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1 Généralités sur la mastication

1.5 Physiopathologie de la mastication

1.5.1 Syndrome de mastication unilatérale

Le côté préférentiel pour la mastication sera celui où l’abaissement de la mandibule sera le moins important lors du déplacement latéral. Il est déterminé avec les Angles Fonctionnels Masticateurs de Planas (A.F.M.P.). L’A.F.M.P. est l’angle formé, dans le plan frontal, entre la ligne horizontale et la droite reliant la position du point interincisif mandibulaire en position d’occlusion d’intercuspidation maximale (O.I.M.) et sa position en excursion latérale. En effet, il y a toujours un abaissement de la mandibule lors d’une excursion latérale.

Normalement les angles droits et gauches sont similaires. Alors la mastication est unilatérale alternée. Sinon, elle sera unilatérale du côté où l’angle est le plus faible.

Source : La réhabilitation neuro-occlusale (Dutherage)

Cette mastication unilatérale entraîne des modifications morphologiques des deux côtés. Du côté mastiquant, on note des modifications :

- de l’hémi-mandibule qui est plus courte et plus haute ;

- du condyle qui est plus volumineux avec une pente condylienne accentuée ; - du maxillaire qui est dévié vers le côté non-mastiquant.

Le côté non-mastiquant est aussi modifié au niveau : - de l’hémi-mandibule qui est plus longue ;

- du condyle qui est plus allongé avec une pente condylienne plus faible.

1.5.2 Les perturbations de la mastication liées à une atteinte structurelle

La mastication peut être modifiée du fait de l’atteinte d’une structure impliquée dans la fonction masticatrice. On évaluera l’impact de cette atteinte grâce aux tests évoqués plus haut.

Causes dentaires Malocclusion

Les malocclusions peuvent exister dans les trois plans.

La classification d’Angle permet de décrire les malocclusions dans le sens antéro-postérieur. Il y a trois classes : I, II et III. La classe I correspond à une occlusion normale. Dans la classe II, les dents de l’arcade inférieure sont trop en retrait. Dans la classe III, au contraire, elles sont trop en avant.

Les anomalies verticales correspondent au recouvrement des dents supérieures par les dents inférieures. Le recouvrement peut être insuffisant, on aura alors une béance, ou excessif, on parle de supraclusie.

Les anomalies transversales sont liées à une déviation du point interincisif.

De façon générale, les sujets avec une malocclusion ne se plaignent pas de problèmes pour mastiquer. Mais les chercheurs notent cependant des modifications : les cycles masticatoires sont souvent irréguliers (Ahlgren, 1976).

Pröschel et Hofmann (1988) notent d’autres modifications. Les sujets en classe III présentent des variations significatives de l’amplitude et du rythme des cycles masticatoires.

Dans le sens vertical, la supraclusion incisive entraîne une verticalisation des cycles, il n’y a presque plus de mouvements latéraux. De plus, du fait des risques de blocages occlusaux, la mastication est souvent bilatérale ou unilatérale dominante.

Au niveau latéral, les personnes ayant une occlusion inversée latérale ont des cycles masticatoires inversés.

De même, les contacts cuspide contre cuspide induisent une instabilité et une incoordination musculaire.

Douleur dentaire et perte de contacts inter-arcades

La douleur dentaire peut gêner la mastication. Elle peut ainsi limiter les mouvements masticatoires ou impliquer une mastication unilatérale du côté sans douleur (Planas, 2006).

Comme nous l’avons dit plus haut, l’efficacité est corrélée au nombre de contacts dentaires. En-deçà de vingt dents bien réparties, l’efficacité masticatoire est diminuée (Van Der Bilt et al., 1991). Mais, selon une étude (Sarita et al., 2003), ceci est à moduler :

- ce chiffre dépend du type d’aliment. Pour un aliment mou, quatre paires de dents postérieures ainsi que les canines et les incisives suffisent ;

- la perte de certaines molaires n’a que peu d’effet s’il reste toutes les prémolaires et au moins un couple de molaires.

Atteinte de l’A.T.M. (Articulation Temporo-Mandibulaire)

Des lésions, une fracture ou des douleurs au niveau de l’A.T.M. modifient considérablement la mastication. De façon générale, le sujet va mastiquer préférentiellement du côté de l’A.T.M. lésée. En effet, la mastication implique plus de charge du côté non-travaillant, balançant, que du côté travaillant.

Au niveau musculaire, les muscles élévateurs vont entrer en jeu pendant la phase d’ouverture et, à l’inverse, réduire leur contraction à la fermeture.

Au niveau du mouvement mandibulaire pendant les cycles masticatoires, on note plusieurs modifications. Le cycle est plus long et d’amplitude réduite. A l’ouverture, on note un ralentissement mais aussi une verticalisation avec une diminution du mouvement latéral. A la fermeture, on note de petites réouvertures et, bien souvent, un retour en fermeture qui ne se situe pas au point d’intercuspidation maximale.

Causes neuromusculaires

Earl distingue trois causes neurologiques principales pour les difficultés de mastication.

Faiblesse musculaire

La faiblesse musculaire peut être unilatérale ou bilatérale. Les causes d’une atteinte unilatérale peuvent être une lésion de la branche motrice du nerf V ou une hémiplégie. Pour les faiblesses bilatérales, il peut s’agir d’une lésion bilatérale du nerf V, d’une tumeur de la base du crâne ou d’une myopathie.

Dans le cas d’une atteinte unilatérale, elle ne posera pas de problèmes fonctionnels. Cependant, si le muscle ptérygoïdien latéral est touché, cette atteinte va induire une déviation de la mâchoire du côté touché et, à terme, une modification morphologique de l’A.T.M. Au contraire, une atteinte bilatérale va rendre la mastication difficile voire impossible. La bouche peut même rester constamment béante.

Spasmes permanents

Le spasme est une contraction musculaire brusque et involontaire. Il touche le plus souvent les muscles élévateurs : la fermeture est forcée, l’ouverture est impossible.

Les muscles abaisseurs peuvent aussi être concernés : l’ouverture est alors accompagnée d’une déviation importante.

Les causes sont souvent infectieuses ou tumorales.

Mouvements masticateurs spontanés ou incoordonnés

Ces mouvements viennent parasiter la mastication. On les rencontre dans certains cas d’intoxication médicamenteuse ou dans des maladies mentales.