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LA PERFORMANCE EST UN CATALYSEUR DE LA

Dans le document PREMIER MINISTRE (Page 33-39)

MOBILISATION DES RESSOURCES BUDGETAIRES

La culture de la performance est devenue au Cameroun un aiguillon pour la production plus

intense de recettes fiscales nécessaires à l’alimentation du budget de l’Etat au moment où

l’impôt s’érige en principale ressource publique. Les actions entreprises par les autorités pour

un meilleur pilotage des performances ont entraîné des résultats indéniables.

A Les actions entreprises au sein des services fiscaux

L’Administration fiscale camerounaise est la première à avoir engagé une mutation partant

d’une gestion axée sur les moyens vers une gestion orientée vers les résultats à travers la

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C’est sous ce thème que le Président de la République élu a battu campagne et placé son action sur les sept

années à venir

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La notion de « feuille de route » préfigure déjà de la démarche de performance en tant qu’elle envisage des

objectifs, les moyens, les actions à mener, l’évaluation afin d’aboutir à une boucle de rétroaction. Mais les outils

de suivi à l’échelon stratégique ne sont pas encore suffisamment affinés. Ne serait-il pas permis d’envisager

l’introduction du contrôle de gestion au sein des Ministères comme dispositif de pilotage des performances ?

Directions par Objectifs (DPO)

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. Cette ambition s’est concrétisée au fil des jours par un

renforcement de ses capacités, une amélioration des indicateurs de performances ainsi que

l’introduction d’une culture de l’évaluation.

1- Le renforcement des capacités des Administrations

La performance d’une organisation ne se mesure pas seulement à l’aune des résultats

socio-économique qu’elle génère. Le préalable est dans les inputs qu’elle expose pour arriver aux

résultats escomptés. Pour la mise en œuvre des programmes économiques auxquels il est

soumis, le renforcement des capacités administratives aura constitué un axe stratégique de la

politique gouvernementale tout au long de la dernière décennie.

S’agissant du développement des ressources humaines, le diagnostic portant sur le constat

d’une insuffisance numérique et qualitative des personnels a amené les décideurs publics à

prendre les mesures suivantes :

-mise en place d’un partenariat avec l’ENAM

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pour l’implication de l’Administration

à la définition des programmes de formation ainsi que leur contenu ;

-contribution des praticiens aux enseignements professionnalisés ;

-encadrement des stagiaires dans les centres des impôts ;

-contribution de l’Administration dans la négociation des partenariats pédagogiques de

la coopération internationale.

En ce qui concerne la gestion interne des ressources humaines, l’Administration fiscale a

procédé à une étude prospective portant sur les entrées et les sorties

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à l’horizon 2010

entraînant un politique de recrutement massif d’Inspecteur et Contrôleurs des Impôts. Ces

actions ont permis de mettre en cohérence l’élargissement croissant des missions avec

l’évolution des effectifs aux fins de mieux soutenir la démarche de la performance en

construction dans cette organisation.

Pour mieux piloter son système de gestion par la performance, un accent particulier a été mis

dans l’augmentation de la dotation budgétaire allouée à l’Administration fiscale

particulièrement en ce qui concerne son fonds d’équipement. La conséquence aura été

perceptible en terme de rénovation des locaux abritant les services, le renouvellement des

biens meubles et surtout l’accroissement exponentiel du parc informatique mettant

l’Administration fiscale à la première loge des organismes publics innovants et inscrits

irréversiblement dans la voie de la modernité.

Dans cette structure qui apparaît comme singulière dans le paysage administratif camerounais,

l’appropriation de l’outil informatique et la familiarisation au traitement automatisé des

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En France, l’Administration fiscale fait aussi figure de pionnière d’une gestion par objectifs à travers les

contrats d’objectifs et des moyens ainsi que la démarche diagnostic plan d’action (DPA).

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Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature. Il s’agit d’un établissement public de formation de la

haute fonction publique camerounaise (Administrateurs civils, magistrats, Inspecteurs des Impôts, Douanes,

Trésor et affaires sociales).

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Dans cette perspective, la Direction Générale des Impôts camerounaise peut apparaître dans une certaine

mesure comme un chantier du management par la GPEEC (Gestion prévisionnelle des effectifs et des

informations a entraîné une mutation consistant à recycler une bonne partie du personnel

secrétaire et sa reconversion vers des tâches de production fiscale. En effet, une grande partie

des cadres utilise avec aisance Word et Excel et peut restituer en toute autonomie et

confidentialité des travaux relevant de son métier.

