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Perceptions des pêcheurs de l’évolution du secteur à Joal-Fadiouth

Chapitre V. Problématique des AMP au Sénégal

Encadré 5. Perceptions des pêcheurs de l’évolution du secteur à Joal-Fadiouth

« La pêche se portait très bien dans les années 60. Il y’avait beaucoup de poissons dans la mer… Le seul problème qu’on avait en ce moment était lié à l’écoulement du produit car, durant cette période, les revenus des populations n’étaient pas très élevés, ce qui fait qu’il nous arrivait d’avoir des produits invendus entre nos mains » (Extrait d’entretien avec un membre du GIE interprofessionnel de

la pêche, devenu après responsable de Gestion des conflits de l’AMP, mars 2003).

« A Joal, il y’avait des poissons en saison froide qu’on ne voit plus. Aujourd’hui, le poisson n’a plus d’habitat que l’on peut bien situer, il migre. Pourtant, il y’a 10 à 15 ans de cela, on trouvait beaucoup de sardinelles en saison sèche et l’arrivée des éthmaloses annonçait avec bonheur la saison des pluies. Ce qui n’est plus le cas » (Extrait d’entretien avec un le chef d’exploitation du quai de pêche de Joal,

mars 2003).

« L’effort de pêche a fortement augmenté ces dernières décennies à Joal en raison de la longue période de sécheresse des années 80 qui a entraîné des vagues de migration dont le résultat a été l’accroissement rapide de la population. En plus, il s’y ajoute l’augmentation du nombre de pêcheurs et du parc piroguier qui a décuplé depuis les années 70. Le nombre de pirogue par famille est passé de 1 à 8 entre 1970 à 2003 » (Extrait d’entretien avec un pêcheur de Joal, mars 2003)

« Dans les années 60, il n’y avait pas beaucoup de pirogues à Joal, on en comptait pas plus de 5 pirogues dans toute la ville, la vie était facile et le poisson était là, les captures étaient inestimables car toutes les pirogues retournaient de la mer, pleines de poissons » (Extrait d’entretien avec un

membre du GIE interprofessionnel de la pêche, devenu après responsable de Gestion des conflits de l’AMP, mars 2003).

« Avec l’arrivée des pirogues glacières à partir de 1970, les difficultés commençaient à se faire sentir dans le secteur de la pêche. A partir de cette période, il nous arrivait de faire plus de trois jours en mer avant de débarquer avec des quantités insignifiantes » (Extrait d’entretien avec un pêcheur de

Joal, mars 2003).

« Nous avons commencé à observer les signes de diminution des stocks de poissons en 1981. Avant cette période, on pouvait remplir un bateau pendant la journée sans pêcher la nuit. Et par exemple, en 1992 des pêcheurs sont restés en mer pendant 48 heures pour pêcher la même quantité de poissons »

(Extrait d’entretien avec un pêcheur de Joal, mars 2003).

« Beaucoup d’espèces ont disparu dont les plus recherchées à savoir les mérous, les dentex, les carpes... Ils ont tous disparu et à leur place, des poissons inconnus des pêcheurs commencent à faire leur apparition à la surprise générale…d’autres formes de pêche pratiquées jadis n’existent plus à cause de la rareté du poisson. Les tortues marines subissent une très forte pression anthropique »

(Extrait d’entretien avec un pêcheur de Joal, mars 2003).

131

165 Face à la raréfaction des ressources, en particulier des ressources halieutiques et malacologiques et compte tenu de leur importance économique et socio-culturelle, des initiatives de conservation et de gestion durable devraient être prises pour renverser la tendance. C’est dans ce contexte que le WWF WAMPO a initié une concertation avec les professionnels de la pêche et la mairie de Joal-Fadiouth pour discuter des modalités d’établissement d’une AMP, notamment en termes de localisation et de régime de gouvernance.

