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11. Analyse des données

11.1. Commentaire général sur l’ensemble des jeunes 1. Exigences

11.1.5. Perception de soi dans le travail

Dans l’ensemble, le jeune se prétend plutôt en confiance. La peur qui prédomine est celle liée à l’incertitude d’obtenir une place. Obtenir un emploi est un enjeu de taille aujourd’hui pour les jeunes :

« […] certains examens que j’ai pas pu passer et que je pourrais pas, donc c’est assez préoccupant et ben de trouver sa place, trouver sa voie,… ben ma voie je l’ai trouvée maintenant, il faut trouver sa place maintenant surtout dans ce métier qui … que c’est rare qu’ils cherchent des apprentis… » (Valérie, l. 237, 239)

« De trouver,… de ne pas travailler et d’être au chômage, ça, c’est ça qui me préoccupe. » (Nathan, l. 38)

Léonard exprime sa peur par une métaphore :« Ce serait un énorme mur au fait, il faudrait, ou que je l’escalade, ou que je le fasse exploser. Parce que je peux pas le contourner. Je peux contourner une fois, deux fois, mais la troisième fois, je suis obligé de passer parce que, … j’ai pas le choix en fait, […]. (…) de la peur quand même, parce que j’ai peur de me dire, de commencer à escalader le mur, et pis de pas y arriver, de dire un moment, non désolé je redescends, j’arriverai pas quoi,… j’ai quand même cette peur de pas réussir, mais je suis quand même confiant de me dire, si je veux, je peux, mais y a quand même toujours cette peur qui me dit fais attention, ouaih, prends le pas trop à la légère, au fait, j’ai quand même toujours cette peur qui est présente. (…) non, je vais devoir, je vais vraiment la piler, quoi, en fait , pour pouvoir y arriver, par-dessus déjà et rien déjà que d’arriver au sommet, quoi, parce qu’après il faut le franchir,et sauter, mais je vais devoir beaucoup la piler, […]. » (Léonard, l. 505 à 507, 509 à 513, 515 à 519)

On ressent à travers ce dernier témoignage l’ambivalence du ressenti du jeune. La crainte est fortement exprimée, en même temps le jeune se reconnaît des ressources…

Une fois dépassée l’angoisse de savoir s’ils auront les moyens d’acquérir une place, ils disent se projeter plutôt aisément dans un avenir professionnel :

« bien sûr complètement.(…) non, que du bonheur. » (Valérie, l. 300, 304)

«oui quand même,... (…) j’ai déjà réfléchi pas mal (…) ben du bien, enfin j’espère que ça sera bien, mais euh pour le moment je reste assez euh optimiste ouaih. »

(Lucien, l. 197, 199, 207, 208)

« je suis, ouaih, je suis bien, parce que je me vois bien dans ce boulot, je verrai que je suis un bon … que je fais du bon boulot. » (Bertrand, l. 310, 311)

Les plus grosses craintes ressortent au niveau des cours :

« de la peur (…) peur d’échouer (…) pendant la formation ça c’est très clair (…) plutôt scolaire oui. » (Tara, l. 178, 182, 184, 192)

« ouaih mais il manque autre chose (…) faut quand même avoir des notes (…) Pour le travail, ouaih, ils vont pas te demander ouaih t’as les notes,… euh, mais aux cours et ça, oui.(…) Ben je sais pas, peut-être que je devrais changer de choix, pour pouvoir choisir autre chose ou que je trouverai là-dedans et puis j’essaie de me casser la tête (…) ben ce qui m’empêche c’est que si j’arrive à trouver une place ou pas. »

(Milène, l. 246, 248, 259, 260, 263, 264, 294)

On sent les craintes liées à l’accès à la profession bien présentes, ressenties ; certains par pudeur se montrent rassurants et se disent confiants. Il est difficile de cerner au-delà des mots les ressentis dominants.

Apparaissent aussi la peur du fonctionnement en entreprise, la peur de la hiérarchie, la peur de ne pas savoir répondre favorablement aux attentes qu’ils ne sont pas sûrs de savoir anticiper, comprendre. Ces craintes s’expriment par le doute de savoir tenir la place. L’effort scolaire à fournir est souvent aussi lié à cette peur :

« la peur, elle est liée à que peut-être je pourrais pas vraiment réussir euh à faire ce qu’il voudrait que je fasse (…) le plus dur ? de tout de suite satisfaire le patron, et euh de me mettre dans la routine en fait de l’entreprise. (…) ben que les patrons moi ça me fait peur.

(…) moi j’ai toujours eu l’image du patron euh big boss, grand, méchant, euh dès que tu fais un truc euh, qu’il aime pas, t’es nul, t’es méchant …, voilà. » (Tara, l. 42, 43, 215, 216, 227, 229, 230)

Les jeunes se satisfont dans l’ensemble du projet qu’ils ont, pour la plupart, déjà posé.

