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LA CULTURE DE LA PERFORMANCE EST UN OUTIL DE

Dans le document PREMIER MINISTRE (Page 39-45)

OUTIL DE MAITRISE DE LA DEPENSE PUBLIQUE

L’un des maillons faibles des finances publiques camerounaises est la maîtrise de la dépense

quand bien même la mobilisation des recettes fiscales aura été satisfaisante. Non seulement le

cadre de la gestion budgétaire n’a pas encore intégré les outils modernes de mesure de la

performance dans la dépense publique, mais surtout, l’environnement du pilotage des finances

publiques reste miné par les travers enracinés dans les consciences et constituant des freins à

l’éclosion d’un véritable management par objectifs .Quelques mesures ont été prises dans le

sens d’une meilleure maîtrise de la dépense publique mais les résultats restent mitigés.

A Les mesures prises pour la maîtrise de la dépense

Les autorités camerounaises ont essayé d’améliorer la performance du système d’information

sans lequel aucune transparence des finances publiques ne serait envisagée et ont perfectionné

les documents de synthèse. L’avènement de la juridiction financière constitue aussi un espoir

pour le renforcement de l’efficacité de la chaîne dépense.

1- La modernisation du système d’information

A près un diagnostic ayant révélé des carences en terme de transparence et de traçabilité dans

la gestion des finances publiques, le Gouvernement a entrepris de repenser le système

d’information en place dans la perspective d’un décloisonnement et d’une intégration plus

poussée des systèmes sectoriels et un rapprochement automatisé entre la dépense et la recette.

En effet, le pilotage des finances publiques camerounaises souffre d’une dispersion de son

système d’information à travers une coexistence entre des applications informatiques mises en

place au sein des Administrations dépendant pourtant du Ministère de l’Economie et des

Finances : TRINITE à la Direction Générale des impôts, PATRIOT à la Direction Générale

du Trésor, PAGODE devenu SYDONYA à la Direction Générale des Douanes, IBIS-DM à la

Direction Générale du budget.

Ces applications constituent certes de véritables avancées vers une gestion moderne des

finances publiques mais la quête de la performance appelle une orientation vers des systèmes

intégrateurs facilitant la coordination de l’information et des données nécessaires à la décision

politique, économique, financière et fiscale.

Dans cette optique, le projet SIGEFI a été mis en place pour favoriser un brassage en temps

réel d’informations entre les Administrations et organismes financiers à travers une inter

fonctionnalité des applications sectorielles existantes. Le système ainsi mis en place

constituera un outil d’aide à la décision et une base de recoupement pour les données et

informations utilisées par ces différentes Administrations dans leurs missions respectives.

Ce projet encore à sa phase de construction est suffisamment ambitieux pour ne pas séduire

tout acteur favorable à une gestion publique orientée vers les résultats. Il reste tout de même

exposé à des pesanteurs liées à la conduite du changement dont il est porteur. En effet, la

marche vers l’internalisation des technologies de l’information et de la communication ne

manque pas de soulever des résistances dues au conservatisme naturel des uns et à la volonté

des autres de garder le statu quo en raison de certaines situations de rentes favorisées par la

perméabilité du système. Par ailleurs, un système d’information intégré soulève évidemment

des problèmes réels d’investissement, de formation du personnel et surtout de révolution

mentale dans la perception de la chose publique.

2- Accompagner l’avènement d’une Chambre des Comptes

La Chambre des comptes camerounaise est intégrée dans la Cour Suprême à coté de la

Chambre Administrative et de la Chambre Judiciaire. A la différence des structures similaires

mise en place dans les autres pays, elle n’est compétente que pour le jugement des comptes

des comptables publiques.

Ce choix du législateur camerounais reste fortement critiqué par les analystes qui auraient

bien souhaité voir la juridiction financière étendre sa compétence quant au contrôle de la

gestion ainsi qu’au contrôle de la performance des Administrations et organismes publics. Là

n’est pas toute la pertinence du débat !

En effet, le rattachement le juge des comptes à l’appareil judiciaire et la limitation de son

champ d’action au seul jugement des comptes constitue un choix politique dont le revirement

ne peut être opéré que par voie de révision constitutionnelle et par voie législative. Mais en

attendant, une telle démarche, la question de la performance dans la gestion des finances

publiques reste toute entière et appelle une réflexion sur les pistes qui permettront d’optimiser

les acquis et à améliorer l’existant.