II. Processus de sélection du site de l’AMP de Joal-Fadiouth

Le processus de sélection et de création (Fig. 28) de l’AMP de Jaol-Fadiouth132, à l’instar des quatre autres nouvelles AMP (Cayar, Saint Louis, Abéné et Bamboung), est mené suivant une démarche participative, multisectorielle, pluridisciplinaire, qui a également mis à profit les savoirs traditionnels locaux surtout dans le choix et la délimitation du site d’AMP (Diouf et al., 2013).

Figure 28. Représentation schématique du processus d’établissement de l’AMP (Sène C., 2011)

132

Diouf P. S., Sène C. et al., 2013. Processus participatif de sélection de sites d’aires marines protégées au Sénégal, 14p.

Décembre 202 à janvier 2003 Février et mars 2003 Mai à juin 2003 Juillet 2003 à novembre 2004 Avril 2003

- Lancement de l’initiative de création des AMP

- Organisation de concertations au niveau national pour identifier les objectifs de création et répertorier de manière préliminaire les sites potentiels

- Information, sensibilisation et communication dans les principaux centres de pêche par le WWF et la DPN

- Identification et choix d’objectifs et de critères pour la sélection des sites

- Restitution des informations collectées sur le terrain - Choix définitif de 4 AMP (Saint Louis, Cayar, Joal-Fadiouth et

Abéné) parmi les sites présélectionnés, conformément aux critères établis

- Missions de terrain des experts pour la collecte de données sur la base d’un questionnaire en relation avec les critères choisis. Ces experts se sont rendus dans onze (11) des 33 sites initialement répertoriés après un premier tri

- Organisation de missions dans les sites retenus pour la confirmation de leur volonté de créer une AMP dans leurs localités respectives

- Organisation d’une conférence de presse sur les objectifs, les avantages et inconvénients des AMP, et ainsi communiquer les sites choisis.

- Information des autorités compétentes des résultats du processus - Travail de plaidoyer et de lobbying auprès des élus locaux

- Institutionnalisation des AMP à travers les délibérations des conseils municipaux et le décret présidentiel n° 2004-1408 du 04 Novembre 2004, portant création des AMP et fixant les modalités de leur gestion

166 Ce processus, qui a duré près de deux (2) ans, a adopté une démarche de large concertation impliquant les principaux acteurs intervenant dans les zones marines et côtières du Sénégal notamment : les collectivités locales, le WWF WAMPO, la Direction des Parcs Nationaux (DPN), la Direction des Pêches Maritimes (DPM), la Direction de la Protection et de la Surveillance des Pêches (DPSP), le Centre de Recherches Océanographiques de Dakar- Thiaroye (CRODT), l’Université de Dakar, l’UICN (Union Mondiale pour la nature), le Wetlands International, la FENAGIE (Fédération Nationale des Groupements d’Intérêt Economique - Pêche du Sénégal), le CNPS (Collectif National des Pêcheurs du Sénégal), le Comité de Pêche de Cayar, le GAIPES (Groupement des Armateurs et Industriels de la Pêche du Sénégal), l’Océanium (Club de plongée et ONG de Conservation de la Nature), le GREP (Groupe Environnement et Presse).

La première phase du processus a été constituée par l’organisation, sous l’égide du WWF WAMPO, d’une série d’ateliers de concertations au niveau national, regroupant des représentants des différents groupes d’intérêt travaillant (professionnel de la pêche artisanale et industriel, administrations nationales, chercheurs, ONGs internationales et nationales, journalistes, élus locaux), a été organisée, sous l’égide du WWF WAMPO, pour identifier les objectifs de création de nouvelles AMP et répertorier tous les sites potentiels dont l’évaluation préliminaire faisait état de 33 sites, au regard des critères définis.

