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4- 4- Le complément d’état est un ( maf‘ūl )

LES SPÉCIFICITÉS SÉMANTIQUES DES COMPLÉMENTS

I- 4- 4- Le complément d’état est un ( maf‘ūl )

Ibn Hišām Al-’Anṣārī rejoint l’idée d’Ibn Al-Ssarrāǧ. Dans son ouvrage Qaṭru -l-nnadā wa ballu -l-ṣṣadā, il dit à juste titre : « Puisque le discours sur les compléments est achevé, j’ai commencé à parler des autres ( manṣūbāt ), le ( ḥāl ) en fait partie, il doit répondre à trois critères : être un adjectif, prendre la place d’un composant supplémentaire et enfin être capable de répondre à la question comment » ( lammā intahā alkalāmu ‘alā -l-maf‘ūlāti, šara‘tu fi -l-kalāmi ‘alā baqiyyati -l-manṣūbāti faminhā al-ḥālu wa huwa

‘ibāratun ‘ammā ’iǧtama‘a fīhi ṯalāṯatu šurūṭin : ’aḥaduhā ’an yakūna waṣfan wa-l-ṯṯānī

’an yakūna faḍla wa -l-ṯṯāliṯu ’an yakūna fī ǧawābi kayfa)319.

Nous déduisons de cette citation que le grammairien Ibn Hišām ne considère pas le (ḥāl ) comme un ( maf‘ūl ), c’est uniquement l’un des ( manṣūbāt). Par contre, il ne précise pas les raisons pour lesquelles il exclu ce composant de la liste des compléments, il ne donne pas non plus la définition d’un complément d’état, il ne fait que citer les caractéristiques qui lui sont propres.

I-4- 4- Le complément d’état est un ( maf‘ūl ).

Al-’Astarabādī a une position différente, il affirme que rien ne justifie l’exclusion du complément d’état de la liste des (maf‘ūlāt). Il dit à juste propos : « Considérer que le complément d’accompagnement et le complément de cause des ascendants au cas accusatif en tant que ( maf‘ūlīn ), et que l’excepté (al- mustaṯnā) et le complément d’état (al-ḥāl) sont des descendants dans le cas accusatif- malgré qu’ils sont (eux) aussi des ( maf‘ulin )

… est à revoir »320 ( fafī ǧa‘li -l-maf‘ūli ma‘ahu wa -l-maf‘ūli lahu ’aṣlan fī -l-nnaṣbi

319 Ibn Hišām (1963: p. 255).

320 L’expression est soulignée par nous.

likawnihimā maf‘ūlayni wa ǧa‘li ’al-mustaṯnā wa -l-ḥāli far‘ayni ma‘a ’annahumā ’ayḍan maf‘ūlāni lākin ma‘a qaydin ka-l-’awwalayni, naẓarun )321.

Si l’on admet qu’être ascendant dans le accusatif (aṣlun fī -l-nnaṣbi) signifie que le constituant concerné est nécessaire pour le sens du verbe, le ( ḥāl) répond à cette condition, car tout action se déroule sur un état quelconque. Un verbe peut être sans cause ou sans accompagnant, mais il ne sera accompli que dans un état précis qui provient soit de celui qui mène l’action soit de celui qui l’a subi. Quand le locuteur emploi l’adjectif (rākiban) dans (59) cela renvoi à l’action de venir et à l’idée de monter, le (rukūb) est fait c’est donc un ( maf‘ūl ).

(59) ǧā’a Zaydun rākiban.

Zayd est venu montant (un cheval).

La thèse de Al-’Astarabādī est fondée comme nous venons d’expliquer sur des argumentations syntaxiques (ma‘nawiyya) et analogique (qiyāsiyya). Le ( ḥāl ) en effet, ne peut être que ( maf‘ūl), il possède les deux caractéristiques principaux des complémernts : ( faḍla – manṣūba ). Les grammairiens auront pu le désigner par (maf‘ūl ‘alā ḥāli kaḏā) de la même façon qu’ils ont désigné d’autres par ( fīhi ) ou ( li’aǧlihi ), mais pour ce qu’on a convenu d’appeler l’économie dans la langue (al-iqtiṣād fī-l-luġa) ils ont convenu de l’appeler ( ḥāl ) tout cours. Ce composant est aussi significatif que les autres compléments, la nomination ne change rien quant au rôle qu’il joue dans la phrase qui est celui d’un complément.

Notons finalement que les grammairiens classiques ont procédé à d’autres formes de classifications. Ibn Hišām, par exemple, a dénombré dans le Muġnī -l-labīb d’autres manières de répartir les notions occupant la fonction C.E. Certaines s’appuient sur des aspects morphologiques (tel que la distinction entre la dérivée et la non dérivée) d’autres sur l’aspect du temps (tel que celle indiquant l’état actuel et celle renvoyant au futur). Nous n’allons pas loin dans tous ces détails étant donné que ce qui importe pour nous c’est la fonction ( ḥāl ) comme déterminant sémantique du verbe, question négligé par les grammairiens au profil d’autres phénomènes.

I - 5 - Le complément de but ou de cause

321 Al-’Astarabādī (1982 : II, p.p.122- 123).

Le complément de cause (ou de but) (al-maf‘ūl li’aǧlih ) est un nom d’action qui précise la raison pour laquelle le sujet mène l’action. Cependant ce nom d’action doit être dérivé d’une racine différente de celle du verbe de la phrase.

Les grammairiens lui ont fixé deux caractéristiques propres permettant d’évider de le confondre aux autres compléments. D’une part, le complément de cause vient pour expliquer une motivation qui pousse le sujet à mener une action. Cette expansion répond à la question ( limāḏā ). Dans l’exemple (60) le désir de se faire rassurer sur la santé du malade est la raison pour laquelle Zayd a entamé la visite. Par contre dans (61), le fait de perdre courage a empêché le sujet de partir en guerre.

(60) zāra Zaydun al-marīḍa iṭmi’nānan ‘alayhi.

a visité Zayd le malade se rassurer (ACC) sur sa santé Zayd a visité le malade pour se rassurer sur sa santé.

(61) qa‘ada ‘ani -l-ḥarbi ǧubnan.

A raté la guerre crainte (ACC).

Il a raté la guerre par crainte.

Les deux noms d’action permettent de répondre à la question « pourquoi le sujet a-t-il accompli a-t-a-t-il (ou n’a-t-a-t-il pas) accompli l’action? Le complément de cause (ou de but) est encadré par les mêmes circonstances temporelles que le verbe de la phrase, il se rapporte aussi au même sujet que celui du verbe indiqué. Dans (60) l’action (visiter) et le procès (s’assurer) se réalisent en même temps et par le même sujet. De la même façon que l’action de rater la guerre dans (61) accompagne la crainte chez le sujet. Dans d’autres cas (62), le but constitue le résultat d’une action. Ceci implique que le cadre temporel du nom de l’action (ayant la fonction complément de but) n’est pas le même que celui du verbe, celui ci le précède. Par contre les deux procès sont accomplis par le même sujet.

(62) ǧi’tuka iṣlāḥan liḥālika.

Je suis venu (chez toi) pour t’aider.

Aider l’objet à dépasser une situation difficile est le but du sujet, ce but ne peut se réaliser qu’après avoir accompli l’action de (venir). Al-’Astarabādī cite le cas où le

complément de cause est lui même le provocateur d’une attitude. Dans (62), il s’agit d’un complément de cause qui précède le verbe dans le temps. Et c’est ce complément là, qui explique le comportement du sujet. Il paraît donc qu’au niveau du temps la motivation du verbe peut précéder le complément de cause comme elle peut le succéder.