hydrologie, exokarst et types de cavités
2. L’ ORGANISATION ET LA MORPHOLOGIE DE L ’ EXOKARST
2.2. Les pertes de rivière
Les deux principaux cours d’eau qui coulent sur le karst de La Rochefoucauld, le Bandiat et la Tardoire, prennent leur source sur le Massif Central. Pérennes à l’amont, les rivières deviennent temporaires dès qu’elles atteignent les terrains calcaires jurassiques.
Les pertes principales débutent sur le Bandiat dès Feuillade et sur la Tardoire dès Montbron. La diminution forte et rapide des débits est une conséquence des nombreuses pertes qui taraudent le fond des lits du Bandiat et de la Tardoire, principalement en rive gauche. Le Bandiat (débit moyen 3,95 m3/s, moins de 1 m3/s à l’aval) et la Tardoire (débit moyen amont 6,17 m3/s, débit moyen aval 3,58 m3/s) représentent ensemble un peu plus de 50 % des débits aux résurgences de la Touvre (13 m3/s). La Bonnieure, qui coule au nord du karst, est pérenne. La station de Saint-Ciers, en aval, indique un débit moyen annuel de 1,5 m3/s pour la période 1968-2010. Mais l’absence de station en amont de la rivière ne permet pas de calculer la part des pertes.
L’inventaire exhaustif des pertes actives et fossiles des vallées de la Tardoire et du Bandiat est impossible. On en dénombre actuellement une centaine. Toutes situées en rive gauche des deux vallées, elles donnent parfois accès à un réseau pénétrable (Les Moradies, Rancogne, Chez Roby…). Mais la plupart des gouffres-pertes sont obstrués par des débris végétaux et organiques. Certaines
remarquables.
Les pertes les plus actives se situent aujourd’hui en aval des cours du Bandiat (Chez Roby, la Bécasse et Gros Roc) et de la Tardoire (Pelle-Buze, Lascoux, Chatelard). Certaines présentent des signes de pollution (Les Pinonnes, Gros Terme).
2.2.1. Les pertes de la vallée du Bandiat
De Nontron à Chazelles on ne compte aucune perte active le long des berges du Bandiat ; à partir de Chazelles on compte une vingtaine de grouffres-pertes actifs et hérités (Quélennec et al., 1971 ; Association de Recherches Spéléologiques de La Rochefoucauld, 1990) (tableau 9). Les eaux du Bandiat ne dépassent que très rarement la perte du Gros Roc. Seules les pertes les plus représentatives sont indiquées dans le tableau ci-dessous.
Appellation Altitude (m) Coordonnées Morphologie Caractéristiques
Grottes des
Moradies (Marthon) 115 Y : 2069860 X : 451642 Porche Paléo-gouffres-pertes
80 Y : 2080780 X : 444368 prof. : 10 m – remplissage sableux et limoneux très massif. Perte active la plus importante du Bandiat – dvl. : 300 m ; Chez Roby
85 Y : 2080831 X : 444325 Gouffres Paléo-perte Gouffre de la
Racine 79 Y : 2082257 X : 444328 Gouffre Active en hautes eaux Perte de la Bécasse 77 Y : 2083511 X : 444600 Gouffre Active toute l’année
Gouffre de Gauffry 75 Y : 2084382 X : 444179 Gouffre Active toute l’année
Gros Roc 74 Y : 2084987 X : 444042 Gouffres-pertes Seconde perte la plus importante du Bandiat (ensemble de 3 pertes) Gouffre de la Cuve 73 Y : 2085814 X : 444216 Gouffre Active en hautes eaux
Les Pinnones 72 Y : 2087110 X : 444604 Perte Perte polluée (déchets) Chez Tarrois 83 Y : 2077370 X : 444300 Paléo-pertes Actives en hautes eaux
Tableau 9 - Les gouffres-pertes de la vallée du Bandiat.
2.2.2. Pertes et gouffres de la vallée de la Tardoire
On compte entre Montbron et Rivières 13 gouffres-pertes et entre Rivières et la confluence avec la Bonnieure on en dénombre approximativement 70. Les plus importants et les plus emblématiques sont présentés dans le tableau ci-dessous.
