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2-4 - La combinaison verbe / préposition

LE STATUT DU SYNTAGME PRÉPOSITIONNEL Introduction

I- 2-4 - La combinaison verbe / préposition

Nous avons précisé dans la séquence précédente que l’usage des prépositions n’est pas arbitraire car chacune d’entre elles charge le verbe d’un sens sémantique bien spécifique.

Selon les grammairiens le verbe passe au complément par le biais de différentes prépositions. Ceci se fait selon le sens voulu par le locuteur. Dans al-’ašbāh wa-l-nnaẓā’ir 392, Al-Ssayūṭī (m.911/ 1505) dit: (’inna hāḏihi al-ma‘ānī kāminatun fī al-fi‘li wa

’innamā yuṯiruhā wa yuẓhiruhā ḥarfu al-ǧarri )393 Ces sens existent dans les verbes, ce qui les soulève et ce qui les met en relief c’est la préposition. Ainsi quand le locuteur dit ( ḫaraǧtu ) je suis sorti il peut préciser le sens de cette expression à travers l’utilisation des prépositions : Si le locuteur veut indiquer le point de départ de l’action, il dit (ḫaraǧtu min al-ddāri ) je suis sorti de la maison. S’il veut préciser que l’action de sortir était

391 Pour mieux comprendre la notion de (maḥall ), voir le Šarḥ Ibn ‘Aqīl (1964 : I, p.p. 33- 38) dans le chapitre intitulé (al-mu‘rab wa-l-mabnī ).

392 Al-’asbah wa-l-nnaza’ir de Al-Ssayūṭī: est un ouvrage qui mérite d’être désigné par ( ’usul al-nnahw ) les fondements de la grammaire, car il applique les règles de grammaire et il donne les exemples. Il se réfère dans chaque problématique aux points de vue des savants. Il emploi une méthodologie comparable à celle des œuvres de (ḥadīṯ ) où l’on cite les différentes ( riwāyāt ) et l’on utilise l’expression « il est permis de dire, il n’est pas permis de dire » ( yaguzu wa la yaguzu ). Grâce à cet ouvrage Al-Ssayūṭī occupe une place importante parmi les grammairiens et les compositeurs.

393 Al-Ssayūṭī (1984 : II, p. 176).

accompagnée de l’action de monter ( isti‘lā’) il dira ( ḫaraǧtu ‘alā al-ddābati ) je suis sorti (montant sur) une bête. Par contre, lorsque le locuteur veut mettre en évidence l’action de sortir dans un état de dépassement dans le lieu (muǧāwaza ) il dit ( ḫaraǧtu ‘ani al-ddāri ) je suis sorti (loin) de la maison. Et quand il vise à préciser le sens de l’accompagnement, il dit ( ḫaraǧtu bisilāḥī ) je suis sorti avec mon arme.

D’après les exemples ci dessus mentionnés nous confirmons la thèse de la grammaire classique qui dit que le verbe passe par le biais de multiples prépositions entraînant une multiplicité et une variété dans le sens394. Nous proposons dans la séquence suivante d’examiner le fonctionnement de certains verbes avec certaines prépositions.

*Le verbe ( ’i‘taḏara ) « s’excuser » : L’usage le plus fréquent est ( i‘taḏara ’ilā ). Nous disons (i‘taḏartu ’ilā Zaydin ) je me suis excusé à Zayd, ceci dit que le locuteur a avancé à Zayd la raison pour laquelle il a accompli (ou il n’a pas accompli) une action quelconque.

Toutefois l’expression (i‘taḏartu ‘an Zaydin) je me suis excusé à la place de Zayd, veut dire que le locuteur s’est excusé pour une action qu’a accompli (ou n’a pas accompli) Zayd. Il est dit aussi ( i‘taḏartu ‘an taqṣīrī ) Je me suis excusé pour ma négligence, les grammairiens disent qu’a l’origine il est dit ( i‘taḏartu min taqṣīrī ) l’énoncé comporte la raison pour laquelle le locuteur s’excuse (une action qu’il a accompli lui même).

*Le verbe (kašafa ) : dévoiler : Ce verbe est en principe transitif direct. Dans le Lisān

al-‘arab de Ibn Manẓūr ( kašafa al-’amra: ’aẓharahu ). Cependant les ( luġawiyyūn ) affirment que ( kašafa ) s’emploi avec la préposition ( ‘an ). Les arabes disent ( kašafa al-ḥiǧāba ‘ani -l-maǧhūli ) Il a levé le voile sur l’inconnu (il a dévoilé l’inconnu). Ces ( luġawiyyūn ) soulignent la différence entre ( kašafahu ) et ( kašafa

