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2-4- Phrase simple et phrase complexe

Dans la classification des phrases selon leur complexité, Ibn Hišām distingue les ( ǧumal kubrā) grandes phrases ou phrases contenant une phrase enchâssée des ( ǧumal ṣuġrā) petites phrases ou phrases simples. Ainsi les phrases disloquées comme (29) et (30) seront considérées comme des grandes phrases, alors que les phrases prédicat enchâssées qu’elles contiennent sont des petites phrases.

(29) Zaydun ḍarabahu ‘amrun.

Zayd a frappé (lui) ‘Amr.

Zayd l’a frappé ‘Amr.

55 Nous devons certaines remarques importantes dans cette séquence à l’étude de la phrase locative faite par Ben Gharbiyya ‘Abdel-Jabbar dans sa thèse intitulée « La sémantique de la coordination », dans laquelle il a détaillé la distinction entre les trois types de phrases indiquées.

56 J.E. Khouloughli (1995 : p. 83).

(30) Zaydun ’abūhu qā’imun.

Zayd, son père (est) debout.

Ibn Hišām note que certaines constructions ont un statut ambigu57: elles peuvent être des petites phrases, selon que l’on analyse le prédicat comme une phrase ou un simple syntagme tel que dans (31):

(31) Zaydun marīḍun ’abūhu.

Zayd malade (son) père à lui.

Conclusion

D’après ce rappel sur la théorie de la phrase en langue arabe, nous retenons essentiellement que chez les premiers grammairiens, le critère de classement de la catégorie « phrase » (ǧumla) est bien (al-’ifāda) « l’utilité, le sens complet »58. Cela se manifeste clairement dans le concept « phrase au sens complet» (ǧumla mufīda) opposé à

« discours utile » (kalām mufīd), d’un côté et « expression utile »(lafẓ mufīd ) de l’autre.

La notion de la (’ifāda) s’applique au sens sémantique de la phrase ainsi qu’à sa construction grammaticale. Nous avons souligné l’importance des remarques avancées par Ibn Hišam -l-Anṣārī à propos de la phrase arabe. Outre l’intérrêt qu’il a accordée à la typologie générale des phrases, ce grammairien surtout le mérite d’évoquer la question de la structure de base et de la structure superficielle de la phrase.

Il paraît que la théorie de la phrase arabe demeure dominée par la théorie de la rection (‘amal) qui constitue un élément fondamental dans toute analyse syntaxique dans la T.G.A.

Toutefois, cette théorie ne s’intéresse qu’aux relations formelles et structurales entre les composants de la phrase. Elle est ainsi incapable de préciser l’aspect sémantique de la relation entre ces composants. La définition de la phrase elle-même a posé autant de problème que celle qu’a posé la distinction entre les différents types de phrases qui n’a pas suscité l’unanimité des grammairiens classiques. Il est vraie que la classification des différentes sortes de phrases ne manque pas de complexité: Nous l’avons déjà démontré, la

57 Pour plus de détails consulter la Thèse de Fassi Fehri Abdel Kader (1981 : p. 34 ).

58 Nous trouvons cette idée chez Ibn ‘Aqīl (1964 : p. 14), et chez Ibn Hišām (1981 : p. 9).

phrase nominale commençant par un syntagme prépositionnel de circonstance pose un problème, la phrase verbale dont le sujet est placé en première position pose un problème également. En dépit de tout cela, nous soulignons que la phrase verbale est le genre le plus conserné par le phénomène de la complémentation. Le verbe de cette phrase demande différentes précisions d’objet, de lieu, de temps, de manière et d’état. Et c’est le sens du verbe qui exige la mise en place de tel complément ou de tel autre, ce que nous détaillons dans la séquence reservée à l’étude des compléments.

II - ÉTUDEDUSUJET

L’étude de l’élément sujet est justifiée par deux raisons: D’une part, c’est l’un des composants de base, associé à son verbe, il constitue le noyau de la phrase verbale. Ceci dit qu’il est indispensable à la construction de cette phrase et qu’il entretien un des relations syntaxiques et sémantiques préviligiées avec le verbe. D’autre part, il existe une fonction syntaxique dans la phrases au passif, nommée (nā’ib -l-fā‘il) « substitut du sujet » et qui a un statut spécifique en grammaire arabe. En effet, les grammairiens classiques considèrent le (nā’ib -l-fā‘il) comme « complément dans le sens » (maf‘ūl fī -l-ma‘nā). Nous consacrons une séquence entière à l’étude de cette fonction. En revanche, nous ne pouvons parler du « substitut du sujet » qu’après avoir avancer des remarques sur l’élément

« sujet ».

Dans la séquence précédente nous avons constaté que le locuteur n’utilise pas des unités isolées, mais il emploi un ensemble de signes qu’on a convenu d’appeler phrase. Si nous reprenons la définition avancée par le nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage : « la phrase est une unité significative qui compose l’énoncé, celle-ci est constituée d’une suite de mots organisés conformément à la syntaxe »59, nous remarquons qu’elle est centrée autour d’un noyau à partir duquel l’expansion peut se reproduire. Il convient d’étudier les différents composants de cette phrase pour tracer les aspects syntaxiques, formels et sémantiques propres à chaque composant. Il s’agit là d’un travail préliminaire à l’étude des compléments. En effet, parmi les chercheurs contemporains, Ben Gharbia Abdel-Jabbar affirme que « le sujet de la phrase verbale est

60 Oswald Ducrot et Jean Marie Shaeffer : Nouveau Dictionnaire Encyclopédique des Sciences du Langage (1995 :p. 250).

certes un spécifiant, mais il est le seul à avoir des rapports privilégiés avec le verbe et à être strictement obligatoire, tandis que les autres spécifiants peuvent ne pas être réalisés.»60

. II-1- La notion sujet

En grammaire le sujet indique le plus souvent ce dont on parle. C’est le point de départ de l’énoncé à propos duquel on affirme quelque chose ou avec lequel s’accorde le verbe.

La linguistique occidentale moderne affirme que le sujet est le type même de la fonction obligatoire. Elle le représente de la manière suivante: « l’un des deux termes qui composent l’énoncé minimum (…) désigne normalement un état de chose, ou un événement, sur lequel on attire l’attention et dit prédicat, alors que l’autre désigne un participant actif ou passif, dont le rôle est en principe mis en valeur et dit sujet ».61

En langue arabe l’étude de l’élément sujet se fait d’une autre manière. Elle occupe généralement les premiers chapitres des traités de grammare. En effet, dans leurs ouvrages, les grammairiens arabes ont l’habitude d’avancer l’étude des (marfū‘āt) à celle des (manṣūbāt).62 Ils s’appuient sur des critères syntaxiques et d’autres formelles. Ils font la différence entre deux sortes de sujets : le sujet grammatical avec lequel se fait l’accord du verbe et le sujet logique qui donne le sens au verbe. Ils ont insisté sur les trois aspects du sujet suivants: De point de vue formel, le sujet est un nom au cas nominatif. De point de vue syntaxique, le sujet est un composant de base et de point de vue sémantique, le sujet peut désigner aussi bien celui qui accomplie l’action que celui qui la subi. Dans la séquence suivante, nous reprenons ces trois dimensions en détail.