Appellation Altitude
(m) Coordonnées Morphologie Caractéristiques
Montgaudier 100 Y : 2075808 X : 454576 Porche Fossile – site archéologique La Chaise-de-Vouthon 105 Y : 2076242 X : 452708 Porche Fossile – site archéologique Grottes de Vilhonneur / Roc Plat 100 Y : 2077673 X : 450863 Petits porches étagés Perte active – à la base du hum
Grottes des Garennes 105 Y : 2078032 X : 450563 Abris-sous-roche Paléo-pertes Grotte de Sainte-Catherine 100 Y : 2078321 X : 450690 Méga-porche Grotte fossile et décapitée
Grotte de Rochebertier 100 Y : 2078400 X : 450739 Perte -
Grottes de Rancogne 90 Y : 2079347 X : 449643 Porches étagés Réseau étagé, dvl. 2 000 m - Paléo gouffres-pertes
Les Tuffas 87 Y : 2079818 X : 448961 Perte Perte active
82 Y : 2082317 X : 447637 80 Y : 2082793 X : 447647 80 Y : 2083030 X : 447746 Gouffres de L’Age-Baston (La
Rochefoucauld)
80 Y : 2083314 X : 447745
4 gouffres-pertes
alignés Actifs
Pelle-Buze 75 Y : 2085169 X : 447056 Gouffre-perte Actif
Chez Lascoux 76 Y : 2085224 X : 446614 Gouffre-perte Plus importante perte connue Gouffre de la Berge 72 Y : 2088469 X : 444432 Doline de soutirage Ancienne perte de la Tardoire Dmt = 15 m Gouffre du Chatelard 63 Y : 2098114 X : 436010 Gouffre-perte Tardoire-Bonnieure
Plusieurs vallons secs ont été reconnus dans le paysage karstique. Les plus remarquables se situent sur le plateau du massif de la Braconne, de direction générale S-N. La morphologie des vallons est variable. Les vallons secs en berceau raccordés aux vallées principales s’étendent sur plusieurs centaines de mètres, voire sur plusieurs kilomètres. Le vallon de la Grande Combe, situé au nord du massif de la Braconne s’étire sur plus de 6 km de long en direction du nord et rejoint la vallée de la Tardoire – après la confluence avec le Bandiat – au niveau de La Rochette. Dans la partie sud de la Braconne, la combe de Bois Long s’allonge sur 4 km de long en direction du nord et rejoint la vallée du Bandiat après Bunzac au niveau de la perte de Chez Roby. Symétriquement, sur l’interfluve Bandiat-Tardoire, la Combe Brune de direction sud-est – nord-ouest, faiblement encaissée, est connectée à la vallée du Bandiat au niveau des Fouilloux. Il s’agit donc de phénomènes karstiques de surface remarquables qui témoignent d’une part du paléo-réseau hydrologique quaternaire ou plio-quaternaire et, d’autre part, de l’intensité du soutirage endokarstique.
Les vallons secs en V à pente plus forte sont beaucoup plus courts. Sur la partie orientale du bassin, ces types de vallons sont orientés sud-est – nord-ouest. Ils constituent la partie aval de petites vallées humides dont les cours d’eau finissent par disparaître au niveau de points d’absorption alignés selon un axe Chasseneuil – Taponnat-Fleurignac – Beaumont – Marillac-le-Franc – St-Sornin. Ces vallons secs (la Bellonne, la Ligonne) ne sont pas connectés directement aux vallées principales. Ils se terminent par un élargissement de leur talweg, formant de larges cônes de déjection inactifs, dont les traits morphologiques sont hérités des processus fluvio-karstiques plio-quaternaires. Un magnifique exemple nous est donné à voir entre St-Sornin et Limarceau. Les courbes hypsométriques convexes en arc de cercle après Miaulant indiquent clairement un ancien cône de déjection alimenté par des cours d’eau en provenance du Massif Central. Un second, plus modeste, vers Agris, à Fougères est recoupé par la vallée de la Tardoire.
Enfin, un dernier type de vallon karstique a été observé dans la partie occidentale du karst de La Rochefoucauld. Il s’agit de petits vallons secs très encaissés mais directement raccordés à la vallée principale de la Touvre. La combe à Mole vers les Gauchons, La Combe Mornac de direction nord-est – sud-ouest s’encaissent de 40 m avant de rejoindre les vallées de l’Echelle et de la Touvre au niveau des émergences.