Au-delà d’une nouvelle philosophie liée la modernisation de la gestion des ressources

humaines et du développement des aspects matériels en vue de l’amélioration du cadre du

travail, le pilotage des performances axé sur la Direction Par Objectifs s’est vue amélioré par

l’affinement progressif des outils de mesure des résultats.

2- L’amélioration et la diffusion des indicateurs de performance

La démarche de la performance entre à la Direction Générale des Impôts pour faire face aux

nouvelles exigences de mobilisation plus accrue des ressources budgétaires non pétrolières.

L’instauration de la DPO obéît en ce moment à des considérations de quantité et à des besoins

immédiats de statistiques. Un service opérationnel est performant lorsqu’il présente une

statistique impressionnante en terme de réalisations budgétaires. Un vérificateur est

performant lorsqu’il réussit à émettre des montants importants de redressements à la suite de

contrôles fiscaux.

Si les résultats du point de vue budgétaire apparaissent satisfaisants aux yeux des autorités

ainsi que des bailleurs de fonds internationaux, cette option managériale va pourtant connaître

un revirement à l’épreuve des faits, son enracinement dans une perspective pérenne se

révélant sujet à caution.

En effet, les résultats en recouvrement issus de la période post reforme fiscale

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ont été

important mais au fil du temps, la matière fiscale a connu une sorte d’amenuisement due à la

capacité des contribuables à s’ajuster et à s’entourer de conseils qui pour certains, sortaient

pratiquement de l’Administration fiscale en raison de leur mise en disponibilité ou en retraite.

A la Direction Générale des Impôts, les réflexions menées ont abouti à la remise en cause des

outils de pilotage notamment à une définition de nouveaux indicateurs axés beaucoup plus sur

la qualité que sur la quantité. Dans la perspective de l’élargissement de l’assiette fiscale

inscrite au cœur de l’agenda de la politique fiscale, des indicateurs sont mis en place à l’instar

du taux d’immatriculation mensuel de nouveaux contribuables pour mesurer les efforts

d’élargissement de l’assiette. En matière de recouvrement, l’instrument de mesure de la

performance est le taux d’apurement de restes à recouvrer recouvrables. En matière de

contrôle, des tableaux de suivi de l’activité sont élaborés et diffusés tandis que le taux de

réalisations ne se limite plus en rendement chiffré mais aussi sur le nombre d’opérations

clôturées suivant une cible projetée.

Ce mouvement de rénovation des outils de pilotage n’est pas resté ancré dans la pratique des

services centraux, il s’est diffusé sur l’ensemble du réseau de la Direction Générale des

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Le Cameroun a effectué une réforme fiscale de grande ampleur en 1995 dans le sens de la modernisation de

son système fiscal et de la simplification des procédures dans un contexte de libéralisation économique impulsée

par l’ouverture des échanges à l’échelle internationale.

Impôts au point de constituer un nouveau cap de la mise en management des activités

incombant à cette Administration.

3- L’évaluation périodique des activités

La culture de l’évaluation s’est développée progressivement au sein de l’Administration

fiscale en raison des exigences de performances auxquelles est soumise cette structure. De

fait, les années post indépendance coïncident avec la période prospère des Trente Glorieuses

qui crée un environnement propice à l’insertion des pays du Sud au concert de l’économie

mondiale.

Mais avec la détérioration des termes de l’échange et l’essoufflement de l’aide publique au

développement, les nations en voie de développement se voient soumises à des contraintes de

performances internes devant nécessairement être évaluées pour un meilleur suivi.

L’impératif d’évaluation vient du souci de rendre compte qui doit habiter toute personne en

charge de la mobilisation ainsi que de la gestion des ressources publiques

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. S’agissant du

pilotage des performances en finances publiques, les exigences d’évaluation s’opèrent à

plusieurs échelons de la hiérarchie des Administrations. Au sein de la Direction Générale des

Impôts, une réunion mensuelle de coordination des services est instituée aux fins de procéder

à l’évaluation des différentes structures opérationnelles qui à leur niveau de responsabilité

effectuent le même exercice sur la base des outils de reporting habituels.