A la suite de ce travail d’identification des sites potentiels en articulation aux objectifs de création déclinés à cet effet, une synthèse bibliographique a été réalisée pour établir une liste d’objectifs (Tableau 15) et de critères habituellement utilisés à travers le monde pour sélectionner des sites d’AMP (Tableau 16). A partir de cette liste, 18 critères jugés pertinents dans le contexte sénégalais ont été choisis et classés en cinq rubriques (critères sociaux, critères économiques, critères liés à la recherche, critères bioécologiques, critères liés à la faisabilité) (Tableau 17). Ensuite, ces critères ont été classés en critères cruciaux (que l’AMP devait obligatoirement satisfaire) et en critères secondaires. Le critère le plus important, et qui conditionnait tout était l’accord des populations locales pour la création d’une AMP. De la même manière, des objectifs pertinents pour le Sénégal ont été sélectionnés (Tableau 18). Un exercice de croisement des critères et des objectifs choisis avec les caractéristiques des trente- trois sites identifiés a permis d’éliminer plusieurs sites et de ne retenir que onze.

Tableau 15. Objectifs de création d’Aires Marines Protégées à travers le monde (Source : Diouf, Sène, al. 2013)

-

Besoins d’une pêche durable

-

Préservation de la biodiversité

-

Maintien de processus écologiques essentiels

-

Protection d’une merveille de la nature

-

Conservation de milieux importants pour les êtres vivant dans la mer

-

Préservation d’espèces menacées

-

Sauvegarde de valeurs culturelles et historiques

-

Intérêt religieux

-

Potentialités récréatives

-

Protection contre des catastrophes d’origine naturelle ou anthropique

167 Tableau 16. Liste générale des critères permettant de choisir des sites potentiels

d’AMP au niveau mondial (Source : Diouf, Sène, al. 2013)

1. Critères économiques

-

Nombre de pêcheurs (ou de la population) qui dépendent de la zone

-

Importance économique nationale/internationale

-

Valeur touristique de la zone

-

Existence d’autres enjeux économiques

-

Contribution potentielle de la protection au maintien ou à l’augmentation de la valeur économique de la zone

2. Critères sociaux

-

Facilité d’accès à la zone

-

Chance de maintien des méthodes traditionnelles d’exploitation des ressources

-

Présence d’artisanat local

-

Présence de monuments, de vestiges ou d’éléments présentant une importance historique culturelle ou religieuse

-

Existence d’organisations locales

-

Homogénéité culturelle

-

Valeur récréative

-

Valeur esthétique

3. Critères scientifiques

-

Importance (nombre et qualité) des études et de recherches effectuées dans la zone

-

Existence d’études et de suivis réguliers

-

Existence de projets de recherche

-

Valeur éducative

4. Faisabilité

-

Appui des populations locales

-

Appui des autorités

-

Compatibilité avec les systèmes d’exploitation en place

-

Capacité de gestion

5. Critères écologiques

-

Nombre de types d’habitats présents dans le site

-

Importance des menaces d’origine anthropique (les sites où les menaces sont très importantes ne doivent pas être choisis)

-

Taille de l’AMP (la taille doit être assez grande pour pouvoir abriter des populations viables)

-

Degré de connectivité avec les autres AMP ou sites écologiquement importants (réseau d’AMP important)

168

-

Importance écologique nationale/internationale/mondiale

-

Présence d’habitats vulnérables (la présence d’habitats vulnérables nécessite une protection)

-

Présence de stades de vie vulnérable

-

Présence d’espèces exploitables (plus il y a d’espèces exploitables, plus le site doit être choisi)

-

Présence d’espèces ou de populations d’intérêt particulier (endémique, menacée, rare, d’importance mondiale…)

-

Importance dans le fonctionnement et le lien des écosystèmes.

-

Services écologiques potentiels (protection côtière, purification de l’eau, ajout de valeur au site…)

Tableau 17. Critères retenus pour le choix des sites pour les Aires Marines Protégées au Sénégal (Source : Diouf, Sène, al. 2013) (C = critère crucial, S = critère secondaire. Cette classification a été faite de

manière consensuelle par les différents acteurs intervenant dans la zone marine et côtière).