Dans cette optique, la Chambre des comptes camerounaise devra sortir du schéma purement

judiciaire ambiant au sein de la Cour Suprême pour s’ouvrir aux autres métiers devant

contribuer à son efficacité : Inspecteurs des Régies financières, auditeurs des comptes privés,

universitaires…..A cet effet, la formation constituera un axe stratégique majeur à travers

l’initiation à l’ENAM

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ainsi que les programmes post scolaires à travers les séminaires,

stages, recyclage et autres. En ce qui concerne son activité, la jeune Chambre des comptes

devra s’approprier plus de professionnalisme et de management à une bonne programmation

des actions, une indépendance et une impartialité dans le traitement de ses dossiers.

3- L’affinement des outils d’information et des documents de synthèse

Le bon pilotage de l’exécution du budget suppose la mise à la disposition des décideurs d’une

information financière et comptable exhaustive. A cet effet, une bonne conduite des finances

publiques requiert des outils d’informations plus affinés ainsi que des documents de synthèse

fiables.

Le principe fondamental des programmes budgétaires au Cameroun est que les dépenses à

effectuer doivent totalement être couvertes par les ressources en présence. En vue d’assurer

un suivi rigoureux des programmes, les autorités camerounaises font usage du Tableau des

Opérations Financières de l’Etat (TOFE). Il s’agit d’un tableau récapitulatif de la globalité des

opérations financières effectuées par l’Etat au cours d’une période donnée : recettes

budgétaires, dons, dépenses publiques, soldes budgétaires dégagés, variations des arriérés,

opérations de financement extérieur et intérieur…Le TOFE camerounais s’inspire des

standards internationaux de comptabilité nationale mais sa présentation obéît à des exigences

de facilitation des comparaisons en matière de performances budgétaires.

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Si le TOFE apparaît comme le plus important des documents de synthèses, l’ensemble des

informations fondamentales pour les finances publiques camerounaises se trouve dans le

Tableau de Bord (TABORD) tenu par la Direction des affaires économiques anciennement

appelée Direction de la Prévision. Il relate le solde primaire (tableaux M2, M7 et M8), la

situation de trésorerie (M3), le financement du solde des opérations de l’Etat (M4), la dette

publique intérieure et extérieure (M5 et M6), le recouvrement des recettes (M7), les dépenses

effectives (M8), les émissions fiscales et douanières (M9), les dépenses des services centraux

(M10) et les dépenses des services extérieurs (M11).

Toute cette masse d’informations permet de contrôler et d’évaluer en temps réel et

périodiquement, l’état d’exécution du budget dans le cadre du programme et le cas échéant,

de prendre des mesures correctrices allant dans le sens de l’intensification de l’action en

recouvrement ou de la mise en œuvre des mécanismes serrés de régulation de la dépense.

Il faut toutefois relever qu’un meilleur suivi de l’exécution budgétaire appelle un

renforcement de la synergie entre les parties prenantes à la gestion des finances publiques. Le

travail de coordination qui s’ensuit exige donc beaucoup de professionnalisme de la part des

acteurs qui devront davantage être proactifs, rigoureux et réactifs dans la production des

données fiables et auditables.

A cet effet, le renforcement des capacités des Administrations financières et économiques se

pose en axe majeur pour l’amélioration des performances en matière de gestion des finances

publiques. La politique managériale orientée vers la performance devra accorder une place de

choix à l’intégration des applications informatiques et le renforcement des conditions de

transparence dans la transmission des données. La sécurisation du système d’information

passe aussi par le développement concomitant du contrôle et de l’audit internes.

B Les résultats attendus pour une implémentation de la démarche

de performance

S’agissant des mesures mises en œuvre pour favoriser l’essor de la performance dans le

processus de gestion des finances publiques, les résultats recherchés portent de plus en plus

sur la maîtrise effective de la dépense, une meilleure traçabilité de la chaîne dépense et une

amélioration de la qualité du service rendu à l’usager.

1- Une maîtrise du volume de la dépense publique

Si l’évaluation concernant la mobilisation des ressources budgétaires non pétrolières est

satisfaisante au Cameroun depuis que ce pays est entré en partenariat avec les institutions de

Bretton Woods, la maîtrise de la dépense continue d’être le maillon faible des programmes

mis en oeuvre.

Avant d’en arriver à l’interrogation sur la qualité de la dépense, la préoccupation première

semble aujourd’hui être la maîtrise en volume des engagements budgétaires. En effet,

l’ampleur de la dépense telle qu’elle se dégage dans les écritures comptables de l’Etat

contraste avec la réalité des actifs publics.

