc. Sa famille était installée dans une petite ville de la plaine du Gharb, au nord de Kénitra. Ses parents s’étaient installés au Maroc suite à une opportunité de travail, après la seconde guerre mondiale. Auparavant, ils habitaient dans le Tarn, dans le sud-ouest de la France. Son père travaillait dans l’agriculture et sa mère était employée administrative à la préfecture. Philippe est le dernier d’une fratrie de quatre enfants. Une de ses sœurs est décédée avant sa naissance. À l’âge de 5 ans, il repart en France avec sa mère. Deux ans après, ils reviennent au Maroc, à Kénitra, et ses parents se séparent. Il repart à nouveau, et définitivement du Maroc en 1972, alors qu’il a 13 ans, pour retourner s’installer dans le Tarn.

Philippe suit une formation de peintre en carrosserie puis, dans la filière agricole, une formation de berger. Il suivra enfin une formation d’éducateur spécialisé, métier qu’il exerce encore aujourd’hui, dans une structure œuvrant pour l’insertion sociale et professionnelle de personnes déficientes mentales.

Philippe a eu en 1984 un fils, qui est aujourd’hui musicien.

Il est retourné une fois au Maroc et cherchait, au moment de l’entretien, à retrouver ses amis d’enfance.

Bagage linguistique : français et arabe marocain.

J’ai rencontré Philippe dans un festival musical du Tarn, où j’étais aussi bénévole à ce moment-là. L’entretien a été réalisé durant le festival, pendant un moment de calme. Philippe était très ému au cours de l’entretien, celui-ci venant raviver une histoire familiale douloureuse pour lui.

L’entretien s’est déroulé en juillet 2009, dans le Tarn, sur le festival, et a duré 29 minutes.

Francis

Francis est né en 1956 à Taza au Maroc. Ses aïeux étaient, en partie, des Alsaciens émigrés en Algérie. Ses grands-parents maternels se sont installés à Taza, suite à la mutation du grand-père qui était fonctionnaire à Alger. Sa grand-mère paternelle était d’une famille de pieds-noirs (d’Algérie) espagnols et son grand-père paternel était d’une famille de pieds-noirs (d’Algérie) alsaciens. Ils quitteront l’Algérie pour la région de Taza au Maroc après l’achat d’un terrain agricole auprès du protectorat français.

Francis est le deuxième d’une fratrie de quatre : son frère aîné, aujourd’hui décédé, et deux sœurs cadettes.

Ils ont quitté le Maroc en 1958, pour s’installer dans le Tarn. Son père y a acheté une ferme, parallèlement, il ouvre une petite entreprise de location de camions de chantier dont sa mère deviendra conductrice. Suite à l’accident, qui causera la mort de son frère, les parents de Francis changent de ville, tout en restant dans le Tarn, et reprennent la gérance d’un café. Francis a commencé à travailler jeune, dans l’entreprise de transport de ses parents, puis dans leur café. Il enchaîne plusieurs « petits boulots », fait de la musique et finit par devenir régisseur sur des festivals musicaux. Métier qu’il exerce depuis 25 ans, au moment de l’entretien.

Bagage linguistique : français.

L’entretien a été réalisé durant le festival, en juillet 2009, pendant un moment de calme, et a duré 26 minutes.

Denise

Denise est née en 1938 à Oran en Algérie. Son père, né en 1902 en Algérie, est décédé accidentellement en 1942. Sa mère, née en 1908 en Espagne, est arrivée en Algérie un an après avec sa famille. Elle est décédée en 1995. Le père de Denise avait une entreprise de transport et sa mère tenait une épicerie.

Denise est devenue institutrice juste après son bac, en Algérie, elle a exercé ce métier et a aussi été directrice d’école jusqu’à sa retraite (en 1993). Elle s’est mariée en Algérie. Son mari était dessinateur industriel. Comme il y avait de nombreux recrutements dans l’enseignement, il deviendra lui aussi, par la suite, instituteur et directeur d’école. Ils ont eu une fille née en 1958. Ils ont quitté l’Algérie en 1962 et Denise a fini par être nommée en Picardie, région qu’elle n’a pas quitté depuis. Ils ont ensuite un fils, qui naît en 1964, en France, et ont divorcé en 1982.

Denise n’est pas retournée en Algérie et n’est pas certaine de le souhaiter. Avec l’une de ses cousines, elles ont écrit un livre sur les parcours de leurs aïeux de l’Alsace ou l’Espagne à l’Algérie.

En 1989, Denise reprend des études et s’inscrit en linguistique. Elle a obtenu un doctorat et poursuit jusqu’à aujourd’hui une activité de recherche. Enfin, depuis 2001, elle donne des cours d’alphabétisation et de français à des femmes immigrées.

J’ai rencontré Denise par l’intermédiaire d’une amie commune.

L’entretien s’est déroulé en mars 2009, chez Denise dans l’Aisne, et a duré 1h28.