Critères économiques

1. Nombre de pêcheurs (ou de la population) qui dépendent de la zone (S)

2. Importance économique nationale/internationale (C)

3. Contribution potentielle de la protection au maintien ou à l’augmentation de la valeur économique de la zone (S)

Critères sociaux

4. Facilité d’accès à la zone (S)

5. Maintien des méthodes traditionnelles d’exploitation des ressources (C) 6. Existences d’organisations locales (C)

7. Valeur culturelle (C)

Critères scientifiques

8. Importance (nombre et qualité) des études et de recherches effectuées dans la zone (S) 9 Existence d’études et de suivis réguliers (S)

10 Valeur éducative (C)

Faisabilité

11 Appui des populations locales (C) 12 Appui des autorités (C)

13 Compatibilité avec les systèmes d’exploitation en place (C)

Critères écologiques

14 Degré de connectivité avec les autres AMP ou sites écologiquement importants (réseau d’AMP important) (S)

15 Importance écologique nationale/internationale/mondiale (C)

16. Présence d’habitats vulnérables (la présence d’habitats vulnérables nécessite une protection) (C) 17. Présence d’espèces ou de populations d’intérêt particulier (endémique, menacée, rare, d’importance mondiale…) (C)

169 Tableau 18. Objectifs de création d’Aires Marines Protégées retenus pour le Sénégal

-

Besoins d’une pêche durable

-

Préservation de la biodiversité

-

Maintien de processus écologiques essentiels

-

Conservation de milieux importants pour les êtres vivant dans la mer

-

Préservation d’espèces menacées

-

Sauvegarde de valeurs culturelles et historiques

-

Potentialités récréatives

La deuxième phase du processus a consisté au travail de lobbying auprès des autorités compétentes pour un appui politique. Le WWF WAMPO, mandaté par les membres de l’initiative, a rencontré le Ministre de l’Environnement pour lui rendre compte des résultats des premières séries de concertations. Le Ministre a donné son accord pour la création des AMP et a instruit au Directeur des Parcs Nationaux d’appuyer très fortement l’initiative de création d’AMP. Ce soutien politique semble être déterminant dans le succès de l’initiative.

Parallèlement à ce travail de plaidoyer et de lobbying, il a été demandé à un sociologue, assisté d’un biologiste et d’un économiste, de traduire les critères retenus en un questionnaire permettant de recueillir les informations sur le terrain. Des équipes, constituées chacune d’un biologiste, d’un sociologue et d’un agent de l’administration, ont été procédé à la collecte sur le terrain les informations relatives aux critères de sélection et aux objectifs retenus. La collecte de ces données s’est faite sur la base des réunions regroupant des représentants des acteurs du site mais également en consultant la bibliographie et en discutant avec les personnes ressources locales (agents techniques, experts...).

A la suite de ce travail de collecte de données, une série de concertations regroupant les mêmes acteurs a été organisée pour faire le choix définitif des sites sur la base d’un tableau à double entrée (critères cruciaux et sites). Pour chaque critère, en tenant compte des informations recueillies, il était demandé aux experts qui ont effectué les travaux de terrain de donner une note allant de 0 à 5. Le total de tous les points a été calculé pour chaque site. Les quatre sites qui avaient le plus grand score ont été choisis, en particulier Saint-Louis, Cayar, Joal-Fadiouth et Abéné (Tableau 19).

La sélection des sites a été suivie de l’organisation de missions de terrain pour informer les populations des sites choisis et leur demander de confirmer leur volonté de créer des AMP dans leurs localités respectives. En plus, une conférence de presse sur les objectifs, les avantages, les inconvénients et les modes de gestion des AMP a été organisée pour informer plus amplement les différents acteurs intervenant dans la zone marine et côtière.

L’institutionnalisation des AMP a constitué la troisième phase du processus à travers d’abord des délibérations des collectivités locales sélectionnées (Cayar, Joal-Fadiouth, Abéné). A Cayar et Joal-Fadiouth, les conseils municipaux se sont réunis pour délibérer (par vote des conseillers locaux) sur la création de nouvelles AMP. Tous les conseillers municipaux ont voté positivement et massivement (l’unanimité sur deux des sites et trois (3) abstentions sur une quarantaine de conseillers municipaux à Cayar). A Saint-Louis, les différents acteurs (Organisations professionnelles des pêcheurs, mareyeurs et transformatrices, Administration des pêches, Administration des Parcs Nationaux, autorités administratives et coutumières,

170 ONGs, collectivité locale, recherche), ont tenu une réunion pour confirmer la volonté de créer une AMP. A l’unanimité, il a été décidé de la création d’une AMP.