‘anhu ). En effet, l’emploi de ( ‘an ) implique la mise en évidence de l’élément qui cache la chose dévoilée. Ainsi il est plus fréquent de faire recours à la préposition (‘an ) dans le cas où la chose cachée est totalement inaperçue. Nous disons : ( kašaftu ‘ani -l-kanzi ) j’ai découvert le trésor, étant donné que le trésor est généralement dissimulé. Par contre, dans ( kašafat al-mar’atu waǧhahā ) la femme a dévoilé son visage, nous supposons que la femme n’avait pas l’habitude de le couvrir. Dans le cas ou cette femme avait l’habitude de cacher son visage, nous disons ( kašafat al-mar’atu ‘an waǧhihā ). En l’apparence et de

394 Al-’Astarabadi a fait une longue recherche au sujet des ( ḥurūf -l-ǧarr) dans le Šarḥ -l-Kāfiyya (1982: II, p.p.319-337).

point de vu signification, il n’y a pas de différence entre ( kašafahu ) et ( kašafa ‘anhu ).

Toutefois les grammairiens soulignent que cette différence - minime soit elle - existe.

* Le verbe ( qasama ): Dans le Lisān al-‘arab ( qasama, yaqsimu, qasman wa qismatan ) a le sens de partager. Les arabes disent ( qasama al-rraǧulu al-mīrāṯa ’aw al-ġanīmata ) l’homme a partagé l’héritage. Ce verbe s’arrête dans certains cas d’usage à un seul complément. Dans d’autres cas il dépasse le complément d’objet premier à un complément d’objet second. Ce passage s’effectue par le biais de l’une des deux prépositions (’ilā ) ou (‘alā ). Selon les grammairiens l’emploi de ( qasama ’ilā ) signifie la précision des parties.

Dans : ( qassama al-kātibu kitābahu ’ilā ṯalāṯati ’abwābin ) l’auteur a réparti son ouvrage en trois chapitres, l’usage de « ’ilā » implique que la chose partagée fini à un état quelconque. La phrase citée ci dessus a le sens de :( Le livre a fini en trois chapitres). En revanche, le passage de ( qasama ) par le biais de ( ‘ala ) est conditionné. Nous ne pouvons dire ( qasama ‘alā ) que lorsque la chose partagée et (les individus ou les objets) sur lesquels on partage sont bien différents. Dans : ( qasamtu al-ṣṣadaqata ‘alā al-fuqarā’i ) j’ai partagé l’aumône sur les pauvres, l’aumône (chose partagée) n’est pas lui même les pauvres (individus sur lesquels on le locuteur a partagé). Dans ce genre de construction, il est impossible de remplacer (‘alā ) par (’ilā ) car celle ci n’assure pas la mise en relief du sens voulu par le locuteur.

* Le verbe (’agaba ) « répondre » : Ce verbe passe à son complément par le biais de la préposition (‘an). Nous disons : ( ’aǧāba ‘ani -l-ssu’āli ) il a répondu à la question. Nous disons également (’aǧāba fī -l-kitābi) il a répondu dans le livre et ( ’aǧāba ‘an Zaydin ) Il a répondu à la place de Zayd. Nous avons d’autres usages tel que (’aǧāba ‘alā waraqatin bayḍā’a ) il a répondu sur une feuille blanche et (’aǧāba li’amrin muhimmin ) il a répondu pour une raison importante. Les grammairiens considèrent la construction ( ’aǧāba ‘alā ) comme étant un ( laḥn ) erreur de langage. Ainsi ils ne tolèrent pas l’expression «’aǧāba

‘alā ’al-ssu’āli » il a répondu (sur) la question. Par contre, ceci n’exclu pas la combinaison du verbe (’aǧāba ) avec d’autres prépositions de sens secondaires. ( ḏātu ma‘ānī far‘iyya ). Pour indiquer le lieu où l’on répond, nous disons (’aǧbtu fī al-kitābi ) j’ai répondu dans le livre. Pour exprimer l’idée de (à l’aide du livre) nous disons (’aǧabtu bi -l-kitābi ). Pour dire (à la place de Zayd), nous disons ( ’aǧabtu ‘an Zaydin ). Et finalement pour exprimer le sens de ( al-isti‘la’ ) qui implique le fait de répondre tout en notant la

réponse sur quelque chose, nous disons ( ’aǧabtu ‘alā waraqatin bayḍā’a ) J’ai répondu sur une feille blanche.

Nous disons également (’aǧabtu ‘alā al-’as’ilati min ’awwalihā ’ilā ’āẖirihā ) J’ai répondu aux questions du début à la fin. Ces différents sens sont considérés secondaires, car le sens de base de (’ağāba ) comprend le sens de l’éclaircissement et du dévoilement étant donné qu’il s’agit d’avancer une réponse donc une précision. Pour cette raison les grammairiens affirment que la préposition la plus appropriée au verbe (’aǧāba ) est la préposition (‘an ). Ceci n’exclu pas certains exemples où (’aǧāba ) se combine avec (’ilā ) tel que dans (’aǧabtu Zaydan ’ilā da‘watihi ) J’ai répondu Zayd à son invitation, pour dire j’ai accepté l’invitation de Zayd.