A un échelon supérieur, le Secrétaire Général du Ministère de l’Economie et des Finances

organise des séances de travail de même nature dans le cadre d’un dispositif dit de «

suivi-évaluation » à travers une Cellule de suivi qui lui est rattachée. Si le mécanisme est ambitieux

dans son intention, il reste que les outils de suivi restent à approfondir aux fins d’installer une

véritable boucle de rétroaction

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qui permettra un enchaînement séquentiel entre les objectifs,

leur mise en œuvre, les résultats, l’évaluation et la réorientation des objectifs.

Après cette chaîne d’évaluation aux différents échelons hiérarchiques des Administrations, les

partenaires au développement (FMI, Banque Mondiale et Union Européenne) effectuent aussi

dans le cadre de leurs revues trimestrielles et semestrielles des missions permettant aux

autorités camerounaises de rendre compte de leur action en matière de pilotage des finances

publiques sur la base d’objectifs assortis d’indicateurs.

En somme, la culture de l’évaluation de l’activité commence à s’ancrer dans les mentalités à

tous les échelons de la société. Toutefois, le nouveau pas devra consister à inscrire

l’évaluation dans le moyen et le long terme en vue de mieux juger de l’impact non seulement

des actions précises dans certains secteurs d’activités mais de mesurer les résultats

socio-économiques des politiques publiques en général. A titre d’exemple, si l’application des

mesures fiscales fait régulièrement l’objet d’évaluation, la politique fiscale en elle-même n’a

pas encore connu d’évaluation après son implémentation durant une période de moyen ou de

long terme.

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B Les résultats perceptibles

Les changements intervenus dans la gestion publique camerounaise à travers l’Administration

fiscale ont permis de dégager d’énormes gains en termes de volumes de recettes budgétaires,

d’enracinement d’une nouvelle approche managériale et l’émergence d’une culture citoyenne.

1- Une augmentation du volume des recettes

La mobilisation des ressources internes non pétrolières est un critère quantitatif de réalisation

soumis à évaluation par les partenaires au développement dans le cadre des programmes

économiques et financiers. Depuis la réforme fiscale intervenue au Cameroun en 1995 qui lui

a permis de se doter d’un système fiscal apte à faire face aux enjeux politiques, économiques

et sociaux liés à la modernité, l’apport des recettes fiscales au budget de l’Etat est allé

croissant traduisant ainsi une démarche de performance inscrite résolument dans l’agenda de

l’Administration fiscale (les tableaux ci-après reflètent cette évolution des chiffres des recettes

fiscales).

Dès lors, il n’est pas étonnant de voir le management par objectif plus connu sous le vocable

de la Direction par Objectif (DPO) se muer dans les esprits en réalisation quantitative des

recettes. C’est le règne de la statistique à tous les échelons hiérarchiques du Ministère de

l’Economie et des Finances.

Réalisations en Milliards

253,3 277,3 388,6 425,2 518,7 690,2 643,1 646,4 945,2 296,9 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 253,3277,3296,9 388,6 425,2 518,7 690,2 643,1 646,4 945,2 250,00 350,00 450,00 550,00 650,00 750,00 850,00 950,00 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Réalisations en Milliards

2- L’enracinement généralisé de la culture managériale axée sur des résultats

L’expérience de l’Administration fiscale en matière de gestion par la performance connaît un

succès qui a tendance à s’étendre au sein de l’ensemble du périmètre camerounais de la

gestion publique. Outre les Administrations purement financières, les départements

ministériels et les instances supérieures de coordination ressentent le besoin de s’inscrire dans

une perspective de gestion orientée vers les résultats. A cet effet, l’impulsion est donnée par le

Chef de l’Etat à travers les discours politiques

26

et ses traditionnelles circulaires budgétaires

qui donnent les grandes orientations en matière de finances publiques

27

.

Malgré cette nouvelle tendance, l’appropriation généralisée des techniques managériales reste

embryonnaire et tarde à se matérialiser dans la quotidienneté des acteurs de la vie publique

camerounaise. De fait, la pratique rompt avec le discours, les opérations s’éloignent de la

stratégie, la règle se dessine mais les faits tardent à suivre. Les ingrédients de la nouvelle

gestion publique tardent à prendre corps dans cet environnement mal préparé, des agents

publics insuffisamment conditionnés, une élite en retard vis-à-vis de la nécessaire

technocratisation des savoirs managériaux

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qui est un processus de longue haleine appelant

des investissements en terme de ressources humaines et matérielles.