Cette préoccupation se rapproche de celle vécue par les européens en ce qui concerne la

maîtrise des déficits dans leur processus d’intégration. Toutefois, l’aggravation absurde de la

dépense au Cameroun se fonde non seulement sur une emprise démesurée des interventions

publiques malgré le vent de libéralisation qui a cours, mais surtout sur des dérapages perpétrés

dans la gestion des finances publiques :

-insuffisances et parfois inexistence des contrôles ;

-surfacturation de la dépense publique ;

-violation des règles de transparence prévues par le code des marchés publics ;

-absence de sanctions à l’encontre des contrevenants aux règles d’exécution

budgétaire ;

-programmation approximative des paiements ;

-comportements déviants de certains agents ;

Les mesures correctives qui seront prises par les décideurs après un diagnostic permettront

d’inscrire résolument les finances publiques camerounaises sur le chemin de la performance.

Mais l’essentiel n’est pas dans la maîtrise en volume de la dépense publique à travers des

mesures de régulation. Il s’agit de créer les conditions d’une meilleure traçabilité de la chaîne

dépense en vue d’en améliorer la qualité.

2- L’exigence de traçabilité pour une meilleure qualité de la dépense

Le principe de la transparence en matière de gestion des finances publiques suppose dans le

domaine de la dépense la possibilité de suivre la procédure budgétaire tout au long de son

itinéraire en remontant de l’ordonnancement au paiement effectif.

Afin d’en arriver à un tel niveau de lisibilité, quelques conditions minimales doivent être

réunies notamment des règles de jeu préétablies et connues de tous, la rigueur dans le travail

administratif, l’efficacité et la fiabilité du système d’information, l’existence des mécanismes

de contrôle.

Pourtant il serait excessif d’affirmer que ces préalables font défaut au dispositif camerounais

de pilotage des finances publiques. Les règles de qualité sont courantes mais leur application

effective par les acteurs est souvent sujette à caution étant entendu que si la culture du service

public n’est pas encore enracinée, celle du service public performant reste à bâtir.

La traçabilité dans le domaine des finances publiques, pour louable qu’elle se présente,

demeure une exigence qui suscite beaucoup de résistances de la part de ceux qui entendent

éviter de rendre compte et de travailler dans la transparence.

3- Une amélioration de la qualité du service à l’usager

Dans tous les chantiers de modernisation de la gestion publique, la démarche qualité est un

des axes stratégiques des organisations administrant un service aux usagers. Elle s’inscrit dans

l’optique d’une amélioration des rapports entre l’Administration et les administrés car les

performances ne demeurent pas toujours quantitatives, elles sont de plus en plus qualitatives.

Comme le précise Bruno Parent : « des objectifs ambitieux, des réformes, des coûts maîtrisés,

tel le triangle d’exigence de la DGI. Chacune de ces ambitions prise isolément est un chantier

en soi. Leur combinaison, qui constitue notre feuille de route, montre que service public peut

rimer avec performance et modernité. Nos objectifs ont pour la plupart été atteints ou

dépassés, comme le montre ce bilan. Nos réformes internes de grande ampleur, se déroulent

selon le planning prévu, pour un meilleur service à l’usager »

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.

On le voit bien, les exigences de qualité sont plus fortes aujourd’hui en matière de conduite

des affaires publiques. La demande en qualité de service est davantage importante en ce qui

concerne les usagers directement concernés par les questions de finances publiques.

Au Cameroun, les contribuables deviennent de plus en plus exigeants en raison du nouvel

environnement libéral mais surtout grâce aux conseils et avocats qui les entourent dans

l’accomplissement de leurs obligations fiscales. De même, pour ce qui est de l’apurement de

la dette publique interne, les usagers exigent de l’Etat beaucoup de considération dans le

processus de paiements de leurs factures.

Pour assurer un pilotage harmonieux et performant des finances publiques, les autorités

devront approfondir les dispositifs de suivi mis en place à travers des indicateurs de gestion

pertinents et orientés vers la qualité du service. A ce sujet, les expériences étrangères sont

éloquentes

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et pourraient inspirer les réformes dans les Administrations financières

camerounaises.

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Editorial de Bruno Parent, Directeur Général des Impôts, La lettre, N° 341/Mai 2005

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CHAPITRE IV LE PARI DE LA MISE EN PLACE D’UN SYSTEME DE

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