Ces délibérations des collectivités locales ont permis d’adresser une requête au Ministre de l’Environnement pour la création officielle des AMP. Considérant l’importance des AMP et leur caractère interministériel, le Ministre de l’Environnement a transmis la requête en plus des coordonnées géographiques (longitudes et latitudes) des sites identifiées avec les populations locales, au Président de la République, qui a officiellement procédé à l’institutionnalisation par le biais du décret présidentiel n° 2004-1408 du 04 Novembre 2004, portant création des AMP et fixant les modalités de leur gestion (Cf. Article 1).

D’après le décret de création, l’AMP de Joal-Fadiouth couvre une superficie de 174 km² (17 400 ha) et sa délimitation comprend les dépendances maritimes de la commune, un bras de mer ainsi qu’un important réseau de mangroves. Les coordonnées géographiques sont les suivantes (Tableau 20).

L’article 2 stipule que « Les objectifs de chaque Aire Marine Protégée, les principes d’accès, d’exploitation et de gestion qui découlent des Conventions internationales, des législations et des politiques nationales d’environnement et de pêche en vigueur, seront définis sous forme d’arrêtés conjoints des Ministres chargés de l’Environnement et de la Pêche ».

L’article 3 institue le plan de gestion des AMP : « Chaque Aire Marine Protégée fait l’objet d’un plan de gestion sous la supervision d’un comité technique comprenant les services nationaux compétents et dont le mandat et la composition seront précisés par arrêté ministériel ».

L’article 4 définit les institutions chargées de l’application du présent décret : « Le Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie Maritime, le Ministre des Forces Armées, le Ministre de l’Intérieur et le Ministre de l’Environnement et de la Protection de la Nature sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret qui sera publié au Journal Officiel de la République ».

171 Tableau 19. Classement des sites selon les critères cruciaux

(la numérotation des critères est celle du Tableau 3)

Critères cruciaux Kalissaye Abéné Fambine Ndorong Mbour Joal-Fadiouth Mbodiène Lac Ouye Lagune Toubab Dialaw Cayar Saint-Louis

Critère 2 3 4 3 1 5 4 3 3 3 5 4 Critère 5 2 4 2 2 1 4 3 4 0 4 3 Critère 6 2 3 3 0 4 4 2 4 1 5 4 Critère 7 5 4 2 5 2 5 2 1 1 3 4 Critère 10 4 4 2 4 4 4 2 5 2 5 4 Critère 11 2 4 4 3 3 5 3 5 4 5 5 Critère 12 5 4 5 4 4 5 4 5 3 5 5 Critère 13 5 4 3 5 2 5 5 5 4 5 3 Critère 15 5 4 4 3 4 4 4 4 2 5 4 Critère 16 4 3 3 2 5 5 5 3 4 5 3 Critère 17 4 4 4 3 3 4 4 3 2 5 4 Critère 18 4 4 4 2 4 5 4 3 3 5 5 Total 45 46 39 34 41 54 41 45 29 57 48 Rang 5 ex 4 9 10 7ex 2 7 ex 5 ex 11 1 3

172 Tableau 20. Limites de l’AMP de Joal-Fadiouth

Zones de relevés Positions à terre Positions en mer

Coordonnées Latitudes Longitudes Latitudes Longitudes

1 14° 04’ 5 N 16° 46’ 7 W 14° 04’ 5 N 16° 51’ 7 W

2 14° 13’ 0 N 16° 52’ 2 W 14° 13’ 0 N 16° 57’ 2 W

Source : Décret portant création des Aires Marines Protégées au Sénégal

III. Un processus de gestion participative en trois grandes

phases

Dès le départ, le processus de gestion de l’AMP de Joal-Fadiouth s’est voulu très participatif, car l’une des conditions de sa création était le soutien des populations.