La culture de la performance devra s’étendre dans les démembrements de l’Etat qui impactent

substantiellement les finances publiques. Dans cet esprit, le Ministre de l’Economie et des

Finances en Juillet 2005, les Directeurs Généraux et Présidents des Conseils d’Administration

des établissements publics et entreprises du secteur public et parapublic. Après avoir rappelé

l’impératif d’assainissement des finances publiques en vue d’accroître la stabilité

macroéconomique et l’investissement, de stimuler la croissance et d’améliorer les conditions

de vie des populations. Le Ministre reprécise la philosophie générale en ces

termes : « l’entreprise publique doit désormais s’approprier la culture du résultat longtemps

réservée aux seules entreprises du secteur privé. Elle doit pouvoir l’intégrer et en faire

l’aiguillon de ses programmes d’action…Je vous exhorte à vous adapter en rompant

définitivement avec les habitudes du passé. Chacun d’entre vous répondra désormais des

résultats de sa gestion sur la base de critères de performance prédéfinis. Dans cette optique,

une évaluation systématique et plus régulière de l’entreprise publique sera prescrite et

observée »

29

.

La gestion orientée vers les résultats et la démarche de la performance qui la suppose a été

souvent consacrée par le législateur dans certains secteurs d’activités impliquant le Ministère

chargé des finances

30

. Mais l’éternel grief fondé sur la rupture entre le droit et les faits peut

26

Après la formation du gouvernement dit des grandes ambitions le 08 Décembre 2004, le Président de la

République a prescrit au Premier Ministre, Chef du Gouvernement, d’instruire tous les ministres d’élaborer des

feuilles de route c’est-à-dire des programmes à mettre en œuvre et soumis à évaluation périodique.

27

La circulaire précise clairement que les objectifs

28

Pour BEZES, le processus de professionnalisation du management public en France englobe les années 1970

aux années 1980 ; L’Etat et les savoirs managériaux : essor et développement de la gestion publique en France

in30 ans de réforme de l’Etat, Expériences françaises et étrangères : stratégies et bilans, Dunod, Paris, 2005.

29

Extrait de l’allocution de Monsieur Abah Abah Polycarpe, Ministre de l’Economie et des Finances au Palais

des Congrès de Yaoundé à l’occasion de la rencontre avec les Présidents des Conseils d’Administration et les

Directeurs Généraux des entreprises publiques.

30

aussi être invoqué en l’espèce, les textes demeurant parfois inappliqués quand bien même ils

seraient correctement ficelés.

3- La construction d’une culture citoyenne

Le rapport de réciprocité entre les droits et les obligations structure la problématique de la

citoyenneté dans un contexte républicain. Le prélèvement fiscal a pour vocation de permettre

une meilleure couverture des charges publiques. Autant le citoyen contribuable a le devoir

d’accomplir ses obligations citoyennes en acquittant l’impôt, autant la collectivité se doit de

lui apporter en retour des résultats intéressants quant à la mise en œuvre des politiques

publiques.

Le développement d’une culture de la performance dans la conduite de l’action publique est

une exigence citoyenne, une approche prenant en considération les devoirs qui incombent aux

pouvoirs publiques dans leur rapport avec les contribuables.

Au Cameroun, l’obligation de résultats imposée aux agents du fisc pour l’accomplissement

des statistiques influence durement l’activité des opérateurs économiques qui récusent le

harcèlement fiscal dû à la multitude de contrôles, l’ampleur des redressements,

l’intensification des mesures coercitives. En retour, les contribuables, à travers les élus et les

organismes socioprofessionnels, ne cessent de revendiquer que l’obligation de résultats soit

plus sévère quant à l’usage fait du produit des prélèvements en terme d’allocation, de

redistribution ainsi que d’investissements socioéconomiques.

La dialectique ainsi instaurée est porteuse de plus de démocratie et de transparence dans la

gestion des affaires publiques. En généralisant le pilotage des performances dans la conduite

des politiques publiques, l’esprit citoyen en sortira grandi dans la mesure où les déperditions

décriées en matière de gouvernance pourraient être amoindries à défaut d’être annihilées.

La culture de la performance participe donc au renforcement de la culture citoyenne par une

demande plus forte de résultats aux gestionnaires de la part des contribuables-citoyens mais

aussi à travers une grande responsabilisation des agents publics, un surcroît de patriotisme

consécutif à l’obligation de bien faire et rendre compte dans les conditions les meilleures.

Dans le document PREMIER MINISTRE (Page 33-39)

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