Là où ils sont le plus confiants c’est dans la perspective de se faire apprécier. Ils comprennent ça plutôt en terme de relation. Le jeune semble être armé sur un plan relationnel :

« en terme de relation ? je pense qu’en terme de relation oui, j’ai toujours été une personne très ouverte socialement pour les groupes de personnes, je m’intègre facilement dans un groupe, […] je pense que ça va être une très bonne relation. J’ai toujours aimé rencontrer des nouvelles personnes, discuter avec eux, partager les idées qu’on a, j’ai toujours aimé ça. » (Niklaus, l. 357 à 363)

On ressent chez ces jeunes une grande ambivalence entre une certaine confiance, confiance en leurs ressources et au fait que quelque chose finira bien par arriver et une angoisse liée à l’inconnu d’un monde fait d’exigences auxquelles ils ne sont pas familiers, un monde peu tolérant.

Représentation du travail, considérations générales: résumé Exigences

En fonction du niveau d’expérience du jeune, l’information sur les exigences est plus ou moins caractérisée par des notions plutôt abstraites, générales. Le jeune qui n’a pas été « initié », perçoit difficilement la réalité que ces notions recouvrent.

Au sortir de la scolarité, les jeunes ne sont pas familiers avec une attitude impliquée, investie dans le travail, le sens de l’effort soutenu.

Les exigences scolaires sont quant à elles, vécues et ressenties.

Le jeune est attentif à la qualité du contact, la relation.

Pour le jeune, il est important d’aimer ce qu’on fait dans le travail.

Ils ne sont pas encore sensibilisés à la considération du facteur temps dans le travail (délais, rendement…).

Activités

Les jeunes ont une perception très lacunaire des notions de stress, priorités, respect des délais.

Ils font une assez bonne énumération des tâches de la profession choisie.

A la base d’un choix professionnel, il y a, pour la plupart, des considérations qui ont peu à voir avec l’activité choisie (influence des parents, fantasme, niveau scolaire…). Il y a un processus d’accaparation d’un choix professionnel qui concilie les différentes considérations avec ce que l’activité peut apporter.

Les jeunes avec les niveaux les plus bas montrent un réalisme plus grand que les niveaux moyens. Ils ont intégré, assimilé des considérations réalistes, en lien avec leurs moyens limités, « par la force des choses ».

Rapport hiérarchique

La fonction perçue du patron est celle de diriger, surveiller, contrôler.

Dans une moindre mesure, le patron initie l’apprenti, procure du travail et distribue les salaires.

La perception du rôle du patron est principalement centrée sur l’apprenti.

Le patron est perçu comme exigeant, strict avec une tendance tyrannique.

Le jeune attend avant tout des qualités humaines et relationnelles chez son patron.

Le jeune voudrait être rassuré en créant un lien affectif avec le patron. Il est plus familier à un mode relationnel basé sur l’affectivité que sur une structure hiérarchique rigide.

Dans un deuxième temps, le jeune considère la nécessité d’une certaine autorité et d’exigences posées.

Travail

Le travail est identifié comme une obligation routinière et quotidienne.

Le travail reste attaché à l’idée de labeur.

Le jeune s’accommode de cette obligation en considérant que le travail permet d’être occupé. Derrière, il y a l’idée que le travail permet l’intégration sociale.

Le travail est nécessaire pour vivre et devient par là moyen de gagner sa vie.

Nécessité, obligation qui peut devenir opportunité (salaire, acquisition de biens…).

Le jeune perçoit aussi le travail comme une expérience qui permet d’apprendre, d’acquérir un savoir-faire.

Perception donc ambivalente (corvée, labeur, ennui et routine – opportunité…).

La plupart des jeunes ne renonceraient pas à travailler.

Le jeune attend un travail plaisir, dans une ambiance conviviale. Activité dont le centre est la relation aux autres et l’environnement.

Le jeune recherche les stimulations multiples, sans cesse répétées et éphémères : il veut bouger, de la diversité.

Il appréhende routine et tâches répétitives.

Perception de soi dans le travail

Les ados, familiarisés au monde du travail par quelques expériences, se prétendent plutôt en confiance et disent se projeter facilement dans leur future situation.

La crainte la plus exprimée est celle liée à l’obtention d’une place.

La crainte liée à l’incertitude de tenir la place est aussi facilement exprimée : le travail demande résistance à long terme, qualité que le jeune doute d’avoir.

L’aspect scolaire peut être lié à cette crainte.

Ils ont confiance dans leur ressources relationnelles. Ils sont spécialistes du contact Ambivalence des ressentis chez l’ensemble des jeunes.

11.2. Comparaison entre les deux groupes cibles « jeunes en