Le choix du système de gestion participative, avec l’institutionnalisation d’organe de gestion plurielle, s’est imposé en raison de l’approche top-down du processus de création de l’AMP. Dans l’optique, d’une appropriation locale, ce choix d’une démarche participative devrait permettre de mener de larges concertations avec les acteurs locaux pour donner un contenu à l’AMP. Elle s’inscrit également dans le sillage de l’approche participative de la Direction des Parcs Nationaux, développée depuis plus d’une quinzaine d’années, à travers des politiques ou stratégies d’implication des communautés établies à la périphérie des espaces protégés marins et côtiers.

Cette option de gestion participative avec la mise en place d’institutions plurielles, s’inscrit aussi en droite ligne des orientations stratégiques de la Stratégie Régionale pour les AMP (PRCM), notamment, l’appui à des processus participatifs d’établissement d’AMP dans l’écorégion WAMER, auquel ce projet vise à contribuer.

Cette démarche s’est largement appuyée sur les travaux de l’UICN en matière de gestion participative ou cogestion des ressources naturelles et des Aires Protégées. Elle s’est également inspirée de l’expérience de Bamboung, dont la base de travail était également le cadre d’intervention de l’UICN. Ainsi, dans l’équipe de démarrage, il y a eu un facilitateur qui a participé à l’ensemble du processus de création et de la mise en place des organes de gestion de l’AMP de Bamboung. Sur la base d’exposés et de projections de films, ce facilitateur, très connu dans le milieu de la pêche, a permis aux différents acteurs d’avoir une idée sur les enjeux et défis, les différentes étapes, les difficultés et les conditions permettant une gestion participative des AMP.

En plus, le conservateur de l’époque et un pêcheur, qui est devenu plus tard le président du Comité de Gestion de l’AMP, ont bénéficié de formations sur la gouvernance partagée, organisée par l’UICN Sénégal dans le cadre du projet RAMAO (2005 à Bamboung et 2006 au Cap Vert). Ces formations, assurées par le Dr Grazia Borrini-Feyerabend, spécialiste de l’UICN sur la gestion participative et de la gouvernance partagée des ressources naturelles et des aires protégées, ont facilité la mise en place du système de cogestion à Joal-Fadiouth.

Le processus de gestion participative de l’AMP est caractérisé par trois grandes phases conformément au cadre théorique de l’UICN (Borrini-Feyerabend et al., 2000 ; 2009 et 2010) : 1) la préparation du partenariat, 2) la négociation de l’accord de gestion et la mise en place l’institution de gouvernance et 3) la mise en marche et la révision de l’accord de cogestion (apprentissage par l’action) (Fig. 29).

173 Figure 29. Schématisation des principales phases du processus de cogestion de l’AMP (Sène C., 2013)

Phase 1. Organisation du partenariat Avril 2005 - Février 2006

- Mise en place d’une équipe de démarrage (avril 2005 à février 2006) - Identification et organisation des parties prenantes

- Collecte des données de base

- Organisation d’un Atelier de démarrage les 18 et 19 mai 2005 - Communication sociale sur l’AMP à partir de 2005

Phase 3. Mise en œuvre et révision des plans et accords

De 2006 à nos jours Phase 2. Négociation de l’accord et de l’institution de

gouvernance Avril 2006 - Septembre 2008

- Elaboration d’un plan d’actions prioritaires (2006-2010), avec un Plan de Travail Annuel (PTA)

- Mise en place et institutionnalisation d’organes de gestion en 2006 (AG, CG, Bureau avec ses commissions, Cf. Arrêté préfectoral portant création et statut du CG, 2007). - Réunions du Comité de Gestion depuis 2006

- Elaboration d’un zonage participatif en 2007

- Elaboration d’un règlement intérieur de l’AMP (Cf. Arrêté préfectoral portant statut du règlement intérieur en 2007)

- Plan de gestion de l’AMP (2009 - 2013) en septembre 2008

- Surveillance de l’AMP depuis mai 2008